MILLAU et Moi...

salut à tous,
il est dit qu'un rêve doit le rester...mais moi j'ai décidé il y a quelques mois suite aux 90kms du morbihan de m'attaquer à ce mythe, ce rêve de routard pour moi.
Bêtement je me suis dit que Millau était à la portée de tout un chacun, avec de l'entrainement et un passage progressif comme je l'ai fait sur des distances de plus en plus longues depuis 2013...
Je me suis dit aussi de le D+ n'était que de 1100...moi qui dès fois dans mon vignoble arrive à faire 500-600d+ en 20 ou 30 kms
La préparation est fixée sur 9 semaines, seul car je n'ai pas eu de proposition de suiveur (sauf Eric mais qui était pris ailleurs) malgré mes appels de phares à mon beauf Vttiste chevronné
Une prépa qui se déroule comme je veux, un plan maison inspiré de mon plan de N-1 et des conseils glanés chez BH.
Pour la course, il fallait donc 8h de route le vendredi, récupération du dossard, petite balade dans millau en espérant aussi dîner avec alex (tu serais venu....tu connais la suite ).
Le lendemain samedi, petit dej prévu à 6h30 mais personne un appel au numéro d'urgence de l'hôtel qui nous dit que celui-ci est à 7h30 comme d'hab
Donc, retour dans la chambre pour prendre un pain d'épice et des biscuits petit dej belvita mais pas de boisson chaude mais no stress.
Go pour le parc de la victoire, je gare la voiture pas trop loin pour repartir le dimanche car le retour vers l'hôtel, 1,5kms est en côte
je retrouve alex, on immortalise une photo (plus tard je le mettrai) et on reste ensemble à discuter, on fait 1km ensemble et ensuite il me lâche, chacun sa course à partir de là.
La 1ère boucle est bon enfant, le peloton est dense car il y a les marathoniens avec nous, le soleil est trop au rdv mais tout roule.
Cette longue procession avance tranquilou, les ravitos défilent et je fais comme prévu, eau tous les 2kms et fruits et fruits secs.
L'allure est bonne, je suis le meneur 13h00, le passage difficile entre km20-km30 se fait bien.
Mais le gros hic c'est qu'au fils des kms, mon envie de boire et manger s'atténue et je mets ça sur le compte de l'émotion, du soleil....
Arrivée au marathon en 5h11, dans les clous et aussi je suis surpris de croiser Alex ( qui me raconte vite fait ses déboires gastriques ).
À ce ravito, je prends une tartine de crème de roquefort et ça passe mal, le coca pour pousser....et vais aux toilettes de suite pour tout rendre: vomito1
Mais je repars quand même, et km47 attaque de crampes sur tous les membres inférieurs je suis par terre et je douille grave, un gars arrive et me fait des étirements...au bout de 15' RAS, j'arrive à reprendre en marchant, ça tombe bien on attaque la côte du viaduc vers km50.
Dans la descente vers st georges km53, j'ai alex qui me dit que les masseurs m'attendent ...yes j'en ai besoin et j'en profite mais mon gros souci reste ce refus de l'estomac à ingérer ce que je lui propose.
Le moral est bon, de plus mezos69 (steph) m'appelle de temps à autre
Et va pour l'attaque de la ligne droite montante (7kms) de st rome ou j'arrive à trottiner
km60 st rome, longue pause, je suis usé, vidé,léssivé, vomito2, l'abandon trotte dans ma tête, ma femme me le conseille MAIS MOI non car je sais que je suis cap tant que je peux courir encore un peu.
Je zone un moment à ce ravito, je me fais masser aussi pour récupérer un peu et m'allonger et que vois-je sur une table ravito: du YOP, j'adore ça, je goûte et ça passe, j'en redemande
À partir de cet instant, j'ai tourné au yop...ÇA DÉCHIRE !!!!!
REQUINQUÉ, J'entame ma longue course en avant avec pour objectif st affrique.
La côte de tiergues est interminable mais j'avance à un bon rythme et malgré encore une bonne pause en haut, avec sortie de la frontale, j'attaque la descente vers st affrique avec sérénité....Steph me met au courant de l'abandon de Alex à st affrique
St Affrique km71: 10h40 de course soit 5h11 au maraton et 5h30 pour 29kms aller.
En gérant, en se reposant en buvant du yop, je me dis que 16h à millau est faisable car je ne lâcherai pas l'affaire.
Le corps n'est pas au mal, l'allure prend un coup mais le moral est au beau fixe, je vois les lumières de millau.....au très loin
23h40: go pour le retour
Mais à suivre...

houla ça déchire
Vivement la suite.
Décidément c'est loin d'être une promenade de santé cette balade

la suite...
à noter que durant la prépa millau (préconisé pas BH), il était acquis de fait que l'allure travaillée était celle de la 1ére boucle et que sur le second, l'alternance (ou une autre allure plus basse) était la règle.
J'ai aussi omis de signalé la grosse ampoule sous le pied droit que je sentais depuisun certain nb de kms...
Je repars donc de st affrique, tshirt changé, coupe vent mis et buff autour du coup, prêt à affronter la nuit et la solitude.
Pas de changement notoire dans la remontée vers tiergues km77 où je reprends encore un peu de yop, du repos, un coup de fil de steph
Bizarrement j'ai adoré les montées où mon rythme est à a peu près soutenu
La descente vers st rome et st georges km90 est un vrai supplice par contre pour les quadri et les mollets, la pente n'est pas énorme mais des kms dans ce sens cassent encore plus les fibres déjà mal en point ....il est important de faire du D- , pas que du d+ qui se gère bien au final
À st georges, je me retape la forme, plus que 10kms, le rêve est au bout mais je suis entamé physiquement et surtout énergiquement, j'ai la dalle.....
Je repars toujours et go pour la montée vers le viaduc....interminable, un gars que je double me dit "tu verras que le viaduc de millau est monté sur rail....pas trop compris de suite, par manque de lucidité"...mais je l'ai compris au fil des kms car plus j'avançais plus il reculait
et quand enfin on l'atteignait, je vois un panneau sur la gauche indiquant une pente de 8% dans 200m
Mais le périple arrive à sa fin, millau n'est pas loin, je suis en ville km92, j'éteins ma frontale et j'avance inexorablement...
km93, ma montre rend l'âme, pas grave, je ne la regardais plus...
km97, un panneau surgit de nulle part me rappelle que je suis toujours là et que ça sent la fin.
Et ensuite c'est de la petite foulée et marche en direction du parc de LA VICTOIRE ( oui c'est son nom).
Je rentre dans le parc, quelques bravos de certains couche tard...et enfin je passe la ligne avec un PUTAIN DE FLASH DANS LA GUEULE pour me dire que je l'ai fait, avec mon nom cité par l'animateur
Un peu beaucoup d'émotion mais seul au monde, personne pour m'accueillir....mais c'est à l'image de ma pratique de la CAP...always alone dans mes défis PERSO.
ARRIVÉE 17H40
FINISHER pas comme je l'espérai secrètement entre 12h30 et 14h00 mais heureux.
À j+5, pas de bobo particulier depuis le lundi, une légère contracture au mollet gauche, je mange bien depuis lundi, même trop bien et je suis à près de 1,5l par jour d'eau ou jus de raisin.
Et BIZARREMENT J'AI ENVIE D'Y RETOURNER.....
MAIS G PEUR DE LE DIRE À MA FEMME CAR ELLE VA ME TRUSCIDER
Merci à celles et ceux qui ont cru en moi, qui ont pris du temps sur le live, qui m'ont encouragé par sms et une mention spéciale à steph (mezos69) qui a pris de mes nouvelles pratiquement toutes les heures et qui m'a beaucoup aidé à avancer...
Et enfin, à signaler que à chaque ravito un point abandon est en place avec un car qui faisait la navette...dire que c'était bien tentant (1700 au départ 1274 à l'arrivée de cette aventure 2016).

Bravo, c'est vraiment énorme ce que tu as fait.
C'est un autre monde pour ceux qui, comme moi, n'ont jamais dépassé le marathon

Quel est ton ressenti entre ce que tu as vécu et ce à quoi tu t'attendais ?

smilk écrit: Bravo, c'est vraiment énorme ce que tu as fait.
C'est un autre monde pour ceux qui, comme moi, n'ont jamais dépassé le marathon

Quel est ton ressenti entre ce que tu as vécu et ce à quoi tu t'attendais ?

merci...
sur le site des 100k de millau, c'est marqué une autre dimension...ça résume tout.
pour moi il est plus facile de faire un trail long que millau.
je m' attendai effectivement à ce que se soit hard, la prépa n'est pas en cause et avec un meilleur apport énergétique le boulot aurait été bien fait.
La preuve, j'ai presque envie de remettre ça pour revivre encore mieux ce rêve et avec l'avantage de connaître le terrain de jeu.
Le plus dur c'est 100k sur route

Ouah toi aussi tu as été malade Le mental le mental le mental! Il en fallait vraiment pour finir , un énorme bravo pour être allé au bout.

Et merci aussi de me confirmer que ca n'est vraiment pas fait pour moi le 100 kms, même si je n'ai jamais hésité à m'inscrire Mais je comprends aussi très bien que tu es envie de le refaire compte tenu de ce premier, maintenant que tu sais ce qui t'attends (même si c'est finalement peut être pire de le savoir )