Après avoir lu vos comptes-rendus, je décide finalement de m'y mettre aussi moins pour relater ma course qui s'est globalement bien passée que pour partager avec vous des sentiments que j'ai du mal à expliquer à ceux qui sont autour de moi aujourd'hui,
Donc pour moi deuxième marathon dimanche dernier à Paris,
Après avoir suivi le programme de Gilles à la lettre, j'ai eu quelques appréhensions ces 15 derniers jours en constatant une fatigue générale et même une difficulté à trouver un rythme AS 42 (4'15 / km) lors de ma dernière sortie du jeudi,
Peut-être ai-je trop chargé la mule ? Me suis-je trop mis la pression ?
Toujours est-il que les nuits du vendredi au samedi et celles du samedi au dimanche sont difficiles, surtout la dernière. Je pense à la ligne de départ, à celle d'arrivée que j'espère atteindre entre 3h et 3h05, à la souffrance à laquelle je vais devoir me frotter...
Finalement le réveil sonne quand même à 06h00 dimanche matin et après avoir avalé mon petit-déj et effectué les derniers préparatifs, je me retrouve dans le métro à 07h15 entouré de mon petit garçon dans sa poussette, ma conjointe et un ami parisien venu nous guider jusqu'à la ligne de départ. Les rejoindront plus tard mon papa et ma petite soeur pour assister à la course.
Arrivé sur les Champs, je prends une claque en voyant ce monde à la sortie de la bouche de métro. D'ailleurs davantage que ma propre expérience individuelle à travers ce marathon, je retiendrai l'expérience collective extraordinaire qui nous a fait nous réunir à plus de 30 000 ce dimanche matin, à l'heure à laquelle certains ne faisaient que sortir de fêtes nocturnes. 30 000 à se préparer à courir, à souffrir et à partager un sentiment unique et tellement difficile à communiquer par des mots, aussi simples soient-ils.
Du coup, c'est surtout cette émotion qui subsiste aujourd'hui : l'entrée dans le sas, les paroles échangées avec des inconnus avant d'entendre le coup de pistolet, le passage sous la banderole avec l'Arc de Triomphe derrière nous et les Champs devant... J'ai d'ailleurs peut-être versé une larme d'émotion à ce moment précis et je sens encore en moi ce picotement qui m'a traversé et m'a fait comprendre pourquoi depuis 3 mois, dans le froid, la pluie et le vent, j'ai accumulé tant de kilomètres seul sur mes petites routes et chemins des Deux-Sèvres,
Plus que la course en elle-même, ce sont donc ces sentiments que je retiens : quel plaisir de se sentir un parmi d'autres, tellement heureux de se retrouver là pour partager quelques heures à courir sur le bitume pour quelques minutes voire plus de souffrance...
Plus que l'arrivée ou le temps réalisé, ce sont vraiment des sentiments exceptionnels, merci donc à tous les autres qui étaient à mes côtés ce dimanche matin à 08h45 et aux miens qui m'ont supporté dans tous les sens du terme pendant ces quelques mois.
Pour la course en elle-même, comme dans un rêve pendant 33/34 km à "pédaler dans du beurre", 2km difficiles autour du 35ème avant de réussir à repartir jusqu'au 40ème où j'ai avalé quelque chose qui n'est pas passé. Et puis 2 km à lever les genoux et forcer sur les bras autant que possible pour m'accrocher aux basques de ceux qui m'entouraient à ce moment précis,
Résultat : 2h59'18'', objectif atteint et même mieux que ça, chouette, marathon bien géré avec passage au semi en 1h28'51" et donc 1h30'27" pour le 2ème semi,
Merci donc à Gilles pour son programme et ses conseils, aux personnes de ce forum qui m'ont orienté à tel ou tel moment, à ma famille qui m'a soutenu et donc à toi, immense marée humaine, anonyme mais tellement présente encore aujourd'hui dans ma tête qui m'a accompagnée de près ou de loin pendant ces 42km195 et qui va m'accompagner encore longtemps dans mes rêves de coureur devenus réalité,
Et à bientôt certainement...
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