S'équiper pour la course à pied

UTMB 2018 - qui l'eu crû ?

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UTMB 2018 - qui l'eu crû ? a été créé par Olrik

Posted il y a 6 ans 2 mois #502779
En septembre 2017, alors que j’écrivais qu’il y a 6 ans l’UTMB n’était même pas en rêve, comment aurais-je pu qualifier la pensée de finir un second (et dernier ?) UTMB en 2018 ?

Dans ce compte-rendu j’entrerai peut-être moins dans les détails de la course (tu parles !:silly: ) pour diverses raisons que vous découvrirez en le lisant et je me permettrai de comparer mes deux courses et même un peu de comparaison avec ma CCC de 2014. En 2017 nous étions partis 30 minutes plus tard. Pour la comparaison j’ai donc adapté les horaires.
Que ce soit au niveau météo ou parcours c’est, à quelques menus détails près, similaire.
Mises à part les deux dernières semaines perturbées par un mal de dos la préparation s’est bien déroulée. Du cross-fit, des randos-trails, des dossards, des côtes, du renforcement musculaire personnel auront constitués la plupart de mes séances.

Vendredi 7h30 Chamonix

Comme en 2017, mon frère me rejoint vers 16h00 pour m’accompagner jusqu’au départ et même un peu plus vu qu’il sera là à Courmayeur pour m’assister.

Vendredi 17h45 Chamonix

Copier-coller ou presque de 2017. Cette année il pleut. Les prévisions météo se sont dégradées au fil de l’après-midi, le kit grand froid est fortement recommandé :( . J’ai donc apporté deux modifications dans mon équipement. J’ai pris une seconde couche plus chaude (il est annoncé un ressenti de moins 10°) et surtout j’ai décidé de mettre pour cette 1ère partie mes chaussures les plus neuves soit celles avec la semelle la plus accrocheuse. Deux très bonnes décisions.
Mme Poletti nous fait son speech, les Pyramides ne se feront pas pour des raisons évidentes de sécurité mais les BH ne changent pas. Ce qui revient à dire que dès le lac Combal c’est une heure de gagnée sur ces BH. Ce n’est pas un élément qui me tracassait vu l’avance que j’avais en 2017 néanmoins c’est un confort supplémentaire.


Je ne suis pas tout seul.

Vendredi 18h00 Chamonix

C’est parti mes amis !
Ambiance de folie:woohoo: , on avance au pas:pinch: . Un dernier coucou à mon frère à la sortie de la ville puis en route pour cette portion de 8 kms presque plate (128 D+, 160 D-) permettant d’étirer le peloton.
La 1ère montée n’est vraiment pas difficile (5,7 kms, 720 D+). Gare tout de même à ne pas s’enflammer, il reste 160 kms.
Nous sommes donc partis à l’heure soit 30’ plus vite que l’année passée. Conséquence le passage en monde nuit se fera au sommet et pas au 2 tiers de cette montée.
Arrivée au 1er chrono intermédiaire en 2h19 contre 2h20 en 2017.


La 1ère nuit est tombée

Vendredi 20h19 Le Délevret

Il pleut toujours, il faut faire attention aux flaques. C’est un peu tôt pour avoir les pieds trempés.
La descente sur St-Gervais via la piste de ski arrive. C’est très humide. En voyant quelques concurrents glisser et se retrouver sur le cul je suis très satisfait d’avoir mis mes dernières chaussures, je réussis à garder mon équilibre.
Aux portes de St-Gervais, quartier résidentiel, je vois 4 coureurs occupés à scruter le bas d’un talus. L’un d’eux criant : « are you hear me ? » Arrivé à leur hauteur je comprends qu’un concurrent est tombé au bas de ce talus infesté de broussailles. On voit bien le chemin qu’a pris le corps de ce traileur mais aucune trace de ce dernier et aucune réponse. Deux secouristes arrivant je continue mon chemin en me demandant comment il (ou elle) a pu tomber là-dedans. Ce n’est pas un virage, c’est trop tôt pour s’être endormi, le chemin est large…….Je n’ai pas eu de nouvelles concernant l’état de santé de ce coureur.:(
1er vrai ravito (il y avait à boire aux Houches) où je passe au maximum 5’.
Cette partie a été parcourue en 68’ pour 70’ en 2017.
J’ai donc 3’ d’avance après 3h30 de course.

Vendredi 21h32 Saint-Gervais

Place à cette longue portion peu pentue mais tout de même avec quelques jolis coups de cul. Il semble me souvenir que la pluie a cessé. Rien de bien spécial à dire sur cette portion de transition qui nous amène aux Contamines. Tout de même 10 kms avec 626 D+ et 284 D-.
Je sens un peu mon dos mais rien d’alarmant, c’est ce qu’on pourrait appeler un mal normal après 5 heures de course. Cela passera et à part 2-3 petites alertes je n’aurai plus de nouvelles de cette partie de mon corps.
1h54 contre 1h51. Si vous savez bien calculer vous aurez remarqué que j’ai perdu mes 3’ d’avance. Conclusion : après 5h26 de course je suis pile dans le même temps.
10’ max à ce ravito.

Vendredi 23h36 Les Contamines

On va s’apprêter à quitter la civilisation. A noter que l’ambiance mise par les nombreux spectateurs est motivante. Il y a vraiment beaucoup de monde.:ohmy:
Là j’en suis sûr il ne pleuvait plus, j’ai profité de changer de 1ère couche qui est bien trempée, c’est plus prudent avant de prendre de l’altitude. Le terrain est humide parsemé de flaques mais ce n’est pas gênant pour du plat et de la montée.
Dès Notre Dame de la Gorge commence enfin les choses sérieuses.
En entrée nous avons une montée, avec 1-2 bouts de plats, en direction de la Balme 4 kms, 470 D+.
Rien d’encore bien terrible
Le ravito arrive, je remplis mes flasques et ressors, en fait je ne ressors pas car le ravito est à l’extérieur, c’est une façon de parler.
Puisque je parle de mes flasques, c’est un grand changement pour moi car précédemment j’avais un Camel de 2 litres + une gourde de 6dl. Je remplissais le tout et pouvait donc y aller un bon moment. Nouveau sac et nouvelle stratégie. J’ai deux flasques de 500 ml que j’utiliserai principalement et que je remplirai régulièrement. C’est nettement plus rapide et pratique que le Camel. Mais j’ai tout de même gardé un Camel car un litre c’est le minimum. Camel que je remplis d’un litre et que je garde comme secours. Je (dans les faits mon frère) ne le remplirai à nouveau qu’à Courmayeur d’environ 1,5 litre et il arrivera vide à Chamonix.
Je ressors donc de ce ravito où un chrono est pris : il est 1h24, soit 6’ de + qu’en 2017 ! Mes jambes me semblaient plus lourdes ce qui peut expliquer ce retard.
Peu importe car tout au long de cette course je n’avais pas mes temps de 2017 mis à part le chrono final bien entendu. Quant à la BH elle est à 2 heures. Autant vous dire que je ne me suis pas amusé à faire de savants calculs. J’étais concentré sur la difficile suite du parcours qui m’attendait.

Samedi 1h24 La Balme

Comme plat principal c’est direction le refuge du Bonhomme via le col du même nom. Une montée de 3,6 kms avec 635 D+. Alors là ça commence à piquer. Puis encore 2 kms 165 D+ et 50 D-.
J’ai eu la chance de trouver un pacer qui était parfaitement dans mon rythmeB) . J’aurai peut-être pu aller un chouia plus vite. A un moment je l’ai même dépassé histoire de prendre le relais mais il m’a tout de suite repassé. Je n’ai pas insisté cette position de suiveur me convenant très bien.
Cette fois j’avais mis mes gants mais il m’a semblé qu’il faisait un peu moins froid que lors de mon précédent UTMB.
1h56 contre 1h58. Dans mon carnet de route j’avais noté que j’y serai à 3h20, il est….3h20

Samedi 3h20 refuge de la Croix du Bonhomme

En dessert la descente (5 kms – 900 D-) en direction des Chapieux, c’est piègeux, c’est plein d’ornières, mais ça passe. 1 heure pour 59’ en 2017.
Après 51 kms 2800 D+ et 2400 D- mon temps de course est de 10h20 pour une prévision à 10h20 contre 10h15 précédemment.
Je vais rester 6’ à ce ravito contre 8’ ou comment reprendre 2’

Samedi 4h26 Les Chapieux

Une des plus belles parties de la course à mon niveau.
A l’approche du sommet le jour sera levé et je pourrai donc passer en mode jour.
Mais avant ça cette longue et régulière montée offre une interminable guirlande de lampe frontale que tu regardes en bas (ça fait du bien) ou en haut (ça fait moins du bien).
Au sommet, qui n’arrive jamais, le froid est vif, accentué par un sympathique vent du Nord. Ressenti de moins 10 selon certaines sources.
Je l’atteins en 2h40 contre 2h41.

Samedi 7h06 Col de la Seigne (2516 mètres d’altitude)

Comme en 2017, pas de Pyramides ce qui ne me dérange pas du tout. Je me sens un peu fatigué.
La descente sur le lac Combal est courte et caillouteuse.
4’ de perdues. Je l’aurai faite en 48’ contre 44’. Mes jambes ont un peu de peine en descente aussi.
Pause d’environ 10-15’ à ce lac.
Comme on est descendu on aurait pu penser que la température allait remonter. Funeste erreur.
C’est encore plus glacial, surtout après un arrêt dans ce ravito extérieur.

Samedi 8h09 Lac Combal

Un pas de marche rapide le long de ce lac nous amène à la brève montée débouchant sur l’arête du Mont-Favre, environ 2,5 km avec 457 D+. Je trouve que le paysage entre le lac Combal et le col Checrouit est le plus beau et le plus sauvage du parcours.
1h07 contre 1h05. J’accumule du retard qui se monte maintenant à 8’
Comme déjà écrit, à part à la fin je n’avais aucune idée de cette comparaison avec 2017 et je n’ai même pas regardé mon carnet de route qui indiquait à ce moment là que je devais y être à 9h30. Il est alors….

Je ne sais pas où je suis mais j'y suis.

Samedi 9h16 Arête du Mont-Favre

Les conditions de cette édition sont vraiment similaires. Le soleil, à défaut de chaleur, nous fait grâce de sa présence malgré quelques nuages.
Le col Checrouit arrive vite, on redescend ce qu’on est monté avec deux-trois petites remontées.
53’ contre 47 !! je suis un peu étonné, on dira que sachant que la descente sur Courmayeur est longues et les muscles de mes jambes courts je me suis inconsciemment économisé.
5’ de pause à ce col.

Samedi 10h14 Col Checrouit – Maison Vieille

Expérience faite je sais qu’une bonne partie de la descente est un single en virages serrés sur un terrain très poussiéreux voire sablonneux.
La fin est sur bitume avec un retour à la civilisation. J’y arrive, mon frère est là.
Je prends mon sac de rechange et entre dans cette salle bondée.
La descente s’est bien déroulée, le groupe que je suivais était un peu plus lent que celui de l’année passée. Cela ne m’a pas du tout dérangé. J’ai un total de 18’ de retard mais une avance de 2’ sur mon tableau de bord et de 2h12 sur la BH qui sera effective à la sortie du ravito.


ça c'est du pas décidé

Samedi 11h03 Courmayeur

C’est tout de même agréable d’avoir une assistance sur ce point-là.
Tu as moins besoin de réfléchir, on cherche une place pour toi.
Pendant qu’il déballe mes affaires, recharge montre et téléphone, change la batterie de la lampe et remplit mes flasque et Camel je peux tranquillement changer d’équipement soit chaussures – chaussettes – t-shirt – Buff et soigner mes pieds.
C’est un confort qui se ressent autant au niveau mental que physique et permet de se changer et se reposer sans stress inutile.
Durée 38’, nous avons pris notre temps, contre 47’. Et paf la moitié du retard rattrapée.

Même pas fatigué
Samedi 11h41 Courmayeur

A l’attaque de la seconde moitié de cet UTMB, enfin un peu plus. Courmayeur est officiellement à 79 kms – 4400 D+ il reste donc environ 90 kms et 5400 D+
La montée sur Bertone, d’un total de 816 D+, commence par la traversée de Courmayeur. C’est sympa il y a un grand écran sur la grande place qui retransmet la chaîne de l’UTMB live.


Très vite la forêt fait place à la ville, puis la forêt à la montagne, on atteint à nouveau les 2000 mètres d’altitude.
Arrivée à ce refuge à 13h26 soit 105 minutes après être reparti contre 103,5. 11’ de retard sur 2017, 4’ d’avance sur mon carnet de route,

Samedi 13h31 refuge Bertone

Depuis ici je me permettrai également une comparaison de mon chrono avec celui de ma CCC en 2014, histoire de voir. A ce stade j’en suis donc à 84 kms 5200 D+ et 19h30 de course contre 15 kms 1460 D+ et 3h56 de course pour la CCC.
On continue en direction d’un autre refuge, celui de Bonatti. Parcours de transition avec vue sur l’entrée du tunnel du Mont-Blanc.
Il n’y a pas beaucoup de D+ mais la grande majorité se trouve dans la dernière montée où un vent assez fort nous accompagne. Comme le chemin est en Z, c’est une fois de face, une fois dans le dos.
1h33 pour 1h40. Chrono de 2014 en 1h17 on ressent bien la différence.
Je ne m’étais quasiment pas arrêté à ce ravito en 2017 car c’était la tempête et les bénévoles nous conseillaient fortement de ne pas nous y éterniser. Cette année j’ai pris environ 5’ pour boire un coca, un café et manger deux Tucs et un carré de chocolat soit en résumé le menu de mes 2 jours de course avec de temps en temps du fromage et une fois un bouillon avec vermicelles.

Samedi 15h09 refuge Bonatti

Prochaine étape Arnuva. Quasiment la dernière portion tranquille avant une succession de grosses montées suivies d’interminables descentes.
Grosse et belle différence par rapport à la précédente édition, la descente ne sera pas qu’un champ de boue. Ce sera tout de même plus agréable.
Arrivée 16h17 pour 16h10 il y a 12 mois. 16h25 pour mes prévisions et la BH, à la sortie, à 18h15. Soit 1h08 pour 57’ en 2014.
Encore un élément identique, on nous oblige à nous équiper avec nos pantalon et veste imperméables avant de partir à l’assaut du Grand Col Ferret où pour la 3ème fois que je le passerais avec un dossard il fera mauvais.
Différence, cette fois on nous avise avant d’entrer dans le ravito qu’il faut nous équiper ce qui nous permet d’avoir beaucoup plus de place pour se changer que serrés dans la tente.
Une chose m’aura frappée à ce ravito. C’est le stand des abandons.
Il est placé avant l’entrée de la tente. Normalement on est censé arriver au ravito, prendre le temps de s’y refaire une santé et si ça ne va toujours pas rendre son dossard. Ici j’ai été effaré de voir la grande partie des coureurs devant moi aller directement à ce stand pour annoncer leur arrêt. 174 abandons ici pour un total de 783 soit un peu plus de 20 %. A mettre en comparaison avec les 92 abandons à Courmayeur.:silly:

Samedi 16h32 Arnouvaz

Les choses sérieuses recommencent.
Le Grand Col Ferret nous attend. 4,5 kms avec 754 D+. A ce stade, c’est long, c’est haut (2'537) mais c’est régulier et surtout je connais cette montée par cœur.
Pour les gens sensibles ou anti-spécistes, je conseille de ne pas lire les trois paragraphes qui suivent.
Peu après le début de la montée, un concurrent lance un avertissement : « pierre ». Loin au-dessus de nous un troupeau de vache traverse dans la pente et l’un d’elles a fait chuter une pierre qui viendra s’arrêter pile sur notre tracé.
On respire et on continue. A peine 30 secondes plus tard nouveau cri d’avertissement : « vache » ou plutôt « cow » dans la version originale. Ben ce n’est malheureusement pas un gag, c’est bien une vache qui se paie une chute de 300-400 mètres en rebondissant comme une balle. Elle s’arrête à quelques dizaines de mètres de nous, elle se relève mais sa patte arrière gauche semble mal en point. Je peux vous dire que cela fait bizarre de voir une chute pareille. J’avais déjà assisté à la chute d’un chien vu depuis le haut et qui avait, heureusement pour lui, pu très vite se remettre sur ses pattes et plus ou moins gérer sa vertigineuse descente.:( :( :(
Pour la petite histoire nous sommes repartis et 1’ après à nouveau une pierre déboule. Ce fut tout car le troupeau avait fini de traverser ce passage.
A part ça juste à signaler qu’à peine arrivé en vue du refuge Elena, nous savions pourquoi l’équipement complet était nécessaire. Il y a beaucoup de vent et il ne vient pas du Sahara.
J’atteins le col où la visibilité est encore correcte. Le bénévole est chaudement habillé mais ne ressemble pas au Yéti croisé l’année passée.
J’aurai mis 1h29 depuis la sortie d’Arnouvaz contre 1h43 en 2017 mais je m’étais arrêté quelques minutes après le ravito afin de crémer mes pieds. Et aussi 1h29 lors de la CCC !!!
Je peux le dire sans forfanterie : « je suis bien monté ».:whistle:

Samedi 18h01 Grand Col Ferret

Je suis passé devant. J’ai 2’ d’avance sur mon 1er UTMB.:evil:
Une fois franchi ce col c’est une descente sur la Peule qui nous attend. De ce côté du col la météo est pire que du côté italien. Il ne pleut pas mais c’est humide pour cause de brouillard. Pas trop épais tout de même. Une fois plus bas nous serons sous cette couche nuageuse.
Les jambes ne sont pas trop là mais j’avance tout de même à un rythme qui me convient. Je pense pouvoir arriver à la Fouly avant de devoir passez en mode nuit.
Je me souviens bien que l’année passée c’est le long de la rivière nous amenant à la Fouly que les hallucinations ont commencé. Cette fois rien.
Cette portion est longue avec quelques remontées entre la Peule et Ferret qui font mal car une fois que tu en as fait une tu vois la suivante. Connaissant bien ce parcours je savais à quoi m’attendre.
Le ravito de la Fouly est atteint à 19h56 soit en 1h55 pile comme en 2017. 1h49 en 2014.
Je ne reste que 6’ dans le ravito contre 22’ l’année passée, mais…….

Samedi 20h04 La Fouly

….j’ai décidé de passer en mode nuit et crémer mes pieds en dehors de la tente un petit peu plus loin dans le village. Arrêt hors ravito d’environ 10-15’.
Après ces soins et cette préparation en route pour continuer la descente en direction de Praz de Fort avant d’entamer la remontée sur Champex via la forêt hantée.
Une différence concernant le parcours. Suite à des inondations nous avions dû prendre la route en 2017, c’était un tout petit peu plus court (500 mètres) et avec un peu moins de D+ (50) mais que ce que c’était monotone. Personne (enfin ceux avec qui j’étais) n’avait envie de courir sur ce bitume en léger faux-plat descendant. Retour sur le tracé habituel cette année. Du chemin avec cailloux et racines, une remontée et un long bout droit. C’est plus ludique et nous y trottons. Retour sur le bitume pour traverser Pranon et Praz de Fort où malheureusement il n’y avait de ravito sauvage avec du bon café cette année.
C’est sur cette portion que j’ai commencé à voir des visages sur les rochers. Des visages très précis, il y avait Woody Allen, Amy Winehouse et….Raspoutine !!!! J’ai même ralenti et approché mon nez d’un de ces cailloux afin d’être sûr qu’il s’agissait bien d’hallucinations.:pinch:
C’est à peu près les seules que j’ai eues mais j’ai eu d’autres moments bizarres que vous pourrez lire si vous avez le courage de continuer à m’accompagner dans mon périple. Cela m’a bien changé de l’année passée avec mon exposition d’Alfa Roméo, mes panneaux indicateurs qui changeaient de couleur ou autre personnes assises à un abribus.
Puis à l’attaque de la montée dans la forêt de Maléfique. Cette fois je suis bien réveillé néanmoins je confirme, cette forêt est torturée, les arbres sont tordus, je ne vous parle même pas des racines, ça monte ça redescend, ce sont vraiment les 450 D+ les plus long que je connaisse. Mais ça passe et même plutôt bien.
J’atteins ce ravito à 23h17. J’aurai mis 3h15 pour ce bout en comptant les 10-15 minutes d’arrêt contre 3h18 en 2017 (autre parcours mais monotone à souhait) et 3h10 lors de ma CCC.
J’ai maintenant 21’ d’avance sur mon record.
Ravito également un peu plus court qu’en 2017 où j’avais eu un problème avec un bâton qui ne voulait plus s’ouvrir. Mais comme après la Fouly 5’ d’arrêt un peu plus loin dans un lieu d’aisance grand et propre ou l’avantage de connaître le terrain.

Samedi 23h34 Champex

Bon, ce n’est pas tout ça il faut maintenant partir à l’assaut des dernières bosses, la première étant la Giète. C’est d’abord 5 kms avec 85 D+ et 212 D- et de plus relativement roulant en commençant, sur bitume, par le long du très beau lac de Champex puis montée (petite) à Champex d’en Haut et c’est reparti sur des chemins.
Après Plan de l’Au les choses sérieuses recommencent à nouveau, ça va monter drû, il y aura deux traversées de rivières et même un bout où le tracé et la rivière ne font qu’un.
J’ai reconnu cette portion il y a quelques semaines, c’est fou comme ça paraît plus long de nuit, avec un dossard et 130 kms dans les jambes. Jambes qui ne sont toujours pas en pleine forme mais qui avancent. De plus mon esprit part ailleurs, chaque pas que je faisais était une réponse que je devais donner. Il ne faut pas trop chercher cela m’était déjà arrivé lors de la montée du col du Tricot à la TDS et une fois lors de mon précédent UTMB. La déconnection de l’esprit a comme avantage qu’on se retrouve en haut sans trop savoir comment.
Ma reconnaissance aura été utile car cette fois je sais que le ravito est à la Giète et que je ne dois pas confondre avec la buvette qui est à Bovine. Je sais qu’il y aura encore 1,5 km avec une bonne montée suivi d’une non moins bonne descente avant d’arriver à cette étable transformée en ravito léger.
3h19 contre 3h27.
Quelques minutes d’arrêt. Beaucoup de coureurs dorment un moment sous des couvertures de survie. Je continue sans reposer les yeux.
J’aurai peut-être dû car la descente en direction du col de la Forclaz va me paraître interminable bien qu’elle ne soit pas très longue.
J’ai tellement envie de voir arriver ce col que je vois clairement des maisons avec deux hommes qui entrent dedans……….hallucination que je qualifierai de dirigée. Je verrai encore une ou deux fois des maisons alors qu’il n’y a rien avant d’y arriver réellement.:unsure:
Depuis le col la descente sur Trient m’est bien connue même si comme d’habitude elle semble plus longue qu’à l’entraînement.
1h23 pour 1h28. L’écart avec mon temps de référence est maintenant de 48’:evil:
Je me poserai 24’ à ce ravitaillement qui n’est décidemment pas sexy en plein milieu de la nuit.

Dimanche 4h40 Trient

Pour la petite histoire la BH est à 8h00
La montée sur les Tseppes ne se fera pas par le chemin habituel où, à l’instar de bien d’autres endroits en montagne cette année, est fermé pour cause d’éboulement. Si la montée traditionnelle est bien raide comment qualifier la variante…..KV est ce qui s’en rapproche. En fait c’est environ 3 kms avec 720 D+. Il manquait un kilomètre pour être un vrai KV.
Le nez collé par terre je monte un bout, je m’arrête, laisse passer quelques concurrents que je repasserai plus tard une fois qu’eux-mêmes se seront arrêter.
Encore une fois la reconnaissance du parcours va m’aider je sais qu’il y a une tonne de virage puis que nous rejoignions le tracé avec encore une peu de raidard puis ça se calme.
A nouveau mon esprit se déconnecte de mon corps. Je vous épargne le délire dans lequel il est parti. Je dirai juste que je ne comprenais pas pourquoi on devait tous monter alors qu’un seul d’entre-nous aurait suffit.
Le grand avantage c’est quand étant déconnecté je ne me suis plus arrêté et à un moment je vois un croisée de chemins dont l’un fermé par une barrière. Je me demande si c’est réel ou non. Au lieu de m’arrêter pour toucher cette barrière afin de me conforter dans sa réalité ou non je continue mon chemin.
Je me retourne deux-trois fois pour voir si elle est toujours là. Elle l’est. Mais je me rappelle que l’année passée j’ai vu plusieurs fois de suite des panneaux indicateurs qui n’existaient pas et je les voyais même si je me persuadais que c’était une hallucination. Donc je n’étais toujours pas sûr.
Ce qui m’a rassuré dans l’existence physique de cette barrière est que le chemin était toujours raide mais plus en virages serrés ce qui devait bien dire que j’étais de retour sur le parcours initial.
Les Tseppes se profilent, le jour aussi.
1h35 contre 1h29
Pas d’arrêt cette année.

Dimanche 6h15 Les Tseppes

Place à la descente sur Vallorcine.
D’abord par un single où je suis second d’un petit groupe.
Je dois m’être endormi ou alors mon esprit est vraiment parti ailleurs car à un moment je dis un truc à ma femme (qui bien entendu n’est pas là) et je le dis à haute voix ce qui a pour effet d’interloquer le coureur devant moi et surtout de me réveiller.:silly:
Je m’excuse je lui dis que je dormais, je rêvais et je passe devant car je serai plus concentré pour courir qu’en suivant quelqu’un.
Le double effet Kisscool est que j’ai accéléré. Le single a très vite fait place à une piste de ski large et caillouteuse où on peut courir pour autant qu’on suive le tracé le moins chaotique possible.
Je me sens bien, ce fut assez rare pour le souligner. Les quelques minutes passés en micro-sieste ou auto-hypnose à l’insu de mon plein gré m’ont fait du bien. Vallorcine arrive. Après quelques zig-zag je suis à la tente du dernier gros ravitaillement. Je fais le signe de la victoire à la Webcam. Rien ni personne ne peut m’empêcher d’atteindre mon but 1er : arriver à Chamonix et je suis bien parti pour atteindre mon but caché : faire mieux voire bien mieux que l’année passée.
Descente effectuée en 1h39 pour 1h46 an 2017. Avance de 50’.
Trient-Vallorcine 3h02 en 2014 (CCC), 3h20 en 2017 et 3h14 cette année.
10’ de pause pas une de plus que l’année passée. Il faut attaquer ce dernier, gros, morceau afin d’atteindre le Graal.

Dimanche 8h04 Vallorcine

A l’instar de 2017, le parcours ne passera pas par la Tête aux Vents pour cause cette année d’un éboulement dramatique.
Par contre je sais exactement où on va passer, jusqu’où on monte et surtout jusqu’où on redescend et la technicité de cette descente où on va moins vite qu’en montant.
1ère montée en direction du col des Montets. J’ai les paupières lourdes, c’est monotone. C’est long, je mettrai à peu près une heure (57’) pour atteindre ce col puis redescendre quelques centaines de mètres jusqu’au parking de Tré le Champs. Ballade de 4,5 kms avec environ 250 de D+ et 50 D-.
Puis la montée en direction de la Flégère, il fait beau, la vue est belle mais il faut se retourner pour la voir.
Le sommet de cette grimpette arrive assez vite (pour une fois) et c’est La Descente des Enfers. Impossible d’avancer rapidement c’est rochers et racines, je suis 2 coureurs qui ne descendent pas trop mal et je mets mes pas dans les leurs. L’aide des mains est parfois nécessaire. Il vaut mieux être bien réveillé ce que je suis et les jambes répondent bien.
Après une descente il y a en général une montée. C’est le cas ici. Je suis en 3ème position d’un groupe derrière deux Italiens qui parlent (étonnant non ?). Quelques coureurs nous dépassent, je pourrai peut-être les suivre mais je décide de rester, pour l’instant, derrière mes deux Italiens histoire de souffler un peu avant le dernier coup de collier.
Je les dépasse peu avant d’arriver vers la piste de ski qui nous amène tout là-haut là-haut à la Flégère.
C’est un bout qui n’a aucun intérêt si ce n’est de voir où nous devons arriver mais ça me motive. J’y vais d’un bon pas. Je sais qu’il me faut environ 1h30 pour redescendre à Chamonix, je devrai pouvoir y arriver avant 13h00 et établir donc un sub 43 (44h04 en 2017). Il faut tout de même que j’ai 2-3’ minutes d’avance je ne me vois pas faire sprinter ma petite famille sur les 200 derniers mètres.
La Flégère atteinte à 11h19 soit en 3h15 pour….3h36 en 2017:evil: . Ah ouais quand même j’avais le feu et surtout je savais où j’allais mettre les pieds. A noter 3h16 lors de ma CCC via la Tête aux Vents et de plus il semblerait que la variante soit un petit plus longue au niveau chrono. Au niveau distance cela donne 10,1 kms 952 D+ et 328 D- pour la variante et 10,6 kms 867 D+ et 274 D- pour la voie normale avec une montée à mon avis un peu plus dur car c’est souvent des marches ou tout comme, par contre une descente plus roulante (ce n’est pas difficile).
Je ne m’arrête pas, le cheval sentant l’écurie et il me semble que j’ai encore assez à boire entre mes flasques et mon Camel.

Dimanche 11h19 La Flégère

L’année passé j’avais assuré et profité. Cette portion avait été effectuée en 1h30 et en 1h25 en 2014.
Cette fois il ne me faudra que 1h14 B) et je terminerai en beauté accompagné par ma femme et mes deux filles.

L'Arrivée Triomphale

Mes parents étaient aussi là, ils n’ont pas couru avec moi par contre ils ont couru après mon arrivée pour réserver des places sur une terrasse.

Merci à tous ceux qui m’ont lu, soutenu lors des mes entraînements, avant la course, pendant la course, après la course, etc……..:kiss: :kiss: :kiss:

Quelques chiffres :

Classement au Delevret : 2309 sur 2560
Classement final : 1078 sur 1778 classés
Classement dans ma catégorie : 133ème sur 267 classés donc juste dans la 1ère moitié ce dont je suis assez fier.
Chrono 2017 : 44h04’45 dont environ 3h20 aux ravitos
Chrono 2018 : 42h36’47 dont environ 3h10 aux ravitos.
Environ 30 % d’abandons.
Last Edit:il y a 6 ans 2 mois par Olrik
Dernière édition: il y a 6 ans 2 mois par Olrik.
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Réponse de samoyede sur le sujet UTMB 2018 - qui l'eu crû ?

Posted il y a 6 ans 2 mois #502784
Merci a toi pour ce superbe CR et encore bravo pour ce superbe resultat ;-)
par samoyede
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Réponse de Kélilan sur le sujet UTMB 2018 - qui l'eu crû ?

Posted il y a 6 ans 2 mois #502786
Merci pour ce CR, fort intéressant et instructif ! Et encore bravo pour ce temps canon !
par Kélilan
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Réponse de Patrick57 sur le sujet UTMB 2018 - qui l'eu crû ?

Posted il y a 6 ans 2 mois #502808
Merci Philippe pour ton magnifique récit ! :woohoo:

Je me rappelle bien de celui de l'an dernier et le fait d'avoir fait un comparatif ici, facilite la chose :)
Des chutes d'animaux je n'y ai pas encore eu droit (heureusement), mais des chutes de pierres oui (et pas que des petits cailloux).
C'est dingue ces hallucinations à nouveau ... j'ai l’impression qu'il y en a eu plus cette année non ? (en tous cas, elles sont apparues sur un laps de temps plus grand je pense).
Une belle fin de course également après ces passages un peu "ailleurs".

Bravo à nouveau pour ce nouvel UTMB à ton actif (et donc ce nouveau RP sur l'épreuve ;) ) !
par Patrick57
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Réponse de manooweb sur le sujet UTMB 2018 - qui l'eu crû ?

Posted il y a 6 ans 2 mois #502827
Merci Philippe pour le récit toujours aussi croustillant :) et encore bravo pour ce doublé sur l'UTMB.

Bonne continuation dans la phase de récupération.
par manooweb
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Réponse de Damien42 sur le sujet UTMB 2018 - qui l'eu crû ?

Posted il y a 6 ans 2 mois #502829
J'adore lire les récits de trail long (voir même très long ici...), c'est vraiment un autre sport, avec la gestion de la course, de l'alimentation, de l'équipement ect... ça donne envie d'allonger la distance :)

Tu écris "2ème UTMB (peut-être le dernier?)" : Tu penses raccourcir les distances ou aller voir sur d'autres parcours ? :)
par Damien42
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