Champsaur : Un pied monumental

Champsaurin 2014 37km D+2200m
Comment dire ? Beaucoup de plaisir

C'est d'abord un we entre copains, bonne ambiance, décontractés, familles. C’est important dans l’approche de la course.
Nous sommes logés à Ancelle, village d'arrivée des 3 courses, au pied de la petite Autane qui je l'avoue me fiche un peu la trouille pauvre rampant que je suis, la montagne m'impressionne



Béa court le 19 km qui a la bonne idée d'être programmé le samedi aprèsm'. Longtemps 5ème elle doit s'arrêter prises de crampes mais finit tout de même 9ème au scratch et...2ème V1...encore un podium...comme l'an dernier sur la skyrace, ça devient une habitude, bravo

Si je trouillotais la veille, ce dimanche matin je suis zen, content d’être là et que ça démarre.
Aucune pression, je suis là pour profiter sans objectif de chrono ni de classement, juste gérer et bien vivre ma course.
Je démarre avec Pierre, en footing, la boucle dans Pont du Fossé (1120m).
Après 500m les choses sérieuses commencent, déjà, un mur en face de nous, 6km500 pour 1100m de D+ d’entrée. Je marche dès que la pente est importante et trottine pour varier les sollicitations au moindre replat. Pierre se ressent d’une contracture au mollet, je ne le vois pas aller bien loin
Je suis dans un wagon qui avance sur un rythme sage mais efficace et régulier. Je profite du paysage, prends quelques photos.
Le premier du 73km nous double à mi-ascension, tranquille.
Les derniers lacets se font plus raides. Après 1h30 d’ascension sous les arbres, on arrive enfin sur la crête (2180m) qui domine le Cuchon. Vue spectaculaire : le Cuchon et le village d’Ancelle en dessous, la petite Autane au dessus.
Après un passage glissant entre les rochers j’arrive au premier ravito km 9.5 en 1h40. Je prends le temps de manger, fais quelques photos, en mode cool, je profite
A partir de là c’est une monotrace descendante. Ca fait du bien de courir. Je suis un petit groupe de 3, la descente est plaisante, pas trop raide, ludique. Seul inconvénient pas mal de cailloux. Je soulève une pierre qui vient me frapper la malléole. Ca fait un mal de chien. Obligé de m’arrêter Je repars en boitant. J’étais si bien, pas sûr que je puisse continuer. Je trottine en serrant les dents, comme ça quelques minutes et, finalement la douleur s’estompe.
Nouvelle partie ascendante d’1km500. Je garde ma méthode : marche quand c’est un peu raide, course dès que c’est possible sans effort inconsidéré. Je commence à doubler, notamment quelques concurrents équipés de bâtons qui les encombrent.
Après 14km on attaque une très jolie descente sur une monotrace en alpage (je fixe quelques moutons)

qui nous amène au 2ème ravito où m’attendent les supporters. On entend les cris et les « klaxons » de loin. J’arrive à Rouanne Haute (1625m) km19.5 en 2h50 (131ème).

Je m’alimente (banane tuc coca eau gazeuse) change de tee shirt, discute un peu, demande des nouvelles de Pierre qui a continué sa course, et c’est reparti.
Je suis frais comme prévu, j’ai couru à l’économie. Mais maintenant il va falloir aller chercher le Piolit à 2464m et son ascension finale très très raide.
Il fait un temps magnifique, le paysage est splendide.

Après 1km800 à 15% je commence à sentir la fatigue mais j’ai la force de relancer dès que possible. L’approche du Piolit se fait plus raide. Il y a de l’usure dans l’air. Certains ont l’air exténué. Quelques portions droit dans la pente éprouvent les muscles et les volontés. J’accuse un peu le coup. Je table sur 1h15 d’ascension, on n’en voit pas la fin.
Après quelques secteurs à 25% un peu de répit avec un large sentier en balcon où je peux relancer et, enfin, la crête qui précède le « caillou ».

Après plus de 4h d’effort se dresse au dessus de nos tête une pyramide qu’il faut gravir tout droit. Très impressionnant. 400m à plus de 30% pour finir. Sur le papier ça parait court mais les bénévoles qui sont en haut paraissent tout petits.



Je décide de regarder mes pieds et d’avancer, les mains souvent au sol. J’échange avec un camarade belge qui me dit qu’ils sont fous de nous faire monter là-dessus. Ma méthode est bonne, je suis même freiné par un coureur que je double finalement assez rapidement.
Et j’arrive enfin tout en haut, au Piolit, à 2464m en 4h30. Là le panorama est grandiose. Vue à 360° avec notamment le barrage de Serre Ponçon ,

les aiguilles de Chabrières et le village d’Ancelle tout en bas.

Le plus dur est fait. J’aborde le début de la descente prudemment, c’est raide et caillouteux.
Mais après, comment dire…le pied… 1h de descente quasi ininterrompue à 7-8%, virevoltante, ludique, un peu technique, un régal !!!
Je suis super bien, j’ai les cannes, j’envoie de plus en plus. Et je double. Certains n’ont plus rien dans les chaussettes et moi, je vole. Je vole tellement que je prends une jolie pelle sans conséquence. Quel pied cette descente.
Km 32 dernier ravito, je ne traîne pas. Km 35 une portion montante goudronnée d’1km300 à 10%. Quand tout le monde marche, je décide d’alterner, j’ai le jus nécessaire. Col de Moissière il reste 3 km de descente, j’accélère encore. Je finis comme un avion, ma fille m’accompagne sur les derniers 300m

et je passe la ligne heureux en 5h42’00. Je me suis régalé, gestion de course parfaite, beaucoup beaucoup de plaisir.
123ème au Piolit, je finis 100ème sur 218 arrivants.
Beaucoup d’abandons sur cette course, pas mal de chutes aussi dont mon belge du Piolit qui dans la descente a tapé la tête, perdu connaissance et a été secouru par Pierre qui a utilisé le strap de son mollet pour bander le bras du gars ouvert sur 4 cm.
Pierre ira donc au bout de sa course en 6h30 avec une contracture. Chapeau. Une contracture et une certaine euphorie qui le conduit à nous projeter sur le 73km pour 2015.
Le fou ! Quoique…si on y réfléchit un peu…

Bravo pour cette course particulièrement gérée !
T'as du en écœurer quelques un à courir alors qu'ils n'avaient plus de force !

Ton récit met de bonne humeur pour l'après-midi !
Merci pour le CR et les photos !

Je me joints à Kodama pour saluer un tel compte rendu de course qui donne vraiment envie d'en faire autant (de participer j'entends, la réalisation est une autre histoire ).

En prime les photos ensoleillées alors que chez moi il pleut averse donnent un petit air prématuré de week end de 3 jours qui je l'espère sera sympathique.

Bravo pour cette belle performance.
A ta lecture, cela donne envie cette course !!!

Bonne récup.

Quel finish

Chapeau pour ta course.

Il n'y a pas à dire un CR agrémenté de photos donne envie de s'y plonger.

Ça aurait presque l'air facile dit qui comme ça
En tout cas belle gestion de course et en plus avec les photos ça donne trop envie