Marathon Mont Blanc..au delà de toutes mes limites
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Marathon Mont Blanc..au delà de toutes mes limites a été créé par Jen37
Posted il y a 8 ans 5 mois #434009
Voici donc mon récit de cette course extraordinaire
Avant tout, un peu d’histoire.. :
Je découvre cette course tout à fait par hasard en 2014 en surfant sur le net à la recherche de vacances.. A l’époque je venais de finir mon premier trail de montagne un petit 24k Ô combien douloureux, mais qui va me donner le virus de la montagne car désormais je ne pense plus qu’à ça
La vidéo me donne des frissons mais va falloir que je patiente avant de m’inscrire sur ce type de course.. Je passerais d’abord par la magnifique Sierre Zinal en 2015..
Le Mont-Blanc est depuis toujours resté dans un coin de ma tête, en octobre 2015 on décide de tenter notre chance..on s’inscrit espérant faire parti des chanceux qui seront tirés au sort..3 semaines d’attente jusqu’à ce merveilleux mardi matin où je découvre le précieux sésame : nous sommes tirés au sort !!! J’en reviens pas !..
La prépa :
Dans ma tête la prépa va commencer dès le mois d’octobre. La préparation de la SaintéLyon (44km) va me permettre de voir ce que je peux endurer comme prépa..et surtout je prévois aux alentours des 7h00 de course.
Prépa et courses qui vont se dérouler à merveille et me conforter pour le Mont Blanc. Après tout j’ai déjà fait Sierre Zinal et la saintélyon..ça doit pas être beaucoup plus difficile..(ignorance quand tu nous tient..)
Puis la prépa pure et dure du Marathon débute début avril, après un court passage sur bitume. Début de prépa très difficile en raison de soucis liés à mon futur ex travail. J’accumule énormément de fatigue liée à une forme de dépression et j’ai beaucoup de mal à me projeter dans ma prépa.
En mai après enchaînements de quelques gros Wee-end, j’ai la chance de pouvoir participer à un stage de reco au Marathon du Mont Blanc qui va m’apporter énormément pour boucler ce marathon (changement de sac, utilisation des bâtons, travail en descente ect..). Par contre ma vision de cette course va changer définitivement changer… On est loin..très loin d’un Sierre-Zinal ou d’une Saintélyon.. Le parcours est extrêmement technique, je réalise que mon niveau actuel est plus que limite voir insuffisant pour le finir dans les BH..et je m’imagine sauter au 37ème km…
Qu’importe, ma vision change, l’objectif sera de prendre plaisir et une expérience supplémentaire.. l’échec fait aussi parti de la vie d’un coureur, surtout quand il se surestime..
Passé ce stage, je prendrais 3 semaines de récup totale juste quelques footing pour être opérationnelle.. Passage par la case ostéo pour soigner les petits (gros) bobos dont 2 sciatiques que je traine depuis des mois (mars) qui entraîne des douleurs au dessus du pied droit et derrière le genou gauche..Finalement, je serais pas si bien soigné que je pensais..
La course :
Réveil le jour J à 4H10 après une nouvelle nuit agitée. Le stress est à son comble !!!
Petit déjeuner complet : Muesli, 1 banane, 1 mini brownie, 1 pom’pot et un verre de jus de fruit.. On décolle de la chambre à 5H50 avec une vue magnifique sur la montagne où le soleil vient effleurer les pointes enneigées.
10min de voiture, 10 minutes de marche, et nous voilà sous l’arche. J’en profite pour envoyer un sms avec photo à Jean Marc et Coco, alias Nelson&Nelson
Le bulletin météo est chouette, pas de pluie annoncée, et un temps pas trop chaud.
L’ambiance est moins festive que je l’espérais, les gens sont globalement très tendus.
Pour ma part, j’ai la méga banane, 9 mois que j’attends, 9 mois que je regarde encore et encore les vidéos, le cœur s’emballe, les yeux s’humidifient, derniers bisous à mon homme..10..9..8 ect.. Et c’est parti !!...
Chamonix-Vallorcine : 18KM
L’objectif de cette première partie est simple : arriver le plus frais possible à Vallorcine. Cette partie du parcours est traite car plutôt roulante et les gens ont tendance à vouloir gagner du temps sur cette portion : grosse erreur..
Nous voilà donc parti dans les rues de vallorcine, la foule est dense, c’est impressionnant de voir autant de monde.
Dès le départ je transpire à grosse gouttes. Je comprends pas je suis en t-shirt et à petite allure, je m’adapterais donc en conséquence pour boire toutes les 10min au lieu de 15 min comme je le prévoyais.. j’ai 2.5l sur moi donc aucun soucis.
Au bout d’1.5km environ, on bip le départ de course..je le comprendrais que plus tard mais cela va énormément jouer sur les BH, et pas dans le bon sens du terme.. sympas le petit km gratuit ^^
Dès que l’occasion se présente en forêt, je vais faire un premier arrêt au stand, c’est fou le nombre de coureurs que je vois passer devant moi à ce moment là..
Enfin, ça y’est je rentre dans le vif du sujet. Je vais donc m’installer à un petit rythme de croisière, pas de cardio, tout à la sensation, je cours donc de manière à ne pas m’essoufler, attaque les bosses de manière prudente et descendre à bon rythme détendue.
Beaucoup de monde autour de moi est dans un rythme trop élevé, certains respirent déjà très fort..moi j’ai la chance d’avoir fait mon stage et je gère donc comme on me l’a montré.
Arrivé au 5ème km (6.5 à ma montre) arrivent les premiers bouchons… sacré gachi car en pleine descente hyper roulante sur laquelle on peut gagner du temps sans fatiguer..arrêt total deux fois durant quasiment 5min à chaque fois.. mes inquiétudes montent car je me sais limite limite pour passer les BH..
Premier ravito du 9ème km : J’ai déjà bu toute ma boisson jus de raisin/sel.. et un bout du camel alors je fais le plein d’eau car rien d’autre ne me tente sur le ravito. Je marche quelques mètres le temps d’envoyer mes sms à jean marc et coco, mais pas de réseau, ça veut pas !!! Mais bon, j’ai bipé alors vous savez sûrement où j’en suis.. alors je poursuis ma route.
Du 10ème au 18ème, je vais beaucoup m’inquieter.. on avance pas le chrono tourne mais pas les km !! On est assez facilement coincé dans un sous-rythme avec peu de possibilité de doubler.
Heureusement, certaines descentes me permettent de relancer un peu, je suis ravie de me sentir courir ainsi dans ces descentes bien dégueue..
Arrivée à vallorcine en 2H30 à ma montre (2H34 sur l’officiel..). Alors du coup, je relativise..je souhaitais arriver en 2H10, en rajoutant le 1.5km et les bouchons, je suis presque dans les clous..le soucis c’est que les 20min d’avance que je souhaitais avoir en BH sont définitivement perdues, et je n’ai donc plus la place pour flâner sur les ravitos, prendre des photos ect..faut que j’avance coûte que coûte. Donc on remplis vite les flasques et on repars en moins de 2min
Vallorcine-Col des posettes :
Là, je joue dans ma cours.. la grimpette c’est mon truc
Malgré ma prudence sur les 18 premiers km, je suis pas aussi fraîche que je l’aurais souhaité et la fatigue pointe légèrement son nez.
Dès les premières foulées dans la montée j’ai l’impression que la côte est plus dure que dans mes souvenirs, puis les pas glissent dans toute cette terre gorgée d’eau. On à encore quelques bouchons qui nous forcent à s’arrêter..mais ça va s’estomper au fur et à mesure.
Le peloton devient incroyablement silencieux, tout le monde à les yeux rivés au sol, on ose pas regarder ce qui nous attend au loin..
Cette montée s’avère être assez selective, un bon nombre de coureurs est à l’arrêt, je vois même un MR redescendre car il abandonne.
Moi, je vais bien, le souffle est plutôt silencieux, les jambes grimpent à rythme correcte, quand je le peux je double en prenant soin de ne pas gêner les autres courreurs..
A mi-parcours je me souviens qu’on sera à découvert..la descente arrivera derrière et je sais que je risque d’y rencontrer des soucis intestinaux alors je prends une pause.. un peu longue mais je pense qu’elle m’a épargné mes dégâts habituels en descentes. Beaucoup de monde me double/re double à ce moment là..
Sortie de forêt, je découvre avec bonheur qu’il n’y a plus de neige..Je continue mon p’tit bonhomme de chemin, le paysage est méconnaissable par rapport au mois de mai.
Je commence à me lasser un peu de toute cette grimpette, le ravito se fait désiré, surtout qu’il nous est annoncé au 22ème km (le fameux 1.5km de plus du départ ^^).
Enfin, le voilà, la fête y est de mise !! Un mec est debout à l’arrière de son pick-up, guitare électrique branchée à jouer du ACDC !! Que c’est bon !!!
Remplissage en règle des boissons (c’est fou ce que je picole !!!) je pointe avec une pensée pour vous et j’essais d’envoyer des news..ça marche toujours pas !!..
Il reste encore une bonne grimpette à faire, idéalement j’aimerais arriver en 4h10 pour me laisser de la marge sur la descente et faudrait surtout pas que j’arrive en plus de 4H30.
On repars donc avec un gros coup d’émotion quand le gratteux se met à jouer « l’envie d’avoir envie » de Johny !! Ce riff !!! et c’est paroles vont m’accompagner un gros moment. Un couple de bouquetin se mèle à la partie, moment très sympas !
Je vais finalement mettre beaucoup de temps à grimper, je n’en vois plus le bout et je sens que je commence à être un poil trop entamée..Mais le Mont-Blanc qui se dévoile face à moi me fait vite oublier les mauvaises sensations du moment
Ca y’est me voilà au sommet, 4H27..ouch même si la descente ne fait que 5km, il ne faut pas s’y fier je prevoyais 1 bonne 1H00.. Petite photo rapide au sommet et je repars.
Col des posettes – Le tour :
Je jette un coup d’œil, beaucoup de monde est en mode « pause »..j’ai un mauvais pressentiment pour eux..je sais pas si ils se rendent compte que la BH est dans 1H00...mais bon facile pour moi de penser cela puisque je connais le parcours..
J’amorce donc ma descente..mauvaise surprise elle est encore plus dur que dans mes souvenirs, les nombreux strass sont glissant, la gadoue est omniprésente et j’ai un gros point de côté. J’avance à trop petite allure et laisse du monde me passer devant, un Mr va faire un gadin monumental devant moi, il s’est explosé le genou, et je pense qu’il n’a pas pu repartir derrière.
Je reste très prudente sur toute la première grosse partie, je fais la pire descente possible à ce moment là.. j'espère gagner du temps sur la seconde en forêt..
Ca y’est, le sol est un peu moins techniques alors j’attaque ma descente..les premières foulées sont hésitante puis on entend une horde d’enfants qui hurle des encouragements , ils vont me donner des aile, le rythme s’accélère, je joue avec mes bâtons, n’oublie pas de regarder au loin pour anticiper saute à droite à gauche et voilà la horde de gamin, ils nous hurlent dessus, chantent en pleine côte..si seulement ils savaient le bien que ça nous à fait..
Mon inquiétude s’accroisse quant à la BH, le chrono va trop vite..les jambes commencent à se raidir mon pied droit me fait atrocement mal..mais faut pas lâcher !!
Une fille derrière moi se met à hurler suivit d’énorme bruit, une horde de cerfs aussi majestueux qu’effrayant vont passer à 5m de nous, on reste quelques secondes à l’arrêt, attentifs à voir s’ils ne reviennent pas sur nous. C’est bon, on repars..
On cours on cours, tous aussi vite qu’on le peut, les orgas nous annoncent que la BH est dans 5min, je comprends pas ma montre affiche 5H17 et déjà plus de 28km.. L’émotion me gagne, je cours tout j’ai plus de souffle, plus de jambes mais c’est pas possible, je peux pas sauter à la première BH !!..
On est un dizaine à foncer à travers la forêt, ça y’est on les voit.. et c’est la délivrance ! Ca passe..Enorme pensée au fofo à ce moment là. Ma montre affiche 5H20 j’ai donc 10min de retard sur mon prévisionnel, c’est loin d’être mauvais avec le km supplémentaire. (on se rassure comme on peut)
Mon sprint final m’a fait du mal physiquement, ce n’était pas prévu du tout au programme ça !! Je repars en marchant faut que je récupère, j’essaie d’envoyer des sms, et ça passe toujours pas alors coup de fil aux copains du fofo !!!
Ravie d’entendre la voix de notre Jean Marc nationale!!!.. Ca redonne de la patate au moral.. Quand à notre coco, j’aurais droit à son joli accent sudiste sur sa boite vocale. Je test quand même l’envoi d’un sms pour lui souhaiter une bonne SL..c’est jamais parti.
Le Tours - Tré le champs :
Je reprends ma route assez tard dans tout ça, mais ça passera pour la BH à suivre. Je préfère faire cette partie facile sans forcer afin de reprendre quelques forces
S’en suit une douce descente à travers champs hyper agréable où j’aurais encore besoin de faire un break intestinal..Décidément!!..
Du coup plus trop le temps de traîner..
Je me retrouve avec une dame dans la souffrance, son entraîneur est avec elle, un sacré C** qui trouve pas mieux que de l’engueler parce qu’elle à mis 1H30 à descendre et que les autres nanas ont été éliminées. Il l’accompagne un bout de chemin jusqu’à la BH de 13H00 et m’embarque avec eux.. « vous me suivez jusqu’à la BH je sens que vous allez abandonner sinon.. » On dit que les c** ont toujours raison alors j’ai pas voulu lui donner tord..
J’arrive à la BH mémère tranquille, j’ai récupéré de la forme physique pour attaquer la suite.
Au ravitooo une charmante femme nous chante un de ces gospel. Je me laisse subjuguer quelques instants.
Je prends un verre de « jus d’orange » (vous comprendrez plus tard les « « ), qui semble coupé à l’eau..c’est plutôt bon, alors j’en remplis mes deux flasques de 50cl et remplis de nouveau mon camelback d’eau. Et je repars.
Tré le champs- flégère :
Concrètement, il me reste 1H40 pour faire les 7km qui me séparent de la BH (6,, beaucoup moins que ce que j’espérais puisque je n’ai pas pris mes 20min d’avance qui m’aurait assurés le passage de la BH.
Cette partie du parcours, contrairement à ce que le profil laisse imaginer est de loin le plus dur : les % de grimpettes sont quasi équivalents à la Posette, mais on rajoute le gros gros technique en plus. Puis il y’a cette fameuse descente, qui semble anodine sur le profil..il n’est est rien, elle est bien pire techniquement parlant que le début de la posette..
Seulement, je le sens bien cette affaire, la grimpette c’est mon truc, j’ai encore des jambes et j’ai une de ces rages!!
C’est donc parti, je parle avec une dame qui me dit qu’elle ne s’est entraîné que deux mois avant la prépa..je comprends pas pourquoi je suis au même endroit qu’elle dans la course..bref ^^ (instant de solitude où je me sens bien nulle quand même )
J’attaque donc la côte comme je sais le faire, le cardio monte un peu pour la première fois depuis le départ..mais de toute façon c’est maintenant que je dois tout donner et me faire mentir. A ce moment là rien ne me fait peur, et je n’imagine pas une seconde ce qui m’attend.
Je transpire énormément, alors je pense à bien m’hydrater, tantôt jus d’orange, tantôt eau. Je croise des coureurs à l’arrêt et les encourages.
Puis vient l’hoooorible descente, les cuissots commencent à bruler, mais ça va!! Je tente de me frayer des passages entre les coureurs qui talonnent, je veux pas les bousculer mais je veux garder mon rythme, je répète mes gammes « regarde au loin, tu es un compas, joues avec les bâtons, soit légère (ça vu le nombre de pauses y’a pas de problèmes..). J’ai l’impression d’être en plein rêve, ma faiblesse est devenue une force, merci le stage. Je pense à vous, à mon homme, p**** je vais le faire!!!
Puis tout va basculer au début de la dernière grimpette avant la BH.
J’ai d’un coup une sensation étrange : vertiges mélangés à de la nausée.. Je sais que je me suis bien hydraté sur toute cette partie, mais vu l’effort que je viens de fournir il est possible que j’ai pas assez mangé. Je me prends donc 1/2 pom’pot..qui va reprendre une voix expresse vers l’extérieure!!!..
J’ai soudainement extrêmement chaud, on est plein cagnard..et je me rends compte que j’ai plus mon bandeau sur la tête, j’ai dû le perdre. Est-il possible que je me tape une insolation??.. Je m’arrête un peu, met un bonnet sur la tête et continue de boire, mais rien à faire, ça veut pas rester.
J’avance tant bien que mal, puis tombe sur deux bénévoles qui nous annoncent que la BH est repoussé à 8H15 de course..il me reste 1H30 pour faire moins de 2km.. comme je vais pas bien du tout, je vais m’allonger un peu à l’ombre… J’essais de vous donner des news, mais ça veut pas..
Et puis me voilà dans une très mauvaise phase..je vois d’autres coureurs arrêtés eux aussi, simplement parce qu’ils ont mal aux jambes les pauvres petits..je leur en veux, j’aimerais moi avoir juste mal aux jambes.. ils ont pas droit d’abandonner bordel!!
Je finis par reprendre la route, ça va pas mieux du tout, désormais je perds en plus l’équilibre , dès que je bois ça passe pas. Je m’inquiète..car cette la BH je vais la passer, mais comment faire les 5 derniers km dans cet état?..
J’arrive plus à avancer, regarder au loin me donne la nausée, regarder les cailloux c’est encore pire, impossible d’avoir la moindre pensée positive..alors je m’invente une petite musique : je vise un point un 5 mètres de moi et me chante en tête « un mètre à pied tu vas y arrivéééé, un mètre à pied, en plus tu prends ton pied » =>Phase de délirium aigüe..
Enfin..au bout de longues minutes, j’aperçois FLégère.. je me hisse là haut tant bien que mal. J’y arrive en 7H55..
Appuyée sur la table de ravitooo je fais tout pour ne pas encore vomir, car je veux pas me faire sortir de la course.. La dame me demande ce que je veux
« je sais pas »
« Y’a quoi la dedans? de l’isostar? »
« Non du jus d’orange »
« Nan c’est de l’isostar »
Eeeeehhh merde!!! Maintenant je comprends ce qui m’arrive..mon cher et tendre estomac ne supporte pas l’isostar..et moi depuis 7km je prends bien soin de lui en fournir. Elle me met de l’eau.. et je m’éloigne.
On me confirme que dès que je passe le bipp de la BH je serais quoiqu’il arrive finisher.. à ce moment là je suis encore très mal en point, et malheureusement je vomis face aux bénévoles.. deux arrivent vers moi et je visualise déjà mon dossard arraché.
On me demande si j’ai des vertiges, je réponds que non (sachant qu’à l’affirmative c’était fini..), l’un deux à dû comprendre qu’il n’y avait aucune option (pourtant il vient d'arrêter un coureur qui me semblait pas si mal..j'ai pas compris ), je lâcherais pas je suis sûre que ça vient de l'isostar, il va donc me chercher un savant mélange de Coca/Eau, effet immédiat, le coca à virer l’isostar de mon estomac.
On me fait assoir, et au bout de quelques minutes ça va mieux.
Me revoilà debout sur mes petons, les bénévoles reviennent, j’ai le sourire jusqu’aux oreilles, j’ai repris des couleurs.. et ce très charmant Mr me montre la suite du parcours. Il me dit que la suite est roulante, je peux marcher histoire de récupérer, j’ai juste à franchir la ligne, et j’y accoure!!
Je pense à vous, et ce long moment d’attente où vous avez dû vous demander où j’en étais..j’aurais tellement voulu vous tenir informer plus vite.
Les larmes commencent à couler, c’est bon, je vais finir
J’avance et entend mon portable sonner dans tous les sens, je m’empresse d’appeler Notre Jean Marc…puis d’envoyer des textos à Coco et mon Z’homme qui à passé la BH en 7H30..il à pensé que j’étais éliminé..
Je repars en trotinnant, mais les dernières heures ont laissé des traces, chaque foulée me tord le ventre de douleurs, mais plus de nausées alors je continue..
Au final je cours aussi vite qu’un marcheur, j’ai plus du tout de jus à donner, mais on s’en fou!! suis finisher
Je profite enfin du paysage, je profite de ce merveilleux instant de bonheur.
Le parcours est beaucoup moins difficile, ces 5 derniers km sont un véritable cadeaux..haa si seulement je pouvais encore foncer..
La fin est très longue, je continue de me fixer un point proche à atteindre, je ferais ça jusqu’à l’arrivée.
Je reçois une montagne de sms, coco, jean marc, mon homme qui à finit, ça me permet d’avancer encore encore. Et voilà l’arrivée..elle semble si proche, mais en même temps si loin..
Une descente, un lacet, puis un autre et encore d’autres..jusqu’au dernier lacet où je continue de trottiner.
Puis on m’annonce les 200 derniers mètres, un dernier arrêt le temps d’admirer une dernière fois ce somptueux paysage, je veux garder ces images à jamais.(photo pas de moi ^^)
Puis l’arche de dresse enfin, la voilà le temps de quelques secondes je n’ai d’yeux que pour elle
Et je repars, il reste quelques supporters, et le speaker est là en face, seulement quelques mètres à parcourir, il faut finir fièrement, on monte les genou on sourit, on pleur on fonce, on oublie toutes les douleurs et on passe l’arche.
Voilà, c’est fait..Les larmes de joie remplacent celle de la douleur, j’ai droit à ma médaille, et surtout la fierté de celui qui compte le plus, mon homme..
Je suis infiniment reconnaissante envers les bénévoles qui ont repoussé la BH, et surtout celui qui m’a soigné et permit de finir ma course.
J’avais déjà souffert sur des courses précédentes, mais je n’avais encore jamais connu autant de souffrance en courant, cette peur de l’échec qui m’aura accompagné tout au long, mon niveau était vraiment trop limite.
Aujourd’hui je suis juste heureuse..j’ai tout donné (c’est le cas de le dire ^^)dans cette course, trouvé de nouvelles limites à repousser..et je sais que j’y arriverais, c’est comme ça je ne rêve que de ça
Comblée également d’avoir trouvé plus qu’un forum en m’inscrivant ici il y’a un an..
Vous n’imaginez pas à quel point chacun de vos messages peuvent être touchant, vous avez le dons de me faire sourire devant un écran, voir rire aux éclats (devant mon homme interloqué), le don de me faire rougir au point que je ne sais même pas quoi vous répondre à part « Merci »
Merci à vous, Merci pour tout.
J’espère que mon petit CR aura donné des envies à certains, certaines.. Ne pensez surtout pas que c’est infaisable, car c’est loin d’être le cas. N’ayez pas peur de l’échec, c’est à lui d’avoir peur de vous.. Quand à la douleur, elle n’est que passagère, elle est le prix à payer pour réussir, elle sait vite se faire remplacer par la joie d’avoir simplement été au delà de ses limites..
Petite dédicace à mon homme (non non jean marc et coco, ce n’est aucun de vous deux.. )
Sachez qu’il à été extraordinaire.. voyant qu’il passait la bh avec seulement 10min d’avance, il savait que je passerais pas la BH..Il à donc ensuite couru la suite de sa course avec pour seul objectif : finir et m’offrir sa médaille..
Si j’ai une leçon à retenir de cette course, c’est qu’il va falloir que j’apprenne à patienter, et cesser de viser des objectifs trop gros..je cours depuis à peine 4ans..j’ai tout le temps pour faire toutes ces courses majestueuses qui s’offrent à nous..
Le prochain objectif de septembre me semble désormais un poil compliqué..alors on verra, on est inscrit de toute façon..donc on ira sans aucune pression et on verra jusqu’où on peut aller..
Une très belle prépa nous attend en Août avec un nouveau stage de 3 jours, puis le tour de la Vanoise en plusieurs étape (4 jours)..on verra ce que cela donne..
Gros points positifs :
Zéro chute alors que j’en suis en général la reine
Et désormais je prends mon pied en descente..ce qui me permet de ne plus perdre de temps..
Merci à tous de m'avoir lu
Avant tout, un peu d’histoire.. :
Je découvre cette course tout à fait par hasard en 2014 en surfant sur le net à la recherche de vacances.. A l’époque je venais de finir mon premier trail de montagne un petit 24k Ô combien douloureux, mais qui va me donner le virus de la montagne car désormais je ne pense plus qu’à ça
La vidéo me donne des frissons mais va falloir que je patiente avant de m’inscrire sur ce type de course.. Je passerais d’abord par la magnifique Sierre Zinal en 2015..
Le Mont-Blanc est depuis toujours resté dans un coin de ma tête, en octobre 2015 on décide de tenter notre chance..on s’inscrit espérant faire parti des chanceux qui seront tirés au sort..3 semaines d’attente jusqu’à ce merveilleux mardi matin où je découvre le précieux sésame : nous sommes tirés au sort !!! J’en reviens pas !..
La prépa :
Dans ma tête la prépa va commencer dès le mois d’octobre. La préparation de la SaintéLyon (44km) va me permettre de voir ce que je peux endurer comme prépa..et surtout je prévois aux alentours des 7h00 de course.
Prépa et courses qui vont se dérouler à merveille et me conforter pour le Mont Blanc. Après tout j’ai déjà fait Sierre Zinal et la saintélyon..ça doit pas être beaucoup plus difficile..(ignorance quand tu nous tient..)
Puis la prépa pure et dure du Marathon débute début avril, après un court passage sur bitume. Début de prépa très difficile en raison de soucis liés à mon futur ex travail. J’accumule énormément de fatigue liée à une forme de dépression et j’ai beaucoup de mal à me projeter dans ma prépa.
En mai après enchaînements de quelques gros Wee-end, j’ai la chance de pouvoir participer à un stage de reco au Marathon du Mont Blanc qui va m’apporter énormément pour boucler ce marathon (changement de sac, utilisation des bâtons, travail en descente ect..). Par contre ma vision de cette course va changer définitivement changer… On est loin..très loin d’un Sierre-Zinal ou d’une Saintélyon.. Le parcours est extrêmement technique, je réalise que mon niveau actuel est plus que limite voir insuffisant pour le finir dans les BH..et je m’imagine sauter au 37ème km…
Qu’importe, ma vision change, l’objectif sera de prendre plaisir et une expérience supplémentaire.. l’échec fait aussi parti de la vie d’un coureur, surtout quand il se surestime..
Passé ce stage, je prendrais 3 semaines de récup totale juste quelques footing pour être opérationnelle.. Passage par la case ostéo pour soigner les petits (gros) bobos dont 2 sciatiques que je traine depuis des mois (mars) qui entraîne des douleurs au dessus du pied droit et derrière le genou gauche..Finalement, je serais pas si bien soigné que je pensais..
La course :
Réveil le jour J à 4H10 après une nouvelle nuit agitée. Le stress est à son comble !!!
Petit déjeuner complet : Muesli, 1 banane, 1 mini brownie, 1 pom’pot et un verre de jus de fruit.. On décolle de la chambre à 5H50 avec une vue magnifique sur la montagne où le soleil vient effleurer les pointes enneigées.
10min de voiture, 10 minutes de marche, et nous voilà sous l’arche. J’en profite pour envoyer un sms avec photo à Jean Marc et Coco, alias Nelson&Nelson
Le bulletin météo est chouette, pas de pluie annoncée, et un temps pas trop chaud.
L’ambiance est moins festive que je l’espérais, les gens sont globalement très tendus.
Pour ma part, j’ai la méga banane, 9 mois que j’attends, 9 mois que je regarde encore et encore les vidéos, le cœur s’emballe, les yeux s’humidifient, derniers bisous à mon homme..10..9..8 ect.. Et c’est parti !!...
Chamonix-Vallorcine : 18KM
L’objectif de cette première partie est simple : arriver le plus frais possible à Vallorcine. Cette partie du parcours est traite car plutôt roulante et les gens ont tendance à vouloir gagner du temps sur cette portion : grosse erreur..
Nous voilà donc parti dans les rues de vallorcine, la foule est dense, c’est impressionnant de voir autant de monde.
Dès le départ je transpire à grosse gouttes. Je comprends pas je suis en t-shirt et à petite allure, je m’adapterais donc en conséquence pour boire toutes les 10min au lieu de 15 min comme je le prévoyais.. j’ai 2.5l sur moi donc aucun soucis.
Au bout d’1.5km environ, on bip le départ de course..je le comprendrais que plus tard mais cela va énormément jouer sur les BH, et pas dans le bon sens du terme.. sympas le petit km gratuit ^^
Dès que l’occasion se présente en forêt, je vais faire un premier arrêt au stand, c’est fou le nombre de coureurs que je vois passer devant moi à ce moment là..
Enfin, ça y’est je rentre dans le vif du sujet. Je vais donc m’installer à un petit rythme de croisière, pas de cardio, tout à la sensation, je cours donc de manière à ne pas m’essoufler, attaque les bosses de manière prudente et descendre à bon rythme détendue.
Beaucoup de monde autour de moi est dans un rythme trop élevé, certains respirent déjà très fort..moi j’ai la chance d’avoir fait mon stage et je gère donc comme on me l’a montré.
Arrivé au 5ème km (6.5 à ma montre) arrivent les premiers bouchons… sacré gachi car en pleine descente hyper roulante sur laquelle on peut gagner du temps sans fatiguer..arrêt total deux fois durant quasiment 5min à chaque fois.. mes inquiétudes montent car je me sais limite limite pour passer les BH..
Premier ravito du 9ème km : J’ai déjà bu toute ma boisson jus de raisin/sel.. et un bout du camel alors je fais le plein d’eau car rien d’autre ne me tente sur le ravito. Je marche quelques mètres le temps d’envoyer mes sms à jean marc et coco, mais pas de réseau, ça veut pas !!! Mais bon, j’ai bipé alors vous savez sûrement où j’en suis.. alors je poursuis ma route.
Du 10ème au 18ème, je vais beaucoup m’inquieter.. on avance pas le chrono tourne mais pas les km !! On est assez facilement coincé dans un sous-rythme avec peu de possibilité de doubler.
Heureusement, certaines descentes me permettent de relancer un peu, je suis ravie de me sentir courir ainsi dans ces descentes bien dégueue..
Arrivée à vallorcine en 2H30 à ma montre (2H34 sur l’officiel..). Alors du coup, je relativise..je souhaitais arriver en 2H10, en rajoutant le 1.5km et les bouchons, je suis presque dans les clous..le soucis c’est que les 20min d’avance que je souhaitais avoir en BH sont définitivement perdues, et je n’ai donc plus la place pour flâner sur les ravitos, prendre des photos ect..faut que j’avance coûte que coûte. Donc on remplis vite les flasques et on repars en moins de 2min
Vallorcine-Col des posettes :
Là, je joue dans ma cours.. la grimpette c’est mon truc
Malgré ma prudence sur les 18 premiers km, je suis pas aussi fraîche que je l’aurais souhaité et la fatigue pointe légèrement son nez.
Dès les premières foulées dans la montée j’ai l’impression que la côte est plus dure que dans mes souvenirs, puis les pas glissent dans toute cette terre gorgée d’eau. On à encore quelques bouchons qui nous forcent à s’arrêter..mais ça va s’estomper au fur et à mesure.
Le peloton devient incroyablement silencieux, tout le monde à les yeux rivés au sol, on ose pas regarder ce qui nous attend au loin..
Cette montée s’avère être assez selective, un bon nombre de coureurs est à l’arrêt, je vois même un MR redescendre car il abandonne.
Moi, je vais bien, le souffle est plutôt silencieux, les jambes grimpent à rythme correcte, quand je le peux je double en prenant soin de ne pas gêner les autres courreurs..
A mi-parcours je me souviens qu’on sera à découvert..la descente arrivera derrière et je sais que je risque d’y rencontrer des soucis intestinaux alors je prends une pause.. un peu longue mais je pense qu’elle m’a épargné mes dégâts habituels en descentes. Beaucoup de monde me double/re double à ce moment là..
Sortie de forêt, je découvre avec bonheur qu’il n’y a plus de neige..Je continue mon p’tit bonhomme de chemin, le paysage est méconnaissable par rapport au mois de mai.
Je commence à me lasser un peu de toute cette grimpette, le ravito se fait désiré, surtout qu’il nous est annoncé au 22ème km (le fameux 1.5km de plus du départ ^^).
Enfin, le voilà, la fête y est de mise !! Un mec est debout à l’arrière de son pick-up, guitare électrique branchée à jouer du ACDC !! Que c’est bon !!!
Remplissage en règle des boissons (c’est fou ce que je picole !!!) je pointe avec une pensée pour vous et j’essais d’envoyer des news..ça marche toujours pas !!..
Il reste encore une bonne grimpette à faire, idéalement j’aimerais arriver en 4h10 pour me laisser de la marge sur la descente et faudrait surtout pas que j’arrive en plus de 4H30.
On repars donc avec un gros coup d’émotion quand le gratteux se met à jouer « l’envie d’avoir envie » de Johny !! Ce riff !!! et c’est paroles vont m’accompagner un gros moment. Un couple de bouquetin se mèle à la partie, moment très sympas !
Je vais finalement mettre beaucoup de temps à grimper, je n’en vois plus le bout et je sens que je commence à être un poil trop entamée..Mais le Mont-Blanc qui se dévoile face à moi me fait vite oublier les mauvaises sensations du moment
Ca y’est me voilà au sommet, 4H27..ouch même si la descente ne fait que 5km, il ne faut pas s’y fier je prevoyais 1 bonne 1H00.. Petite photo rapide au sommet et je repars.
Col des posettes – Le tour :
Je jette un coup d’œil, beaucoup de monde est en mode « pause »..j’ai un mauvais pressentiment pour eux..je sais pas si ils se rendent compte que la BH est dans 1H00...mais bon facile pour moi de penser cela puisque je connais le parcours..
J’amorce donc ma descente..mauvaise surprise elle est encore plus dur que dans mes souvenirs, les nombreux strass sont glissant, la gadoue est omniprésente et j’ai un gros point de côté. J’avance à trop petite allure et laisse du monde me passer devant, un Mr va faire un gadin monumental devant moi, il s’est explosé le genou, et je pense qu’il n’a pas pu repartir derrière.
Je reste très prudente sur toute la première grosse partie, je fais la pire descente possible à ce moment là.. j'espère gagner du temps sur la seconde en forêt..
Ca y’est, le sol est un peu moins techniques alors j’attaque ma descente..les premières foulées sont hésitante puis on entend une horde d’enfants qui hurle des encouragements , ils vont me donner des aile, le rythme s’accélère, je joue avec mes bâtons, n’oublie pas de regarder au loin pour anticiper saute à droite à gauche et voilà la horde de gamin, ils nous hurlent dessus, chantent en pleine côte..si seulement ils savaient le bien que ça nous à fait..
Mon inquiétude s’accroisse quant à la BH, le chrono va trop vite..les jambes commencent à se raidir mon pied droit me fait atrocement mal..mais faut pas lâcher !!
Une fille derrière moi se met à hurler suivit d’énorme bruit, une horde de cerfs aussi majestueux qu’effrayant vont passer à 5m de nous, on reste quelques secondes à l’arrêt, attentifs à voir s’ils ne reviennent pas sur nous. C’est bon, on repars..
On cours on cours, tous aussi vite qu’on le peut, les orgas nous annoncent que la BH est dans 5min, je comprends pas ma montre affiche 5H17 et déjà plus de 28km.. L’émotion me gagne, je cours tout j’ai plus de souffle, plus de jambes mais c’est pas possible, je peux pas sauter à la première BH !!..
On est un dizaine à foncer à travers la forêt, ça y’est on les voit.. et c’est la délivrance ! Ca passe..Enorme pensée au fofo à ce moment là. Ma montre affiche 5H20 j’ai donc 10min de retard sur mon prévisionnel, c’est loin d’être mauvais avec le km supplémentaire. (on se rassure comme on peut)
Mon sprint final m’a fait du mal physiquement, ce n’était pas prévu du tout au programme ça !! Je repars en marchant faut que je récupère, j’essaie d’envoyer des sms, et ça passe toujours pas alors coup de fil aux copains du fofo !!!
Ravie d’entendre la voix de notre Jean Marc nationale!!!.. Ca redonne de la patate au moral.. Quand à notre coco, j’aurais droit à son joli accent sudiste sur sa boite vocale. Je test quand même l’envoi d’un sms pour lui souhaiter une bonne SL..c’est jamais parti.
Le Tours - Tré le champs :
Je reprends ma route assez tard dans tout ça, mais ça passera pour la BH à suivre. Je préfère faire cette partie facile sans forcer afin de reprendre quelques forces
S’en suit une douce descente à travers champs hyper agréable où j’aurais encore besoin de faire un break intestinal..Décidément!!..
Du coup plus trop le temps de traîner..
Je me retrouve avec une dame dans la souffrance, son entraîneur est avec elle, un sacré C** qui trouve pas mieux que de l’engueler parce qu’elle à mis 1H30 à descendre et que les autres nanas ont été éliminées. Il l’accompagne un bout de chemin jusqu’à la BH de 13H00 et m’embarque avec eux.. « vous me suivez jusqu’à la BH je sens que vous allez abandonner sinon.. » On dit que les c** ont toujours raison alors j’ai pas voulu lui donner tord..
J’arrive à la BH mémère tranquille, j’ai récupéré de la forme physique pour attaquer la suite.
Au ravitooo une charmante femme nous chante un de ces gospel. Je me laisse subjuguer quelques instants.
Je prends un verre de « jus d’orange » (vous comprendrez plus tard les « « ), qui semble coupé à l’eau..c’est plutôt bon, alors j’en remplis mes deux flasques de 50cl et remplis de nouveau mon camelback d’eau. Et je repars.
Tré le champs- flégère :
Concrètement, il me reste 1H40 pour faire les 7km qui me séparent de la BH (6,, beaucoup moins que ce que j’espérais puisque je n’ai pas pris mes 20min d’avance qui m’aurait assurés le passage de la BH.
Cette partie du parcours, contrairement à ce que le profil laisse imaginer est de loin le plus dur : les % de grimpettes sont quasi équivalents à la Posette, mais on rajoute le gros gros technique en plus. Puis il y’a cette fameuse descente, qui semble anodine sur le profil..il n’est est rien, elle est bien pire techniquement parlant que le début de la posette..
Seulement, je le sens bien cette affaire, la grimpette c’est mon truc, j’ai encore des jambes et j’ai une de ces rages!!
C’est donc parti, je parle avec une dame qui me dit qu’elle ne s’est entraîné que deux mois avant la prépa..je comprends pas pourquoi je suis au même endroit qu’elle dans la course..bref ^^ (instant de solitude où je me sens bien nulle quand même )
J’attaque donc la côte comme je sais le faire, le cardio monte un peu pour la première fois depuis le départ..mais de toute façon c’est maintenant que je dois tout donner et me faire mentir. A ce moment là rien ne me fait peur, et je n’imagine pas une seconde ce qui m’attend.
Je transpire énormément, alors je pense à bien m’hydrater, tantôt jus d’orange, tantôt eau. Je croise des coureurs à l’arrêt et les encourages.
Puis vient l’hoooorible descente, les cuissots commencent à bruler, mais ça va!! Je tente de me frayer des passages entre les coureurs qui talonnent, je veux pas les bousculer mais je veux garder mon rythme, je répète mes gammes « regarde au loin, tu es un compas, joues avec les bâtons, soit légère (ça vu le nombre de pauses y’a pas de problèmes..). J’ai l’impression d’être en plein rêve, ma faiblesse est devenue une force, merci le stage. Je pense à vous, à mon homme, p**** je vais le faire!!!
Puis tout va basculer au début de la dernière grimpette avant la BH.
J’ai d’un coup une sensation étrange : vertiges mélangés à de la nausée.. Je sais que je me suis bien hydraté sur toute cette partie, mais vu l’effort que je viens de fournir il est possible que j’ai pas assez mangé. Je me prends donc 1/2 pom’pot..qui va reprendre une voix expresse vers l’extérieure!!!..
J’ai soudainement extrêmement chaud, on est plein cagnard..et je me rends compte que j’ai plus mon bandeau sur la tête, j’ai dû le perdre. Est-il possible que je me tape une insolation??.. Je m’arrête un peu, met un bonnet sur la tête et continue de boire, mais rien à faire, ça veut pas rester.
J’avance tant bien que mal, puis tombe sur deux bénévoles qui nous annoncent que la BH est repoussé à 8H15 de course..il me reste 1H30 pour faire moins de 2km.. comme je vais pas bien du tout, je vais m’allonger un peu à l’ombre… J’essais de vous donner des news, mais ça veut pas..
Et puis me voilà dans une très mauvaise phase..je vois d’autres coureurs arrêtés eux aussi, simplement parce qu’ils ont mal aux jambes les pauvres petits..je leur en veux, j’aimerais moi avoir juste mal aux jambes.. ils ont pas droit d’abandonner bordel!!
Je finis par reprendre la route, ça va pas mieux du tout, désormais je perds en plus l’équilibre , dès que je bois ça passe pas. Je m’inquiète..car cette la BH je vais la passer, mais comment faire les 5 derniers km dans cet état?..
J’arrive plus à avancer, regarder au loin me donne la nausée, regarder les cailloux c’est encore pire, impossible d’avoir la moindre pensée positive..alors je m’invente une petite musique : je vise un point un 5 mètres de moi et me chante en tête « un mètre à pied tu vas y arrivéééé, un mètre à pied, en plus tu prends ton pied » =>Phase de délirium aigüe..
Enfin..au bout de longues minutes, j’aperçois FLégère.. je me hisse là haut tant bien que mal. J’y arrive en 7H55..
Appuyée sur la table de ravitooo je fais tout pour ne pas encore vomir, car je veux pas me faire sortir de la course.. La dame me demande ce que je veux
« je sais pas »
« Y’a quoi la dedans? de l’isostar? »
« Non du jus d’orange »
« Nan c’est de l’isostar »
Eeeeehhh merde!!! Maintenant je comprends ce qui m’arrive..mon cher et tendre estomac ne supporte pas l’isostar..et moi depuis 7km je prends bien soin de lui en fournir. Elle me met de l’eau.. et je m’éloigne.
On me confirme que dès que je passe le bipp de la BH je serais quoiqu’il arrive finisher.. à ce moment là je suis encore très mal en point, et malheureusement je vomis face aux bénévoles.. deux arrivent vers moi et je visualise déjà mon dossard arraché.
On me demande si j’ai des vertiges, je réponds que non (sachant qu’à l’affirmative c’était fini..), l’un deux à dû comprendre qu’il n’y avait aucune option (pourtant il vient d'arrêter un coureur qui me semblait pas si mal..j'ai pas compris ), je lâcherais pas je suis sûre que ça vient de l'isostar, il va donc me chercher un savant mélange de Coca/Eau, effet immédiat, le coca à virer l’isostar de mon estomac.
On me fait assoir, et au bout de quelques minutes ça va mieux.
Me revoilà debout sur mes petons, les bénévoles reviennent, j’ai le sourire jusqu’aux oreilles, j’ai repris des couleurs.. et ce très charmant Mr me montre la suite du parcours. Il me dit que la suite est roulante, je peux marcher histoire de récupérer, j’ai juste à franchir la ligne, et j’y accoure!!
Je pense à vous, et ce long moment d’attente où vous avez dû vous demander où j’en étais..j’aurais tellement voulu vous tenir informer plus vite.
Les larmes commencent à couler, c’est bon, je vais finir
J’avance et entend mon portable sonner dans tous les sens, je m’empresse d’appeler Notre Jean Marc…puis d’envoyer des textos à Coco et mon Z’homme qui à passé la BH en 7H30..il à pensé que j’étais éliminé..
Je repars en trotinnant, mais les dernières heures ont laissé des traces, chaque foulée me tord le ventre de douleurs, mais plus de nausées alors je continue..
Au final je cours aussi vite qu’un marcheur, j’ai plus du tout de jus à donner, mais on s’en fou!! suis finisher
Je profite enfin du paysage, je profite de ce merveilleux instant de bonheur.
Le parcours est beaucoup moins difficile, ces 5 derniers km sont un véritable cadeaux..haa si seulement je pouvais encore foncer..
La fin est très longue, je continue de me fixer un point proche à atteindre, je ferais ça jusqu’à l’arrivée.
Je reçois une montagne de sms, coco, jean marc, mon homme qui à finit, ça me permet d’avancer encore encore. Et voilà l’arrivée..elle semble si proche, mais en même temps si loin..
Une descente, un lacet, puis un autre et encore d’autres..jusqu’au dernier lacet où je continue de trottiner.
Puis on m’annonce les 200 derniers mètres, un dernier arrêt le temps d’admirer une dernière fois ce somptueux paysage, je veux garder ces images à jamais.(photo pas de moi ^^)
Puis l’arche de dresse enfin, la voilà le temps de quelques secondes je n’ai d’yeux que pour elle
Et je repars, il reste quelques supporters, et le speaker est là en face, seulement quelques mètres à parcourir, il faut finir fièrement, on monte les genou on sourit, on pleur on fonce, on oublie toutes les douleurs et on passe l’arche.
Voilà, c’est fait..Les larmes de joie remplacent celle de la douleur, j’ai droit à ma médaille, et surtout la fierté de celui qui compte le plus, mon homme..
Je suis infiniment reconnaissante envers les bénévoles qui ont repoussé la BH, et surtout celui qui m’a soigné et permit de finir ma course.
J’avais déjà souffert sur des courses précédentes, mais je n’avais encore jamais connu autant de souffrance en courant, cette peur de l’échec qui m’aura accompagné tout au long, mon niveau était vraiment trop limite.
Aujourd’hui je suis juste heureuse..j’ai tout donné (c’est le cas de le dire ^^)dans cette course, trouvé de nouvelles limites à repousser..et je sais que j’y arriverais, c’est comme ça je ne rêve que de ça
Comblée également d’avoir trouvé plus qu’un forum en m’inscrivant ici il y’a un an..
Vous n’imaginez pas à quel point chacun de vos messages peuvent être touchant, vous avez le dons de me faire sourire devant un écran, voir rire aux éclats (devant mon homme interloqué), le don de me faire rougir au point que je ne sais même pas quoi vous répondre à part « Merci »
Merci à vous, Merci pour tout.
J’espère que mon petit CR aura donné des envies à certains, certaines.. Ne pensez surtout pas que c’est infaisable, car c’est loin d’être le cas. N’ayez pas peur de l’échec, c’est à lui d’avoir peur de vous.. Quand à la douleur, elle n’est que passagère, elle est le prix à payer pour réussir, elle sait vite se faire remplacer par la joie d’avoir simplement été au delà de ses limites..
Petite dédicace à mon homme (non non jean marc et coco, ce n’est aucun de vous deux.. )
Sachez qu’il à été extraordinaire.. voyant qu’il passait la bh avec seulement 10min d’avance, il savait que je passerais pas la BH..Il à donc ensuite couru la suite de sa course avec pour seul objectif : finir et m’offrir sa médaille..
Si j’ai une leçon à retenir de cette course, c’est qu’il va falloir que j’apprenne à patienter, et cesser de viser des objectifs trop gros..je cours depuis à peine 4ans..j’ai tout le temps pour faire toutes ces courses majestueuses qui s’offrent à nous..
Le prochain objectif de septembre me semble désormais un poil compliqué..alors on verra, on est inscrit de toute façon..donc on ira sans aucune pression et on verra jusqu’où on peut aller..
Une très belle prépa nous attend en Août avec un nouveau stage de 3 jours, puis le tour de la Vanoise en plusieurs étape (4 jours)..on verra ce que cela donne..
Gros points positifs :
Zéro chute alors que j’en suis en général la reine
Et désormais je prends mon pied en descente..ce qui me permet de ne plus perdre de temps..
Merci à tous de m'avoir lu
Last Edit:il y a 8 ans 5 mois
par Jen37
Dernière édition: il y a 8 ans 5 mois par Jen37.
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- angele14
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Réponse de angele14 sur le sujet Marathon Mont Blanc..au delà de toutes mes limites
Posted il y a 8 ans 5 mois #434014
C est officiel : tu es une guerrière Jen!!
sois fière de toi !! Nous on est tous fiers de te côtoyer via ce forum!
Tu as repoussé tes limites et , en prime, tu t es gravé de merveilleux souvenirs ...
Bonne recup et merci pour ton CR
sois fière de toi !! Nous on est tous fiers de te côtoyer via ce forum!
Tu as repoussé tes limites et , en prime, tu t es gravé de merveilleux souvenirs ...
Bonne recup et merci pour ton CR
par angele14
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- kamoulox69
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Réponse de kamoulox69 sur le sujet Marathon Mont Blanc..au delà de toutes mes limites
Posted il y a 8 ans 5 mois #434016
Merci pour le CR (trop de dénivelé pour commenter )
Je retiens cette phrase
Je retiens cette phrase
Je commence à me lasser un peu de toute cette grimpette
par kamoulox69
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- smilk
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Réponse de smilk sur le sujet Marathon Mont Blanc..au delà de toutes mes limites
Posted il y a 8 ans 5 mois #434017
Encore BRAVO !!!
C'est amplement mérité vu tous les efforts faits ces derniers mois. Tu es une vraie battante !
Merci aussi pour ce très beau CR illustré. J'avoue que ça ne me donne pas trop envie quand on voit la souffrance et le (mais moi je suis une petite nature).
Repose toi bien maintenant !
PS : bravo aussi de ne pas t'être perdue
C'est amplement mérité vu tous les efforts faits ces derniers mois. Tu es une vraie battante !
Merci aussi pour ce très beau CR illustré. J'avoue que ça ne me donne pas trop envie quand on voit la souffrance et le (mais moi je suis une petite nature).
Repose toi bien maintenant !
PS : bravo aussi de ne pas t'être perdue
par smilk
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- jeanmarc
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Réponse de jeanmarc sur le sujet Marathon Mont Blanc..au delà de toutes mes limites
Posted il y a 8 ans 5 mois #434018
Merci pour le CR qui me donne ( presque ) envie
Merci a toi de m avoir fait participer un peu a cette aventure en faisant le relais pour le fofo
Respect pour ce que tu viens d accomplir et certains que ce n est qu une course qui va en appelé plein d autres aussi folles
C est moi qui suis heureux de faire partie du fofo avec des personnes comme toi et plein d autres
Merci a toi de m avoir fait participer un peu a cette aventure en faisant le relais pour le fofo
Respect pour ce que tu viens d accomplir et certains que ce n est qu une course qui va en appelé plein d autres aussi folles
C est moi qui suis heureux de faire partie du fofo avec des personnes comme toi et plein d autres
par jeanmarc
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- Olrik
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Réponse de Olrik sur le sujet Marathon Mont Blanc..au delà de toutes mes limites
Posted il y a 8 ans 5 mois #434021
Quoi ??? Tu as déjà écrit ton cr !!!
Tu l'as pondu pendant tes 7 heures de trajet de retour ?
Je me réjoui de le lire.........demain
Tu l'as pondu pendant tes 7 heures de trajet de retour ?
Je me réjoui de le lire.........demain
par Olrik
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