Le Bassin Minier c'est beau...Mais ça monte!!!

A y'est, j'me sors les doigts, voici mon rapport...

J'vous affranchis de suite, avant ce weekend je me demandais encore ce que j'allais bien pouvoir vous raconter...Un semi, ça va encore, y'a de la route...Mais un 10km, on en fait vite (enfin, tout est relatif, hein...) le tour...Et pis, sans vouloir braquer les locaux : comme endroit sexy, le Bassin Minier, ça se pose là, quand même...Loos-en-Gohelle, on y va pas souvent pour les vacances

Mais finalement, ça va y'a de la matière...

En fait...

(Ha zut, faut que j'vous quitte, j'ai des documents à scanner en urgence, et je dois redémarrer mon PC...Bougez pas, et surtout répondez pas encore, j'vais revenir )

c'est quoi cette arnaque de C/R tronqué ?

Reviens Aldo! J'ai toujours pas bougé!

(Ha zut, faut que j'vous quitte, j'ai des documents à scanner en urgence, et je dois redémarrer mon PC...Bougez pas, et surtout répondez pas encore, j'vais revenir )

Et voilà, il a fallu que vous plongiez tête baissée...J'avais pourtant bien donné la consigne...j'peux pas m'absenter 10 minutes, bande de morts-de-faim!

Mais revenons à nos moutons...

En fait, dès la veille, je sens que cette course ne sera pas forcément banale. Dans l'après-midi du samedi, je me rend Place de la Rep' à Lille, où un village s'est installé pour l'occasion. Pendant que Madame fait un peu de shopping, je rentre dans la tente de retrait des dossards, accompagné de ma gamine, et alors que je prend la file d'attente, on me tapote l'épaule...
En me retournant, je reconnais un copain d'enfance, que j'avais perdu de vue depuis une bonne vingtaine d'année. Il est venu retirer son dossard pour...le marathon!
On papote deux minutes, puis il m'invite à prendre un verre dans un bar pas loin. "Heu...Ben écoute, avec plaisir, laisse-moi juste 1/4 d'heure le temps de retrouver Madame, et on voit si on peut vous rejoindre"
Je m'exécute, et nous nous retrouvons dans l'un des troquets de la rue de Béthune (qui est à Lille, pour ceux qui suivent pas bien). Evidemment, respectueux des grands principe de la diététique sportive, je m'empresse de commander une KWAK à siroter Là où y'a pas d'bière, y'a pas d'plaisir...Pas vrai, Wilf et Sergio?

-Et donc comme ça, toi aussi tu cours? Ca fait combien de temps?
-Ben...Quelques années, on va dire entre huit et neuf (et ça se voit, le pote est gaulé comme un phasme, du genre grande tige professionnelle de la course de fond...Pas un pet de graisse, rien, zéro, nada!)
-Ha ouais...et c'est ton premier marathon?
-Heu...C'est le deuxième...
-Et t'as fait quel chrono?
-Ben...Trois heures quinze!
-OK, en fait t'es un papa de la CAP...Et tu vises combien demain?
-Trois heures ! (dit-il avec le sourire... )
-Bon ben j'vais pas t'embéter avec mon palmares, hein...Et sinon tu deviens quoi?

S'ensuit une discussion d'une bonne heure dont je vous ferai grâce. J'ai quand même bien pensé à plusloin-le-psychocap, puisque le pote en question est aussi pharmacien...Forcément, ils ont accès aux produits, ça aide un peu

Le soir, je reçois un coup de fil d'un copain de promo. On s'était croisé lors d'un repas, après 15 ans sans nouvelles ("Putain, c'est Avis de Recherche, ton CR ou bien? "...Y'a de ça, c'est pas faux... )et lui aussi m'avait avoué pratiquer la CAP.
Hervé (j'ai déjà parlé de lui dans mon suivi) me demande si je prend le train (l'orga nous offre le voyage A/R) ou si j'y vais en bagnole. Après 10 secondes de négo je décide de passer le prendre en voiture, puis de nous rendre ensemble chez Book pour faire la route avec lui.
"Au fait Aldo, t'as déjà été chercher ton dossard?"
-Ben ouais, pourquoi?
-Ben c'est parce que j'ai pas eu le temps aujourd'hui, faudra que j'aille le prendre demain matin sur place!

Le lendemain matin, c'est le feu : j'ai pas entendu la première sonnerie de mon réveil, et je sors la tête du plumard à 6h50 (pour un objectif de 6h30...Déjà là y'a eu un signe comme quoi je tiendrais pas l'objectif )
Je me dépèche d'enfiler ma tenue, je vais chercher les croissants du Dimanche et la VOIX DU NORD à la boulangerie en bas de chez ouam. Petite anecdote : en face, il y a un café, qui est le siège d'une asso de supporters du LOSC. Compte tenu du résultat de la veille, le café a fait openbar toute la nuit, et à 7h00 du mat', il se trouve encore une poignée de viande saôule, assez fraîche pour beugler des chants de gradins à la gloire des Dogues. Rigolo, cette ambiance de lendemain de fête...
Je rentre, je baffre vite fait mon dej', feuillette le journal (faut bien s'informer, quand même), marque vite fait mes temps de passage au feutre sur l'avant-bras (ben ouais, c'est un métier, la course à pied...) puis déboule dans le parking de la résidence pour sortir la voiture.
Evidemment j'ai déjà 1/4 d'heure de retard, et pour couronner le tout, Hervé m'a donné une adresse "à peu près" correcte...Genre: confondre "Rue" et "Avenue"...Forcément, si c'est pas la bonne qu'on te donne, TomTom reconnait pas l'adresse.
Finalement, je trouve la bonne adresse, et je trace dare-dare chez Hervé. Je le prend à la volée, et on s'arrache fissa chez Totoff...
Il nous attend avec sa p'tite famille, qui a décidé de l'accompagner...J'en profite pour présenter les saluts du "Psychopathe" à Madame, ce qui fait bien rire cette dernière. Lorsqu'on s'était donné RDV pour courir ensemble cet hiver à la Citadelle, Book et moi, sa femme avait méchamment flippé, en alertant son homme qu'Internet ça pouvait être dangereux, et qu'on ne savait jamais à qui on s'adressait quand on donnait des RDV. Quand Book m'en avait parlé, je lui avait dit en fin de séance un truc du genre : "Ben voilà, tu pourras dire à ta femme que t'as survécu à un metalleux psychopathe! "

Bref...
Arrive le moment de partir, et denous diriger vers chez Rémilens. Comme l'adresse qu'il a donnée n'est pas reconnue par mon GPS, c'est Book qui fait copilote pour Madame, laquelle fait montre sur le trajet d'un bon coup de pédale. La vache, elle conduit vite, quand même, faut suivre C'est pas aujourd'hui que j'économiserai sur la conso de gazole
On galère un peu pour trouver le chemin du domicile de Rémi, et après avoir constaté que de toutes façons, c'est déjà barré par le tracé du parcours, on finit par se garer au Stade Bollaert, et on prend une navette de l'organisation pour se rendre sur le lieu du départ, la très jolie et typique fosse du 11/19

Pendant que Hervé va chercher sa plaque d'immat', je dépose mon sac à la consigne, puis nous retrouvons vite fait Rémilens, et nous rendons au petit trot sur la zone de départ. Alors que lui et Book vont s'échauffer à l'arrière, Hervé insiste pour qu'on se rapproche le plus possible de la ligne, histoire de pas partir trop longtemps après le top départ. Solidarité oblige, je me mets la séance d'échauffement sous le bras. De toutes façons, aujourd'hui c'est "à fond, et à la fin j'accélère"

Je regarde mon cardio, je suis déjà à plus de 100 bpm...Et merde, ça va faire comme l'an dernier, j'vais partir en surrégime sans rien faire. Du coup, je décide de m'occuper de mon MP3, et sélectionne la bande-son...Tiens, on va faire local, j'opte pour le concert de METALLICA à ARRAS en 2008, ça va détendre...
Le pire c'est que ça marche, je redescend aussi sec à 85. J'dois être monté à l'envers.

Et PAN! C'est parti... Après une cinquantaine de secondes à piétiner, je franchis la ligne. Ace moment, j'appuie sur le chrono, qui ne veut pas se déclencher...Normal, il s'est remis en mode "montre", et après 5 secondes, je finis par le remettre sur la bonne option. Ouf! Pendant ce temps, évidemment, les trois loulous sont partis devant.
Les deux premiers kilomètres étant en pente douce, je m'applique à gérer l'allure et la FC pour pas me cramer dès le départ. Donc je me cale sur maxi 88% FCM, et pas plus de 5'30/km. Marrant, la foulée me semble étonnement facile, et j'ai pas du tout l'impression de courir plus vite que ça. Alors évidemment, il y a la pente, mais quand même...
Arrive la première montée, qui bien que courte, finit par me rappeler qu'on doit courir comme ça pendant 10km...Ne pas s'affoler, garder le rythme...Les temps de passage du premier et second kilomètre sont OK, j'ai même 15 secondes d'avance au kilomètre 2.
Deux petites montées viennent freiner l'effort pendant le troisième kilomètre. A ce moment, le parcours passe...par le parking du stade BOLLAERT, et voilà que je me retrouve à courir DEVANT l'endroit où est garé ma bagnole. Evidemment, c'est là que démarre une nouvelle montée, et c'est là que je pense bètement à mes clefs qui sont restées bien au fond du sac, à la consigne. Moment de solitude auquel je survis sans trop de problème.
Je tiens à peu près le rythme vaille que vaille jusqu'au 5e km, en profitant des paysages urbains typique des cités minières, avec les enfilades de corons tous pareils, et de temps en temps, une accorte dame en mode "Jeanine DECONINCK", qui nous rappelle que "ch't'un gard du Nord qu'a inventé l'fameux tango du cachalot". Comprenne qui pourra, mais je pense que c'est une image qui doit vous parler un peu.

Bref...
Les rues qui montent font mal à ma moyenne...Au kilomètre 6, on finit par se retrouver en rase campagne, avec un vent assez fort. Je serre les dents, et tente de m'accrocher à un "p'tit cul" éventuellement de passage, histoire de penser à autre chose. Heureusement, ça part ensuite en bonne descente.
Comme je suis un peu en retard à ce moment (30" par rapport aux temps de passage), je me laisse carrément aller dansla descente. Malgré les kilomètres, les jambes encaissent sans soucis, et je descend grâce à çà en-dessous des 5'/km.
Je maintiens donc mon retard, à défaut de le rattraper, mais je ne l'aggrave pas...en tous cas pas encore...
En effet, à partir du km 8, c'est tout en montée. D'abord légère, puis de plus en plus prononcée. A ce moment, je commence à avoir des idées de petit joueur, genre "peut-être que je devrais marcher un peu, ça devrait permettre de repartir après", mais tente de m'accrocher. Je maintiens péniblement, et de mémoire, une allure instantanée autour de 5'50/km...Mais ça devient franchement dur, d'autant que j'ai jamais couru aussi longtemps à cette allure...Et j'appréhende le dernier km, avec cette fameuse montée apocalyptique vantée par les organisateurs

Et puis, un peu avant cette montée, j'aperçois sur un trottoir, un papy sur le pas de sa porte. Le monsieur fait ses 70 ans bien tassés, et semble marqué par les coups durs. Il assiste à la course, droit sur ses jambes, en tenant à la main...son appareil d'assistance respiratoire. Et là c'est le déclic :"Putain, t'es là à couiner que t'as du mal, que t'as les jambes qui tirent parce que ça monte, et tu vois ce papy qui est obligé de porter cet appareil et qui lui, ne peut SUREMENT plus participer à ce genre de course, sauf en rêve? Tatata, t'as pas le droit de baisser les bras. Rien que pour lui, tu fermes ta gueule, tu montes les genoux et tu te ressors les doigts du trou de balle...Va le chercher, ce putain d'objectif!"
Je serre les dents, et attaque du mieux possible la montée infernale. Autour de moi, les cadors montent sans broncher, alors que d'autres montrent des signes évident de ras-le-bol. J'approche deux demoiselles dont l'une ma foi bien mignonne, est sur le point d'arrêter. Sa copine lui crie de pas lâcher, et en bon opportuniste, j'en prend une part pour mon compte. Ca me booste assez, etj'arrive à accélérer.

Un p'tit coucou en passant devant un stand de danseuses africaines bien sympa, et je continue de serrer les dents jusqu'à apercevoir une arche..."Ca y est, on arrive!!! "
Sauf que un peu avant, y'a un comique équipé d'un mégaphone, qui t'annonce la bouche en coeur qu'il y a encore...500m à faire!!!
Quand tu penses que t'as déjà fait 9,5km t'es censé te dire que c'est bon, le plus dur est fait. Mais là, sur le coup, après la montée de l'Alpe-d'Huez qu'on vient de vivre, tu le vois autrement

J'ai un mal de chien à maintenir la foulée: "Allez, lâche pas l'affaire, fais pas ta fiotte..." Mais je regarde mon chrono, et je sais déjà que les 54' objectif ne seront pas atteint, j'ai une bonne minute de retard...Coup de mou, et puis je me dis que quand même, je vais faire un chrono inférieur à 1h, tout ce qui serait pris ne serait plus à prendre.
Je prend mon courage à deux mains (en plus j'en ai pas vraiment besoin pour courir, elles peuvent bien bosser un peu, mes pognes...) et donne tout sur les derniers mètres.
Petit moment de flippe, quand j'aperçois qu'il y a certains coureurs qui sont dirigés vers la gauche, juste avant l'arche. Mais bête et discipliné, comme on ne me dit rien, je fonce tout droit, je jette vite fait un oeil au chrono sous l'arche (sans d'ailleurs réussir à retenir le temps) ET JE PASSE ENFIN CETTE PUTAIN DE LIGNE D'ARRIVEE...

Je suis complètement éteint, je marche sitôt la ligne franchie. Le neurone est cramé, j'ai un mal fou à me concentrer pour voir si Book, Rémi, Hervé sont sur les côtés. Finalement, après passage au point de neutralisation, j'aperçois Hervé qui m'attend...AVEC UN VERRE DE BIERE
Je regarde mon chrono : 55'59", auxquels il faut ajouter les 5" de flottement avant déclenchement au départ, soit un temps estimé de 56'10" en comptant large...J'arrive même pas à réaliser...
On fait quelques photos, et pendant que tout le monde file dans le village d'arrivée, je pars récupérer mon sac à la consigne, puis change de T-shirt rapidement, et remet un coupe-vent. La binouze fait du bien...
On s'échange nos impressions. Rémi est déjà reparti chez lui, je suis arrivé trop tard pour le saluer/féliciter.
J'appelle ma femme pour lui donner le verdict, puis avec Hervé, nous quittons Book et sa famille. J'avais initialement prévu de partir sans profiter de la pasta party (histoire de partager le repas dominical avec mes deux gonzesses), mais en passant à proximité, Véver me dit :"Y'a pas la queue, dis donc...Aldo, t'es sûr de pas vouloir faire la pasta party?"
Du coup, on finit par prendre notre tour, et en...dix secondes tapantes, on se fait servir une énorme et bienfaisante portion de pâtes à la sauce bolognese et généreusement recouverte d'emmental rapé. Laquelle portion est bafrée en même pas 5 minutes. La vache, j'avais les crocs
On rentre, et sur le chemin, on discute un peu. On évoque la prochaine édition, en se disant que ce serait cool d'essayer le marathon ensemble, l'an prochain, avec d'autres copains de promo, pour féter les vingt ans de notre bande...
Je dépose Hervé chez lui, on se promet de remettre ça (au pire au semi de la Braderie) puis je rentre chez ouam. Après un bon bain, je me change, et la portion de pâtes me donnera suffisamment d'énergie pour préparer le repas, que je partage avec plaisir avec mes deux louloutes.

Mais on discute, on discute...Je vois qu'il est déjà plus d'une heure du mat', je vais aller me coucher, demain faut aller bosser...Bonne lecture et bonne nuit!

Mais c'est le plus long compte-rendu que je n'ai jamais lu!!!!!!!!

Bravo Aldo, ca n'a pas paru facile... ce papy de 70 ans t'aura motivé plus que les 2 mignonnes? (j'ai de la misère à croire cela possible....)

Belle course, on sent que tu t'es accroché et que tu as tout donné!

Cool! Je peux enfin aller me coucher ...
Je sais pas si je dois te féliciter plus pour ta course ou pour ton CR!
Alors un grand bravo pour les deux! Tu t'es fais plaisir, et on le vit avec toi...
Trop fort Aldo