Trail des forts de Besançon : lâchons les watts !

Oui je l'avoue : j'ai craqué !

Hier, 13 mai, avait lieu le Trail des forts du Grand Besançon (28km - 1140mD+). J'avais coché ce trail dès le début de l'année : en effet, il se déroule chez moi et c'était mon 1er objectif en 2011 après mes débuts en CAP.
Le trail des forts est vraiment une institution chez les coureurs à pied de Franche-Comté : il en est à sa 9ème édition et fait partie du Trail Tour National depuis quelques années (soit sur le court avec le parcours de 28km ou sur le TTN long sur le 45 km)
Malheureusement, il s'insérait assez mal au milieu des autres objectifs de l'année : 4 semaines après le MDP avec le Tour des Glaciers de la Vanoise 7 semaines plus tard, gilles me conseille de le faire en rando-course avec comme objectif d'arriver bien frais sur la ligne d'arrivée.
Oui mais ....
- je ne veux pas revivre la semi frustration du MDP (où l'objectif de terminer avait été atteint mais où j'avais du rester très raisonnable en FC et laisser filer le chrono en conséquence )
- je voulais voir où j'en étais un an après mon 1er objectif (j'avais terminé alors en 3h12 relativement frais)
- Thomas (ma référence en CAP !) est chaud comme la braise tout envoyer sur la course
- j'ai VRAIMENT envie de courir !

Mon choix est donc fait depuis quelques jours : je ferai la course sans essayer de la gérer comme Gilles me l'a (sagement) conseillé. (J'espère juste que ce craquage n'aura pas trop d'effets sur la suite du plan (le TGV n'est que dans 7 semaines !))

Je définis alors deux objectifs :
- Faire le même temps que l'an passé malgré les 2km supplémentaires (l'an passé, un changement de dernière minute avait raccourci le parcours à 26 km au lieu des 28 annoncés). Pour m'aider, je note mes temps de passage 2011 à des endroits facilement identifiables sur un petit papier que je glisse dans la poche de mon short.
- Diminuer l'écart qui me sépare de Thomas de moitié (l'an passé, il m'avait mis 21 min ... je ne dois donc pas lui en laisser plus de 10 cette année )

Revenons à la course ...
Le départ étant donné à 9h au stade de la Malcombe à Besançon, nous arrivons vers 8h15 avec Thomas et Jean-Claude, mon beau-père. Le temps est au beau fixe mais la température reste fraiche (8° à 8h), j'opte pour le tee-shirt manches courtes + manchettes, mais je laisserai vite les manchettes dans le sac avant le départ après l'échauffement. On se lance pour un petit échauffement autour du stade, les sensations sont alors très moyennes (jambes sans tonus et pulses assez hautes), mais je décide de ne pas trop y faire attention (je sais que le stress avant course me fait toujours un peu psychoter sur mon état de forme). Le speaker annonce le départ dans 5 min, on se rapproche alors de la ligne.
L'excitation commence à monter, j'ai vraiment envie d'y aller et de me battre !
Jean-Claude (CAPeur depuis 20 ans) veut la faire cool vu son manque de volume ces dernières semaines, tandis que nous nous plaçons un peu plus haut avec Thomas. On se rappelle tout de même de ne pas s'emballer les premiers km (tout plat), car après, ça peut devenir long ! Dernière recommandation à Thomas : "Surtout ne te retourne pas ... je ne serai pas loin ! "

PAN ! C'est parti !

Les 2 premiers km consistent à faire le tour du complexe sportif pour étirer le peloton avant les 1ers singles. L'intention est louable mais le problème est alors de savoir ne pas se jeter complètement dans la course au risque de finir carbonisé très peu de temps après ! Je me laisse embarquer par le flot à 12,5km/h de moyenne (entre mon AS21 et mon AS10 ... ) tout en me répétant que je pars trop vite. Thomas est alors à 150m devant moi. La boucle terminée, on se dirige alors vers le bas de la colline de Rosemont : ça y est, ça va monter ! !

1er point chrono : Rond Point de Rosemont (2,72km) - 13'27 soit 1'23 d'avance sur 2011
Ouch ! C'est effectivement parti vite ! Je n'ai aucune idée de ma FC vu que j'ai décidé de n'afficher que le chrono, la distance et la vitesse moyenne sur ma Garmin. J'enregistre ma FC mais je ne la connaitrai qu'à l'issue de la course pour ne pas me faire parasiter par cette donnée. (Heureusement d'ailleurs, je suis alors à ce moment là à 93% de ma FCmax ).

Je suis content de voir arriver les premières montées pour pouvoir enfin marcher ... Après quelques mètres, j'aperçois le tee-shirt bleu de Thomas : j'arrive à sa hauteur, une petite tape sur les fesses : "je t'avais bien dit de ne pas te retourner ". On se dit rapidement qu'on est parti un peu vite et qu'il faut temporiser ... Après un single bien raide et boueux, on rejoins alors un sentier d'esploitation forestière moins pentu et là, on a pas le choix ... il faut courir ! On tient un bon 9-10 de moyenne qui nous permet de rester dans le flux des coureurs mais qui nous fait quand même taper dedans. On arrive à nouveau sur une partie plus technique avec caillasse et boue en sous-bois, on ralentit alors le rythme à cause des bouchons. Le sommet arrive vite ensuite et je fais rapidement le point : "on est parti depuis une demi-heure et je suis en course avec Thomas : ma journée ne sera pas perdue quoiqu'il arrive ! ). La descente vers le quartier de Velotte alterne longues lignes droites et passage plus techniques. Thomas est définitivement plus à l'aise que moi en descente et prend vite le large pendant que je galère à essayer de contenir ma foulée. J'ai vraiment du mal à me laisser aller et je morfle à essayer de maitriser ma vitesse.
On retrouve ensuite un peu de bitume et du plat où je peine à envoyer au-delà de 13km/h (mes ischios se rappellent à mon bon souvenir )

2ème point chrono : Cimetière de Velotte 6,52km - 39'48 soit 4'05 d'avance sur 2011

A peine le temps de calculer dans ma tête l'avance dont je dispose que la route s'élève à nouveau. J'avoue que j'accueille cette côte avec plaisir : je me fatigue beaucoup plus à essayer de me maintenir au niveau sur le plat et en descente que lors des montées. Je vérifie ce que j'avais déjà remarqué l'an passé : j'arrive à marcher relativement vite en côte et à doubler d'autres concurrents qui tentent de continuer à trottiner. De plus la montée de Chaudanne se fait dans des pierriers où doubler est compliqué : on se retrouve donc tous à marcher à la queuleuleu sans se poser de questions : une bonne occasion de reprendre son souffle !
La descente de Chaudanne est encore plus glissante que Rosemont : des marches formées de rondins de bois sont très glissantes et le peloton ressemble plus à une représentation d'Holliday on ice ! Une fois de plus, j'ai du mal à me lâcher en descente et je sens bien mes mollets et mes cuisses qui dégustent à chaque impact .
En retrouvant le bitume en bas de la colline, surprise : on bifurque à droite contrairement à l'année dernière et à ce qui était indiqué sur le site de la course. L'option choisie risque de raccourcir l'ensemble et je me demande alors si on aura bien les 28km promis.
La partie qui suit est plate et bitumée et nous emmène au passage fluvial sous la Citadelle après avoir traversé le Doubs. Ce passage (qui permet aux péniches d'éviter de parcourir toute la Boucle du Doubs (voir carte ) a la très mauvaise idée d'être en léger faux-plat montant. Je fais un rapide point sur ma course : on a passé l'heure de course, je suis bien en avance sur mes temps de 2011 mais je suis aussi pas mal entamé : j'ai les cuisses qui me tirent et je ressens un début de crampe dans les mollets, pas brillant tout ça. J'attends le 1er ravito avec impatience et me dis qu'il va falloir gérer la montée de la Citadelle, sinon la sanction sera immédiate ! Le passage par la Citadelle est le point fort de cette course : le parcours nous fait passer par les remparts de Vauban qui surplombent le Doubs puis traverser le parc zoologique. Ca c'est l'aspect touristique de la chose. Ce qui est moins rigolo, c'est qu'il faut y monter et que la Citdelle est sur un éperon rocheux. On attaque par des escaliers (300m à +de 25%) puis une montée sur bitume (400m à 20%) et enfin, une montée sur les remparts hauts d'une quinzaine de mètres par des escaliers (encore !). Autant dire que je n'ai aucune envie de faire le mariole en courant tout le long ! Je monte donc au train en marchant à grandes enjambées quand en arrivant au pied du dernier escalier, j'entends Thomas qui m'appelle : il est sur les remparts à quelques dizaines de mètres (verticaux !) de moi. Je lui réponds de ne pas se retourner car j'arrive ... il m'écoutera : je ne le verrai plus avant l'arrivée !

3ème point-chrono : Carrefour sortie de la Citadelle 13,27km - 1h24'50 soit 5'19 d'avance sur 2011

Lors des km suivant, je sors un peu de ma course : je suis un peu fatigué et la longue montée vers la Chapelle des Buis me casse. J'ai bien du mal à relancer et alterne marche et course sur des portions normalement courables (8-10%). J'essaie de ne pas paniquer en maintenant tant bien que mal un rythme à la fois supportable et régulier. Je sais aussi qu'en haut de cette montée je serai encouragée par ma filleule Marilou et ses parents : il faut donc faire bonne figure ! Je lui fais un petit bisou en passant et repars en direction de la descente qui va nous amener vers le 2ème ravito. Connaissant cette descente (1km de lacets à 20% dans la boue), je sais que ça va être un carnage ... et ça n'a pas loupé : Le sentier semble avoir été retourné par un troupeau de sangliers ! Les traces dans la boue ne mentent pas : chaque trace de chaussure s'étale sur 40 cm dans le sens de la pente et tous les coureurs glissent comme ils peuvent en gardant leur équilibre : attention aux chevilles !
Une fois la descente passée, on retrouve alors un peu de bitume avant le ravito de Morre où je refais le plein de mon camel et prend 2-3 morceaux de pains d'épices à la volée. On arrive à deux heures de course et je commence à me dire que les 3h sont jouables ! Je me sens mieux de nouveau et mes cuisses me font moins mal qu'il y a une heure : allez on traine pas !
On attaque assez rapidement une montée bien raide 400m à 15-20% et je sens que les jambes fonctionnent : j'envoie un peu tout en marchant et double quelques concurrents. En haut de cette montée, on rejoint alors une courte portion de bitume où nous attendent nos femmes, les enfants et mes parents : c'est la 1ère course où j'ai autant de monde pour m'encourager ! Je fais un petit bisou à ma fille ainée puis je repars (j'apprendrai ensuite qu'elle voulait courir avec son Papa et qu'elle était déçue que je sois partis aussi vite .


4ème point chrono : Virage de la Malate 19,27km - 2h08'20 soit 10'20" d'avance sur 2011
Le calcul est vite fait : j'ai 10 min d'avance, si j'en gratte encore 2, je suis sous les 3h !

La partie qui suit est très cassante : il s'agit d'un chemin technique tout en dévers qui alterne montée et descente. J'essaie de trottiner mais entre les appuis fuyants, la cheville en torsion permanente et les différents coups de cul, c'est bien compliqué. Pour ne rien arranger, doubler devient vraiment dangereux et je préfère souvent attendre un passage un peu plus large pour ne pas risquer de glisser en contrebas. Après ces 2,5km "courus" à 8 km/h, on rattrape un sentier plus large qui va nous mener au sentier médiéval. Je connais maintenant par coeur cette portion et sait que c'est maintenant qu'il faut envoyer. Je continue d'alterner marche et course et double pas mal de coureurs. On traverse le superbe site du château médiéval avant de redesendre en direction du fort militaire que l'on aperçoit au-dessus des falaises.

5ème et dernier point chrono : Carrefour du château (22,45km) 2h33'11 soit 13'41 d'avance sur 2011

Moins d'une demi-heure pour monter au fort et redescendre vers Montfaucon, je sais que c'est gagné .... mais je n'oublie pas mon 2ème objectif, limiter l'écart avec Thomas ! Quelques mètres après le carrefour, je crois d'ailleurs reconnaitre son tee-shirt mais je réalise vite mon erreur : le coureur en question est complètement en perdition, pas trop le genre de Thomas !
Le sentier s'élève tranquillement sur un petit km à 8% avant de remonter plus fort (15%) sur 800m que ce soit sur la 1ère partie où je trottine ou la seconde où je marche, je double pas mal de concurrents. Hormis les jambes un peu tendues, je me sens étonnament bien et presque plus frais qu'en début de course . A coté de moi, ça commence à être plus dur pour d'autres coureurs : les derniers hectomètres dans le champ qui surplombe les falaises d'escalade sont bien difficile après quasiment 3h de course . On arrive alors au sommet de Montfaucon (600m), je sais qu'il reste environ 2km de descente et c'est fini ! J'essaie alors d'allonger ma foulée en me relâchant un maximum (tout en restant concentré sur mes appuis of course !) mais le sentier est très caillouteux et assez glissant et j'ai du mal à dépasser le 15 à l'heure. Je sors ensuite du sentier et retrouve le bitume et les rues de Montfaucon, je croise alors Victor, un copain d'entrainement en convalescence qui m'encourage pour les derniers hectomètres ; puis c'est ma tante qui me suit en trottinette (!) quasi jusqu'à l'arrivée. Un dernier virage, une montée de talus, et voilà la ligne ! Un dernier sprint pour gratter des secondes et surtout pour .... 2h56'00 !
Je reprends mon souffle, rends ma puce, prends un tee-shirt de finisher et vais manger un peu. Je marche tranquillement au milieu des autres coureurs et accompagnateurs et rejoins ma famille et Thomas pour savoir si le 2ème objectif est atteint ... il m'annonce 2h51 ! (mon beau-père finira en 4h09 : bravo à lui d'être allé au bout !)


Rapide analyse de tout ça ...

Points positifs :
- un vrai plaisir en course : malgré des jambes un peu douloureuses par moment, des bonnes sensations et une condition qui s'est plutôt améliorée au fil de la course (malgré une FC moyenne à 84% )
- des objectifs chronos réalisés : 16min de moins que l'an passé (pour quelques hectomètres de plus) et 4'08 (temps officiel) laissés à Thomas
- des places honorables (pour moi !) : 214ème / 731 au scratch et 121ème / 286 chez les seniors M.
- aucun problème d'alimentation / hydratation : tout comme au MDP, je bois bien et m'alimente sans aucun problème. Pas de rejet ou d'écoeurement.

Points à améliorer (oui, j'ai décidé qu'il n'y aurait pas de points négatifs sur cette course ) :
- des jambes un peu justes surtout en début de course. Je finis avec une sensation de "boule" dans les mollets ... à renforcer !
- rendez-nous nos 2km qui manquent ! Le changement de parcours nous donne au final 26,2km
- euh ... c'est tout

Et bravo aux courageux qui ont tout lu !

28 km , 1140m D+ et moins de 3h...ouch, tu m'etonnes que tu as envoyé !!!

merci pour ce chouette compte rendu et félicitation pour ce tres joli chrono...en espérant que ca ne te soit pas préjudiciable pour la suite

repos et hydratation avec un soupcon d'alimentation équilibrée pour récupérer le plus rapidement possible lol

Très jolie course Guéna, t'as fait un super temps !
T'as encore 7 semaines jusqu'au TGV, ça te laisse largement de quoi récupérer et finir ta prépa pour être au top pour ce bel objectif.

joli guena

Jolie course, bravo !
Tu t'es bien fait plaisir ! Maintenant repos pour bien préparer la TGV...

Bravo pour la belle course et les objectifs atteints