Copenhagen Marathon 2016...
- menten
- Hors Ligne Auteur du sujet
- Senior Boarder
- Messages : 67
- Remerciements reçus 14
Voilà, j'y suis. Et tout seul dans ma petite chambre d'hôtel je me lance à J-2. Tout seul parce que une partie de la famille me rejoindra seulement demain soir. Alors ce matin lever à 6 heures pour un avion à 9h30 mais notre aéroport de Bruxelles fonctionne quasi normalement. Sympa d'arriver dans cette très belle ville où on barre les ø et où on met des petits rond rigolos sur les a.
Très chouette aussi d'arriver l'avant veille de la course parce que ça permet de se faire un petit Smørrebrød en terrasse sans arrière pensée et de presque avouer une Carlsberg (en étant belge quand même... Mais c'est quand même bien foutu les danoises, même pour un Belge qui aime aussi la Guiness).
Bien d'arriver à temps aussi quand l'expo-retrait de dossard est à 5 bornes du départ et de mon Hotel : j'ai marché un bon 15 aujourd'hui et c'est mieux que demain. Ici il fait un temps superbe, idéal pour la pratique de la course a pied Genre : y a plus qu'à courir 42 km. Chambre avec vue sur la pleine lune et sur la ligne de départ. Un alignement de tentés bleues et blanches.
Voilà pour ce pré-récit du pays où le Malto se dilue dans la Iskilde. À demain.
Dormez bien
Renaud
Très chouette aussi d'arriver l'avant veille de la course parce que ça permet de se faire un petit Smørrebrød en terrasse sans arrière pensée et de presque avouer une Carlsberg (en étant belge quand même... Mais c'est quand même bien foutu les danoises, même pour un Belge qui aime aussi la Guiness).
Bien d'arriver à temps aussi quand l'expo-retrait de dossard est à 5 bornes du départ et de mon Hotel : j'ai marché un bon 15 aujourd'hui et c'est mieux que demain. Ici il fait un temps superbe, idéal pour la pratique de la course a pied Genre : y a plus qu'à courir 42 km. Chambre avec vue sur la pleine lune et sur la ligne de départ. Un alignement de tentés bleues et blanches.
Voilà pour ce pré-récit du pays où le Malto se dilue dans la Iskilde. À demain.
Dormez bien
Renaud
Last Edit:il y a 8 ans 6 mois
par menten
Dernière édition: il y a 8 ans 6 mois par menten.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- jeanmarc
- Hors Ligne
- Golden runner's
- Messages : 7525
- Remerciements reçus 1675
Bonne course
Attention à ne pas trop te fatiguer avant le départ
Attention à ne pas trop te fatiguer avant le départ
par jeanmarc
Les utilisateur(s) suivant ont remercié: menten
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- menten
- Hors Ligne Auteur du sujet
- Senior Boarder
- Messages : 67
- Remerciements reçus 14
J-1 : Réveil très fatigué. La belle mais trop longue promenade forcée d’hier pour aller chercher mon dossard ainsi que le réveil dès 6h, le voyage en avion… ont laissé des traces. Plutôt bien anticipé cette journée de repos. Et ce sera vraiment du repos. Repos couché, sieste et mini promenade au bord de l’eau vers les structures de départ histoire de ne pas devoir tout chercher le lendemain.
J’assiste amusé à une partie de Kajak-polo. Des barbus avec des chapeaux qui jouent à la balle en kayak à trois contre trois à grands cris pleins de Å et de Ø.
Tout cela bien sûr armé de ma bouteille de Malto-Iskilde : en fin de journée j’arriverai sans trop de mal à contenir les quelques gouttes qui commencent à me suinter par les oreilles.
Je prépare soigneusement mon équipement.
Couché tôt. Ma compagne et sa fille me rejoignent vers 23h mais je ne dors pas trop mal.
22 Mai : le Jour. Je vous prierai d’excuser la longueur de ce récit mais je me suis imposé cet exercice pour en garder le plus possible et fixer les images.
Comme d’habitude quand je mets un réveil à 6h45, j’ouvre un œil et je regarde l’heure : 6h44. Cela me permet de ne pas réveiller tout le monde.
Petit déjeuner buffet dont j’extrait un peu d’œuf brouillé, un peu de pain et de jambon maigre, un café et un jus d’orange.
7h45 : H-1h45, je complète par un quart de Gatosport®, il ne passe pas trop facilement.
8h00 : H-1h30, je règle avec ma compagne quelques possibles points de passage où on pourrait se voir : le tracé s’y prête pas mal et je sens, à juste titre, que j’aurai vraiment besoin d’elles.
8h15 : H-1h15, j’imagine que quand j’en aurai couru dix, cette boule dans la gorge se fera un peu plus petite. Je me mets en route pour l’aire de départ.
8h40 : H-50’. La moitié de ma boisson d’attente enfilée, je prends raisonnablement place pour dans file pour le PV (c’est le nom ici des toilettes volantes). Une fois sorti de la cabine, je m’aperçois que les files sont telles que je n’ai rien d’autre de mieux à faire que d’à nouveau me glisser dans l’une d’elle sans aucunement en ressentir le besoin.
9h10 : H-20, la longue file avance doucement.
9h20 : H-10, ça va être juste mais, boisson d’attente achevée depuis un bout de temps, je commence à trouver pas mal d’être dans une file aussi bien avancée.
9h29 : H-1’, je sors de la boite et me rends en trottinant dans la zone 3h50 dûment repérée et pas trop loin.
9h29’30 : “For those about to run, we salute you” lance le speaker avant d’entamer, en Danois, le décompte des 10 secondes.
* 9h30 : Départ . Dans notre zone, tout le monde se retourne vers l’écran géant pour regarder le départ des élites. Petit regard à la montre pour être sur qu’elle ne se met pas en veille.
9h32, nous commençons à marcher et peu après 9h35 nous passons la ligne en trottinant avant de pouvoir vraiment courir quelques secondes plus tard.
Et c’est vraiment parti. Après 600 m une petite montée pour se retrouver sur un large pont et nous pouvons déjà courir sans entrave. Les ballons bleus 3h50 qui, au départ étaient environ 60m devant moi sont déjà me semble-t-il à près de 200m. On verra bien si je m’en rapproche mais je ne vais pas me battre pour ça. Ma montre vibre pour un premier km en 5’23 et je me dis que les ballons sont partis un peu vite.
Je veille à ne pas trop laisser de plumes dans l’euphorie du départ et je suis très content du 2ème que ma montre me met en 5’35.
Par contre je suis aux prises avec une désagréable impression de tension dans les loges tibiales antérieures, surtout à gauche. Chose que je n’avais plus connues depuis le début de ma nouvelle vie de coureur. Petite pause pour desserrer mes chaussures mais c’est tenace.
3ème kilomètre : en plein soleil, trois gouttes de pluie. Et je n’ai pas rêvé, pas encore de tuyau à l’horizon et j’en vois plusieurs autour de moi qui se touchent la tête. Ce seront les trois seules gouttes de la journée.
K3 : 5’32, très raisonnable.
A 4,5 je sors le premier gel de ma ceinture. Tout est bien disposé : alternance un gel à gauche au ravitos en « 5 », un gel à droite aux ravitos en 10. Premier gel vert, encore un anti-oxydant : avec tout le malto que je me suis déjà enfilé je ne risque pas de rouiller.
Le ravito arrive juste après, j’avale mon goblet d’eau en marchant calmement.
* Split 5 km : 28’12, soit 5’39 du kil. 83% FCM. Mais surtout, distrait par la séquence gel-ravitaillement, mes tracas musculaires semblent avoir disparu.
Surpris au km 8 par un autre ravitaillement, je prends un peu d’eau.
Au 9 je retrouve une tension aux ischios à droite qui m’avait pourtant laissé tranquille depuis un bon mois : je la trainerai comme ça jusqu’au bout, curieusement, sans qu’elle n’augmente.
A l’approche du 10, deuxième gel, poche de droite de la ceinture, un gris, l’Energix que je connais mieux. Je l’avale et je me maudis un peu de ne pas avoir mieux regardé la succession des ravitos : le suivant est à 11,8 et deux km à attendre l’eau pour faire passer le gel ce n’est pas pour l’estomac mais bien dans la bouche que c’est pénible. Entre temps :
* Split 10 km : 55’44 soit au total 5’35 du kil. 83% FCM. Je reviens doucement près de l’objectif tout en trouvant un bon rapport confort-engagement. Je vais donc poursuivre sur ces sensations en m’assurant, à la montre, de ne pas trop accélérer. 10 km, c’est aussi l’occasion de voir ma petite famille. Un petit boost supplémentaire.
Du 10 au 15 ça roule, sans souvenir particulier ni aspérité. Je remarque juste que ma Garmin, d’ordinaire plutôt sévère sur le kilométrage se montre plutôt généreuse et sonne de plus en plus vite avant les panneaux. Et il n’y a pas qu’elle : le concert de Suunto, Polar et Gramin habituel montre qu’elles sont plutôt d’accord entre elles qu’avec la signalisation officielle.
Au ravito du « 15 » je ne me laisse pas prendre : j’attends de le voir pour le troisième gel (gris, à gauche).
14 : tiens encore faire deux fois ça. Ça va être long.
* Split 15 km : 1h23’18 ; moyenne globale 5’34 et un dernier 5 couru à 5’31 de moyenne, pile comme le précédent, 84% FCM. Moins d’une minute au-dessus de mon plan de marche à 3h50 mais je suis vraiment bien alors je ne change rien. Au 16 je pense à Rob De Castella : si tu es mal au 16 (il parle en 10 miles) tu as un problème, si tu es mal à 32, c’est normal, si tu es bien à 42, tu n’es pas normal. Sur ce schéma là, ça va : à 16, je suis bien.
Bonne stratégie concernant le ravito qui pointe à 16,1. Gel gris à gauche donc. Et il commence vraiment à faire chaud. Et le gel aussi devient chaud. Moins agréable que par 4° dans les forêts près de Bruxelles à 6h du matin. Néanmoins, ces décalages des ravitos par rapports aux 5K sont salutaires, exploitant chaque fois des zones où, dans notre tranche en tous cas, ça bouscule vraiment peu. Vers le 19, une des seules vraies zones où l’on voit et ressent une montée. De plus en plus chaud.
* Split 20 km : 1h51’07 ; moyenne globale 5’34 et un dernier 5 couru à 5’34 de moyenne, 86% FCM. A posteriori, je me rends compte que je suis tout juste dans mon allure de prépa si l’on tient compte des ravitos. Et ma montre sonne de plus en plus vite. Deuxième gel vert et ravito à 20,3. Je compte en « gels » et ça me rapproche de la fin : encore gris-gris-jaune (coup de fouet), gauche-droite-gauche et ce sera fini. De plus en plus chauds et l’anti-ox est encore plus difficile que les autres. Même si le goût de pomme n’est, en soi, pas désagréable. A ces ravitos, avec ce jeu de gel, dans ma tête Kraftwerk et leur Tour de France « KarbonHydrat Protein ABCD Vitamin ». Bon j’ai ça en tête maintenant.
* Split Semi : 1h57’24 ; moyenne globale 5’34. Derrière moi, j’entends deux Français : « bon, y a plus qu’à rentre à la maison ». Vers le 22, une dame sur le sol sous une couverture. Une autre sous une couverture thermique moins d’un km plus loin. Cette chaleur-là n’était pas prévue. La descente en miroir de la montée de tout à l’heure ressemble plus à un léger dévers mais c’est déjà bien agréable.
Au 22 on revient à plat et il y a moyen d’accrocher très brièvement un peu d’ombre même si celle-ci est très prisée. Et ici vient le plus long. De 23 à 28, longue et chaude ligne droite à peine entrecoupée de petits virages (du moins dans mon souvenir).
24 : tiens, il reste 18. L’équivalent de ma SL de base à quand je dois faire autour d’une heure 40. Un repère.
* Split 25 km : 2h19’06 ; moyenne globale 5’34 et un dernier 5 couru à 5’34 de moyenne, 87% FCM. Copie conforme du précédent 5 km, à la seconde près. En trichant un peu : descente pour montée.
La promenade dans Copenhague reste bien jolie et toujours plein de monde très enthousiaste tout autour. Aucune section déserte et ça, ça aide vraiment. Et puis, vers 27-28, je devrais retrouver mon petit public à moi. Ce sera au 28. Elles me racontent après : pas loin de la petite sirène : « Regarde maman, là il y a un petite montée. Il y a plein de coureurs qui marchent et de l’herbe sur les côtés : là, on verra bien Renaud ». Bien vu. C’est au 28 mais je ne marche pas. Je me permets même deux bisous à la volée.
https://www.flickr.com/photos/menten/27212896155/in/dateposted/
Super content de les voir. Clé me tends une barre de céréales au cas où (c’est la photo et vraiment je suis bien plus mal que j’en ai l’air là-dessus). Elles me demandent si ça va, je leur réponds qu’il fait très chaud, ma principale préoccupation. Ravito de gel chaud à 28,3, je prends le temps de vider un grand gobelet.
* Split 30 km : 2h47’41 ; moyenne globale 5’36 et un dernier 5 couru à 5’44 de moyenne, 90% FCM. Ça commence à ralentir mais les chiffres que je vois maintenant sont plus sévères que mon ressenti en direct : je ne me sens pas moins bien que lors des dix précédents. Un point d’eau à 31,7, encore un grand gobelet. Et toujours aucun problème pour me remettre à courir après ces quelques secondes de marche.
32 : Deeks : « …si tu n’es pas bien à 20 miles, c’est normal » Chouette, je suis normal. Mais je commence sérieusement à croire à un Marathon sans mur.
33 : le décompte est en dessous de 10. Ça rassure.
34 : plus que 8,2. Ça, c’est ma sortie de base pour toutes les EF de 45-50’ souvent sur un même parcours en partant de chez moi. Ça me parle. A chaque panneau et même entre ceux-ci je poursuivrai ce parcours dans ma tête. Je pense à la monitrice de spinning qui a rythmé mes semaines de prépa, une voix qui rappelle un peu Laurie Anderson : « imagine the road and face it ».
* Split 35 km : 3h17’17 ; moyenne globale 5’39 et un dernier 5 couru à 5’56 de moyenne, 90% FCM. Pas du tout de ressenti de mur. Les cuisses continuent à tourner sur des quadris pas trop durs. Simplement je ne force pas. C’est suffisamment long et difficile comme ça. Ce serait dommage de m’exploser pour gratter 30 secondes à la fin. Je cours au feeling et tant mes jambes que mon cardio me disent que je suis à la limite.
35,5 : le coup de fouet chaud, c’est vraiment pénible. Le grand gobelet n’arrive pas vraiment à me nettoyer la bouche. Je commence à saturer côté gel et je sais que je sauterai le 40.
36, 37 : je vois mon petit parcours Bruxellois. 38 : le bout de ma promenade verte, l’école japonaise, il n’y a plus qu’à faire demi-tour et rentrer à la maison. Et cette fois je peux vraiment y croire. Même si les kilomètres sont de plus en plus longs.
39,8 : dernier ravito. La bouche pas encore claire du coup de fouet, je ne vais pas me farcir le dernier gel du pack, ce gel du 40 qui, soit dit en passant, nous fait tous un peu marrer.
Encore un gobelet pendant lequel je sens un contact à l’arrière de ma tête : c’est le ballon rouge d’un des meneurs à 4h00. Un peu déçu mais plutôt content : j’ai encore suffisamment du jus pour les suivre jusqu’au bout et l’animation qu’ils suscitent sur leur passage est assez stimulante.
* Split 40 km : 3h48’10 ; moyenne globale 5’43 et un dernier 5 couru à 6’11 de moyenne, 90% FCM. Pas de mur et plus de doute sur l’issue de cette aventure. Pas de mur mais encore bien long et bien difficile. Trop fatigué pour savourer béatement ces dernières minutes. Envie d’avoir fini, de m’arrêter, enfin.
Redescendre du pont par la montée du départ, passer dessous.
42 : en enfin on voit le portique d’arrivée. Un peu court pour savourer vraiment ce final mais c’est déjà ça.
Je reste collé aux ballons rouges et les dépasse dans les 100 derniers mètres.
Mais évidemment ils sont partis une bonne minute derrière moi, résultat :
42,195 : 4h00’39.
Vers la mi-Janvier j’apportais ma petite pierre au sujet : « nous allons courir notre premier marathon en 2016 » :
Voilà, au terme de ce récit interminable il me reste à dire que je suis super content d’avoir réussi à gérer une course où très vite j’ai vu que je ne rentrerais pas dans mon objectif de 3h50. Super content d’avoir une marque sur marathon sans me prendre un mur. Ne pas avoir atteint parfaitement mon objectif m’en fournit un excellent pour le prochain marathon.
C’était une superbe promenade dans une très chouette ville.
Merci à ma petite famille d’avoir été là (il en manquait un petit bout, trop petit pour être du voyage ☺ ) et d’avoir supporté pendant une année de prépa (marathon le 22/5 et j’ai recommencé la CAP le 23 Mai de l’an dernier). C’est grâce à eux que j’ai pu m’offrir cette petite tranche de rêve. Merci aussi à tous ceux qui aux fil des jours alimentent ce site en précieux conseils pour les débutants : c’est une aide considérable. Tout comme les débutants qui partagent leurs expériences.
J’assiste amusé à une partie de Kajak-polo. Des barbus avec des chapeaux qui jouent à la balle en kayak à trois contre trois à grands cris pleins de Å et de Ø.
Tout cela bien sûr armé de ma bouteille de Malto-Iskilde : en fin de journée j’arriverai sans trop de mal à contenir les quelques gouttes qui commencent à me suinter par les oreilles.
Je prépare soigneusement mon équipement.
Couché tôt. Ma compagne et sa fille me rejoignent vers 23h mais je ne dors pas trop mal.
22 Mai : le Jour. Je vous prierai d’excuser la longueur de ce récit mais je me suis imposé cet exercice pour en garder le plus possible et fixer les images.
Comme d’habitude quand je mets un réveil à 6h45, j’ouvre un œil et je regarde l’heure : 6h44. Cela me permet de ne pas réveiller tout le monde.
Petit déjeuner buffet dont j’extrait un peu d’œuf brouillé, un peu de pain et de jambon maigre, un café et un jus d’orange.
7h45 : H-1h45, je complète par un quart de Gatosport®, il ne passe pas trop facilement.
8h00 : H-1h30, je règle avec ma compagne quelques possibles points de passage où on pourrait se voir : le tracé s’y prête pas mal et je sens, à juste titre, que j’aurai vraiment besoin d’elles.
8h15 : H-1h15, j’imagine que quand j’en aurai couru dix, cette boule dans la gorge se fera un peu plus petite. Je me mets en route pour l’aire de départ.
8h40 : H-50’. La moitié de ma boisson d’attente enfilée, je prends raisonnablement place pour dans file pour le PV (c’est le nom ici des toilettes volantes). Une fois sorti de la cabine, je m’aperçois que les files sont telles que je n’ai rien d’autre de mieux à faire que d’à nouveau me glisser dans l’une d’elle sans aucunement en ressentir le besoin.
9h10 : H-20, la longue file avance doucement.
9h20 : H-10, ça va être juste mais, boisson d’attente achevée depuis un bout de temps, je commence à trouver pas mal d’être dans une file aussi bien avancée.
9h29 : H-1’, je sors de la boite et me rends en trottinant dans la zone 3h50 dûment repérée et pas trop loin.
9h29’30 : “For those about to run, we salute you” lance le speaker avant d’entamer, en Danois, le décompte des 10 secondes.
* 9h30 : Départ . Dans notre zone, tout le monde se retourne vers l’écran géant pour regarder le départ des élites. Petit regard à la montre pour être sur qu’elle ne se met pas en veille.
9h32, nous commençons à marcher et peu après 9h35 nous passons la ligne en trottinant avant de pouvoir vraiment courir quelques secondes plus tard.
Et c’est vraiment parti. Après 600 m une petite montée pour se retrouver sur un large pont et nous pouvons déjà courir sans entrave. Les ballons bleus 3h50 qui, au départ étaient environ 60m devant moi sont déjà me semble-t-il à près de 200m. On verra bien si je m’en rapproche mais je ne vais pas me battre pour ça. Ma montre vibre pour un premier km en 5’23 et je me dis que les ballons sont partis un peu vite.
Je veille à ne pas trop laisser de plumes dans l’euphorie du départ et je suis très content du 2ème que ma montre me met en 5’35.
Par contre je suis aux prises avec une désagréable impression de tension dans les loges tibiales antérieures, surtout à gauche. Chose que je n’avais plus connues depuis le début de ma nouvelle vie de coureur. Petite pause pour desserrer mes chaussures mais c’est tenace.
3ème kilomètre : en plein soleil, trois gouttes de pluie. Et je n’ai pas rêvé, pas encore de tuyau à l’horizon et j’en vois plusieurs autour de moi qui se touchent la tête. Ce seront les trois seules gouttes de la journée.
K3 : 5’32, très raisonnable.
A 4,5 je sors le premier gel de ma ceinture. Tout est bien disposé : alternance un gel à gauche au ravitos en « 5 », un gel à droite aux ravitos en 10. Premier gel vert, encore un anti-oxydant : avec tout le malto que je me suis déjà enfilé je ne risque pas de rouiller.
Le ravito arrive juste après, j’avale mon goblet d’eau en marchant calmement.
* Split 5 km : 28’12, soit 5’39 du kil. 83% FCM. Mais surtout, distrait par la séquence gel-ravitaillement, mes tracas musculaires semblent avoir disparu.
Surpris au km 8 par un autre ravitaillement, je prends un peu d’eau.
Au 9 je retrouve une tension aux ischios à droite qui m’avait pourtant laissé tranquille depuis un bon mois : je la trainerai comme ça jusqu’au bout, curieusement, sans qu’elle n’augmente.
A l’approche du 10, deuxième gel, poche de droite de la ceinture, un gris, l’Energix que je connais mieux. Je l’avale et je me maudis un peu de ne pas avoir mieux regardé la succession des ravitos : le suivant est à 11,8 et deux km à attendre l’eau pour faire passer le gel ce n’est pas pour l’estomac mais bien dans la bouche que c’est pénible. Entre temps :
* Split 10 km : 55’44 soit au total 5’35 du kil. 83% FCM. Je reviens doucement près de l’objectif tout en trouvant un bon rapport confort-engagement. Je vais donc poursuivre sur ces sensations en m’assurant, à la montre, de ne pas trop accélérer. 10 km, c’est aussi l’occasion de voir ma petite famille. Un petit boost supplémentaire.
Du 10 au 15 ça roule, sans souvenir particulier ni aspérité. Je remarque juste que ma Garmin, d’ordinaire plutôt sévère sur le kilométrage se montre plutôt généreuse et sonne de plus en plus vite avant les panneaux. Et il n’y a pas qu’elle : le concert de Suunto, Polar et Gramin habituel montre qu’elles sont plutôt d’accord entre elles qu’avec la signalisation officielle.
Au ravito du « 15 » je ne me laisse pas prendre : j’attends de le voir pour le troisième gel (gris, à gauche).
14 : tiens encore faire deux fois ça. Ça va être long.
* Split 15 km : 1h23’18 ; moyenne globale 5’34 et un dernier 5 couru à 5’31 de moyenne, pile comme le précédent, 84% FCM. Moins d’une minute au-dessus de mon plan de marche à 3h50 mais je suis vraiment bien alors je ne change rien. Au 16 je pense à Rob De Castella : si tu es mal au 16 (il parle en 10 miles) tu as un problème, si tu es mal à 32, c’est normal, si tu es bien à 42, tu n’es pas normal. Sur ce schéma là, ça va : à 16, je suis bien.
Bonne stratégie concernant le ravito qui pointe à 16,1. Gel gris à gauche donc. Et il commence vraiment à faire chaud. Et le gel aussi devient chaud. Moins agréable que par 4° dans les forêts près de Bruxelles à 6h du matin. Néanmoins, ces décalages des ravitos par rapports aux 5K sont salutaires, exploitant chaque fois des zones où, dans notre tranche en tous cas, ça bouscule vraiment peu. Vers le 19, une des seules vraies zones où l’on voit et ressent une montée. De plus en plus chaud.
* Split 20 km : 1h51’07 ; moyenne globale 5’34 et un dernier 5 couru à 5’34 de moyenne, 86% FCM. A posteriori, je me rends compte que je suis tout juste dans mon allure de prépa si l’on tient compte des ravitos. Et ma montre sonne de plus en plus vite. Deuxième gel vert et ravito à 20,3. Je compte en « gels » et ça me rapproche de la fin : encore gris-gris-jaune (coup de fouet), gauche-droite-gauche et ce sera fini. De plus en plus chauds et l’anti-ox est encore plus difficile que les autres. Même si le goût de pomme n’est, en soi, pas désagréable. A ces ravitos, avec ce jeu de gel, dans ma tête Kraftwerk et leur Tour de France « KarbonHydrat Protein ABCD Vitamin ». Bon j’ai ça en tête maintenant.
* Split Semi : 1h57’24 ; moyenne globale 5’34. Derrière moi, j’entends deux Français : « bon, y a plus qu’à rentre à la maison ». Vers le 22, une dame sur le sol sous une couverture. Une autre sous une couverture thermique moins d’un km plus loin. Cette chaleur-là n’était pas prévue. La descente en miroir de la montée de tout à l’heure ressemble plus à un léger dévers mais c’est déjà bien agréable.
Au 22 on revient à plat et il y a moyen d’accrocher très brièvement un peu d’ombre même si celle-ci est très prisée. Et ici vient le plus long. De 23 à 28, longue et chaude ligne droite à peine entrecoupée de petits virages (du moins dans mon souvenir).
24 : tiens, il reste 18. L’équivalent de ma SL de base à quand je dois faire autour d’une heure 40. Un repère.
* Split 25 km : 2h19’06 ; moyenne globale 5’34 et un dernier 5 couru à 5’34 de moyenne, 87% FCM. Copie conforme du précédent 5 km, à la seconde près. En trichant un peu : descente pour montée.
La promenade dans Copenhague reste bien jolie et toujours plein de monde très enthousiaste tout autour. Aucune section déserte et ça, ça aide vraiment. Et puis, vers 27-28, je devrais retrouver mon petit public à moi. Ce sera au 28. Elles me racontent après : pas loin de la petite sirène : « Regarde maman, là il y a un petite montée. Il y a plein de coureurs qui marchent et de l’herbe sur les côtés : là, on verra bien Renaud ». Bien vu. C’est au 28 mais je ne marche pas. Je me permets même deux bisous à la volée.
https://www.flickr.com/photos/menten/27212896155/in/dateposted/
Super content de les voir. Clé me tends une barre de céréales au cas où (c’est la photo et vraiment je suis bien plus mal que j’en ai l’air là-dessus). Elles me demandent si ça va, je leur réponds qu’il fait très chaud, ma principale préoccupation. Ravito de gel chaud à 28,3, je prends le temps de vider un grand gobelet.
* Split 30 km : 2h47’41 ; moyenne globale 5’36 et un dernier 5 couru à 5’44 de moyenne, 90% FCM. Ça commence à ralentir mais les chiffres que je vois maintenant sont plus sévères que mon ressenti en direct : je ne me sens pas moins bien que lors des dix précédents. Un point d’eau à 31,7, encore un grand gobelet. Et toujours aucun problème pour me remettre à courir après ces quelques secondes de marche.
32 : Deeks : « …si tu n’es pas bien à 20 miles, c’est normal » Chouette, je suis normal. Mais je commence sérieusement à croire à un Marathon sans mur.
33 : le décompte est en dessous de 10. Ça rassure.
34 : plus que 8,2. Ça, c’est ma sortie de base pour toutes les EF de 45-50’ souvent sur un même parcours en partant de chez moi. Ça me parle. A chaque panneau et même entre ceux-ci je poursuivrai ce parcours dans ma tête. Je pense à la monitrice de spinning qui a rythmé mes semaines de prépa, une voix qui rappelle un peu Laurie Anderson : « imagine the road and face it ».
* Split 35 km : 3h17’17 ; moyenne globale 5’39 et un dernier 5 couru à 5’56 de moyenne, 90% FCM. Pas du tout de ressenti de mur. Les cuisses continuent à tourner sur des quadris pas trop durs. Simplement je ne force pas. C’est suffisamment long et difficile comme ça. Ce serait dommage de m’exploser pour gratter 30 secondes à la fin. Je cours au feeling et tant mes jambes que mon cardio me disent que je suis à la limite.
35,5 : le coup de fouet chaud, c’est vraiment pénible. Le grand gobelet n’arrive pas vraiment à me nettoyer la bouche. Je commence à saturer côté gel et je sais que je sauterai le 40.
36, 37 : je vois mon petit parcours Bruxellois. 38 : le bout de ma promenade verte, l’école japonaise, il n’y a plus qu’à faire demi-tour et rentrer à la maison. Et cette fois je peux vraiment y croire. Même si les kilomètres sont de plus en plus longs.
39,8 : dernier ravito. La bouche pas encore claire du coup de fouet, je ne vais pas me farcir le dernier gel du pack, ce gel du 40 qui, soit dit en passant, nous fait tous un peu marrer.
Encore un gobelet pendant lequel je sens un contact à l’arrière de ma tête : c’est le ballon rouge d’un des meneurs à 4h00. Un peu déçu mais plutôt content : j’ai encore suffisamment du jus pour les suivre jusqu’au bout et l’animation qu’ils suscitent sur leur passage est assez stimulante.
* Split 40 km : 3h48’10 ; moyenne globale 5’43 et un dernier 5 couru à 6’11 de moyenne, 90% FCM. Pas de mur et plus de doute sur l’issue de cette aventure. Pas de mur mais encore bien long et bien difficile. Trop fatigué pour savourer béatement ces dernières minutes. Envie d’avoir fini, de m’arrêter, enfin.
Redescendre du pont par la montée du départ, passer dessous.
42 : en enfin on voit le portique d’arrivée. Un peu court pour savourer vraiment ce final mais c’est déjà ça.
Je reste collé aux ballons rouges et les dépasse dans les 100 derniers mètres.
Mais évidemment ils sont partis une bonne minute derrière moi, résultat :
42,195 : 4h00’39.
Vers la mi-Janvier j’apportais ma petite pierre au sujet : « nous allons courir notre premier marathon en 2016 » :
menten écrit: Objectifs : ne pas me prendre un trop gros mur (pas du tout ? c'est possible ?), terminer sous les 4 h en fonction de l'allure qui se mettra en place entre 5'30 et 5'40 (plutôt cette dernière) en cours de prépa.
Voilà, au terme de ce récit interminable il me reste à dire que je suis super content d’avoir réussi à gérer une course où très vite j’ai vu que je ne rentrerais pas dans mon objectif de 3h50. Super content d’avoir une marque sur marathon sans me prendre un mur. Ne pas avoir atteint parfaitement mon objectif m’en fournit un excellent pour le prochain marathon.
C’était une superbe promenade dans une très chouette ville.
Merci à ma petite famille d’avoir été là (il en manquait un petit bout, trop petit pour être du voyage ☺ ) et d’avoir supporté pendant une année de prépa (marathon le 22/5 et j’ai recommencé la CAP le 23 Mai de l’an dernier). C’est grâce à eux que j’ai pu m’offrir cette petite tranche de rêve. Merci aussi à tous ceux qui aux fil des jours alimentent ce site en précieux conseils pour les débutants : c’est une aide considérable. Tout comme les débutants qui partagent leurs expériences.
Last Edit:il y a 8 ans 5 mois
par menten
Dernière édition: il y a 8 ans 5 mois par menten.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- smilk
- Hors Ligne
- Golden runner's
- Messages : 3386
- Remerciements reçus 923
Félicitations et merci pour ce CR très complet
Je t'avoue que j'ai eu un peu peur au fil du récit quand je voyais ton cardio. Mais finalement tu t'en sors très très bien
Tu as bien géré ton affaire (de la queue aux toilettes jusqu"à la ligne d'arrivée )
Encore félicitations et repose toi bien.
De nouveaux objectifs ou tu t'accordes une pause CAP ?
Je t'avoue que j'ai eu un peu peur au fil du récit quand je voyais ton cardio. Mais finalement tu t'en sors très très bien
Tu as bien géré ton affaire (de la queue aux toilettes jusqu"à la ligne d'arrivée )
Encore félicitations et repose toi bien.
De nouveaux objectifs ou tu t'accordes une pause CAP ?
par smilk
Les utilisateur(s) suivant ont remercié: menten
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Vince1987
- Hors Ligne
- Platinum Boarder
- Messages : 1846
- Remerciements reçus 402
Félicitations !
Super CR avec plein de détails sur ta superbe gestion de course.
Effectivement, comme Smilk, j'ai tiqué en voyant ton cardio...mais ça rassure aussi, on se dit qu'on peut finir bien en ayant un cardio haut dans les 15-20 derniers
Bonne récup
Super CR avec plein de détails sur ta superbe gestion de course.
Effectivement, comme Smilk, j'ai tiqué en voyant ton cardio...mais ça rassure aussi, on se dit qu'on peut finir bien en ayant un cardio haut dans les 15-20 derniers
Bonne récup
par Vince1987
Les utilisateur(s) suivant ont remercié: menten
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Celinette
- Hors Ligne
- Platinum Boarder
- Messages : 942
- Remerciements reçus 146
Félicitations Mr le MArathonien!!!!!!! You did it! et tu ne vas chipoter pour 39 secondes....
Belle gestion de course!!! Place à la récup maintenant!
Belle gestion de course!!! Place à la récup maintenant!
par Celinette
Les utilisateur(s) suivant ont remercié: menten
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
Temps de génération de la page : 0.245 secondes