Valencia Marathon... Jusqu'au bout de moi-même...
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Valencia Marathon... Jusqu'au bout de moi-même... a été créé par dule66
Posted il y a 8 ans 1 semaine #455742
Et me voici à vous raconter mon expérience Marathon...
C'est déjà un marathon, finalement, que de raconter un marathon,
Bon voyage avec moi....
On pourrait commencer l'histoire il y a 4 ans, quand j'ai commencé à courir + sérieusement, quand j'ai rencontré le forum, et puis ma copine Valérie, et enfin mon Club Running 66... Un scénario qui se monte petit à petit, avec des débuts difficiles -je suis loin d'être bâtie pour la course à pied !!- des progrès, des défis, des 10 kms, des chronos à tenir, 2 semis mémorables (Bordeaux, Paris), des 20 kms, et le Viaduc de Millau à enjamber par deux fois...
Une idée qui se précise, toujours pour aller plus loin, tester mes limites, épater la galerie, m'épater moi-même, allez savoir ?..
Un jour, je décide de m'inscrire sur un marathon. Ce sera VALENCIA 2016, parce que voulu par mon Club, parce que c'est plat, roulant, et que la météo dans le coin est plutôt sympathique. Et puis, aussi, c'est l'année de mes 50 ans, faut pas l'oublier !
Nous sommes une bonne vingtaine du Club à nous inscrire pour ce marathon, et donc à bénéficier dès le mois de septembre de la prépa de Gérard. Une vingtaine, avec des niveaux différents -des rapides dans le genre Fuséééée, des aguerris, des jeunes de moins de 30 ans, un routard de 70 ans, des femmes et des hommes avec pour objectif commun de se dépasser...
Mais la prépa est la même pour tout le monde. 11 semaines, 5 sorties/semaines.
Caroline et moi sommes les deux "taties" du groupe : même âge, mêmes perf, mêmes envies.... Nous décidons de réduire le plan à 4 sorties/semaines pour ménager nos articulations...
11 semaines + tard, à raison d'une cinquantaine de kilomètres/semaine, d'innombrables heures passées à courir sur bitume, chemins, piste, route, .... et après un semi marathon couru lui aussi en Espagne du côté de Barcelone, Eh bien, nous partons pour Valence, en co voiturage, tous ensemble, pour un w-end festif et sportif, et inversement....
Ce sera d'abord du stress puissance 10. Arrivés le vendredi soir, il faut attendre LE D-Day ! Rien de désagréable cependant... On récupère les dossards dans un lieu magique (la cité des sciences....)
C'est là, aussi, que se situera l'arrivée. ça file la chair de poule....
Samedi sera consacré à la détente. Un peu de balade en bord de mer, resto avec riz et poisson.... Il fait soleil, et presque 25° !! Le soir, nous sortons en troupeau pour un petit footing dit "réveil musculaire" d'une trentaine de minutes, sous la houlette de Gégé. ça roule, je me sens bien
Je dors très mal dans la nuit de samedi à dimanche. En fait, j'ai dans la tête la voix de Gérard, tout le temps, qui insiste pour je reste sur 6'40, que je passe le semi en 2h20, pas + lentement, attention,.....
Dimanche matin, DDAy
Tout le monde dans la rue dès 7h. En route pour les SAS. Il y a du monde, beaucoup, beaucoup de monde.
Photo de groupe, avant de se séparer...
Nous sommes 3 à nous diriger vers le dernier sas, celui des + de 4h. Cécile, Caro et moi. Cécile ira plus vite que nous, elle doit tenir une allure de 6' au kilo. C'est un bazar monstrueux pour parvenir à intégrer le sas, nous nous tenons toutes les 3 par la main, pour être sûres de ne pas être séparées.
Nous voici en bonne place !
Et la foule avance. Petit à petit, l'arche de départ se rapproche. Et ça y'est, on passe dessous. J'enclenche ma montre. C'est parti.
Cécile s'éloigne.
Nous restons ensemble, Caro et moi. On déroule. Fastoche le début. Tranquilles, cool. 6'43/6'41/6'40/6'43/6'33 pour les 5 premiers kilomètres. Je fais super attention au chrono, très peur d'aller trop vite, d'ailleurs je trouve qu'on va trop vite. Mais on est bien, tout à fait en aisance, on peut parler sans problème.... Non, on ne papote pas, mais on s'offre quand même le luxe de plaisanter. Devant nous, un zouave d'espagnol court à reculons... oui oui, et celui là on le verra tout du long, et d'ailleurs on se demande s'il fait rire ou s'il nous stresse, parce que franchement, il nous perturbe celui là....
Au km5 nous attendent les copines qui nous accompagnent, mais qui ne courrent pas, et nous attendent avec l'appareil photo :
6'51/6'48/6'40/6'34/6'50 pour les 5 kms suivants.
Au km 9 on croise Gégé, l'appareil photo en bandoulière. On lui sourit. On le salue. Mais il ne sourit pas. Il crie :"vous avez vu, là bas ??? il est loin !!" et il nous montre le meneur d'allure des 5h, bien devant nous en effet. Il est en train de nous dire qu'on ne va pas assez vite.... Et pourtant, on est dans les temps. On gère notre allure, très appliquées, et c'est pas facile. On passe au km10 en 1h07, comme prévu.
Nous y voici :
On poursuit notre balade, ce n'est pas transcendant comme paysage : des boulevards en ligne droite, un rond point, on revient dans l'autre sens.... Mais on avance...
6'59/6'41/6'47/7'01/6'54 pour les 5 suivants. On ralentit un peu. Km 15, on le sent dans les pattes quand même.
On gère chaque ravito : bouteille d'eau, avec un peu de sucre (pâte de fruit, ou gel). On s'applique.
km15, on arrive encore à parler, et même à plaisanter.
7'19/7'03/6'43/6'57/7'10 pour les 5 suivants. Nous voici au km20. Et là on commence à se dire qu'on en a un peu plein les bottes.... L'ambiance est franchement festive autour de nous. Des gens crient, "vamos!! chicas !!" et puis "animo" "animo" C'est quoi, ça, animo ?....
On passe enfin le semi, en 2h24mn. 4 mn plus lent que prévu.
Et là, on commence toutes les deux à comprendre pourquoi un marathon, ça peut être compliqué et difficile. En fait, on s'arrêterait bien là....
Mais il faut poursuivre...
Sur le côté de la route, on croise la copine Séverine qui vient de finir son 10 km et arbore une bien jolie médaille. Caro lui lance un "oh la la !! ça va être dur!!" , et moi je lui touche sa médaille comme pour me porter bonheur avec, je crois, un regard un peu désespéré... Et elle nous dit, "allez les filles, vous n'avez pas le droit de lacher !!"
Je l'entends encore !
Alors, on continue
Du 21 au 25 : 7'08/7'35/7'09/7'08/7'29. On ralentit, mais on s'accroche,
26 et 27 : 7'57 et 8'29...
Rien ne va plus.
Là je sais que ça va être compliqué.
J'ai mal aux jambes. J'en ai marre de chez marre. J'en pleurerais.
Caro est comme moi. On s'arrête, on se prend la main, on marche. On se parle. Allez, ma copine, va falloir s'accrocher fort là. C'est maintenant que ça commence vraiment le marathon.
"A la bordure, là, on redémarre"
Je me remets à trottiner. Mais Caro ne suit pas. Elle me dit "non, trop mal, je peux pas".... et puis : "vas-y toi".... Si je m'arrête à nouveau, je ne redémarre pas. Alors j'avance. Je me dis qu'elle va me rejoindre. Je me transforme en automate. Je mets la musique dans mes oreilles, à fond, pour me concentrer.
8'25/8'06/7'26
Je vois le KM30, c'est écrit en gros, je ne peux pas le louper. Je cherche le mur... En fait, je ne le vois pas, je crois que je suis dedans depuis longtemps
Je marche un peu, mais ça ne me soulage en rien.
9'36 et 8'54 pour les km 32 et 33. Au km 32 me suis carrément arrêté sur la barrière. J'ai regardé derrière moi ; pas de Caro. J'attends un peu. Il me vient même l'idée saugrenue de faire demi tour pour aller la chercher mais non, t'es folle ma vieille !!... ALors je repars. Nous entrons dans le coeur de la ville, et là c'est joli, il y a de beaux monuments, et plein de monde qui crie mon prénom, qui hurlent "animo" "animo" et ça m'agace de ne pas savoir ce que ça veut dire. D'ailleurs tout m'agace, ils font trop de bruit, les percussions m'agressent aussi, je ne peux pas écouter ma musique comme je veux....
J'ai perdu le compte. Ma montre vibre 300m avant le panneau du kilométrage, alors je fais un jeu des devinettes... Allez, c'est le 34.... Perdu, le 33
8'32 et 7'55 pour les kms 34 et 35
J'arrête de manger le sucre au ravito, parce que j'ai peur de le vomir. Par contre je bois de l'eau.
Et je continue. Faut bien. Pas d'autre choix. Allez, il reste un peu moins de 10 bornes. C'est quoi ? Rien du tout....
Je m'accroche à mes pensées, je pense à Maryline, fort, fort, tout le temps, et ça me donne du courage, je me secoue, t'as pas le droit d'abandonner ma vieille, tu l'as voulu, tu l'as eu ce marathon tant attendu, maintenant, tu assumes
8'50/7'53/8'02/8'25/8'28 ...mes allures racontent mon calvaire je crois. Je trottine, je marche. J'ai mal aux jambes, mais, finalement c'est gérable. Par contre, je suis épuisée. Je suis essoufflée alors que je n'avance pas. Si je marche, c'est juste pour tenter de trouver une once d'énergie quelque part....
km 40. Je pensais que je serais heureuse de le voir celui là. Pas du tout. Je n'ai même plus d'émotions. Je calcule qu'il reste 2 petits kms; c'est rien du tout, c'est juste le trajet pour l'échauffement avec le club... Mais à cette allure, il me faut bien 20 mn pour les parcourir. 20mn Le bout du monde......
8'28/8'01/8'01 pour finir.
Une fin qui ne finit jamais. Une longue allée pour aboutir au tapis bleu. Je l'ai fantasmé ce tapis, mais là, comment dire, je le déteste, ça rallonge encore le trajet,.....
Je passe l'arche d'arrivée, j'ai encore le réflexe d'arrêter la montre.
5h19. Je viens de parcourir 42 kms et 670m en 5h19.
Emotions = néant.
Je suis vide.
On me tend quelque chose. C'est quoi ? La dame me sourit et déplie la chose. C'est une médaille. Ah oui, c'est vrai, j'ai gagné la médaille...
On me donne un sac, que je prends comme une automate.
Je me retrouve toute seule au milieu de ... je ne sais plus... rien.... Le sol n'est pas stable. Et surtout, j'ai des difficultés pour respirer. La panique me monte. Je ne sais plus ventiler, l'air ne rentre plus dans mes poumons.....Je vais crever là, toute seule....
Je lève les yeux et, miracle, j'aperçois Philippe, le mari de Caro. Il vient me chercher, je n'arrive même pas à lui parler.
Je me retourne, et je vois arriver Caroline, un peu en vrac. Elle boite, ...on se jette dans les bras l'une de l'autre en pleurant. Je respire de moins en moins, c'est l'horreur. Caro retire sa chaussure en criant, son pied a doublé de volume....
Il nous faut avancer maintenant. Mais marcher est devenu un concept impossible. Et surtout, je ne respire toujours pas. ça siffle dans ma poitrine....Il faut descendre 4 marches pour se rendre dans la tente des secours. Mais je ne peux pas descendre 4 marches, c'est impossible. Philippe va chercher de l'aide ; un gars baraqué pour l'aider à me porter jusque sous la tente. Là je suis accueillie par un médecin, on m'assied sur la civière, on m'ausculte, on me parle, je ne comprends rien de rien....Et finalement on me met un masque à oxygène....A côté de moi, Caro se fait bander le pied. Franchement, on est au top toutes les deux !!
Vous me direz : et le club ? Et les Bleus ???
Eh bien, ils étaient tous partis
Il y a belle lurette qu'ils avaient tous passés la ligne d'arrivée. Sont partis manger ou dormir.
Et le coach ? Idem. Faut pas déconner, il est passé 14h, il fait faim....
Sans Philippe, je devenais quoi moi ? On avait peut être prévu de venir me récupérer à l'hopital, non ?....
Je vous fais grâce du retour à l'hotel...
Par contre, le soir même, quand je retrouve Gérard, tout ce qu'il trouve à me dire, c'est : "t'as pas respecté les allures...."
Et le lendemain, ce fut "5h ! AU dessus de 5h !!! c'est pas bon ça...."
Alors, maintenant, qu'on ne vienne pas me raconter que le marathon, c'est que du bonheur, hein....
J'ai voulu tester, j'ai testé
Je me suis prouvé que j'avais un caractère de teigne.
Aujourd'hui tout le monde me félicite. Mes parents sont épatés. Mon mari aux petits soins. Je reçois plein de messages sympas. Je suis fière, c'est vrai.
Mais je ne savoure pas.
J'en ai trop chié.
C'est vraiment un truc de fou, de malade.
Ne comptez pas sur moi pour remettre ça.
Je suis marathonienne, c'est fait.
Et merci pour votre soutien à tous,
PS : animo, ça veut dire "courage" !!
C'est déjà un marathon, finalement, que de raconter un marathon,
Bon voyage avec moi....
On pourrait commencer l'histoire il y a 4 ans, quand j'ai commencé à courir + sérieusement, quand j'ai rencontré le forum, et puis ma copine Valérie, et enfin mon Club Running 66... Un scénario qui se monte petit à petit, avec des débuts difficiles -je suis loin d'être bâtie pour la course à pied !!- des progrès, des défis, des 10 kms, des chronos à tenir, 2 semis mémorables (Bordeaux, Paris), des 20 kms, et le Viaduc de Millau à enjamber par deux fois...
Une idée qui se précise, toujours pour aller plus loin, tester mes limites, épater la galerie, m'épater moi-même, allez savoir ?..
Un jour, je décide de m'inscrire sur un marathon. Ce sera VALENCIA 2016, parce que voulu par mon Club, parce que c'est plat, roulant, et que la météo dans le coin est plutôt sympathique. Et puis, aussi, c'est l'année de mes 50 ans, faut pas l'oublier !
Nous sommes une bonne vingtaine du Club à nous inscrire pour ce marathon, et donc à bénéficier dès le mois de septembre de la prépa de Gérard. Une vingtaine, avec des niveaux différents -des rapides dans le genre Fuséééée, des aguerris, des jeunes de moins de 30 ans, un routard de 70 ans, des femmes et des hommes avec pour objectif commun de se dépasser...
Mais la prépa est la même pour tout le monde. 11 semaines, 5 sorties/semaines.
Caroline et moi sommes les deux "taties" du groupe : même âge, mêmes perf, mêmes envies.... Nous décidons de réduire le plan à 4 sorties/semaines pour ménager nos articulations...
11 semaines + tard, à raison d'une cinquantaine de kilomètres/semaine, d'innombrables heures passées à courir sur bitume, chemins, piste, route, .... et après un semi marathon couru lui aussi en Espagne du côté de Barcelone, Eh bien, nous partons pour Valence, en co voiturage, tous ensemble, pour un w-end festif et sportif, et inversement....
Ce sera d'abord du stress puissance 10. Arrivés le vendredi soir, il faut attendre LE D-Day ! Rien de désagréable cependant... On récupère les dossards dans un lieu magique (la cité des sciences....)
C'est là, aussi, que se situera l'arrivée. ça file la chair de poule....
Samedi sera consacré à la détente. Un peu de balade en bord de mer, resto avec riz et poisson.... Il fait soleil, et presque 25° !! Le soir, nous sortons en troupeau pour un petit footing dit "réveil musculaire" d'une trentaine de minutes, sous la houlette de Gégé. ça roule, je me sens bien
Je dors très mal dans la nuit de samedi à dimanche. En fait, j'ai dans la tête la voix de Gérard, tout le temps, qui insiste pour je reste sur 6'40, que je passe le semi en 2h20, pas + lentement, attention,.....
Dimanche matin, DDAy
Tout le monde dans la rue dès 7h. En route pour les SAS. Il y a du monde, beaucoup, beaucoup de monde.
Photo de groupe, avant de se séparer...
Nous sommes 3 à nous diriger vers le dernier sas, celui des + de 4h. Cécile, Caro et moi. Cécile ira plus vite que nous, elle doit tenir une allure de 6' au kilo. C'est un bazar monstrueux pour parvenir à intégrer le sas, nous nous tenons toutes les 3 par la main, pour être sûres de ne pas être séparées.
Nous voici en bonne place !
Et la foule avance. Petit à petit, l'arche de départ se rapproche. Et ça y'est, on passe dessous. J'enclenche ma montre. C'est parti.
Cécile s'éloigne.
Nous restons ensemble, Caro et moi. On déroule. Fastoche le début. Tranquilles, cool. 6'43/6'41/6'40/6'43/6'33 pour les 5 premiers kilomètres. Je fais super attention au chrono, très peur d'aller trop vite, d'ailleurs je trouve qu'on va trop vite. Mais on est bien, tout à fait en aisance, on peut parler sans problème.... Non, on ne papote pas, mais on s'offre quand même le luxe de plaisanter. Devant nous, un zouave d'espagnol court à reculons... oui oui, et celui là on le verra tout du long, et d'ailleurs on se demande s'il fait rire ou s'il nous stresse, parce que franchement, il nous perturbe celui là....
Au km5 nous attendent les copines qui nous accompagnent, mais qui ne courrent pas, et nous attendent avec l'appareil photo :
6'51/6'48/6'40/6'34/6'50 pour les 5 kms suivants.
Au km 9 on croise Gégé, l'appareil photo en bandoulière. On lui sourit. On le salue. Mais il ne sourit pas. Il crie :"vous avez vu, là bas ??? il est loin !!" et il nous montre le meneur d'allure des 5h, bien devant nous en effet. Il est en train de nous dire qu'on ne va pas assez vite.... Et pourtant, on est dans les temps. On gère notre allure, très appliquées, et c'est pas facile. On passe au km10 en 1h07, comme prévu.
Nous y voici :
On poursuit notre balade, ce n'est pas transcendant comme paysage : des boulevards en ligne droite, un rond point, on revient dans l'autre sens.... Mais on avance...
6'59/6'41/6'47/7'01/6'54 pour les 5 suivants. On ralentit un peu. Km 15, on le sent dans les pattes quand même.
On gère chaque ravito : bouteille d'eau, avec un peu de sucre (pâte de fruit, ou gel). On s'applique.
km15, on arrive encore à parler, et même à plaisanter.
7'19/7'03/6'43/6'57/7'10 pour les 5 suivants. Nous voici au km20. Et là on commence à se dire qu'on en a un peu plein les bottes.... L'ambiance est franchement festive autour de nous. Des gens crient, "vamos!! chicas !!" et puis "animo" "animo" C'est quoi, ça, animo ?....
On passe enfin le semi, en 2h24mn. 4 mn plus lent que prévu.
Et là, on commence toutes les deux à comprendre pourquoi un marathon, ça peut être compliqué et difficile. En fait, on s'arrêterait bien là....
Mais il faut poursuivre...
Sur le côté de la route, on croise la copine Séverine qui vient de finir son 10 km et arbore une bien jolie médaille. Caro lui lance un "oh la la !! ça va être dur!!" , et moi je lui touche sa médaille comme pour me porter bonheur avec, je crois, un regard un peu désespéré... Et elle nous dit, "allez les filles, vous n'avez pas le droit de lacher !!"
Je l'entends encore !
Alors, on continue
Du 21 au 25 : 7'08/7'35/7'09/7'08/7'29. On ralentit, mais on s'accroche,
26 et 27 : 7'57 et 8'29...
Rien ne va plus.
Là je sais que ça va être compliqué.
J'ai mal aux jambes. J'en ai marre de chez marre. J'en pleurerais.
Caro est comme moi. On s'arrête, on se prend la main, on marche. On se parle. Allez, ma copine, va falloir s'accrocher fort là. C'est maintenant que ça commence vraiment le marathon.
"A la bordure, là, on redémarre"
Je me remets à trottiner. Mais Caro ne suit pas. Elle me dit "non, trop mal, je peux pas".... et puis : "vas-y toi".... Si je m'arrête à nouveau, je ne redémarre pas. Alors j'avance. Je me dis qu'elle va me rejoindre. Je me transforme en automate. Je mets la musique dans mes oreilles, à fond, pour me concentrer.
8'25/8'06/7'26
Je vois le KM30, c'est écrit en gros, je ne peux pas le louper. Je cherche le mur... En fait, je ne le vois pas, je crois que je suis dedans depuis longtemps
Je marche un peu, mais ça ne me soulage en rien.
9'36 et 8'54 pour les km 32 et 33. Au km 32 me suis carrément arrêté sur la barrière. J'ai regardé derrière moi ; pas de Caro. J'attends un peu. Il me vient même l'idée saugrenue de faire demi tour pour aller la chercher mais non, t'es folle ma vieille !!... ALors je repars. Nous entrons dans le coeur de la ville, et là c'est joli, il y a de beaux monuments, et plein de monde qui crie mon prénom, qui hurlent "animo" "animo" et ça m'agace de ne pas savoir ce que ça veut dire. D'ailleurs tout m'agace, ils font trop de bruit, les percussions m'agressent aussi, je ne peux pas écouter ma musique comme je veux....
J'ai perdu le compte. Ma montre vibre 300m avant le panneau du kilométrage, alors je fais un jeu des devinettes... Allez, c'est le 34.... Perdu, le 33
8'32 et 7'55 pour les kms 34 et 35
J'arrête de manger le sucre au ravito, parce que j'ai peur de le vomir. Par contre je bois de l'eau.
Et je continue. Faut bien. Pas d'autre choix. Allez, il reste un peu moins de 10 bornes. C'est quoi ? Rien du tout....
Je m'accroche à mes pensées, je pense à Maryline, fort, fort, tout le temps, et ça me donne du courage, je me secoue, t'as pas le droit d'abandonner ma vieille, tu l'as voulu, tu l'as eu ce marathon tant attendu, maintenant, tu assumes
8'50/7'53/8'02/8'25/8'28 ...mes allures racontent mon calvaire je crois. Je trottine, je marche. J'ai mal aux jambes, mais, finalement c'est gérable. Par contre, je suis épuisée. Je suis essoufflée alors que je n'avance pas. Si je marche, c'est juste pour tenter de trouver une once d'énergie quelque part....
km 40. Je pensais que je serais heureuse de le voir celui là. Pas du tout. Je n'ai même plus d'émotions. Je calcule qu'il reste 2 petits kms; c'est rien du tout, c'est juste le trajet pour l'échauffement avec le club... Mais à cette allure, il me faut bien 20 mn pour les parcourir. 20mn Le bout du monde......
8'28/8'01/8'01 pour finir.
Une fin qui ne finit jamais. Une longue allée pour aboutir au tapis bleu. Je l'ai fantasmé ce tapis, mais là, comment dire, je le déteste, ça rallonge encore le trajet,.....
Je passe l'arche d'arrivée, j'ai encore le réflexe d'arrêter la montre.
5h19. Je viens de parcourir 42 kms et 670m en 5h19.
Emotions = néant.
Je suis vide.
On me tend quelque chose. C'est quoi ? La dame me sourit et déplie la chose. C'est une médaille. Ah oui, c'est vrai, j'ai gagné la médaille...
On me donne un sac, que je prends comme une automate.
Je me retrouve toute seule au milieu de ... je ne sais plus... rien.... Le sol n'est pas stable. Et surtout, j'ai des difficultés pour respirer. La panique me monte. Je ne sais plus ventiler, l'air ne rentre plus dans mes poumons.....Je vais crever là, toute seule....
Je lève les yeux et, miracle, j'aperçois Philippe, le mari de Caro. Il vient me chercher, je n'arrive même pas à lui parler.
Je me retourne, et je vois arriver Caroline, un peu en vrac. Elle boite, ...on se jette dans les bras l'une de l'autre en pleurant. Je respire de moins en moins, c'est l'horreur. Caro retire sa chaussure en criant, son pied a doublé de volume....
Il nous faut avancer maintenant. Mais marcher est devenu un concept impossible. Et surtout, je ne respire toujours pas. ça siffle dans ma poitrine....Il faut descendre 4 marches pour se rendre dans la tente des secours. Mais je ne peux pas descendre 4 marches, c'est impossible. Philippe va chercher de l'aide ; un gars baraqué pour l'aider à me porter jusque sous la tente. Là je suis accueillie par un médecin, on m'assied sur la civière, on m'ausculte, on me parle, je ne comprends rien de rien....Et finalement on me met un masque à oxygène....A côté de moi, Caro se fait bander le pied. Franchement, on est au top toutes les deux !!
Vous me direz : et le club ? Et les Bleus ???
Eh bien, ils étaient tous partis
Il y a belle lurette qu'ils avaient tous passés la ligne d'arrivée. Sont partis manger ou dormir.
Et le coach ? Idem. Faut pas déconner, il est passé 14h, il fait faim....
Sans Philippe, je devenais quoi moi ? On avait peut être prévu de venir me récupérer à l'hopital, non ?....
Je vous fais grâce du retour à l'hotel...
Par contre, le soir même, quand je retrouve Gérard, tout ce qu'il trouve à me dire, c'est : "t'as pas respecté les allures...."
Et le lendemain, ce fut "5h ! AU dessus de 5h !!! c'est pas bon ça...."
Alors, maintenant, qu'on ne vienne pas me raconter que le marathon, c'est que du bonheur, hein....
J'ai voulu tester, j'ai testé
Je me suis prouvé que j'avais un caractère de teigne.
Aujourd'hui tout le monde me félicite. Mes parents sont épatés. Mon mari aux petits soins. Je reçois plein de messages sympas. Je suis fière, c'est vrai.
Mais je ne savoure pas.
J'en ai trop chié.
C'est vraiment un truc de fou, de malade.
Ne comptez pas sur moi pour remettre ça.
Je suis marathonienne, c'est fait.
Et merci pour votre soutien à tous,
PS : animo, ça veut dire "courage" !!
Last Edit:il y a 8 ans 1 semaine
par dule66
Dernière édition: il y a 8 ans 1 semaine par dule66.
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- Pimass
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Réponse de Pimass sur le sujet Valencia Marathon... Jusqu'au bout de moi-même...
Posted il y a 8 ans 1 semaine #455752
Sympa la photo, il est où le Gégé ???, parce que j'ai une imprimante et des fléchettes
par Pimass
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- joelDi
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Réponse de joelDi sur le sujet Valencia Marathon... Jusqu'au bout de moi-même...
Posted il y a 8 ans 1 semaine #455777
Tu es marathonienne et, pour ça, franchement bravo. Ton CR m'a filé la chair de poule, t'en as vraiment bavé. C'est moche que ton coach soit pas resté et ait trouvé malin de te sermonner pour ton temps. Tout le monde s'en fout du temps dans de telles circonstances.
J'espère qu'avec le temps, quand les douleurs s'estomperont, tu prendras la mesure de ton exploit.
Maintenant, je te souhaite un bon repos.
J'espère qu'avec le temps, quand les douleurs s'estomperont, tu prendras la mesure de ton exploit.
Maintenant, je te souhaite un bon repos.
par joelDi
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- jeanmarc
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Réponse de jeanmarc sur le sujet Valencia Marathon... Jusqu'au bout de moi-même..
Posted il y a 8 ans 1 semaine #455783
Encore bravo tu la fait
Encore une fois l émotion est monter ente lisant
Bien sur que tu en as ch.. Mais c est quand même un peu pour ça qu'on le fait
J aurais aimer d attendre à l arrivée pour te féliciter car tu le mérite
Je hais Gege c est vraiment un c.. Qui n'a rien compris
Repose toi bien et après tu penseras à la suite pour battre ton nouveau RP
Encore une fois l émotion est monter ente lisant
Bien sur que tu en as ch.. Mais c est quand même un peu pour ça qu'on le fait
J aurais aimer d attendre à l arrivée pour te féliciter car tu le mérite
Je hais Gege c est vraiment un c.. Qui n'a rien compris
Repose toi bien et après tu penseras à la suite pour battre ton nouveau RP
par jeanmarc
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- Joelle
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Réponse de Joelle sur le sujet Valencia Marathon... Jusqu'au bout de moi-même...
Posted il y a 8 ans 1 semaine #455787
Bravo Odile, il faut une sacrée dose "d'animo" pour faire ce que tu as fait... mais que dire ton coach !!!! Entre ses commentaires et le fait qu'il ne soit pas présent à l'arrivée, no comment !
Allez maintenant, c'est repos, repos, repos, oublie les mauvais moments et reviens vite nous raconter tes futures courses avec Caro.
la MARATHONIENNE
Allez maintenant, c'est repos, repos, repos, oublie les mauvais moments et reviens vite nous raconter tes futures courses avec Caro.
la MARATHONIENNE
par Joelle
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- Vince1987
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Réponse de Vince1987 sur le sujet Valencia Marathon... Jusqu'au bout de moi-même..
Posted il y a 8 ans 1 semaine #455794
Je trouvais l'exploit immense sans avoir le CR.
Maintenant, je trouve ça juste inoui que tu ai terminé. Tu as une force mentale hors du commun.
Félicitations.
PS pour gégé et le meneur d'allure : Pour faire 5h, il faut tenir 7'06". Partir plus vite quand on a juste le niveau, c'est aller dans le mur à coup sur. Mais eux ils s'en foutent, ils souffrent pas...
PPS pour gégé : Ce mec est à vomir Personnellement, une remarque de ce genre, j'en aurais eu la force, je l'aurais tué sur place.
PPPS pour gégé : Quand on dit à quelqu'un qui deux semaines avant le Marathon fait une séance "d'AS42" avec comme résultat :
Dernier PS pour ton club : Vous ne méritez pas de vous appeler un club. Personne pour accueillir les derniers, même pas le coach...c'est juste du grand n'importe quoi !
A la rigueur, que ceux qui viennent de faire un Marathon soit partis manger...mais les autres ?
Le mot de la fin quand même : Bravo, bravo et encore bravo
A bientôt pour de nouvelles aventures...mais s'il te plait, ne nous fait pas pleurer d'émotion en lisant le CR la prochaine fois
Maintenant, je trouve ça juste inoui que tu ai terminé. Tu as une force mentale hors du commun.
Félicitations.
PS pour gégé et le meneur d'allure : Pour faire 5h, il faut tenir 7'06". Partir plus vite quand on a juste le niveau, c'est aller dans le mur à coup sur. Mais eux ils s'en foutent, ils souffrent pas...
PPS pour gégé : Ce mec est à vomir Personnellement, une remarque de ce genre, j'en aurais eu la force, je l'aurais tué sur place.
PPPS pour gégé : Quand on dit à quelqu'un qui deux semaines avant le Marathon fait une séance "d'AS42" avec comme résultat :
de tenir 6'40", on arrête le métier de coach marathon...dule66 écrit: Sur les allures, j'ai ciblé 6'40, et quand j'y suis, le cardio monte à 87%
Dernier PS pour ton club : Vous ne méritez pas de vous appeler un club. Personne pour accueillir les derniers, même pas le coach...c'est juste du grand n'importe quoi !
A la rigueur, que ceux qui viennent de faire un Marathon soit partis manger...mais les autres ?
Le mot de la fin quand même : Bravo, bravo et encore bravo
A bientôt pour de nouvelles aventures...mais s'il te plait, ne nous fait pas pleurer d'émotion en lisant le CR la prochaine fois
Last Edit:il y a 8 ans 1 semaine
par Vince1987
Dernière édition: il y a 8 ans 1 semaine par Vince1987.
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