Triathlon CD d'Enghien (95)
- Azaer
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Histoire de changer des comptes-rendus de course à pieds, je vais vous raconter mon premier triathlon auquel j'ai participé hier à Enghien, un Courte Distance avec 1500m de natation, 40km de vélo et 10km de CAP.
Pour ceux qui ne connaissent pas mon histoire, j'ai commencé l'entrainement la CAP en avril 2010 et le triathlon en octobre dernier dans un club. Une méchante foulure à la cheville gauche m'empêchait de m'entrainer en natation depuis deux mois, mais l'épreuve approchant, je me suis motivé pour retourner au moins une fois à la piscine en extérieur, c'était jeudi soir. Dans une belle piscine verdâtre, pire qu'un aquarium laissé sans nettoyage durant de longs mois, avec la combinaison de surf et les lunettes, l'eau saumâtre qui passait entre mes lèvres me dégoûtait au point que j'en fût traumatisé.
A la fin de l'entrainement (écourté, beurk), le piège a commencé à se refermer sur moi. Je vais voir le coach et lui demande qui est inscrit sur le triathlon d'Enghien. Il me répond que les inscriptions sont closes et que c'est trop tard (un "ouf" de soulagement), pourtant il y a eu deux désistements, un sur le Découverte et un sur le Courte Distance. Je me dis que c'est un signe et que je ne peux plus reculer : "à moi les eaux vaseuses du Lac d'Enghien!". Je suis partant sur le CD, et il me dit que c'est peut être un peu tôt vu mon absence de ces derniers mois. "Mais non, allons!", je me réconforte comme je peux. Puis les autres membres du club me disent la même chose. Je me réconforte encore : "Oui, mais non, ça ira. Après un marathon, ce ne sont pas deux brasses et trois côtes en vélo qui vont me faire fléchir".
PREPARATIFS :
Sauf que j'ai absolument tout à apprendre sur ce type d'épreuves (et c'est aussi pour cela que je le partage avec vous). Je passe une nuit affreuse, à regarder le plafond, à me tourner et me retourner dans mon lit. Mes petits s'y mettent, ils sont malades et se réveillent plusieurs fois pour me pourrir les rares débuts de somnolences. Je visionne l'état de l'eau sale, s'insinuant partout. Je pense à la vase, aux algues, à la distance qui n'est finalement pas s'y anodine que ça en natation. Je repense aussi aux CR que j'ai pu lire où l'on parle de baston au départ de la natation, de l'effet "machine-à-laver". Bref, je psychote toute la nuit.
Dring, 9h, youpi! je peux me lever enfin ... et je suis plus fatigué qu'avant de me coucher.
Préparation du matériel : un sac de change, un sac de sport avec la combinaison de natation, les chaussettes, les chaussures de CAP et celles de vélo, à boire, une casquette (heureusement), etc ... Je pose les dossards sur mes affaires, à savoir un numéro sur le casque, une étiquette drapeau sur la selle, un dossard derrière le maillot pour le vélo et un devant pour la CAP. La plupart des triathlètes ont une ceinture porte dossard avec un seul dossard qu'il tourne devant eux au moment de passer à la CAP. J'essaie de faire un petit somme vers 10h, il me reste une grosse heure et demie avant de partir, mais rien y fait, je ne dormirai pas avant le lundi matin.
Arrivé sur place, je découvre un tout autre monde que celui de la CAP. Autant on peut rigoler devant l'exagération du matériel de certains trailers, autant en triathlon cette exagération est élevée au rang d'Art. Matériels dernier cri, des marques partout, des tenus à 300€ le bout, des vélos à 5k€ (le triathlète parle en k€, c'est plus rapide). Bref, ça en jette mais ça me laisse un peu perplexe par rapport à mes petites courses natures, ça ne respire vraiment pas la simplicité. Pourtant, c'est bien organisé et je me laisse prendre dans le bain. Pour passer dans le parc à vélo, les arbitres inspectent tous les concurrents : casque, vélo, numéro qu'ils marquent sur nos bras et nos mollets, les dossards, et donnent les dernières directives. C'est propre net et efficace. Petit soucis, il faut mettre la puce avant de rentrer dans le parc, alors j'aide une jeune femme à côté de moi en lui tenant le vélo et elle fait de même pour que je mette la puce à mon tour, sauf qu'elle le lâche pour X raison et le laisse tomber par terre, ggrrrrrr... ce n'est rien, c'est un occasion. Je n'y prête pas plus attention et file me positionner à ma place. Le vélo accroché au portique, j'ai largement le temps de tout préparer, il n'est que 12h30 et le départ est prévu pour 13h30. J'observe beaucoup autour de moi et j'imite : serviette à terre, chaussures de vélo avec les chaussettes pour moi, chaussures de CAP derrière, je vérifie la gourde sur le vélo, elle est pleine, j'enfile mon maillot de CAP avec les dossards et prépare ma combinaison. Le ciel est bleu, le soleil radieux haut dans le ciel, il commence à faire chaud sur le bitume d'Enghien et ça ne fait que commencer. Mes collègues de club arrivent et me donnent les dernières recommandations, en bref ça ressemble à : "Ne te mets pas dans le rouge!", "tu n'as pas choisi le plus facile pour un premier", "fais gaffe à la côte de St Prix, elle est méchante", etc ... Super les gars, merci pour la pression!
NATATION :
13h25, c'est l'heure. On enfile nos combinaisons par dessus les cuissards et les t-shirts de vélo, les bonnets numérotés et l'on se dirige tous vers le casino où sera donné le départ. Arrivé au ponton spécialement aménagé, je regarde les autres rentrer dans l'eau sans appréhension et se masser près de la ligne de départ entre deux bouées, puis j'y vais. Finalement, toutes mes peurs s'envolent aussitôt, l'eau n'est pas propre mais elle n'est pas repoussante comme je le craignais, il fait chaud dans les combinaisons et puis je suis dans le bouillon avec tout le monde. On fait du stationnaire deux trois minutes le tant d'échanger quelques mots avec ses voisins immédiats puis le départ est donné. Le terme "Machine à laver" me revient immédiatement en tête : cinq cents furieux sont autour de moi et crawlent comme des dingues vers un point jaune que je distingue à peine. Difficile de crawler correctement dans ces conditions, ça n'a plus rien à voir avec l'entrainement propret en piscine chloré où chacun reste bien dans son couloir. Là, je ne distingue même pas le bout de mes doigts, je prends des coups de pieds, je sens des mains sur mes pieds, mon dos, ma tête. Et encore, je me tiens à l'écart de la baston, où je suis, ce sont plutôt des gars comme moi, pas trop rassurés et qui se heurtent plus par erreurs de trajectoires que par volonté de passer devant. Soucis pour moi, c'est que je crawle plutôt pas mal et que je ne suis pas dans le bon groupe, donc je dépasse un gars puis je freine derrière un autre, puis je repars. C'est un peu comme si vous partiez en sas 4h sur un marathon alors que vous valez 3h. L'autre souci, c'est qu'avec le manque d'entrainement je n'arrive pas à crawler très longtemps dans ces conditions et que je dois ralentir et me réorienter régulièrement. Au final, je sors de l'eau en 34' (au lieu de 26'15 en piscine), pas mécontent d'en finir avec ce pugilat aquatique. Deux bénévoles nous aident à sortir de l'eau et je trottine doucement vers le parc à vélo. On passe sous une petite douchette de rinçage, parfait, sauf que ça rend le sol glissant pieds nus.
VELO :
Dans le parc, il ne reste déjà plus beaucoup de vélo, et un coup au moral. Je finis d'ôter ma combinaison et sèche mes pieds rapidement avant d'enfiler chaussettes et chaussures. Le casque sur la tête et je cours vers la sortie. Je grimpe sur mon vélo et ... rien, ça tourne dans le vide. J'ai juste le temps d'enlever les chaussures autobloquantes des cale-pieds pour ne pas tomber. La chaîne a sauté, sans doute une conséquence de la chute à l'entrée du parc, merci jeune fille, re-gggrrrrRRRRR. Je perds quelques secondes, et surtout j'ai les mains pleines de cambouis. Je suis vert. Et noir maintenant. Je démarre enfin et j'entame le parcours vélo : 3 boucles avec une côte de 150m de D+. En soit ce n'est rien, surtout en CAP, mais en vélo, mal préparé, c'est une autre histoire. Je roule à mon rythme tandis que beaucoup de gars me doublent. Et plus je me fais doubler et pire sont les vélos. En bas de la première montée, je me fais reprendre par un VTTiste, alors là, je dis NON!!!! Je me met danseuse et je relance. Je reprends un peu de terrain et je vois tout le monde se mettre à l'extérieur de l'épingle. Il faut croire que toutes ces années à regarder le Tour de France à la télé ne m’ont servi à rien : je coupe par l’intérieur. Et là, je suis stoppé net ! J’appuis comme un damné sur les pédales, debout, je tire sur le guidon, j’essaye de changer de vitesse pour une plus facile, mais je suis déjà tout à gauche. Bref, en dix mètres, je me suis mis dans le rouge. Le reste de la montée se fera à l’agonie, le cœur est monté d’un coup, les jambes sont dures, et la tête bourdonne. Je double une jeune fille qui a mis pied à terre, et d’autres type en perdition sur la route. Heureusement, ce n’est pas le Tourmalet et le sommet arrive relativement vite. Je mettrai quand même plusieurs centaines de mètres à récupérer et à pouvoir avancer de nouveau. Et pendant ce temps, les premiers me prennent un tour. Ça bombarde en tête de course. Gros braquet, pas de temps de récupération, c’est un autre univers. Il n’y a que dans les descentes que je parviens à m’accrocher et à faire un peu l’aspi (mais chut, le drafting est interdit en triathlon).
Trois tours plus tard, je rentre au parc. Le chemin de retour est long et je suis seul. Je me fais encore passer par deux cyclistes mais pas moyen de les accrocher, je n’arrive pas à appuyer sur les pédales alors que les muscles sont bien. Et là, je me rends compte que je n’ai pris aucun apport depuis le début, hormis ma gourde qui est vide à présent. A certains moments, j’ai peur de me tromper de route, un peu comme en trail lorsqu’il n’y a plus personne devant ni derrière et qu’il manque quelques balises. Puis je longe le parcours CAP, c’est dur pour le moral, les gars avancent vite, ils en terminent. J’arrive au parc au moment où les premiers sprintent pour la victoire, du coup je profite d’applaudissements qui ne sont pas pour moi. En 1h33, je ne les mérite pas, hélas.
COURSE A PIEDS :
Pieds à terre, je cours pour ramener le vélo à ma place. Enième coup au moral, le parc est plein de vélo, je suis dans les derniers. J’entame donc le parcours à pieds sans en vouloir. Le moral n’est pas là et le parcours est nul : deux allers-retours autour du lac, sur les trottoirs de la ville, un soleil de plomb et pas d’ombres. Mes jambes répondent bien, je ne me suis pas fatigué sur le vélo, par contre je n’ai plus du tout de jus. Je revis le mur du marathon. En fait, j’ai attaqué le premier kilomètre de CAP comme si j’entamais le 30e d’un marathon. Je m’arrête au bout de 500m pour le premier ravitaillement d’une longue série. Un coca, un verre d’eau sur la tête et un autre dans le gosier et ça repart. Et ça continue, monotone. Heureusement, le parcours faisant une boucle, on croise du monde en permanence et je vois mon coach qui a bien trois ou quatre kilomètres d’avance sur moi, accompagné d’un de nos jeunes surdoués, puis ma prof de piscine qui avance tranquillement. Je me traine lamentablement, je plafonne à un tout petit 9-10km/h au jugé, mais toujours pas de jus. Le soleil cogne tant qu’il peut. Autour de moi beaucoup s’arrêtent, les crampes se multiplient et j’essaie de tenir mon petit rythme tant bien que mal. Lors de la 2e boucle, je retrouve un peu de couleur, et je finirai un peu mieux ce 10km que je ne l’ai commencé. 1h01 pour boucler dix bornes, c’est lent, très lent même.
APRES LA COURSE :
Au total, j’aurai mis 3h09 pour finir mon premier triathlon. Comme à chaque course, on me dit que j’ai l’air « frais », à croire que je n’arrive pas à me faire mal. Pourtant, je suis éreinté. Pas comme à la fin d’une course à pied où j’ai les jambes dures, des ampoules, ou mal aux articulations. Là, je suis vidé, cuit. Peut être que c’est le soleil qui m’a tant épuisé et qui a autant sapé mes forces ce dimanche. Mais je crois aussi que c’est propre au triathlon, moins traumatisant que la CAP, mais épuisant tous les muscles. J’ai fait une énorme erreur en ne me ravitaillant pas, un peu de sucre m’aurait fait le plus grand bien sur la CAP.
En soirée, nous nous sommes tous retrouvés autour d’un barbecue bien mérité, esprit club, à échanger nos impressions sur cette épreuve si difficile. L’un d’entre nous à perdu 1/4h sur crampe et un autre à fait un petit tour en tente médicale pour insolation. Et un jeune espoir s’est même fait heurté par une voiture qui a paniqué lors du parcours vélo Découverte, heureusement sans trop de bobo. Le vélo, lui, est mort, paix à son âme. Aujourd’hui, tout va bien. Fatigue générale et bronchite précédemment citée, mais pas de courbatures ni de douleurs tendineuses ou articulaires. Je mange comme quatre et je bois sans arrêt (de l’eau), j’ai dû sacrément puiser dans les réserves quand même. Pas si facile que ça un tri
Merci d’avoir lu ce long CR qui, j’espère, vous permettra de découvrir cette discipline exigeante et technique et vous aidera peut être à vous jeter à l’eau.
Pour ceux qui ne connaissent pas mon histoire, j'ai commencé l'entrainement la CAP en avril 2010 et le triathlon en octobre dernier dans un club. Une méchante foulure à la cheville gauche m'empêchait de m'entrainer en natation depuis deux mois, mais l'épreuve approchant, je me suis motivé pour retourner au moins une fois à la piscine en extérieur, c'était jeudi soir. Dans une belle piscine verdâtre, pire qu'un aquarium laissé sans nettoyage durant de longs mois, avec la combinaison de surf et les lunettes, l'eau saumâtre qui passait entre mes lèvres me dégoûtait au point que j'en fût traumatisé.
A la fin de l'entrainement (écourté, beurk), le piège a commencé à se refermer sur moi. Je vais voir le coach et lui demande qui est inscrit sur le triathlon d'Enghien. Il me répond que les inscriptions sont closes et que c'est trop tard (un "ouf" de soulagement), pourtant il y a eu deux désistements, un sur le Découverte et un sur le Courte Distance. Je me dis que c'est un signe et que je ne peux plus reculer : "à moi les eaux vaseuses du Lac d'Enghien!". Je suis partant sur le CD, et il me dit que c'est peut être un peu tôt vu mon absence de ces derniers mois. "Mais non, allons!", je me réconforte comme je peux. Puis les autres membres du club me disent la même chose. Je me réconforte encore : "Oui, mais non, ça ira. Après un marathon, ce ne sont pas deux brasses et trois côtes en vélo qui vont me faire fléchir".
PREPARATIFS :
Sauf que j'ai absolument tout à apprendre sur ce type d'épreuves (et c'est aussi pour cela que je le partage avec vous). Je passe une nuit affreuse, à regarder le plafond, à me tourner et me retourner dans mon lit. Mes petits s'y mettent, ils sont malades et se réveillent plusieurs fois pour me pourrir les rares débuts de somnolences. Je visionne l'état de l'eau sale, s'insinuant partout. Je pense à la vase, aux algues, à la distance qui n'est finalement pas s'y anodine que ça en natation. Je repense aussi aux CR que j'ai pu lire où l'on parle de baston au départ de la natation, de l'effet "machine-à-laver". Bref, je psychote toute la nuit.
Dring, 9h, youpi! je peux me lever enfin ... et je suis plus fatigué qu'avant de me coucher.
Préparation du matériel : un sac de change, un sac de sport avec la combinaison de natation, les chaussettes, les chaussures de CAP et celles de vélo, à boire, une casquette (heureusement), etc ... Je pose les dossards sur mes affaires, à savoir un numéro sur le casque, une étiquette drapeau sur la selle, un dossard derrière le maillot pour le vélo et un devant pour la CAP. La plupart des triathlètes ont une ceinture porte dossard avec un seul dossard qu'il tourne devant eux au moment de passer à la CAP. J'essaie de faire un petit somme vers 10h, il me reste une grosse heure et demie avant de partir, mais rien y fait, je ne dormirai pas avant le lundi matin.
Arrivé sur place, je découvre un tout autre monde que celui de la CAP. Autant on peut rigoler devant l'exagération du matériel de certains trailers, autant en triathlon cette exagération est élevée au rang d'Art. Matériels dernier cri, des marques partout, des tenus à 300€ le bout, des vélos à 5k€ (le triathlète parle en k€, c'est plus rapide). Bref, ça en jette mais ça me laisse un peu perplexe par rapport à mes petites courses natures, ça ne respire vraiment pas la simplicité. Pourtant, c'est bien organisé et je me laisse prendre dans le bain. Pour passer dans le parc à vélo, les arbitres inspectent tous les concurrents : casque, vélo, numéro qu'ils marquent sur nos bras et nos mollets, les dossards, et donnent les dernières directives. C'est propre net et efficace. Petit soucis, il faut mettre la puce avant de rentrer dans le parc, alors j'aide une jeune femme à côté de moi en lui tenant le vélo et elle fait de même pour que je mette la puce à mon tour, sauf qu'elle le lâche pour X raison et le laisse tomber par terre, ggrrrrrr... ce n'est rien, c'est un occasion. Je n'y prête pas plus attention et file me positionner à ma place. Le vélo accroché au portique, j'ai largement le temps de tout préparer, il n'est que 12h30 et le départ est prévu pour 13h30. J'observe beaucoup autour de moi et j'imite : serviette à terre, chaussures de vélo avec les chaussettes pour moi, chaussures de CAP derrière, je vérifie la gourde sur le vélo, elle est pleine, j'enfile mon maillot de CAP avec les dossards et prépare ma combinaison. Le ciel est bleu, le soleil radieux haut dans le ciel, il commence à faire chaud sur le bitume d'Enghien et ça ne fait que commencer. Mes collègues de club arrivent et me donnent les dernières recommandations, en bref ça ressemble à : "Ne te mets pas dans le rouge!", "tu n'as pas choisi le plus facile pour un premier", "fais gaffe à la côte de St Prix, elle est méchante", etc ... Super les gars, merci pour la pression!
NATATION :
13h25, c'est l'heure. On enfile nos combinaisons par dessus les cuissards et les t-shirts de vélo, les bonnets numérotés et l'on se dirige tous vers le casino où sera donné le départ. Arrivé au ponton spécialement aménagé, je regarde les autres rentrer dans l'eau sans appréhension et se masser près de la ligne de départ entre deux bouées, puis j'y vais. Finalement, toutes mes peurs s'envolent aussitôt, l'eau n'est pas propre mais elle n'est pas repoussante comme je le craignais, il fait chaud dans les combinaisons et puis je suis dans le bouillon avec tout le monde. On fait du stationnaire deux trois minutes le tant d'échanger quelques mots avec ses voisins immédiats puis le départ est donné. Le terme "Machine à laver" me revient immédiatement en tête : cinq cents furieux sont autour de moi et crawlent comme des dingues vers un point jaune que je distingue à peine. Difficile de crawler correctement dans ces conditions, ça n'a plus rien à voir avec l'entrainement propret en piscine chloré où chacun reste bien dans son couloir. Là, je ne distingue même pas le bout de mes doigts, je prends des coups de pieds, je sens des mains sur mes pieds, mon dos, ma tête. Et encore, je me tiens à l'écart de la baston, où je suis, ce sont plutôt des gars comme moi, pas trop rassurés et qui se heurtent plus par erreurs de trajectoires que par volonté de passer devant. Soucis pour moi, c'est que je crawle plutôt pas mal et que je ne suis pas dans le bon groupe, donc je dépasse un gars puis je freine derrière un autre, puis je repars. C'est un peu comme si vous partiez en sas 4h sur un marathon alors que vous valez 3h. L'autre souci, c'est qu'avec le manque d'entrainement je n'arrive pas à crawler très longtemps dans ces conditions et que je dois ralentir et me réorienter régulièrement. Au final, je sors de l'eau en 34' (au lieu de 26'15 en piscine), pas mécontent d'en finir avec ce pugilat aquatique. Deux bénévoles nous aident à sortir de l'eau et je trottine doucement vers le parc à vélo. On passe sous une petite douchette de rinçage, parfait, sauf que ça rend le sol glissant pieds nus.
VELO :
Dans le parc, il ne reste déjà plus beaucoup de vélo, et un coup au moral. Je finis d'ôter ma combinaison et sèche mes pieds rapidement avant d'enfiler chaussettes et chaussures. Le casque sur la tête et je cours vers la sortie. Je grimpe sur mon vélo et ... rien, ça tourne dans le vide. J'ai juste le temps d'enlever les chaussures autobloquantes des cale-pieds pour ne pas tomber. La chaîne a sauté, sans doute une conséquence de la chute à l'entrée du parc, merci jeune fille, re-gggrrrrRRRRR. Je perds quelques secondes, et surtout j'ai les mains pleines de cambouis. Je suis vert. Et noir maintenant. Je démarre enfin et j'entame le parcours vélo : 3 boucles avec une côte de 150m de D+. En soit ce n'est rien, surtout en CAP, mais en vélo, mal préparé, c'est une autre histoire. Je roule à mon rythme tandis que beaucoup de gars me doublent. Et plus je me fais doubler et pire sont les vélos. En bas de la première montée, je me fais reprendre par un VTTiste, alors là, je dis NON!!!! Je me met danseuse et je relance. Je reprends un peu de terrain et je vois tout le monde se mettre à l'extérieur de l'épingle. Il faut croire que toutes ces années à regarder le Tour de France à la télé ne m’ont servi à rien : je coupe par l’intérieur. Et là, je suis stoppé net ! J’appuis comme un damné sur les pédales, debout, je tire sur le guidon, j’essaye de changer de vitesse pour une plus facile, mais je suis déjà tout à gauche. Bref, en dix mètres, je me suis mis dans le rouge. Le reste de la montée se fera à l’agonie, le cœur est monté d’un coup, les jambes sont dures, et la tête bourdonne. Je double une jeune fille qui a mis pied à terre, et d’autres type en perdition sur la route. Heureusement, ce n’est pas le Tourmalet et le sommet arrive relativement vite. Je mettrai quand même plusieurs centaines de mètres à récupérer et à pouvoir avancer de nouveau. Et pendant ce temps, les premiers me prennent un tour. Ça bombarde en tête de course. Gros braquet, pas de temps de récupération, c’est un autre univers. Il n’y a que dans les descentes que je parviens à m’accrocher et à faire un peu l’aspi (mais chut, le drafting est interdit en triathlon).
Trois tours plus tard, je rentre au parc. Le chemin de retour est long et je suis seul. Je me fais encore passer par deux cyclistes mais pas moyen de les accrocher, je n’arrive pas à appuyer sur les pédales alors que les muscles sont bien. Et là, je me rends compte que je n’ai pris aucun apport depuis le début, hormis ma gourde qui est vide à présent. A certains moments, j’ai peur de me tromper de route, un peu comme en trail lorsqu’il n’y a plus personne devant ni derrière et qu’il manque quelques balises. Puis je longe le parcours CAP, c’est dur pour le moral, les gars avancent vite, ils en terminent. J’arrive au parc au moment où les premiers sprintent pour la victoire, du coup je profite d’applaudissements qui ne sont pas pour moi. En 1h33, je ne les mérite pas, hélas.
COURSE A PIEDS :
Pieds à terre, je cours pour ramener le vélo à ma place. Enième coup au moral, le parc est plein de vélo, je suis dans les derniers. J’entame donc le parcours à pieds sans en vouloir. Le moral n’est pas là et le parcours est nul : deux allers-retours autour du lac, sur les trottoirs de la ville, un soleil de plomb et pas d’ombres. Mes jambes répondent bien, je ne me suis pas fatigué sur le vélo, par contre je n’ai plus du tout de jus. Je revis le mur du marathon. En fait, j’ai attaqué le premier kilomètre de CAP comme si j’entamais le 30e d’un marathon. Je m’arrête au bout de 500m pour le premier ravitaillement d’une longue série. Un coca, un verre d’eau sur la tête et un autre dans le gosier et ça repart. Et ça continue, monotone. Heureusement, le parcours faisant une boucle, on croise du monde en permanence et je vois mon coach qui a bien trois ou quatre kilomètres d’avance sur moi, accompagné d’un de nos jeunes surdoués, puis ma prof de piscine qui avance tranquillement. Je me traine lamentablement, je plafonne à un tout petit 9-10km/h au jugé, mais toujours pas de jus. Le soleil cogne tant qu’il peut. Autour de moi beaucoup s’arrêtent, les crampes se multiplient et j’essaie de tenir mon petit rythme tant bien que mal. Lors de la 2e boucle, je retrouve un peu de couleur, et je finirai un peu mieux ce 10km que je ne l’ai commencé. 1h01 pour boucler dix bornes, c’est lent, très lent même.
APRES LA COURSE :
Au total, j’aurai mis 3h09 pour finir mon premier triathlon. Comme à chaque course, on me dit que j’ai l’air « frais », à croire que je n’arrive pas à me faire mal. Pourtant, je suis éreinté. Pas comme à la fin d’une course à pied où j’ai les jambes dures, des ampoules, ou mal aux articulations. Là, je suis vidé, cuit. Peut être que c’est le soleil qui m’a tant épuisé et qui a autant sapé mes forces ce dimanche. Mais je crois aussi que c’est propre au triathlon, moins traumatisant que la CAP, mais épuisant tous les muscles. J’ai fait une énorme erreur en ne me ravitaillant pas, un peu de sucre m’aurait fait le plus grand bien sur la CAP.
En soirée, nous nous sommes tous retrouvés autour d’un barbecue bien mérité, esprit club, à échanger nos impressions sur cette épreuve si difficile. L’un d’entre nous à perdu 1/4h sur crampe et un autre à fait un petit tour en tente médicale pour insolation. Et un jeune espoir s’est même fait heurté par une voiture qui a paniqué lors du parcours vélo Découverte, heureusement sans trop de bobo. Le vélo, lui, est mort, paix à son âme. Aujourd’hui, tout va bien. Fatigue générale et bronchite précédemment citée, mais pas de courbatures ni de douleurs tendineuses ou articulaires. Je mange comme quatre et je bois sans arrêt (de l’eau), j’ai dû sacrément puiser dans les réserves quand même. Pas si facile que ça un tri
Merci d’avoir lu ce long CR qui, j’espère, vous permettra de découvrir cette discipline exigeante et technique et vous aidera peut être à vous jeter à l’eau.
par Azaer
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- FredX
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Merci pour ton CR azaer...
C'est effectivement un autre monde le triathlon...
Petite question : on a le droit de prendre sa bouée pour la natation ??? Parce que 1500m je m'y vois pas trop...
C'est effectivement un autre monde le triathlon...
Petite question : on a le droit de prendre sa bouée pour la natation ??? Parce que 1500m je m'y vois pas trop...
par FredX
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- plassall
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Réponse de plassall sur le sujet Re: Triathlon CD d'Enghien (95)
Posted il y a 13 ans 5 mois #104264
ca ressemble au parcours du combattant!
Felicitation! Quel est ton classement?
Felicitation! Quel est ton classement?
par plassall
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- gilles84 [Dum Spiro Spero]
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Réponse de gilles84 [Dum Spiro Spero] sur le sujet Re: Triathlon CD d'Enghien (95)
Posted il y a 13 ans 5 mois #104294
un autre monde ....ça perturbe car je n'arrive pas à m'y projeter
bravo .... j'aime bcp ton coté à "oser" tous les defi
bravo .... j'aime bcp ton coté à "oser" tous les defi
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- gilles
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Salut seb
Merci pour ton CR détaillé.
Ca me rappelle un peu mes quelques triathlons, mais contrairement à toi je m'étais arrêté à des "promotionnels" (appelés maintenant découverte il me semble)
Maintenant place à la récupération pour cette semaine au moins
Merci pour ton CR détaillé.
Ca me rappelle un peu mes quelques triathlons, mais contrairement à toi je m'étais arrêté à des "promotionnels" (appelés maintenant découverte il me semble)
Maintenant place à la récupération pour cette semaine au moins
par gilles
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- Alassea
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Merci de nous faire partager cette expérience! tres enrichissant! mais je crois que ca n'est pas pour moi....
Félicitation!
Félicitation!
par Alassea
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