Bonjour ,
j'avais couché sur le papier le récit de mon premier marathon (paris 2014) . j'avais envi de partager ... voici donc :
…. « Mon » Marathon de Paris.
Prologue
Dimanche 6 Avril 2014, PARIS, Champs Elysées, il est 8h45 …..
Le coup de canon est donné par Anne Hidalgo, fraichement élue à la mairie de Paris libérant ainsi 42000 coureurs, massés sur la plus belle avenue du monde, à l’assaut du 38ieme Marathon de Paris. Bon, pour l’instant, seuls les kenyans et autres Ethiopiens ( !) s’élancent … Je suis dans la vague des « 4 heures » et ne partirais pas avant une bonne demi-heure ….Les hauts parleurs diffusent du Vangelis , la musique des « Chariots de feu » , entrecoupé des braillements du speaker qui annonce les départs des vagues successives 3h30 … 3h45 et enfin nous autres la tribu des « 4 heures » . Le portique « Départ » se rapproche doucement. De nouveau nous sommes arrêtés par les bénévoles. Et puis, enfin, ça y est, c’est parti ! Je franchis la ligne de départ et lance mon chrono qui va devenir mon pire ennemi dans les heures qui suivent ……
Chapitre 1 : Km1 à Km10 ….. « Euphorie ! »
Le premier kilomètre est magique, descendre les Champs Elysées en courant au milieu de l’avenue est assez grisant. C’est d’ailleurs le piège qu’il faut éviter …et que je n’éviterais pas ! …. Arrivé en bas, je jette un dernier coup d’œil en arrière pour admirer cette belle avenue remplie de coureur et baignée d’un soleil radieux.
Je rentre sur le Trocadéro, ma montre sonne pour m’annoncer le premier kilomètre en ….4’38’’ ….Merde, beaucoup trop vite ( !) .La rue de Rivoli se dévoile et je rejoins déjà le cul du peloton des « 3h45 ». Il fait chaud, le soleil tape et tout le monde court sur la gauche de la rue … à l’ombre ! Km2…4’50’’ … toujours trop vite. Je n’arrive pas à réguler mon allure.
Le Louvre, puis l’hôtel de ville puis Bastille…. Déjà un concurrent qui marche … je pense : « ben mon gars, t’es pas arrivé, toi !!! ». Les 5 premiers kilomètres en 24’42’’. Je double sans cesse des coureurs de la tribu des « 3h45 » et je ne vois plus aucun « verts » … des « 4 heures ». Premier ravitaillement, de l’eau… et c’est reparti… Km7, Km8, Daumesnil, porte Dorée, Km9, nous rentrons dans le bois de Vincennes et beaucoup de coureurs se jettent sur les premiers arbres pour y soulager leurs vessies !! Même une fille, n’y tenant plus, se précipite en essayant tant bien que mal de se cacher dans des feuillages encore …..« hivernaux » !! Le zoo de Vincennes et le Km10, deuxième ravitaillement, j’avale un gel de sucre et de l’eau. C’est là que j’aperçois pour la première fois celui que je vais surnommer « Big Moustaches », il fait partie de la tribu des 3h45, la cinquantaine et une moustache incroyable ! Je me fais fort de le doubler et de l’oublier ……
Chapitre 2 : Km10 - Km20 … « Sur un nuage »
Toujours le même rythme, je tourne à 12 de moyenne (5’/kilo), trop vite je le sais, mais je n’arrive toujours pas à ralentir… Km11, Km12 le château de Vincennes, puis l’hippodrome, Km13, Km14 et Km15 atteint en 1h17’42’’.. Le 3ieme ravitaillement se fait attendre.. Ils l’ont placé presque au Km16. De nouveau un gel et de l’eau. Je repars et normalement des amis m’attendent sur le bord de la route … Km17.. J’arrive à leur hauteur, , c’est génial d’avoir des supporters !! Je ne m’attarde pas trop et repart juste derrière … « Big Moustaches » !! Je le redouble …. Et l’oublie de nouveau …
Km18 : la Cipale de Vincennes, Km19 : on rentre de nouveau dans Paris. La foule est maintenant compacte sur les trottoirs, incroyable tout ce monde ! Ca encourage en lisant les prénoms sur les dossards, des enfants tendent leurs mains pour qu’on se les tape. Km20 en 1h44’44’’.. Inconsciemment je sais déjà que je vais payer ces 20 premiers trop rapides……
Chapitres 3 : Km20-Km30 …. « Prémices de douleur »
Je passe le grand portique qui annonce le passage au Semi : 1h51’16’’, soit près de neuf minutes d’avance sur le plan de bataille. Km22 : de nouveau Bastille, puis Km23, attaque des quais de seine... Paris est vraiment magnifique (Paris est « magique » comme disent certains !!).
Notre Dame apparaît plus loin, j’ai mal au bide, comme des crampes d’estomac … je décide d’abandonner les gels de sucre. Km23 : un mec vomit ses tripes sur le bord de la route ! Km24, Km25 : ma vitesse décroit tout doucement. Au Km26 je passe sous mon objectif d’allure pour la première fois … je ne la retrouverais jamais … La tête de la Tour Eiffel apparait en point de mire, et normalement je dois y retrouver ma petite femme . Km27, à partir de maintenant, c’est l’inconnu, je n’ai jamais dépassé cette distance à l’entrainement. Je commence à sentir durcir mes jambes surtout le devant des cuisses … Km28, les tunnels sont oppressants et les remontées en sortie font d’autant plus mal ! Celui de l’Alma nous réserve une vision peu encourageante pour la suite, un gars est allongé sur le bas-côté, il semble dormir avec son bras enroulé autour de sa tête, mais la présence des 2 bénévoles avec lui indique plus un gros malaise…. Km29 : Le Trocadéro, c’est là qu’ils ont placé le 6ieme ravitaillement. Eau, sucre et oranges… ça ira bien et mon estomac est content de l’abandon des gels ! Au moins de ce côté, ça va mieux. Allez hop, on repart je rejoins l’avenue Kennedy ou ma petite femme doit m’attendre à un point précis. Je m’approche mais je ne la vois pas... Et puis, si, elle m’appelle, on se rejoint. Ça me fait un bien fou !
Elle me tend des gels de sucre !! Que je refuse bien évidement !! « Ça va ? » me demande-t-elle. Je lui réponds « Impeccable » en mentant grossièrement ( !) pour ne pas l’inquiéter. Mes jambes commencent à vraiment être raides maintenant. Je la laisse, je l’embrasse et lui donne rendez-vous sur l’avenue Foch … « dans une heure » (!!!) Lui dis-je en reprenant ma course. Je me retourne mais elle a disparu dans la foule … Par contre j’aperçois …. « Big Moustaches ». Incroyable, il m’a retrouvé !!! Mais je suis toujours devant lui et passe le portique des 30 Km : 2h44’….
Chapitres 4 : Km30-Km40 …. « Doutes et souffrance »
Km31, Km32, mon allure est maintenant proche des 6’/kilo. Les cuisses, surtout, me font mal et je pressens déjà ce que je redoute le plus … Les crampes. Km33, on longe le stade de Rolland Garros, on le contourne .Km34 ravitaillement … Déjà ? Trop content de pouvoir faire une pause …. Dans ma tête je fais des maths !! 42-34 ….. Heu ? !! 8 ! Putain 8 bornes encore !.. à 6mn au kilo … ça fait ….. 48 min ! Et là gros coup au moral, j’ai plus envie … pourtant je repars, ça fait un mal de chien mais ça tient !! Km35, Km36, Km37 j’évite de justesse la crampe en m’arrêtant sur le côté et en me massant la cuisse. Je m’étire, marche un peu et repart. J’avance à l’inertie ! Au loin j’aperçois un panneau kilométrique.. j’ai perdu le fil de la course ! , K37 ou K38 ? Je n’ai pas mes lunettes, j’y vois rien de loin et c’est écrit tout petit !! ….. Enfin ! K38 !! Là se présente une grande ligne droite en faux plat montant, histoire de bien achever les blessés ! K39 … pas de ravitaillement ?? Je suis à la limite de la crampe de nouveau, nouvel arrêt pour petit massage des cuisses. Un spectateur me crie « Allez François !! C’est presque fini !!! » Je voudrais bien l’y voir, lui !! Mais je lui adresse un sourire fatigué et relance ma course. Mon allure s’écroule et tourne autour de 6’30’’ maintenant. Un rapide calcul….. je ne descendrais pas sous les 4 h… impossible d’allonger la foulée, les crampes menacent de tous côtés … Km40, je ne regarde plus le chrono, je m’en fous !!!
Chapitres 5 : Km40 – Km42,195 ….. « Délivrance »
Ravitaillement, c’est le dernier, il reste 2 kilomètres ! Je bois et je marche, et là… Coup de massue !! , le meneur d’allure des « 4 heures » avec sa grande flamme verte dans le dos, me passe avec sa garde rapprochée, j’essaye de redémarrer et de l’accrocher mais, rien…. le cerveau hurle de repartir. Rien, les jambes refusent de courir.. Puis enfin ...ça redécolle, mais l’autre là-bas avec sa grande flamme verte marquée « 4heures », (d’ailleurs…. Elle tient comment sa flamme ??? !!!! ) disparait dans les derniers virages du bois de Boulogne. Km41 (Tiens ?? Déjà ??) des Bretons proposent du cidre sur le bord du trottoir !!! Un peu plus loin des Bordelais proposent un p’tit coup de vin rouge !! Incroyable, il y en a qui s’arrêtent ! Des fous !! Tous les 100m, il y a un coureur par terre, allongé, le regard dans le vide, complètement hébété. Ils sont ramassés et emmenés dans le « pin-pon » stridents des sirènes d’ambulance. …. Il y a maintenant un monde fou sur le bord de la route, ça hurle des encouragements et je réalise que je viens d’entrer place Dauphine, je n’ai pas vu ces 2 derniers kilomètres ! Je fais le tour de la place, l’arc de triomphe se dévoile, et puis, et puis …. Le grand portique vert marqué « ARRIVEE ». Je commence à remonter l’avenue Foch, je ne sens plus mes jambes, oublié les crampes, les douleurs, les souffrances de ces derniers kilomètres. Je suis envahi de frissons, je sens l’adrénaline parcourir mon corps. Je vole !! Je n’ai plus envie que ça se termine et je comprends le sens de toutes ces semaines d’entrainement, toutes ces heures à courir parfois dans le froid, la pluie, la nuit …Tout ça, c’est pour vivre ces 195 derniers mètres ! C’est une émotion extraordinaire …
Je serre les dents une dernière fois et franchis la ligne, je stoppe le chrono, déclenché 4h03’ et 43’’ plus tôt dans la matinée...….. Je suis « Marathonien » ….
A peine la ligne franchie, mes jambes me rappellent à la « dure » réalité !! ça va faire mal.. ! Je remonte doucement l’avenue Foch et l’on me tend la belle médaille autour du cou. Je jette fièrement un regard à droite, à gauche. Et là ….. « Big Moustache » !!!! Sa belle médaille autour du cou, la mine déconfite, la moustache est intacte, fière et son regard heureux. Je pense que je suis dans le même état … à la moustache près !!
Épilogue
Marathon est une vraie expérience de vie. Défi individuel mais qui ne peut se réaliser sans la famille et les amis pour vous soutenir. . Merci aux amis du bord de la route (ils se reconnaîtront), à tous les amis FaceBook. A mes enfants …
Et surtout, surtout… un grand,… un immense Merci à ma petite femme pour m’avoir supporté durant ces longues semaines d’entrainement ….
Le lendemain , je n’ai qu’une envie …. C’est quand le prochain .. ! ??
Voila , c'était il y a plus de 2 ans déjà .Merci
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