Paris vaut bien un Semi !
- nicocap
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Il est 9h35, le regard droit dans le soleil : je sais ce que j’ai à faire !
Les mains croisées sous mon sac poubelle, casquette sur la tête, j’attends. Je viens de finir mes 20 minutes d’échauffement, à tourner dans le SAS, le regard dans le vide, seul avec moi-même. Ce sont des moments que j’apprécie par-dessus tout : je me parle, je m’encourage, j’écoute mon corps et je repense à toutes les séances d’entrainement, surtout les plus dures, je repense à tous les moments de doutes et puise dans tout ça la motivation du jour. Le SAS commence à se remplir, mais je suis placé à merveille, à 1m50 du départ. Le meneur d’allure 1h35 vient se placer 1m devant moi : j’espère secrètement que l’on ne va pas trop se quitter tous les deux. Le premier coup de pistolet retentis alors, les élites viennent de partir vers leur destinée. La mienne ne va pas tarder à commencer : on nous fait avancer jusqu’à l’arche de départ, petit stop puis…. Boum : la course est lancée !
Les premiers mètres se déroulent parfaitement : pas de bousculades et pas de frayeurs de chutes. Je n’ai alors qu’une seule obsession : mes mettre le plus rapidement possible dans mon rythme et dans ma bulle! J’ai essayé de bien mémoriser l’allure à l’entrainement ces dernières semaines et cela se confirme dès le premier kilo : 4'33", parfait ! Mon objectif est de moyenner entre 4'30" et 4'32" Je sais (en tout cas je m’en suis persuadé) que si j’arrive en 4'32" au 20ème, ça peut le faire, moyennant un joli feu d’artifice final !
Les premiers kilomètres passent sans encombres particulières, je suis bien dans mon rythme et bien dans mes guiboles. Je vois bien que le cardio tire un peu la tronche, à 170 / 175 pulses (90% / 92%) mais comme je me connais, cela ne m’inquiète guère (je comprendrais plus tard que j’ai bien eu raison de ne pas courir au cardio). Par contre, un truc qui me perturbe un peu, c’est l’allure… du meneur d’allure : après un départ canon de sa part, qui me laissera à une centaine de mètres derrière, voilà qu’il prend désormais carrément le large dans cette longue descente à compter du 4ème Kilo. Je me dis qu’il doit certainement prendre de l’avance pour pouvoir en perdre un peu quand le terrain sera moins favorable. Je le laisse donc partir, avec sa stratégie de course qui ne correspond pas à la mienne : moi j’aime être constant, voire en léger négative split. Je ne vais pas griller mes cartouches maintenant, mais, dans mon fort intérieur, je me fais une promesse : avant la ligne d’arrivée, je lui montrerai la couleur de mes semelles !
Les kilomètres défilent toujours aussi vite : passage du 5ème en 22’40 (4'32" de moyenne), puis du 10ème en 45’07"" (4’30" de moyenne). Tout est OK : je suis bien physiquement et dans les clous pour le chrono. Je profite un peu du paysage : le passage à la Bastille m’enthousiasme, moi qui n’avais jamais vu cette place qu’à la télé et la vue de Notre-Dame et de l’hôtel de ville me tirent un grand sourire, réalisant la chance et le bonheur que c’est de pouvoir être là, à ce moment-là !!!
Passage du 15ème en 1h08’05" (4’32" de moyenne). Ça commence à tirer un peu dans les fessiers et dans le bas du dos, sans doute quelques traces des visites de la veille et avant-veille dans Paris. Mais le moral est au beau fixe : la foule est nombreuse, l’ambiance festive, je sais que l’arrivée est proche et que le money-time ne va pas tarder. Je commence à me conditionner psychologiquement pour encaisser les derniers kilomètres et la côte du 16ème m’aidera en cela : les jambes commencent à flamber, le souffle se fait court mais je ne lâche rien et je suis maintenant prêt dans ma tête à affronter la terre entière ! A commencer par le meneur d’allure, qui dandine toujours à 150 / 200 mètres de moi. Il sera ma première cible : je décide alors de faire la descente au 17ème (4’15") pour reprendre du terrain. Chose faites, il n’est plus qu’à 100 mètres désormais, mais j’ai du mal à relancer au 19ème et 20ème (4’29" et 4’36").
Je passe la borne 20Kms, mon point de mire est à portée, je vais enfin le dépasser. Dans ma tête, je l’invective « Qu’est-ce que je t’avais dit depuis le début : fais ce que tu veux, mais au final je vais te croquer ». J’ai mal partout mais je m’en fou, le meneur d’allure est maintenant dépassé, dernier virage à droite et commence la longue ligne droite en léger faux plat descendant. Je me dis illico « ça va être ton alliée, c’est le moment de tout donner » : je commence à faire la bordure à droite, mes supportrices ne doivent plus être très loin, mais les 600 derniers mètres semblent ne jamais passer (21ème en 3’52" !). Je double des coureurs à la pelle, je suis lancé maintenant, la tête droite, le corps gainé, le regard dans la foule pour apercevoir mes proches… que je distingue enfin : je serre le poing vers elles et crie un « Allez » rageur ! Elles sont au taquet et me donnent l’énergie pour gravir une montagne. Je regarde alors ma montre : 1h34’ et il reste peu ou prou 300 mètres à parcourir, ça va être chaud bouillant ! Mais je suis venu pour vider la marmite et c’est le moment de racler le peu qu’il doit rester au fond. Ma tête décide d’accélérer encore et toujours, mes jambes s’exécutent, tout le reste de mon corps n’a plus son mot à dire car ce n’est plus mon problème : le cardio, la fatigue, les douleurs, on verra ça plus tard, moi j’ai une ligne d’arrivée à franchir ! Je ne vois plus rien autour de moi et ne sent plus rien, mes yeux sont maintenant rivés sur le panneau d’affichage sous la grande arche, qui affiche 1h39 et des poussières… mais ce sont précisément ces poussières-là qui m’importent désormais car je le sais maintenant, ça va se jouer à la seconde. 25 sec, 30sec, 35 : je tire, je tire, je tire ! 40sec, 45, ça y est j’arrive, plus que quelques mètres, mais ça va le faire : dans un dernier effort, je franchis la ligne ! D’un geste instinctif, j’appuie sur le bouton Stop de la montre et jette un regard furtif : 1h34’53" !!!!!! Un sourire illumine instantanément mon visage, je lève les bras au ciel : Objectif atteint, sous les 1h35’ et nouveau Record personnel (2’35" de moins)! C’est alors que tous les oubliés des derniers Kilomètres refont instantanément surfaces pour se rappeler à mon bon souvenir : le cardio, la fatigue, les douleurs. Mais ils sont désormais les bienvenus et je prends donc quelques secondes pour m’accouder à une barrière et récupérer mon souffle, partis dans des contrées inconnues. Le cardio affiche encore 191 BPM, chiffre encore jamais vu de ma vie. Cela m’arrache un grand sourire supplémentaire et je me dis dans un éclat de rire « Tu t’es pas raté, t’as vraiment fait péter le compteur là ! ».
Je me relève alors, le souffle retrouvé et marche radieux vers la sortie. Une dame me fait un grand sourire, je baisse la tête, elle tend les bras et dans un geste solennel me remet ma médaille. Je relève alors la tête et lève les yeux au ciel.
Il est 11h40, le regard droit dans le soleil : je savais ce que j’avais à faire !
Les mains croisées sous mon sac poubelle, casquette sur la tête, j’attends. Je viens de finir mes 20 minutes d’échauffement, à tourner dans le SAS, le regard dans le vide, seul avec moi-même. Ce sont des moments que j’apprécie par-dessus tout : je me parle, je m’encourage, j’écoute mon corps et je repense à toutes les séances d’entrainement, surtout les plus dures, je repense à tous les moments de doutes et puise dans tout ça la motivation du jour. Le SAS commence à se remplir, mais je suis placé à merveille, à 1m50 du départ. Le meneur d’allure 1h35 vient se placer 1m devant moi : j’espère secrètement que l’on ne va pas trop se quitter tous les deux. Le premier coup de pistolet retentis alors, les élites viennent de partir vers leur destinée. La mienne ne va pas tarder à commencer : on nous fait avancer jusqu’à l’arche de départ, petit stop puis…. Boum : la course est lancée !
Les premiers mètres se déroulent parfaitement : pas de bousculades et pas de frayeurs de chutes. Je n’ai alors qu’une seule obsession : mes mettre le plus rapidement possible dans mon rythme et dans ma bulle! J’ai essayé de bien mémoriser l’allure à l’entrainement ces dernières semaines et cela se confirme dès le premier kilo : 4'33", parfait ! Mon objectif est de moyenner entre 4'30" et 4'32" Je sais (en tout cas je m’en suis persuadé) que si j’arrive en 4'32" au 20ème, ça peut le faire, moyennant un joli feu d’artifice final !
Les premiers kilomètres passent sans encombres particulières, je suis bien dans mon rythme et bien dans mes guiboles. Je vois bien que le cardio tire un peu la tronche, à 170 / 175 pulses (90% / 92%) mais comme je me connais, cela ne m’inquiète guère (je comprendrais plus tard que j’ai bien eu raison de ne pas courir au cardio). Par contre, un truc qui me perturbe un peu, c’est l’allure… du meneur d’allure : après un départ canon de sa part, qui me laissera à une centaine de mètres derrière, voilà qu’il prend désormais carrément le large dans cette longue descente à compter du 4ème Kilo. Je me dis qu’il doit certainement prendre de l’avance pour pouvoir en perdre un peu quand le terrain sera moins favorable. Je le laisse donc partir, avec sa stratégie de course qui ne correspond pas à la mienne : moi j’aime être constant, voire en léger négative split. Je ne vais pas griller mes cartouches maintenant, mais, dans mon fort intérieur, je me fais une promesse : avant la ligne d’arrivée, je lui montrerai la couleur de mes semelles !
Les kilomètres défilent toujours aussi vite : passage du 5ème en 22’40 (4'32" de moyenne), puis du 10ème en 45’07"" (4’30" de moyenne). Tout est OK : je suis bien physiquement et dans les clous pour le chrono. Je profite un peu du paysage : le passage à la Bastille m’enthousiasme, moi qui n’avais jamais vu cette place qu’à la télé et la vue de Notre-Dame et de l’hôtel de ville me tirent un grand sourire, réalisant la chance et le bonheur que c’est de pouvoir être là, à ce moment-là !!!
Passage du 15ème en 1h08’05" (4’32" de moyenne). Ça commence à tirer un peu dans les fessiers et dans le bas du dos, sans doute quelques traces des visites de la veille et avant-veille dans Paris. Mais le moral est au beau fixe : la foule est nombreuse, l’ambiance festive, je sais que l’arrivée est proche et que le money-time ne va pas tarder. Je commence à me conditionner psychologiquement pour encaisser les derniers kilomètres et la côte du 16ème m’aidera en cela : les jambes commencent à flamber, le souffle se fait court mais je ne lâche rien et je suis maintenant prêt dans ma tête à affronter la terre entière ! A commencer par le meneur d’allure, qui dandine toujours à 150 / 200 mètres de moi. Il sera ma première cible : je décide alors de faire la descente au 17ème (4’15") pour reprendre du terrain. Chose faites, il n’est plus qu’à 100 mètres désormais, mais j’ai du mal à relancer au 19ème et 20ème (4’29" et 4’36").
Je passe la borne 20Kms, mon point de mire est à portée, je vais enfin le dépasser. Dans ma tête, je l’invective « Qu’est-ce que je t’avais dit depuis le début : fais ce que tu veux, mais au final je vais te croquer ». J’ai mal partout mais je m’en fou, le meneur d’allure est maintenant dépassé, dernier virage à droite et commence la longue ligne droite en léger faux plat descendant. Je me dis illico « ça va être ton alliée, c’est le moment de tout donner » : je commence à faire la bordure à droite, mes supportrices ne doivent plus être très loin, mais les 600 derniers mètres semblent ne jamais passer (21ème en 3’52" !). Je double des coureurs à la pelle, je suis lancé maintenant, la tête droite, le corps gainé, le regard dans la foule pour apercevoir mes proches… que je distingue enfin : je serre le poing vers elles et crie un « Allez » rageur ! Elles sont au taquet et me donnent l’énergie pour gravir une montagne. Je regarde alors ma montre : 1h34’ et il reste peu ou prou 300 mètres à parcourir, ça va être chaud bouillant ! Mais je suis venu pour vider la marmite et c’est le moment de racler le peu qu’il doit rester au fond. Ma tête décide d’accélérer encore et toujours, mes jambes s’exécutent, tout le reste de mon corps n’a plus son mot à dire car ce n’est plus mon problème : le cardio, la fatigue, les douleurs, on verra ça plus tard, moi j’ai une ligne d’arrivée à franchir ! Je ne vois plus rien autour de moi et ne sent plus rien, mes yeux sont maintenant rivés sur le panneau d’affichage sous la grande arche, qui affiche 1h39 et des poussières… mais ce sont précisément ces poussières-là qui m’importent désormais car je le sais maintenant, ça va se jouer à la seconde. 25 sec, 30sec, 35 : je tire, je tire, je tire ! 40sec, 45, ça y est j’arrive, plus que quelques mètres, mais ça va le faire : dans un dernier effort, je franchis la ligne ! D’un geste instinctif, j’appuie sur le bouton Stop de la montre et jette un regard furtif : 1h34’53" !!!!!! Un sourire illumine instantanément mon visage, je lève les bras au ciel : Objectif atteint, sous les 1h35’ et nouveau Record personnel (2’35" de moins)! C’est alors que tous les oubliés des derniers Kilomètres refont instantanément surfaces pour se rappeler à mon bon souvenir : le cardio, la fatigue, les douleurs. Mais ils sont désormais les bienvenus et je prends donc quelques secondes pour m’accouder à une barrière et récupérer mon souffle, partis dans des contrées inconnues. Le cardio affiche encore 191 BPM, chiffre encore jamais vu de ma vie. Cela m’arrache un grand sourire supplémentaire et je me dis dans un éclat de rire « Tu t’es pas raté, t’as vraiment fait péter le compteur là ! ».
Je me relève alors, le souffle retrouvé et marche radieux vers la sortie. Une dame me fait un grand sourire, je baisse la tête, elle tend les bras et dans un geste solennel me remet ma médaille. Je relève alors la tête et lève les yeux au ciel.
Il est 11h40, le regard droit dans le soleil : je savais ce que j’avais à faire !
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- Dionysos08
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Réponse de Dionysos08 sur le sujet Re: Paris vaut bien un Semi !
Posted il y a 10 ans 8 mois #297926
Salut Nico,
quel merveilleux roman et quel magnifique chrono tu nous fais là, félicitations. Tu ne t'es pas loupé, c'est impressionnant on a l'impression que tu es frais tout le long du parcours, même les bosses sur le parcours ne t'ont pas résisté, tout comme le meneur d'allure.
Ta prépa a payé. Bravo
quel merveilleux roman et quel magnifique chrono tu nous fais là, félicitations. Tu ne t'es pas loupé, c'est impressionnant on a l'impression que tu es frais tout le long du parcours, même les bosses sur le parcours ne t'ont pas résisté, tout comme le meneur d'allure.
Ta prépa a payé. Bravo
par Dionysos08
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- dule66
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Waouh ! Quel suspense, quel récit !!! ça fait plaisir !!
Bravo à toi !
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par dule66
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- chris55
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Bonsoir
Ton recit est vraiment très bien on si croirait
Tu réalises un très bon chrono , félicitation pour celui ci
Tu as plutôt très bien géré ta course
Bonne recuperation
Ton recit est vraiment très bien on si croirait
Tu réalises un très bon chrono , félicitation pour celui ci
Tu as plutôt très bien géré ta course
Bonne recuperation
par chris55
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- ketshoo
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Super CR!
On a couru avec toi! J'avais predit au dessous de 1H35 . Une tres belle course menée et controlée jusqu"au bout avec la lucidité necessaire.
Coup de maitre
On a couru avec toi! J'avais predit au dessous de 1H35 . Une tres belle course menée et controlée jusqu"au bout avec la lucidité necessaire.
Coup de maitre
par ketshoo
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- mikky
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Merci pour ce beau CR et bravo pour ton nouveau chrono !
par mikky
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