Papa, le marathon, les crampes et moi

Quand j’ai commencé ma préparation le 16 août 2016 je ne savais pas que tant de choses seraient différentes aujourd’hui.
Le calendrier de la préparation JP que j’avais accroché sur la porte d’entrée et que je cochais au jour le jour, est enfin plein…
Une préparation que j’ai suivie à la lettre (13 semaines/4 séances) et durant laquelle j’ai senti que je progressais à grand pas, notamment dans ma capacité à affronter des charges de travail (cumul samedi, dimanche) que je n’ai jamais affronté ! La dernière semaine aura finalement été la plus chaotique, c’est jeudi dernier que j’ai zappé une séance (blessure ?), j’ai eu beaucoup de mal à gérer mon stress et surtout je pense que j’ai eu peur de ne pas être à la hauteur de toutes ces personnes autour de moi (je les en remercie tant) qui m’ont soutenu, encouragé et qui m’ont dit toute l’admiration qui était la leur de me voir affronter ce qui pour beaucoup est « surhumain »… On n’arrive rarement à s’étonner nous même, les autres le font parfois pour nous. Merci encore à mes amis du forum qui m'ont remonté le moral.
Voilà on est la veille de la course, rituel habituel avec la préparation du matériel (cette fois c’est plus solennel que d’habitude) sans oublier tout ce qui concerne l’alimentation (gâteau sport) et l’hydratation.
Je me suis fait un tee-shirt pour papa qui se bat contre la maladie (ça nous est tombé dessus il y a peu) mais il sera trop faible pour venir sur le parcours, la chimio l’a mis KO…

La course je la cours pour lui bien évidement, pour moi aussi, mais finalement j’ai pensé à lui que dans les moments difficiles et une fois la ligne d’arrivée passée…bien sûr ! Il fallait positiver et j’ai essayé de mettre en avant les pensées positives...
La nuit est courte…très courte et ma plus grande préoccupation réside dans la contracture que j’ai en bas de l’ischio gauche. Après 2 jours de massages et de chaud, je sens que c’est nettement mieux mais j’ai d’énormes doutes quant au fait que ma cuisse puisse m’amener au bout de ces 42 kilomètres…
Je me ressasse les conseils des amis (Stef Mezzos, Ernest Bogoss, Mickael mon ami des sorties sur Nice…), les erreurs à ne pas commettre…je me tourne et me retourne dans tous les sens mais quand le réveil sonne je suis plus qu’éveillé
Préparatifs et direction le stade Allianz Riviera (le départ et le parcours ont été changés suite aux attentats du 14 juillet), tout est prêt yapluka  Bizarrement le cardio est normal quand je connecte ma Garmin, vraiment pas haut du tout au repos.
Une fois arrivé je croise d’anciens potes de la fac, des gars en pleine forme physique puisque les objectifs respectifs sont 2h50 et 3h00 !!! et ils seront tenus C’est là que je me dis que mes années de vie totalement débridée m’ont coûté cher…mais je ne regrette rien
Direction le SAS, attente, sourires, échauffement sur place, vérification du matériel, minute d’applaudissement en la mémoire des victimes des attentats et…c’est parti, here we are !

Partie 1, la gestion…
Partir cool, partir cool…je pars cool, je jette un œil au cardio il est dans les choux, je ne le regarderai plus et j’ai compris après course qu’en fait c’était dû au fait que les électrodes étaient sèches…je ne vois pas d’autre explications, impossible d’être monté à FC Max alors que je suis sur un rythme EF…Dommage que je n’ai pas de données fiables car le cardio fait des pointes à 184 (FCM 188) sur les 2 premiers kilomètres, ce qui fausse surement la FC Moyenne de course, qui sur les 10 premiers Kms et de 82% de FCM avec une allure régulière et dans les clous. Je pense surtout à être relâché, à boire régulièrement (j’ai 2 gourdes et mes pâtes de fruit embarquées) et je constate que les jambes vont bien et que l’ischio n’est pas du tout douloureux !!!
Un gros big-up à ma belle-famille venue me soutenir avec pancarte et gros encouragements au kilomètre 10, que je passe en très bon état en 52’43, coup d’œil à mon bracelet avec les temps de passage pour 3h45, j’ai 35 secondes d’avance…et je suis très bien.

Partie 2, les doutes…
La moyenne de ma FCM sera de 83% pour cette partie, mais ce n’est ni le cardio, ni les jambes qui me feront douter mais plutôt les tiraillements musculaires et le parcours sur lequel j’avais tant souffert l’an passé lors du marathon relais (en semi avec un ami) Cette partie ne me plait pas car on fait des boucles dans Villeneuve-Loubet et un aller-retour dans la Marina Baie des Anges, l’impression de stagner dans cette zone ne me convient pas, j’aime bien savoir que j’avance d'un point à un autre dans une course
Une fois les serpentins avalés, il faut se faire la grande ligne droite plate du bord de mer. Heureusement qu’il n’y avait pas de vent, même si le soleil y tape un peu en ce beau dimanche de novembre. J’ai des douleurs un peu partout et surtout à partir du 15ème une sensation de crispation/crampe dans le pied…je doute et même si je ne suis pas du tout dans le rouge je me dis que la course va être longue, très longue…

Partie 3, en mode guerrier…
Le semi est passé en 1h51, j’ai pas chômé sur la partie plate et j’ai plus d’une minute 30 d’avance à ce moment-là sur le temps prévu. C’est exactement le temps dans lequel j’avais passé le relais l’an passé, j’étais dans un très sale état à cette époque et là je suis frais et ça me donne un gros coup de moral positif, je me dis qu’à partir de maintenant chaque mètre parcouru doit être pris comme un compte à rebours, même si les difficultés du jour sont devant nous…Désormais je m’arrête à tous les ravitaillements, sucre + eau et je reste toujours dans les temps malgré la bosse du vieil Antibes et surtout celle de la Garoupe qui décime le peloton…Le cardio moyen sur cette période est de 86% de FCM et je passe du stade bien au stade doute, mais je me shoot le cerveau à chaque fois et je me dis que rien ne me fera lâcher le morceau. Au kilomètre 30 je suis en 2 :38 :34 toujours en avance d’une minute 30…donc dans les temps. Je sais que le plus dur arrive, je me débat toujours avec ces foutues crampes au pied, mais ça va…

Partie 4, bien et puis la punition…
Souvent je me dis que pour papa il est interdit de flancher, ça m’aura beaucoup aidé. Après le plat de 3 kilomètres de Juan les Pins, arrivent les grosses difficultés du parcours, la montée de Golf-Juan au 35ème. Je double une connaissance qui visait 3h30, je lui dis de s’accrocher à moi, mais il marche, incapable de repartir…Il finira en 4h00. J’ai une crampe au quadriceps droit, tout en bas au-dessus du genou, ça ne me gêne pas pour courir, même si c’est très douloureux. Juste avant la bosse, il y a un ravitaillement et là je prends un gros coup de bambou, le porte drapeau 3h45 est là avec moi. Je prends quand même mon temps pour m’alimenter et m’hydrater car je sens que les crampes sont là. Mais je n’arrête pas de me ressasser qu’il reste 7 kilomètres…c’est Pinuts 7 kilomètres
Je gère la montée, les bosses sont rudes sur cette partie (ça monte et ça descends…) mais je ne fléchis pas, au contraire je sens que hormis les crampes j’ai encore le moral et le cardio est sous contrôle, ma respiration est fluide. Au 37ème c’est la punition, alors que je suis lancé dans une descente dans une belle allure, une crampe foudroyante me prend l’ischio. Elle me surprend tellement que je chute lourdement, les gens me demande si ça va, je ne sens rien sur le coup, si ce n’est l’horrible rétrécissement de mon ischio. On s’inquiète autour de moi, mais je leurs dit que ce n’est rien (vu ma chute certains ont pensé à un malaise) et je repars au bout de 10 secondes. Aujourd’hui les stigmates de la chute(s) sont bien présents, l’omoplate et les cervicales bien douloureux et une grosse écorchure sur la colonne vertébrale. C’est reparti, mais les crampes me prennent de toute part, mollet, quadri, ischio…Dans la descente du 39ème mon ami Marc est là et ses encouragements sont top, je suis vraiment dans le dur, à chaque fois que j’essaye d’accélérer, alors que je sens que j’en ai le potentiel, la crampe me rappelle à moi…Petite accalmie et gestion sur les 39ème et 40ème, ça y est on y est sur la croisette, le panneau ville de Cannes est franchi…c’est pas le moment de flancher ! Les 2 derniers kilomètres sont un enfer (6’18 et 6’36 de moyenne) j’ai des crampes tous les 200, 300 mètres, celle du quadri ne pars plus, une fois les mollets et pire encore l’ischio qui me fait rechuter au 40ème. Un gars au top me fait passer la crampe alors qu’il est lui aussi dans le dur ! Grand geste, c’est là que le sport est si noble ! Je n’arrête pas de me faire doubler, moi qui n’ai fait que passer devant les autres pendant toute la course, c’est très dur psychologiquement.
Le tapis bleu est là, toute ma famille et mes amis sont là pour m’encourager, je les aime mais ça ne me fait pas plus avancer. Les spectateurs crient « allez Slim, allez c’est fini » il reste 200 mètres, mais que c’est long et dur. Une dernière crampe me prend le mollet sur le tapis, je suis obligé de m’étirer contre la barrière. Je termine enfin mon premier marathon avec un chrono officiel de 3 :48 :40 moi qui m’était fixé en limite basse le 3h45 et en limite haute le 4h00 je peux être satisfait. Mais bizarrement pas trop d’émotions au moment de passer la ligne, une grosse pensée pour mon papa et une envie folle de retrouver les miens.

Désolé pour le roman,

@+ et bons runs

Merci pour ce CR Slim, on voit que tu as lutté pour franchir la ligne mais la satisfaction est encore plus grande

Bonne récupération maintenant, j'espère que tu vas vite te remettre de tes chutes.

Un pensée pour ta famille et toi pour l'épreuve que vous traversez

Merci pour le CR:)

Encore félicitations d'avoir tenu malgré les grosses crampes à la fin.

J'espère que tu vas récupérer rapidement !

Bon courage à toi et ta famille pour la suite.

Salut Slim,

Félicitations, tu n'as rien laché jusqu'au bout, malgré une chute !!!!!

Bonne récup, à bientôt pour un petit Vaugrenier

Merci pour ce CR "bien rempli"
Encore félicitations pour cette course à épreuves multiples
Te voilà parmi les finishers ...pour d'autres ça attendra encore un peu

Bravo !! Félicitation pour cette jolie course, et cette belle gestion de l'effort,
J'ai eu mal pour toi dans cette dernière partie, ça fiche la trouille ces crampes ; difficile de lutter contre ça ! En + avec la chute, purée, tu es un vrai guerrier !
Bonne récup, arrange donc un peu ces muscles qui ont souffert,
Mais c'est tout de même un sacré chrono !