Le Roc La Tour : mon 1° petit ultra !
- Jerome59263
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Le Roc La Tour : mon 1° petit ultra ! a été créé par Jerome59263
Posted il y a 12 ans 4 mois #175991
L’avant course…..
Vendredi, 18 heures : j’arrive enfin aux Hautes-Rivières, après avoir quitté la maison ce matin. J’ai fait une escale à mi-chemin chez ma tante dans l’Aisne, pour me faire offrir un plat de pates, et faire une petite sieste avant de reprendre la route pour Charleville-Mezières. « Tu auras une pensée pour Rimbaud, il était de là-bas » me dit mon oncle, féru d’histoire et de lettres. Je lui rétorque qu’au vu de mon inculture générale et des circonstances, je me permettrai de penser plus à Rambo qu’à lui en l’occurrence….. Je me rends dans le gymnase récupérer mon dossard, faire vérifier que j’ai le matériel dans le camelbag (couverture de survie, bande élastoplaste (alors que je ne serais pas foutu de me faire un strapping correctement s’il le fallait, mais je l’ai !), rations de survie, téléphone portable, et sifflet (ça, je sais faire…), et commencer à prendre la température de la course. Je vais ensuite installer la tente, et pars à la pasta-party où je sympathise avec deux coureurs locaux qui prendront également part à la course pour la 1° fois demain. La salle se remplit doucement, ça rivalise de T-shirt Finisher UTMB/Diagonale des Fous/trail de triffouilli les oies, on sent que le point UTMB pour la Roc la Tour et les 3 pour l’ultra trail (88 kilomètres !) attirent les traileurs qui ont envie de récidiver sur le Mont-Blanc. De mon côté, mon superbe T-shirt « Finisher des soldes de chez Jules collection printemps/été 2012 » laisse les gens indifférents. Je me couche vers 21 heures 30 à l’heure des poules (comme d’hab’….) avec un bon livre (et en me rendant compte au passage que j’ai pris le sac de couchage des enfants, ça va être fun de dormir en chien de fusil toute la nuit !), et dois supporter les bavardages de deux allemandes jusqu’à 23 heures à l’extérieur, mais l’heure est au repos et pas à une 3° guerre mondiale…..
2h30 du matin, mon horloge biologique se met en route et me réveille ½ heure plus tôt que prévu. Il fait relativement bon dehors, pipi-du-matin, et petit-dèj pour charger les accus. Les bénévoles sont déjà sur le pied de guerre, je ne manque pas de les remercier car sans eux tout cela ne serait possible. Je file prendre une petite douche pour me donner un coup de fouet, enduis mes pieds et les zones de frottement de crème Nok, vérifie 10 fois que j’ai tout, et file vers la zone de départ où je retrouve mes deux allemandes en train de parler, si j’avais des bâtons elles se seraient pris volontiers un coup (même deux, comme ça y’a pas de jalouse) . Le grand manitou de la course nous annonce quelques petites choses importantes: 1) le terrain est très boueux à cause des orages de l’avant-veille. 2) de ce fait, la traversée de la Semoy prévue sur la fin est annulée (le niveau est 50 cms plus haut que d’habitude), d’où une rallonge du circuit de 3 kms (on n’est pas à ça près !) et un dénivelé total de 3000 mètres. 3) Les coureurs du 88 auront la possibilité de bifurquer sur le 50 à hauteur du 35° (en retirant la partie inférieure de leur dossard), je trouve ça pas mal et me dit que ça laisse la possibilité de s’adapter aux conditions du jour ou encore de revoir à la baisse un objectif surévalué (et pense à mon pote Hervé, qui avait improvisé et brillamment fini son 1° marathon sur le principe du relais après relais).
Ca y est !
5 heures : Pan ! Le départ est donné à la lumière des frontales, j’ai les yeux qui piquent 5 secondes (on ne se refait pas….), mais mon cardio bas me confirme que je suis là pour prendre du plaisir et que le temps final restera secondaire, contrairement aux courses sur route où la pression du chrono me fait monter les pulsations dès le départ. Les premiers « Allez, plus que 91/52 kilomètres ! » fusent (oui, oui, les traileurs ont un sens de l’humour très développé…), et le début du parcours déboule rapidement sur une monotrace, en pente, ce qui nous oblige rapidement à marcher (alors qu’on se casse le cul à se taper du fractionné en prépa !) et prendre notre mal en patience (au moins, on ne se sera pas mis dans le rouge au départ !) : 1° kils passés en 10, 10 et 15 minutes ! Ca bavarde joyeusement, la vue de tous ces postérieurs en effort fait vite basculer sur des plaisanteries graveleuses, j’ai l’impression d’être en salle des profs avec les collègues ! Les points d’eau gonflés par l’orage sont plus importants qu’à la normale, et je crains pour les ampoules avec les pieds déjà mouillés si tôt dans le course. Après le 3° kilomètre vient la première descente, bien technique et bien pentue, et je commence vraiment à prendre mon pied : je ne suis pas un grand descendeur au sens propre du terme, mais je me débrouille pas trop mal ! Au 8°, le dénivelé oblige parfois à s’accrocher au moindre rocher ou arbre à proximité, ça risque de piquer aux jambes quand on en aura 35 dans les pattes ! Je branche mon ipod à bas volume au bout d’une heure et demie (pour ne pas faire l’autiste et pouvoir communiquer avec les autres coureurs), avec Norah Jones, Fink et Jamie Mc Cullum dans les oreilles le plaisir ne peut être que total ! Les kilomètres s‘enchainent, ça monte et ça descend, et re-re-rebelote, le parcours est vraiment casse-pattes. Le paysage est cependant d’une rare beauté, entre passages boisés et points de vue panoramiques où l’on monte au dessus du niveau des nuages, j’en profite pour prendre quelques photos quand je le peux. Le temps file, mais pas les kilomètres : je jette un coup d’œil au cardio au début du 13°, à nouveau après ce qui me semble être une éternité, et nous sommes toujours au 13° ! Je suis partagé entre deux sentiments : « Putain, c’est pas prêt de finir c’t’affaire ! » et « Je prends un kif phénoménal et ça n’a pas de fin, je dois être au paradis ! ». Arrive la montée du 18°, qui est terrible et met fin à mon kif passager : elle grimpe à n’en plus finir, on sue à grosses gouttes, tout le monde marche à pas de tortue, et pourtant le cardio monte à 163 puls ! J’ai à ce moment-là de la course la conviction que l’organisateur est adepte de pratiques S-M , et m’attends à voir surgir Denis Brogniard au détour d’un virage (je flippe, j’ai même pas de collier d’immunité). S’en suit une descente difficile à négocier avec les muscles engorgés et douloureux, mais je sais qu’un ravito nous attend à mi-parcours.
Les Dieux du trail sont des petits plaisantins !
25° : 4 heures de course, ravito où je remplis mon camel-bag, et m’octroie ma première vraie pause. Je retire mes chaussettes, constate que mes pieds ne sont pas en trop mauvais état, une couche de Nok, une nouvelle paire de chaussettes, j’ai l’impression d’être dans des charentaises ! Nouveau T-shirt également, je me remets en route et en profite pour phoner chez moi et prévenir que je n'appellerai probablement pas à midi comme je l'avais dit (très probablement plus tard….), afin que ma femme ne s’inquiète pas.
Au bout de 500 mètres, nous empruntons un long tunnel et sommes vite plongés dans l’obscurité la plus complète : j’ai bien fait de ranger ma frontale dans mon sac, tiens…. On avance à tâtons (j’ai retirés les écouteurs, déjà que je suis aveugle autant ne pas y rajouter la surdité), et enfin arrive la clarté. Tiens, un océan de boue ! C’est pas la 1° fois sur la parcours et ça ne surprend plus à présent… sauf que là, je m’enfonce jusqu’aux chevilles ! DANS MON CUL MES NOUVELLES CHAUSSETTES ET MES PIEDS DE VELOURS ! Je rage de ce coup du sort, trempe mes pieds dans une mare aux canards à proximité, et repars avec un petit coup au moral….. Ceci dit, je constate avec plaisir que je suis (toutes proportions gardées) encore frais, que les jambes suivent plus que correctement, et que je gère plutôt bien la succession de descentes et de montées : l’œil vif, le pied alerte, les cheveux au vent, des hordes de femmes hurlant mon nom à chaque virage (ou pas), et surtout une odeur de feneck du plus bel effet en prime. Cette deuxième partie se passe mieux que je ne l’aurais pensé (et espéré), j’ai l’impression de doubler plus de coureurs que de n’être doublé : je suis conforté dans l’idée de ne pas avoir pris de bâtons, l’option appui sur les cuisses dans les montées est payante, et au moins j’ai les mains libres pour les descentes. Cependant, la technicité du parcours obligé à être constamment aux aguets : celui-ci est tellement rocailleux, juché de cailloux, pierres et racines, que la vigilance doit être de mise en continu, obligeant à se freiner et ne pas« se lâcher » dans les descentes au risque de se péter la cheville à la moindre occasion et de mettre fin à cette belle aventure.Je souhaite bon courage aux coureurs que je passe, jusqu’à ce que l’un d’entre eux me dise : « C’est bon, plus que 50 ! » ; je suis bluffé, et me demande à ce moment-là où les concurrents du méga-trail vont chercher les ressources nécessaires à une telle distance. Au 38°, je me retrouve seul sur le parcours, et rejoins bientôt un gars sympa de Châlons-en-Champagne, avec qui je vais courir le reste du parcours. Les montées sont toujours aussi raides, certaines sont équipées de cordes pour assurer une prise et ne pas devoir monter à quatre pattes, et nous passons même un passage en échelle encadré par une équipe de sécurité : c’est pas du vice, ça, au bout de 40 kilomètres ? Nous passons le marathon en 6h50 (record battu à tout jamais!), et abordons le dernier ravito au 45°, où une dame nous annonce une dernière montée, « dure, mais c’est la dernière ! ». Elle n’aura pas menti, celle-ci nous laisse sur les rotules, le souffle court. Vient alors le passage obligé dans toute course, où l’on se dit que la plaisanterie a assez duré, et où la pensée d’une bière et d’un bain chaud devient une obsession de tous les instants. Au 49°, mon collègue d’infortune attrape une crampe à la cuisse, je marche avec lui le temps que ça passe et nous repartons tranquillement. Sur les 3 derniers kilomètres, je sens que les sensations sont bonnes, et je m’en vais vers la ligne sur une allure de 5’ au kilo que je n’avais même pas espéré en pensée à ce moment de la course : je suis aux anges, je finis mon premier ultra dans de bonnes conditions, j’ai l’impression de voler, il fait beau, je ne pouvais rêver mieux ! Je passe la ligne en 8h50, le bonheuromêtre au maximum (classement final : 86° sur 242 !). J’apprends que la vainqueur l’a emporté en 5h40, et suis conforté dans l’idée que la parcours est vraiment couillu ! J’attends mon pote sur la ligne en l’applaudissant, et nous nous posons, fourbus mais heureux. S’en suivent les habituels coups de fil à la famille, la douche, un passage trèèèèèèèès apprécié au stand des kinés, et un repas très apprécié également. Je reprends la route pour la maison, et refais la course dans ma tête pendant les 3 heures de route.
Epilogue……
A l’heure où j’écris ces lignes, mes jambes sont dures comme du béton, mais je suis toujours sur mon nuage. J’avais dit que si la course se passait bien, je m’inscrirais l’année prochaine pour le méga-trail, mais il faut avoir fait la petite version auparavant pour savoir ce qu’un effort supplémentaire pareil représente. On verra bien, mais plus les jours passent et plus ça ma chatouille……Une chose est claire, j’ai le virus : les prochaines courses sur route (déjà que je n’en faisais pas beaucoup) vont me sembler bien ternes….
La citation-je-me-la-joue-intello-mais-c’est-tellement-vrai (Lao Tseu je crois) : « il n’y a pas de chemin vers le bonheur, le bonheur est le chemin. »
Vendredi, 18 heures : j’arrive enfin aux Hautes-Rivières, après avoir quitté la maison ce matin. J’ai fait une escale à mi-chemin chez ma tante dans l’Aisne, pour me faire offrir un plat de pates, et faire une petite sieste avant de reprendre la route pour Charleville-Mezières. « Tu auras une pensée pour Rimbaud, il était de là-bas » me dit mon oncle, féru d’histoire et de lettres. Je lui rétorque qu’au vu de mon inculture générale et des circonstances, je me permettrai de penser plus à Rambo qu’à lui en l’occurrence….. Je me rends dans le gymnase récupérer mon dossard, faire vérifier que j’ai le matériel dans le camelbag (couverture de survie, bande élastoplaste (alors que je ne serais pas foutu de me faire un strapping correctement s’il le fallait, mais je l’ai !), rations de survie, téléphone portable, et sifflet (ça, je sais faire…), et commencer à prendre la température de la course. Je vais ensuite installer la tente, et pars à la pasta-party où je sympathise avec deux coureurs locaux qui prendront également part à la course pour la 1° fois demain. La salle se remplit doucement, ça rivalise de T-shirt Finisher UTMB/Diagonale des Fous/trail de triffouilli les oies, on sent que le point UTMB pour la Roc la Tour et les 3 pour l’ultra trail (88 kilomètres !) attirent les traileurs qui ont envie de récidiver sur le Mont-Blanc. De mon côté, mon superbe T-shirt « Finisher des soldes de chez Jules collection printemps/été 2012 » laisse les gens indifférents. Je me couche vers 21 heures 30 à l’heure des poules (comme d’hab’….) avec un bon livre (et en me rendant compte au passage que j’ai pris le sac de couchage des enfants, ça va être fun de dormir en chien de fusil toute la nuit !), et dois supporter les bavardages de deux allemandes jusqu’à 23 heures à l’extérieur, mais l’heure est au repos et pas à une 3° guerre mondiale…..
2h30 du matin, mon horloge biologique se met en route et me réveille ½ heure plus tôt que prévu. Il fait relativement bon dehors, pipi-du-matin, et petit-dèj pour charger les accus. Les bénévoles sont déjà sur le pied de guerre, je ne manque pas de les remercier car sans eux tout cela ne serait possible. Je file prendre une petite douche pour me donner un coup de fouet, enduis mes pieds et les zones de frottement de crème Nok, vérifie 10 fois que j’ai tout, et file vers la zone de départ où je retrouve mes deux allemandes en train de parler, si j’avais des bâtons elles se seraient pris volontiers un coup (même deux, comme ça y’a pas de jalouse) . Le grand manitou de la course nous annonce quelques petites choses importantes: 1) le terrain est très boueux à cause des orages de l’avant-veille. 2) de ce fait, la traversée de la Semoy prévue sur la fin est annulée (le niveau est 50 cms plus haut que d’habitude), d’où une rallonge du circuit de 3 kms (on n’est pas à ça près !) et un dénivelé total de 3000 mètres. 3) Les coureurs du 88 auront la possibilité de bifurquer sur le 50 à hauteur du 35° (en retirant la partie inférieure de leur dossard), je trouve ça pas mal et me dit que ça laisse la possibilité de s’adapter aux conditions du jour ou encore de revoir à la baisse un objectif surévalué (et pense à mon pote Hervé, qui avait improvisé et brillamment fini son 1° marathon sur le principe du relais après relais).
Ca y est !
5 heures : Pan ! Le départ est donné à la lumière des frontales, j’ai les yeux qui piquent 5 secondes (on ne se refait pas….), mais mon cardio bas me confirme que je suis là pour prendre du plaisir et que le temps final restera secondaire, contrairement aux courses sur route où la pression du chrono me fait monter les pulsations dès le départ. Les premiers « Allez, plus que 91/52 kilomètres ! » fusent (oui, oui, les traileurs ont un sens de l’humour très développé…), et le début du parcours déboule rapidement sur une monotrace, en pente, ce qui nous oblige rapidement à marcher (alors qu’on se casse le cul à se taper du fractionné en prépa !) et prendre notre mal en patience (au moins, on ne se sera pas mis dans le rouge au départ !) : 1° kils passés en 10, 10 et 15 minutes ! Ca bavarde joyeusement, la vue de tous ces postérieurs en effort fait vite basculer sur des plaisanteries graveleuses, j’ai l’impression d’être en salle des profs avec les collègues ! Les points d’eau gonflés par l’orage sont plus importants qu’à la normale, et je crains pour les ampoules avec les pieds déjà mouillés si tôt dans le course. Après le 3° kilomètre vient la première descente, bien technique et bien pentue, et je commence vraiment à prendre mon pied : je ne suis pas un grand descendeur au sens propre du terme, mais je me débrouille pas trop mal ! Au 8°, le dénivelé oblige parfois à s’accrocher au moindre rocher ou arbre à proximité, ça risque de piquer aux jambes quand on en aura 35 dans les pattes ! Je branche mon ipod à bas volume au bout d’une heure et demie (pour ne pas faire l’autiste et pouvoir communiquer avec les autres coureurs), avec Norah Jones, Fink et Jamie Mc Cullum dans les oreilles le plaisir ne peut être que total ! Les kilomètres s‘enchainent, ça monte et ça descend, et re-re-rebelote, le parcours est vraiment casse-pattes. Le paysage est cependant d’une rare beauté, entre passages boisés et points de vue panoramiques où l’on monte au dessus du niveau des nuages, j’en profite pour prendre quelques photos quand je le peux. Le temps file, mais pas les kilomètres : je jette un coup d’œil au cardio au début du 13°, à nouveau après ce qui me semble être une éternité, et nous sommes toujours au 13° ! Je suis partagé entre deux sentiments : « Putain, c’est pas prêt de finir c’t’affaire ! » et « Je prends un kif phénoménal et ça n’a pas de fin, je dois être au paradis ! ». Arrive la montée du 18°, qui est terrible et met fin à mon kif passager : elle grimpe à n’en plus finir, on sue à grosses gouttes, tout le monde marche à pas de tortue, et pourtant le cardio monte à 163 puls ! J’ai à ce moment-là de la course la conviction que l’organisateur est adepte de pratiques S-M , et m’attends à voir surgir Denis Brogniard au détour d’un virage (je flippe, j’ai même pas de collier d’immunité). S’en suit une descente difficile à négocier avec les muscles engorgés et douloureux, mais je sais qu’un ravito nous attend à mi-parcours.
Les Dieux du trail sont des petits plaisantins !
25° : 4 heures de course, ravito où je remplis mon camel-bag, et m’octroie ma première vraie pause. Je retire mes chaussettes, constate que mes pieds ne sont pas en trop mauvais état, une couche de Nok, une nouvelle paire de chaussettes, j’ai l’impression d’être dans des charentaises ! Nouveau T-shirt également, je me remets en route et en profite pour phoner chez moi et prévenir que je n'appellerai probablement pas à midi comme je l'avais dit (très probablement plus tard….), afin que ma femme ne s’inquiète pas.
Au bout de 500 mètres, nous empruntons un long tunnel et sommes vite plongés dans l’obscurité la plus complète : j’ai bien fait de ranger ma frontale dans mon sac, tiens…. On avance à tâtons (j’ai retirés les écouteurs, déjà que je suis aveugle autant ne pas y rajouter la surdité), et enfin arrive la clarté. Tiens, un océan de boue ! C’est pas la 1° fois sur la parcours et ça ne surprend plus à présent… sauf que là, je m’enfonce jusqu’aux chevilles ! DANS MON CUL MES NOUVELLES CHAUSSETTES ET MES PIEDS DE VELOURS ! Je rage de ce coup du sort, trempe mes pieds dans une mare aux canards à proximité, et repars avec un petit coup au moral….. Ceci dit, je constate avec plaisir que je suis (toutes proportions gardées) encore frais, que les jambes suivent plus que correctement, et que je gère plutôt bien la succession de descentes et de montées : l’œil vif, le pied alerte, les cheveux au vent, des hordes de femmes hurlant mon nom à chaque virage (ou pas), et surtout une odeur de feneck du plus bel effet en prime. Cette deuxième partie se passe mieux que je ne l’aurais pensé (et espéré), j’ai l’impression de doubler plus de coureurs que de n’être doublé : je suis conforté dans l’idée de ne pas avoir pris de bâtons, l’option appui sur les cuisses dans les montées est payante, et au moins j’ai les mains libres pour les descentes. Cependant, la technicité du parcours obligé à être constamment aux aguets : celui-ci est tellement rocailleux, juché de cailloux, pierres et racines, que la vigilance doit être de mise en continu, obligeant à se freiner et ne pas« se lâcher » dans les descentes au risque de se péter la cheville à la moindre occasion et de mettre fin à cette belle aventure.Je souhaite bon courage aux coureurs que je passe, jusqu’à ce que l’un d’entre eux me dise : « C’est bon, plus que 50 ! » ; je suis bluffé, et me demande à ce moment-là où les concurrents du méga-trail vont chercher les ressources nécessaires à une telle distance. Au 38°, je me retrouve seul sur le parcours, et rejoins bientôt un gars sympa de Châlons-en-Champagne, avec qui je vais courir le reste du parcours. Les montées sont toujours aussi raides, certaines sont équipées de cordes pour assurer une prise et ne pas devoir monter à quatre pattes, et nous passons même un passage en échelle encadré par une équipe de sécurité : c’est pas du vice, ça, au bout de 40 kilomètres ? Nous passons le marathon en 6h50 (record battu à tout jamais!), et abordons le dernier ravito au 45°, où une dame nous annonce une dernière montée, « dure, mais c’est la dernière ! ». Elle n’aura pas menti, celle-ci nous laisse sur les rotules, le souffle court. Vient alors le passage obligé dans toute course, où l’on se dit que la plaisanterie a assez duré, et où la pensée d’une bière et d’un bain chaud devient une obsession de tous les instants. Au 49°, mon collègue d’infortune attrape une crampe à la cuisse, je marche avec lui le temps que ça passe et nous repartons tranquillement. Sur les 3 derniers kilomètres, je sens que les sensations sont bonnes, et je m’en vais vers la ligne sur une allure de 5’ au kilo que je n’avais même pas espéré en pensée à ce moment de la course : je suis aux anges, je finis mon premier ultra dans de bonnes conditions, j’ai l’impression de voler, il fait beau, je ne pouvais rêver mieux ! Je passe la ligne en 8h50, le bonheuromêtre au maximum (classement final : 86° sur 242 !). J’apprends que la vainqueur l’a emporté en 5h40, et suis conforté dans l’idée que la parcours est vraiment couillu ! J’attends mon pote sur la ligne en l’applaudissant, et nous nous posons, fourbus mais heureux. S’en suivent les habituels coups de fil à la famille, la douche, un passage trèèèèèèèès apprécié au stand des kinés, et un repas très apprécié également. Je reprends la route pour la maison, et refais la course dans ma tête pendant les 3 heures de route.
Epilogue……
A l’heure où j’écris ces lignes, mes jambes sont dures comme du béton, mais je suis toujours sur mon nuage. J’avais dit que si la course se passait bien, je m’inscrirais l’année prochaine pour le méga-trail, mais il faut avoir fait la petite version auparavant pour savoir ce qu’un effort supplémentaire pareil représente. On verra bien, mais plus les jours passent et plus ça ma chatouille……Une chose est claire, j’ai le virus : les prochaines courses sur route (déjà que je n’en faisais pas beaucoup) vont me sembler bien ternes….
La citation-je-me-la-joue-intello-mais-c’est-tellement-vrai (Lao Tseu je crois) : « il n’y a pas de chemin vers le bonheur, le bonheur est le chemin. »
par Jerome59263
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- deru84
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Réponse de deru84 sur le sujet Re: Le Roc La Tour : mon 1° petit ultra !
Posted il y a 12 ans 4 mois #176001
Bravo pour ta course ! Tu y as pris ton pied apparemment
Merci aussi pour le CR, dont j'ai relevé quelques phrases qui mériteraient de figurer au palmarès
Merci aussi pour le CR, dont j'ai relevé quelques phrases qui mériteraient de figurer au palmarès
par deru84
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- garth0
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Réponse de garth0 sur le sujet Re: Le Roc La Tour : mon 1° petit ultra !
Posted il y a 12 ans 4 mois #176002
Très beau CR (dont certaines phrases m'ont fait bien rire) et félicitations pour ta course.
par garth0
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- neochti
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Réponse de neochti sur le sujet Re: Le Roc La Tour : mon 1° petit ultra !
Posted il y a 12 ans 4 mois #176004
ah oui, jerome, c'est clair qu'on l'a fait ensemble ou presque ^^
tu as l'art et la manière pour retranscrire cela de facon humoristique , j'ai rigolé et apprécié en connaissance quelques jolis passages.
Notamment la fin du tunnel, et le petit bain ds la mare a canards juste a la sortie !
les quelques blagues graveleuses sur les postérieurs féminins ....je demande des précisions car figure toi que j'ai échangé quelques phrases avec un type sur cette thématique en début de course (enfin c'est surtout lui qui en parlait!) ne serait ce pas toi quand meme ?
Pour les pieds et l'humidité meme combat !!
et enfin, n'hesites pas a t'inscrire sur le grand l'année prochaine, tu ne regretteras pas, mais t'attends pas a une fin plus facile hein, quand tu parles de sadomasochisme, je peux te dire que les orga ont poussé le vice jusqu'au bout, notamment a 3-4 kilomètres de l'arrivée avec un passage sous une voute de moins d'1 metre de hauteur, tu vois le truc.
félicitation pour ta belle course et ton chrono ! fallait le faire
les ardennes sont belles hein !!
tu as l'art et la manière pour retranscrire cela de facon humoristique , j'ai rigolé et apprécié en connaissance quelques jolis passages.
Notamment la fin du tunnel, et le petit bain ds la mare a canards juste a la sortie !
les quelques blagues graveleuses sur les postérieurs féminins ....je demande des précisions car figure toi que j'ai échangé quelques phrases avec un type sur cette thématique en début de course (enfin c'est surtout lui qui en parlait!) ne serait ce pas toi quand meme ?
Pour les pieds et l'humidité meme combat !!
et enfin, n'hesites pas a t'inscrire sur le grand l'année prochaine, tu ne regretteras pas, mais t'attends pas a une fin plus facile hein, quand tu parles de sadomasochisme, je peux te dire que les orga ont poussé le vice jusqu'au bout, notamment a 3-4 kilomètres de l'arrivée avec un passage sous une voute de moins d'1 metre de hauteur, tu vois le truc.
félicitation pour ta belle course et ton chrono ! fallait le faire
les ardennes sont belles hein !!
par neochti
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- Jerome59263
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Réponse de Jerome59263 sur le sujet Re: Le Roc La Tour : mon 1° petit ultra !
Posted il y a 12 ans 4 mois #176021
Merci pour vos messages !
@ neochti : Oh oui, qu'elles sont belles ! Quand je dis dans me CR que les paysages sont d'une beauté rare, je ne me force pas, je le pense à 110 % ! Je vais pleurer lors de mes prochaines sorties le long de la Deûle........
Pour l'année prochaine, je sais que l'aventure AMT ne sera pas "de tout repos" (bel euphémisme, non ? ) si je me lance, mais au vu de ton CR et des autres que j'ai pu lire, ça doit en valoir largement la chandelle...... En revanche, la date de l'édition 2013 me gène un peu, j'avais pu me "libérer" de mon vendredi en demandant à être de surveillance pour le brevet des collèges toute la journée la veille, mais là le 15 juin, va falloir négocier !
Pour les discussions graveleuses, ça n'est pas moi, en fait celle que j'ai entendue concernait une pratique obscure dont je tairai le nom (petit indice : ça commence par "Fi" et ça finit par "st")...... Qui a dit que la pratique du trail n'ouvrait pas l'esprit à de grandes réflexions ?
@ neochti : Oh oui, qu'elles sont belles ! Quand je dis dans me CR que les paysages sont d'une beauté rare, je ne me force pas, je le pense à 110 % ! Je vais pleurer lors de mes prochaines sorties le long de la Deûle........
Pour l'année prochaine, je sais que l'aventure AMT ne sera pas "de tout repos" (bel euphémisme, non ? ) si je me lance, mais au vu de ton CR et des autres que j'ai pu lire, ça doit en valoir largement la chandelle...... En revanche, la date de l'édition 2013 me gène un peu, j'avais pu me "libérer" de mon vendredi en demandant à être de surveillance pour le brevet des collèges toute la journée la veille, mais là le 15 juin, va falloir négocier !
Pour les discussions graveleuses, ça n'est pas moi, en fait celle que j'ai entendue concernait une pratique obscure dont je tairai le nom (petit indice : ça commence par "Fi" et ça finit par "st")...... Qui a dit que la pratique du trail n'ouvrait pas l'esprit à de grandes réflexions ?
par Jerome59263
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- neochti
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Réponse de neochti sur le sujet Re: Le Roc La Tour : mon 1° petit ultra !
Posted il y a 12 ans 4 mois #176026
ah, bein c'etait pas moi non plus
par neochti
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