Objectif : finir dans le top 100 en moins de 2h45min suivant le niveau des concourants.
La préparation : tout s’est bien passé avec de grosses séances réalisées 15 jours avant. La dernière étant une sortie sur le GR34 (ou encore sentier des douaniers) entre Douarnenez et la pointe du Van, de plus de 2h30. Puis 15 jours de relâche avec que du footing en EF.
La dernière semaine j’ai juste fait une séance de rappel de vitesse avec un 2*6*15sec*15sec.
Je me sens bien mais sans plus.
Nous devions être 10 à venir, nous serrons que 3. Les autres étant blessés… Une hécatombe, comme quoi, la sortie test une semaine avant n’est vraiment pas le bon plan.
Jour J, nous sommes 2 dans la voiture, le troisième faisant route avec toute sa famille. On papote de stratégie de course, lui va essayer de tout courir car l’année dernière il avait beaucoup marché, moi j’opte pour la stratégie inverse car je m’étais cramé les cuisses d’entrée.
Au fil de la route la température monte doucement, de 13°C à10h nous passerons à19°C à 12h. Nous allons directement retirer notre dossard. L’organisation est au top, jeu pour les enfants, barbecue, François D’Haene, sa femme et des enfants sont derrière le stand (j’imagine que ce sont les leurs) de Beaujolais. Le stand Salomon est là aussi et ses jolis prix bien rond…
Le retrait des dossards est rapide, cette année nous avons le droit à un bandeau pour les 20 ans du trail et à un paquet de gâteaux breton XXL. Celui-ci, je suis pas près de le finir surtout que les biscuits sont dans des sachets, je ne vais pas être obligé de le finir d’entrée de jeu (oui, j’aime pas les gâteaux mou).
Nous retournons à la voiture, on sort la table, les chaises et on improvise un pique-nique avec ma famille qui est venu aussi. Il fait de plus en plus chaud malgré le petit vent qui souffle. Pour moi, s’est sportDej’ chocolat. L’occasion pour mon père et mon pote de mon pote de me chambrer. On rigole bien et je ne sens pas le stress monter. On s’équipe tranquillement, j’opte pour le short Kalenji avec compression car j’ai eu quelques irritations avec mon autre équipement lors de ma dernière sortie. Il est lourd, plus de 300g mais super pratique avec ses nombreuses poches. Je prends 1L d’eau avec moi en flask de 500mL, 3 gel overstims et 5 tablettes isostar. Cette année, je ne suis pas prêt d’être à cour de carburant.
13h40, on se dirige pour prendre la navette, j’embrasse ma fille et hop c’est partie.
14h20, nous arrivons sur le site de départ au pied du barrage. On se pose à l’ombre sur l’aire de jeu, l’occasion de faire un pipi de la peur.
14h30, on allume la montre garmin et s’est partie pour l’échauffement. On trottine jusqu’au pied du barrage et on fait le retour. L’occasion de faire des gammes et de bien terminer l’échauffement.
14h50, on attend tranquillement que tous les concurrents se mettent en place pour être devant et bien placé. On rencontre mon collègue de club qui prépare le marathon du Mont Blanc 42kms. Il a l’air au top malgré la charge d’entrainement qu’il subit.
14h55, on prend place et l’équipe du Portugal, d’Irlande et de Bretagne occupent les premiers rangs. L’organisation, pousse le peloton jusqu’à la ligne de départ…et 6, 5, 4, 3, 2, 1.
15h PAN
Petit sprint de 50m pour pas me faire avaler par la masse et je rentre direct dans ma course. Cette année pas de craquage d’entré de jeu, je monte à mon train. La bosse me parait moins dure que l’année dernière, je relance comme une brute sur le replat et je continu tranquillou sur la dernière partie. Second bip de la montre, allez plus que 500m et la première cote est fini. On a pris 100m de D+ en 2,5kms sur route, ce qui étale bien le peloton. Je dois franchir le sommet en 80ième positions. La descente est pas trop technique, juste faire attention aux rigoles comme en montagne. Je me souviens d’un coureur arrêter qui se tiens la cheville. Puis, la partie super technique, je modifie ma foulée pour pas tomber ou me blesser et sa passe. J’ai du mal à relancer sur le plat, c’est que je suis presque au taquet depuis le haut, je me suis pas relâché durant la descente. Je bois un coup, puis un second après le pont. On doit remonter l’autre versant du barrage. L’année dernière je l’avais couru mais cette année je le marche rapidement. Et effectivement, je rattrape tout ceux qui m’ont doublé en haut. Première crête dans la lande, j’essaye de trouver mon rythme mais ce n’est pas facile. Je fais l’effort de baisser mon rythme de quelques pulsation cardiaque, mais rien n’y fait. Je ne trouve pas mon rythme. Les cuisses ne sont pas top mais pas mal non plus. Bref, j’ai pas de sensation.
Première bosse avec franchissement de rochers, tout est OK pour moi. Re-descente et je sors mon premier gel après 36 min de course. Je sais qu’il y a une poubelle dans 100m. Je le prends et ça ne loupe pas, les poubelles sont bien là. Une spectatrice me propose même de mettre mon tube de gel dans la poubelle. Super ! J’arrive à boire régulièrement jusqu’ici. Je rattrape doucement une Irlandaise blonde, je l’ai déjà vue sur youtube dans des cross internationaux, elle est en travers. Elle trébuche, j’arrive à l’encourager en anglais et on se parle mais elle ne peut pas aujourd’hui. Je suis surpris, c’est une fille d’un autre niveau pourtant.
On a une grande portion de plat, il ne faut pas trop en donner mais pas perdre de temps. Avec mes sensations moyenne je reste prudent et je fais au mieux. 1h10 je prend un carré de sucre isostar, dieu que c’est sucré se truc, pourtant j’ai tout testé à l’entrainement. Il faut dire qu’il fait vraiment chaud.
Il y a une seconde bosse avec franchissement de rochers. Pas de soucis dans celle là non plus. La descente se passe bien, les marches sont avalées sans soucis. J’arrive à accélérer pour arriver au ravitaillement. Je prends le temps de remplir une flask pour pas faire la même erreur que l’année dernière. Je ne suis pas aussi entamé que l’année passée mais ce n’est pas la joie non plus. Je passe le pointage en 1h26min soit 4 min plus tard que l’année dernière. Il me reste donc 1h15 pour faire les dix dernières bornes. Sur le papier s’est super facile.
A la sortie du ravitaillement, ambiance tour de France, je marche sans honte car je suis au taquet et il m’en faut encore pour la suite. Mais y’a tellement de publique que je me mets à courir. Encouragement de mon ancien pote croisé l’année dernière sur cette même course, il fera le grand parcours le lendemain. Je marche de nouveau 3 mètres et je cours le long faux plats pour finir en marchant le dernier coup de cul. J’avais explosé à cet endroit l’année dernière. J’arrive à relancer mais c’est au mental. Les jambes suivent mais y’a un truc qui vas pas.
Petite descente puis remonté en trois parties, un gars de la garnison de Rennes me parle. Je lui dis de faire bien attention aux dernières bosses et de ne pas suivre les Irlandaises qui vont passer. Je pense que la blonde va sortir une énorme seconde partie de course, il n’en sera rien. Les portugaises feront le show cette année, pfff écœurant. Bref, je prends un second gel car je me sens faiblir. Allez, sa repart. Le type de la garnison est fort, je le laisse partir.
Sur ce chemin forestier je maintien une petite allure, impossible d’envoyer sur ce terrain si exigeant en concentration pour pas tomber. Ça m’use psychologiquement, je suis au bout. Et je commence à être bloqué du ventre à cause du sucre et de trop d’eau ingéré. Je stop le forcing sur la boisson. J’étais complétement à la rue sur cette partie l’année dernière, là je lutte réellement contre moi-même pour pas exploser. Je compte chaque pas et je m’accroche. Mine de rien sa fait 6 bornes que je tire 5 gars et ça me fait du bien d’être dans les « roues ». On arrive doucement mais surement dans The bosse du trail. Je fais au mieux, bref, je la monte au taquet de chez taquet. Je n’en peux plus et au moment où j’allais totalement exploser j’entends de la cornemuse, c’est le haut, ouf ! Descente technique, je m’accroche, je prends 5m sur mon groupe. Allez, voyons voir si mon entrainement à payer et on lâche la bête…
Bref, 5 m et cracc ! Cheville en vrac, je lâche un cri de surprise d’entendre ma cheville faire du bruit. Un second pas, bon c’est que ça tient mon affaire. Mais je suis refroidi. Je poursuis donc ma lente agonie. Et je maintien mon petit rythme en regardant sans arrêt ma montre pour gérer mon temps. Je peux le faire, truc de fou. Mais je suis détruit après la bosse. Et la descente est super technique, j’y arrive plus. Le dernier ravito’, ouf ! Je reprends les gars car je ne m’arrête pas. Je franchis l’écluse mais je suis défoncé. Nous longeons un ruisseau magnifique, puis la route et nous suivons encore le ruisseau. Le dernière bosse arrive. J’ai plus de 10min pour faire un gros kilo. Punaise je vais le faire.
Je monte la bosse aussi vite qu’un escargot, j’ai plus de jus. Pfff que c’est dure, on me double et je sens le top 100 qui m’échappe là, maintenant. Je pousse avec mes mains mes genoux, le cœur arrive à monter, j’y crois encore car je fais confiance à ma vitesse sur le finish. Dans mon souvenir la descente est facile. Pfff, j’étais cuit aussi l’année dernière et la descente est super technique. Je n’y arrive pas dans cette descente car je tente de garder dans l’axe ma cheville qui a craqué. J’entend le speaker, 2h42 de course. Pfff, mince. Le top 100 est là. Vraiment descente de merde. Le public est là et on m’encourage, que c’était dure, j’étais à bloc dès le début et toujours dans la gestion pour pas exploser. Ma fille me rejoint et nous faisons les 200 derniers mètres ensemble. Je prends le temps de savourer avec ma fille contrairement au Menestrail où je ne m’étais pas sortie de la course. Je franchi la ligne et je m’effondre, je pleur tellement j’ai mal partout.
Ma fille est inquiète et la sécurité civile viens m’assister. Je leur demande juste 5 minutes mais ma fille sait qu’il y a un souci et s’inquiète vraiment car je ne suis vraiment pas bien. Je me relève et ils me suivent jusqu’à l’entrée du ravito final. Une bénévole interdit l’accès au ravito à ma fille mais je la garde avec moi, je ne souhaite pas la perdre même défoncer comme je suis. Elle m’explique qu’elle l’amène à la sortie, je veux la garder sous ma surveillance, donc super et merci à cette bénévole très gentille et compréhensive. Je retrouve mon pote et je lance, « qu’est-ce que c’était dure » « j’avais oublié comment c’était dure ! ». Il me répond « putain 2h42 comme l’année dernière ». Il est vert ! On se regarde entre coureurs et un type fait la remarque qu’il a le ventre en vrac avec la chaleur, je lui dis que je suis pareil. Un coca puis un second, celui là ne passe pas. Je le mets à terre et je sors du ravito. Tiens ma fille est maquillée en chat lol, je n’avais pas vue tout à l’heure.
Mon père me dit 131/1000, objectif non atteint mais je suis vraiment au bout du bout. Je ne suis pas déçu de ma perf’ car je ne pouvais pas faire mieux avec les jambes d’aujourd’hui.
Sur le moment, s’est terminer le trail dans ma tête. Plus envie de tant de prépa pour en chier autant. Et puis, je suis vraiment malade, je suis sur une autre planète là, ça ne va vraiment pas.
Je finirai par récupérer qu’après ma douche et 2h de sommeil. Mais je ne peux pas manger. Il me faudra attendre que le lendemain midi.
Je regarde mon chrono et classement 2h49min 133/1062. Et RDV l’année prochaine car punaise, je vais le taper ce top 100 quand même.
Pour ma cheville, elle double de volume tranquillement mais surement sans bleu, donc entorse légère. Le médecin me dira quelle attelle prendre suivant le ligament touché. 3 semaines d’arrêt et le trail du bout du monde dans les dents.
Sur ce, merci de m’avoir lu et désolé si j’ai été trop long.
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