La bête du Mont Saint Michel
- Mar2kfait
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Bonjour,
Tout d’abord j’aimerai rappelé même si déjà de très nombreux forumeurs du site l’ont également fais, cette course est vraiment splendide avec une arrivée magnifique au pied du Mont (même si c’était la dernière fois ) et, je le répète toujours, les bénévoles ont vraiment fait un boulot génial pour son succès. J’aimerai également remercié ma femme pour son soutient permanent et sa patience, mes petits bouts avec des phrases du genre « c’est pas grave papa si tu n’es pas premier », ma famille et mes amis qui ont été à mes côtés depuis la prépa jusqu’au pied du Mont.
De mon côté je suis ravi pour plusieurs raisons, la première, évidente celle là, j'ai finis le marathon, la seconde, j'ai passé un excellent weekend avec la famille et les amis (bon OK pas terrible pour la récup pas évident de résister aux spécialités locales). Mais également pour moi la raison plus importante, car je voulais faire un marathon pour cela, je me suis dépassé. J'ai attendu avec impatience ce face à face, je le souhaitais, le voulais, moi le nul en sport, allais je réussir? Et oui, j'ai finis ! Certes dans des douleurs atroces, souvent au bord des larmes, pas après pas, au-delà du chrono j'ai franchis la ligne, ou plutôt une ligne...reste les prochaines à écrire. Comme on dit " ça, c'est fait !"
Après un prépa marquée par une grippe/bronchite, une chute de scooter cette journée commence mal, enfin pour moi, le beau temps est annoncé ! Soleil ! "Super je me suis entrainé que par mauvais temps ou dans le froid je grogne dans la voiture « je n’aime pas le soleil ». "En plus j'ai oublié ma casquette, tiens les épingles pour le dossard aussi..ça commence bien !". Ma femme (mon support) s'inquiète connaissant mes difficultés, pas forcement à la chaleur, mais sous le soleil, je la rassure..."j'irai doucement", là je ne l'ai pas convaincu.
J’éveille la curiosité d’une autre belle qui m'observe depuis la plage, elle sourit quand elle me voit en retard courant juste à temps pour la consigne, rigole de me voir loin des meneurs d'allure 4h alors que j'ai dit à ma femme "je serai juste devant ou juste derrière les meneurs 4h00", pouffe après le départ quand je remonte vers les meneurs d’allure, elle décide de me suivre, d’aller à ma rencontre elle me frôlera même au mollet gauche au 15ième, mais ce n'était pas encore le moment, son moment, elle est trop sournoise pour ça, bien trop cruelle "pas maintenant » dit elle, « mais je reviendrai "…de ça j’en suis sur.
Elle prend un raccourci et viens se loger derrière le mur, se tapissant, grossissant, affutant ses crocs pendant que moi, obligé d'uriner pendant 45 seconde (montre en main ) au 25 ième je dois à nouveau accélérer pour rattraper le meneur 4h. Elle est là dans l'ombre quand j'embrasse ma femme au 30 ième. Elle m'observe avec inquiétude lorsque je commence à ressentir les effets dévastateurs au niveau de la moyenne en raison du changement de carburant commençant à payer mes trop nombreux changement de rythme, gambergeant à "pourquoi je cours, à quoi ça sert, regarde plein monde abandonne, tiens un poste abandon à 200 mètres, pourquoi pas...tu as lâché le groupe 4 heures, tiens tu as oublié de boire au dernier ravito… ", elle songe « va-t-il abandonner avant notre rencontre ? », mais rapidement elle sait que son heure arrive car elle jubile me voyant dans la ligne droite du 36ième commençant à reprendre de l' allure et le moral après le stand Addidas, je l'attendais à gauche, elle frappe à droite à la sortie d'un virage, je pensais le mollet mais non elle a grossis, elle frappe du haut de la cuisse à la cheville, en une demi seconde ma jambe est entièrement paralysée, je n'ai rien vu venir, rien. Dans sa grande cruauté elle a frappé 50 mètres après un poste abandon.
Un jeune homme arrive "allongez-vous monsieur", j’en pleure, ce n’est pas possible d'avoir aussi mal, je refuse "si je m'allonge, je n'arriverai plus à repartir", je m'étire, marche, « allez ! » pas après pas elle s'éloigne, je me dis "à la ligne du 37 tu trottines, tu as tellement galéré depuis 5 bornes ! Durant cet hiver par - 10 et puis ma femme m’attend". Au 37ième je cours à nouveau, j’oublie les 4 heures encore atteignables au 36...finir est la seul chose qui m'importe, je relance, elle frappe à nouveau juste avant le début de la dernière ligne droite, mais cette fois ci à gauche, la même, elle m'arrache un cri, je m'écarte de la route, et marche à nouveau 300 mètres, je relance à nouveau, je suis porté par la foule mais je me traine, elle me mordille dès que j’accélère… le Mont est face à moi, il est immense, majestueux, un monde de fou sur les côtés m’encourage, le meneur 4h15 me double, je n'arrive pas à suivre, dès que j'accélère elle me mord soit la cuisse soit le mollet…je prends mon mal en patience et j’y vais genre footing de récup à 7mn au kil en alternant avec un peu de marche dès qu’elle mordille, le tapis rouge, enfin, j’entends Shakira qui chante "waka waka" je ne résiste pas, je fais quelques pas de danse (je ne suis plus à 20 secondes et puis je préfère finir comme ça, c’est comme ça que je vois les choses, le plaisir !) et je passe la ligne en faisant le pitre. La bête frappe à nouveau, une dernière fois, mais là au pied de l'archange, lui qui a vaincu le Dragon, elle hésite et puis elle bat en retraite vite fait... « A bientôt » soupire t-elle.
Résultat 4h15…pas très fatigué (à minuit je trinquais encore ! ), j’aurai ma revanche parce qu’au niveau cardio les 3h50 ils y étaient ! « On apprend de ses échecs » et pourtant ici ce n’est pas un échec et pourtant, et pourtant, j’ai appris beaucoup sur la CAP et sur moi même. A Cancale dimanche soir, en terrasse dégustant des huîtres avec du vin blanc (quitte à avoir des crampes ) je regarde le Mont au loin, je prends conscience de la distance en parcourant le panorama et de l’exploit réalisé par tous les coureurs aujourd’hui, mes proches me disent c’est dingue, mes pensées à ce moment là vont à tous ceux que j'ai vu au bord des routes qui ont combattus ces créatures qui nous rappellent que nous sommes pas que des machines...
@ +
Tout d’abord j’aimerai rappelé même si déjà de très nombreux forumeurs du site l’ont également fais, cette course est vraiment splendide avec une arrivée magnifique au pied du Mont (même si c’était la dernière fois ) et, je le répète toujours, les bénévoles ont vraiment fait un boulot génial pour son succès. J’aimerai également remercié ma femme pour son soutient permanent et sa patience, mes petits bouts avec des phrases du genre « c’est pas grave papa si tu n’es pas premier », ma famille et mes amis qui ont été à mes côtés depuis la prépa jusqu’au pied du Mont.
De mon côté je suis ravi pour plusieurs raisons, la première, évidente celle là, j'ai finis le marathon, la seconde, j'ai passé un excellent weekend avec la famille et les amis (bon OK pas terrible pour la récup pas évident de résister aux spécialités locales). Mais également pour moi la raison plus importante, car je voulais faire un marathon pour cela, je me suis dépassé. J'ai attendu avec impatience ce face à face, je le souhaitais, le voulais, moi le nul en sport, allais je réussir? Et oui, j'ai finis ! Certes dans des douleurs atroces, souvent au bord des larmes, pas après pas, au-delà du chrono j'ai franchis la ligne, ou plutôt une ligne...reste les prochaines à écrire. Comme on dit " ça, c'est fait !"
Après un prépa marquée par une grippe/bronchite, une chute de scooter cette journée commence mal, enfin pour moi, le beau temps est annoncé ! Soleil ! "Super je me suis entrainé que par mauvais temps ou dans le froid je grogne dans la voiture « je n’aime pas le soleil ». "En plus j'ai oublié ma casquette, tiens les épingles pour le dossard aussi..ça commence bien !". Ma femme (mon support) s'inquiète connaissant mes difficultés, pas forcement à la chaleur, mais sous le soleil, je la rassure..."j'irai doucement", là je ne l'ai pas convaincu.
J’éveille la curiosité d’une autre belle qui m'observe depuis la plage, elle sourit quand elle me voit en retard courant juste à temps pour la consigne, rigole de me voir loin des meneurs d'allure 4h alors que j'ai dit à ma femme "je serai juste devant ou juste derrière les meneurs 4h00", pouffe après le départ quand je remonte vers les meneurs d’allure, elle décide de me suivre, d’aller à ma rencontre elle me frôlera même au mollet gauche au 15ième, mais ce n'était pas encore le moment, son moment, elle est trop sournoise pour ça, bien trop cruelle "pas maintenant » dit elle, « mais je reviendrai "…de ça j’en suis sur.
Elle prend un raccourci et viens se loger derrière le mur, se tapissant, grossissant, affutant ses crocs pendant que moi, obligé d'uriner pendant 45 seconde (montre en main ) au 25 ième je dois à nouveau accélérer pour rattraper le meneur 4h. Elle est là dans l'ombre quand j'embrasse ma femme au 30 ième. Elle m'observe avec inquiétude lorsque je commence à ressentir les effets dévastateurs au niveau de la moyenne en raison du changement de carburant commençant à payer mes trop nombreux changement de rythme, gambergeant à "pourquoi je cours, à quoi ça sert, regarde plein monde abandonne, tiens un poste abandon à 200 mètres, pourquoi pas...tu as lâché le groupe 4 heures, tiens tu as oublié de boire au dernier ravito… ", elle songe « va-t-il abandonner avant notre rencontre ? », mais rapidement elle sait que son heure arrive car elle jubile me voyant dans la ligne droite du 36ième commençant à reprendre de l' allure et le moral après le stand Addidas, je l'attendais à gauche, elle frappe à droite à la sortie d'un virage, je pensais le mollet mais non elle a grossis, elle frappe du haut de la cuisse à la cheville, en une demi seconde ma jambe est entièrement paralysée, je n'ai rien vu venir, rien. Dans sa grande cruauté elle a frappé 50 mètres après un poste abandon.
Un jeune homme arrive "allongez-vous monsieur", j’en pleure, ce n’est pas possible d'avoir aussi mal, je refuse "si je m'allonge, je n'arriverai plus à repartir", je m'étire, marche, « allez ! » pas après pas elle s'éloigne, je me dis "à la ligne du 37 tu trottines, tu as tellement galéré depuis 5 bornes ! Durant cet hiver par - 10 et puis ma femme m’attend". Au 37ième je cours à nouveau, j’oublie les 4 heures encore atteignables au 36...finir est la seul chose qui m'importe, je relance, elle frappe à nouveau juste avant le début de la dernière ligne droite, mais cette fois ci à gauche, la même, elle m'arrache un cri, je m'écarte de la route, et marche à nouveau 300 mètres, je relance à nouveau, je suis porté par la foule mais je me traine, elle me mordille dès que j’accélère… le Mont est face à moi, il est immense, majestueux, un monde de fou sur les côtés m’encourage, le meneur 4h15 me double, je n'arrive pas à suivre, dès que j'accélère elle me mord soit la cuisse soit le mollet…je prends mon mal en patience et j’y vais genre footing de récup à 7mn au kil en alternant avec un peu de marche dès qu’elle mordille, le tapis rouge, enfin, j’entends Shakira qui chante "waka waka" je ne résiste pas, je fais quelques pas de danse (je ne suis plus à 20 secondes et puis je préfère finir comme ça, c’est comme ça que je vois les choses, le plaisir !) et je passe la ligne en faisant le pitre. La bête frappe à nouveau, une dernière fois, mais là au pied de l'archange, lui qui a vaincu le Dragon, elle hésite et puis elle bat en retraite vite fait... « A bientôt » soupire t-elle.
Résultat 4h15…pas très fatigué (à minuit je trinquais encore ! ), j’aurai ma revanche parce qu’au niveau cardio les 3h50 ils y étaient ! « On apprend de ses échecs » et pourtant ici ce n’est pas un échec et pourtant, et pourtant, j’ai appris beaucoup sur la CAP et sur moi même. A Cancale dimanche soir, en terrasse dégustant des huîtres avec du vin blanc (quitte à avoir des crampes ) je regarde le Mont au loin, je prends conscience de la distance en parcourant le panorama et de l’exploit réalisé par tous les coureurs aujourd’hui, mes proches me disent c’est dingue, mes pensées à ce moment là vont à tous ceux que j'ai vu au bord des routes qui ont combattus ces créatures qui nous rappellent que nous sommes pas que des machines...
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Last Edit:il y a 12 ans 6 mois
par Mar2kfait
Dernière édition: il y a 12 ans 6 mois par Mar2kfait.
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- maxantel
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Réponse de maxantel sur le sujet Re: La bête du Mont Saint Michel
Posted il y a 12 ans 6 mois #169065
Beau compte rendu. Un marathon marque vraiment les esprits du coureur mais aussi de tout son environnement.
par maxantel
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- Reg
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Super compte-rendu, c'est vraiment marrant de constater à quel point on a tous vécu une expérience inédite dans ces derniers kilomètres.
par Reg
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- laurent50
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Réponse de laurent50 sur le sujet Re: La bête du Mont Saint Michel
Posted il y a 12 ans 6 mois #169086
Bravo à toi pour la course et pour le CR très réussi
j'ai même eu mal à la cuisse rien qu'en te lissant
bonne récup marathonien
j'ai même eu mal à la cuisse rien qu'en te lissant
bonne récup marathonien
par laurent50
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- Book59
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Joli compte rendu
Trop bon de dépasser ces limites
Trop bon de dépasser ces limites
par Book59
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- Latraviata
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Réponse de Latraviata sur le sujet Re: La bête du Mont Saint Michel
Posted il y a 12 ans 6 mois #169278
Bravo pour le CR
par Latraviata
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