Trail du Mt Ventoux par Sergio !!!

Bonjour à tous,

Allez, je me colle à l’écriture d’un CR relatant « mon » trail du Ventoux.

La veille, le carnaval de l’école bat son plein. Après une promenade autour du village, je me résous à boire comme rafraichissement, un perrier citron en lieu et place des habituelles bières (le trail avait déjà commencé…)

Le lendemain, réveil à 6h00 (nouvelle heure), préparatif, départ pour bédoin et récupération du dossard dans la foulée (l’organisation est bien rodée, tout se passe rapidement (un tee-shirt technique + bouteille de vin + repas en dotation).
Je retourne à ma voiture (garée loin) puis retourne vers la zone de départ.
Je retrouve 2 potes de boulot, engagés sur le 47, mais ni Gilles, ni papadjé.

J’ai avec moi un camelback contenant 1 litre d’eau, et 5 gels à ma disposition. L’idée est de boire avant d’avoir soif… Et de consommer un gel tous les 5 kilomètres.
Je regarde les chaussures des participants : Les salomons font l’unanimité, quelques trabucco et autres chaussures de trail se moquent de mes asics 2150 que j’ai au pied… Et oui, je n’ai pas encore trouvé de chaussures de trail qui me conviennent… Celles essayées me meurtrissent les genoux au bout d’une heure et demi… Souhaitons que cette chausse ne me joue des tours.

Je me place à la fin de la première moitié du peloton, attendant les ordres du starter.
Le départ est donné à 8h15. 1000 coureurs s’élancent, formant un peloton qui s’étire petit à petit, tel un serpent ondulant au pied du Mt Ventoux.

Le début est plutôt roulant, nous sommes 4 à 5 de front dans une file continue, mais bientôt, le chemin se rétrécit, les ralentissements réduisent l’allure et la foulée.

Nous franchissons un passage sablonneux et ocré, puis les premières difficultés se profilent.
Les premières montées se feront en file indienne, à petit rythme, mais cela n’est pas important, la distance à parcourir est suffisamment importante pour ne pas laisser trop de force dès le départ !

Par contre, un facheux oubli ! J’ai oublié d’enlever le stop auto sur ma montre ! Ainsi, lors des « bouchons » (lors des montées), le chrono s’arrête, je n’ai donc plus mon temps réel !

Après quelques kilomètres, nous nous retrouvons en bord de falaise avec sur notre droite une ancienne carrière d’ocre qui nous régale de ses couleurs.

Il fait très beau, le soleil darde ses rayons ; la brume étale ses bras argentés, s’accrochant sur les cols environnants telle une mère protectrice couvant ses enfants (JC et Boris, sortez de ce corps !)

Le terrain est assez exigent, les quelques descentes qui suivent les bonnes montées permettent de récupérer un peu.
Au bout de 7 kilomètres, un « mur » nous fait face et avec, les bouchons liés au passage « délicat » ; où les mains ne sont pas de trop pour assurer l’ascension de cette partie « Alpestre ».

C’est ensuite une succession de montées/descentes avant d’arriver sur la partie montante en continu peu après le kilomètre 10.
Cette ascension me rappelle ce qu’est l’humilité vis-à-vis du dénivelé… Il est inutile de vouloir courir, je me retrouve même à doubler en marchant, ceux qui cherchent à le faire…
Cette portion est difficile pour moi, j’ai l’impression que l’ascension ne se terminera jamais.
On croise parfois la route qui monte vers le Ventoux, mais on bifurque dans la foulée pour retrouver le monotrace. Une racine me fera d’ailleurs un croche pied, qui m’enverra dans un fourré… Sans mal heureusement…

Au quatorzième kilo arrive enfin le ravitaillement. Je m’arrête, mange 2 pâtes de fruit, gobe quelques quartier d’orange, bois un coup, puis repart.
Ca monte toujours, toujours et encore… Mais c’est pas possible !!! Quand est ce que je vais arriver au sommet (à 1260 mètres, pas au sommet du Ventoux qui est lui à 1911m !!!).
Là je me dis : pétard, tu as fait le bon choix de partir sur le petit ! Le grand est vraiment un truc de malade !!!

Ca y est, je vois avec bonheur le carrefour qui annonce enfin la fin de l’ascension.

La joie est de courte durée, cette descente est abominable, une partie minérale abrupte mélant bloc calcaire et failles, oblige à ne pas quitter le sol du regard, sous peine de se retrouver en déséquilibre insurmontable… Et puis, sur ce type de sol, une chute, ça doit faire très, très mal !!!

Après quelques minutes difficiles, le parcours part sur un DFCI roulant (vers le 18ème km)… Que du bonheur d’avoir l’impression de reprendre de la vitesse. Je rattrape alors un gars qui boitille, l’encourage et là il me dit « je suis parti sur le grand parcours, mais je me suis fait la cheville, alors, plutôt que de vouloir le terminer à l’agonie, j’ai préféré basculer sur le « petit » afin de rentrer plus vite ». Cette rencontre sera pour moi très précieuse, car à partir de là, on ne se lâchera plus jusqu’à l’arrivée…

Après ce DFCI, on repart sur du monotrace descendant (bien casse patte) où le profil nous fait traverser un genre de canyon et diverses pentes dans le lit asséché d’une rivière de montagne.
Un randonneur que l’on croise nous dit : allez, vous êtes dans les 75 !!! Aurais je bien entendu ? Cela n’est pas possible ! Au vu de la file de personnes devant moi lors de l’ascension, ce ne peut être le cas… A moins que… Et si une bonne partie étaient sur le 47…

Je suis toujours en duo, on discute, on s’encourage, on se soucie de l’état de l’un-l’autre comme si on se connaissait depuis des années. Pour l’instant, je vais bien et c’est moi qui le « tire » !!!
Vraiment étrange comme sentiment. C’est dans ces moments, où l’on vit un moment difficile et fort, où on communie avec une personne inconnue quelques minutes auparavant qu’on prend conscience que le trail est un état d’esprit… que j’avais perdu depuis des années… Depuis l’armée !!!
Se soutenir, avoir l’impression de ne faire qu’un, lorsqu’on n’est pas loin du bout du rouleau… De se dire : s’il s’arrête, je m’arrête et ne repartirai pas sans lui !

La grosse descente est terminée, nous sommes vers le 23ème et là, c’est moi qui suis dans le dur ! La moindre remontée est vraiment difficile, je suis obligé de marcher lorsque le déniv s’incline dangereusement mais je suis soutenu et encouragé, je ne peux et ne dois pas lâcher !
Arrive enfin le 26ème, mon « ami » me dit : ça y est, je reconnais, on est quasiment au bout !
Effectivement, nous sommes sur la ligne droite avant le dernier virage qui nous amène sous l’arche d’arrivée.
Je lui tape dans la main, le remercie et termine seul (il ne veut pas franchir la ligne puisqu’il est inscrit sur le 47).

Je m’arrête enfin, suis pas loin de voir les étoiles, puis pars au ravito, rejoins par mon « ami ».
Je lui demande le temps qu’on a mis vu que mon chrono est faux… Il me dit « aux alentours de 3h10 » et rajoute « Franchement, c’est un bon temps, tu dois être dans les 60 premiers ».
Je lui dis : « on est dans les 60 premiers, c’est vrai que c’est pas mal ».

Après quelques morceaux de chocolat, quelques verres de coca et d’eau, je me paie une bière !!! Quel délice. C’est ensuite retour à la voiture, puis direction les douches de la piscine municipale histoire de se refaire « une beauté »… On aura même la visite d’une traileuse qui a cru que les douches étaient mixtes, alors que celles attribuées à la gente féminine se trouvaient dans le camping d’où se situait le départ…

Une fois requinqué, je retourne voir les arrivants, félicite ceux encore en lice, discute avec un gars que nous avions doublé et encouragé lors de la descente du DFCI, et qui appartenait au 2ème REG (régiment étranger du génie).

Bon, ce CR est suffisament long, je ferai abstraction du repas, et des conversations faites avec de parfais inconnus mais avec qui, par une alchimie particulière, rendaient naturel le dialogue et avec qui on parlait le même langage.

Le classement est affiché, je suis 56ème pour 3h09mn !!! Avant de partir, je vais retrouver mon « ami » et lui dis : tu es 56ème sur le petit parcours ! Bravo et merci à toi. J’espère sincèrement le revoir sur une prochaine ligne de départ ! Il est de Lyon, ce n’est pas très loin !

Au moment où j’écris ces lignes, il s’est passé 2 jours puisqu’on est mardi ; pourtant, le fait d’écrire ces mots me fait monter des frissons et les larmes aux yeux. Pétard, c’est bon le trail !!!

Allez, au plaisir de vous lire !

Super pour ce Cr plein d'émotion et quel temps !!! Même si c'est le "petit " , encore bravo

voila c'est ça qui est bon et que tu ne retrouve pas sur route !!!

moi j'ai retrouvé une traileuse de Sorgues, rencontré dans le trail boueux de Beaumes de venise ....meme pas je sais son prenom, mais on a reparlé de cette course, de son patron que j'avais sauvé en lui filant de la sportenine, etc ....content de la recroiser ...

Je vois que tu as compris ce que je te disais sur la 1ere partie de descente après la séparation des parcours

Bravo pour ton temps sergio !!! 2013 c'est le grand qui t'attend

gilles84 [Dum Spiro Spero] écrit:

voila c'est ça qui est bon et que tu ne retrouve pas sur route !!!

moi j'ai retrouvé une traileuse de Sorgues, rencontré dans le trail boueux de Beaumes de venise ....meme pas je sais son prenom, mais on a reparlé de cette course, de son patron que j'avais sauvé en lui filant de la sportenine, etc ....content de la recroiser ...

Je vois que tu as compris ce que je te disais sur la 1ere partie de descente après la séparation des parcours

Bravo pour ton temps sergio !!! 2012 c'est le grand qui t'attend

Trop tard pour 2012 !!! Peut être en 2013 !

Félicitations Sergio, tu as bien galopé pour accrocher ce magnifique classement. Ton récit est marquant pour l'esprit d'entraide et de soutien mutuel avec ton équipier éphémère. Le trail doit aussi être une belle expérience pour ça...

La bière a dû être excellente à l'arrivée.

C'est beau ce genre de rencontre et félicitation pour la course.

En lisant tout vos compte rendu, je me dis que le trail (trop dur pour moi encore) me tenterais bien un jour