Marathon de la Lys : M. Zatopek, vous aviez tort !
- joelDi
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Marathon de la Lys : M. Zatopek, vous aviez tort ! a été créé par joelDi
Posted il y a 9 ans 1 mois #384756
CR d'un premier marathon = pavé
« Le marathon est une épreuve facile et ennuyeuse » Emil Zatopek, après son premier marathon (victorieux) aux Jeux olympiques d'Helsinki.
J'ai beaucoup d'admiration pour ce que le coureur tchèque a accompli dans sa carrière, mais là, il s'est lourdement trompé. Le marathon ça n'est ni facile ni ennuyeux.
Afin de ne pas devoir me farcir une heure et demie de voiture avant le départ, j'avais réservé un petit hôtel à 10 km de Wevelgem, lieu de départ et d'arrivée de mon tout premier marathon. Je ne passe pas une trop mauvaise nuit. Même si je me réveille plusieurs fois j'arrive chaque fois à me rendormir rapidement.
Comme le départ n'est qu'à 11h30, j'ai le temps de déjeuner calmement et de me préparer consciencieusement. J'arrive avec ma femme et mon fils vers 10h15 sur place. Comme c'est un marathon à taille humaine (seulement 700 participants pour le marathon et le semi), il ne me faut que quelques secondes pour récupérer mon dossard. La salle est grande, et il y a de place pour s'asseoir au chaud. Pendant une heure, mon cerveau fonctionne en mode ping pong. Je me demande si je ne suis pas fou de m'être lancé dans une telle aventure puis l'instant d'après je me dis que j'ai suivi un plan d'entraînement rigoureux et qu'il n'y a pas de raison que cela ne se passe pas bien.
A 11h15 je vais me placer dans le box de départ. C'est l'instant que je déteste dans les courses. Je n'aime pas me retrouver dans la foule et, même si on n'est que 700 je me sens étouffé. D'habitude je cours en compétition sans stress mais là je ne sais pas ce qui va m'attendre et je suis tendu. L'organisation a pris un peu de retard, je m'impatiente. Finalement on part avec 10 minutes de retard. Je déclenche ma montre au moment de passer sous l'arche de départ et j'essaie de me mettre directement à mon allure cible de 5'40 au kilomètre, soit 34" pour 100m.
Ca commence mal, ma montre a perdu le signal GPS juste avant le départ. Je cours sans repère pendant plusieurs centaines de mètres. En plus ma FC monte rapidement autour des 80% et je sens aussi que je ne suis pas dans un grand jour. Pour la montre, je décide de bipper au kilomètre mais comme le peloton est encore compact, je rate le panneau. Tant pis, ce sera pour le 2e km que je passe après 11'30, déjà au dessus de mon allure cible et avec un cardio qui ne baisse pas. A partir de là, le parcours est en faux plat descendant jusqu'à ce qu'on rejoigne la Lys. Je fais mon seul km à 5'40 mais comme mon palpitant ne semble pas vouloir entendre raison je décide de lever légèrement le pied. On arrive le long de la Lys et là, mauvaise surprise, il y a un fort vent de face. Je fais d'ores et déjà une croix sur mon objectif le plus optimiste et j'essaie juste de rester dans un groupe à l'abri du vent. Je repère une jeune femme qui court à un rythme régulier proche du mien et je cale mon allure sur la sienne.
Je reste à proximité d'elle jusqu'au 6e km. Mon cardio monte à 150, soit 85%. C'est trop, il faut que je lève le pied. Je me laisse décrocher et jusqu'au 10e km j'arrive enfin à faire baisser un peu les pulsations. Je profite aussi du paysage. On court parfois entre deux bras de rivières. Je regarde les vaches dans les pâturages, en un mot je profite. Je passe les 10 km en 59' et je me dis que je peux encore faire 4h15, ce qui serait déjà magnifique. A cet instant un groupe assez conséquent me rattrape et comme il y a toujours ce vent, je me dis que je vais en profiter pour m'abriter. Le malheur c'est que j'accélère insensiblement mon allure pour les accrocher et mon cardio repart à la hausse pour venir flirter avec les 85%.
On arrive alors au 14e kilomètres où l'on franchit un joli pont pour rejoindre l'autre rive et commencer le trajet retour de la première boucle. Je garde le même rythme et je commence à dépasser des concurrents du semi marathon qui sont dans le dur. Je ne pensais plus la revoir, mais la jeune femme de tout-à-l'heure est là, à une cinquantaine de mètres devant moi. Je la prends en point de mire et je mets près de 4 km pour la rattraper. On commence aussi à croiser les premiers du marathons qui sont déjà bien loin dans leur deuxième boucle. C'est un autre monde, quelle foulée, quelle vitesse, quelle fraîcheur physique.
De mon côté, le cardio ne va pas bien. Au 19e je suis à 86%. Je ralentis donc au-delà des 6' au km, mais c'est trop tard, il commence à faire chaud, la fatigue s'accumule, le coeur ne ralentira plus. Je commence aussi déjà à sentir les jambes et je me dis que la 2e boucle va être difficile. Lorsque l'on se sépare des coureurs du semi pour entamer les choses sérieuses, je me retrouve tout d'un coup quasiment seul. J'ai juste un vétéran en point de mire à 50 mètres devant moi et derrière c'est le désert. Contrairement au premier tour, on fait la première petite boucle dans l'autre sens et donc j'ai le vent dans le dos le long de la rivière. Je cours au même rythme que le vétéran mais je n'ai aucune envie d'accélérer pour le rejoindre. Je ne pense plus à rien si ce n'est à avancer, mettre un pied devant l'autre et avancer. Finalement je rattrape mon vétéran qui a sérieusement levé le pied dans le faux plat qui cette fois est montant. Au 23e je dépasse un concurrent à l'agonie qui marche déjà. J'ai peine à croire qu'il soit allé au bout. Là je me retrouve seul, sans même un spectateur dans la partie la moins belle du parcours. Je ne vois personne jusqu'au 25e kilomètre, où je me fais dépasser par un participant qui va très légèrement plus vite que moi. Je suis déjà à 88% de ma FCM, je ne vais pas essayer de m'accrocher.
C'était un bon choix car quelques centaines de mètres plus loin il fait une pause au ravitaillement alors que je me contente d'emporter une bouteille d'eau et une demi-banane. On revient le long de la Lys et là il y a de nombreux spectateurs. Je commence à entrer dans le dur. C'est trop tôt ! Mon allure chute à 6'30, mon coeur bat à 88%. Heureusement, les spectateurs portent littéralement les coureurs. Ils vont encouragent, crient votre prénom, ça va droit au coeur et je ne manque pas de les remercier.
Je n'ai encore jamais couru aussi longtemps ni autant de kilomètres. Et le fameux 30e km doit encore arriver. J'ai mal aux jambes, j'ai mal aux genoux, je commence à avoir mal au dos (et pour ce dernier, je pense que je somatisais et que je commençais surtout à en avoir plein le dos de ce marathon). Je gamberge, je me dis que je suis complètement malade de m'être embarqué dans cette galère. Mon allure chute encore et se rapproche des 7 minutes/km. Heureusement le concurrent qui m'avait dépassé au 25e me rattrape à nouveau et engage la conversation. C'est un Sud-Africain. Il est pour quelques jours en Belgique et voulait courir un marathon en Europe. On invente une nouvelle langue pour se parler : un mélange de néerlandais, d'afrikaans et d'anglais. Pendant 4 kilomètres on se tient compagnie. Je pense moins à mes douleurs et j'apprécie ce moment de partage. Les spectateurs continuent à nous encourager. Je suis impressionné par le respect qu'ils ont pour les athlètes moins rapides comme nous. Ma femme et mon fils sont aussi le long du parcours à un peu moins de 10 km de l'arrivée. Je leur donne rendez-vous une heure plus tard. C'était un peu optimiste.
A deux, on accélère sans trop s'en rendre compte. Je ne regarde plus ma montre, et ce n'est qu'après l'arrivée que je constate qu'on s'est à nouveau approché des 6'/km au 33e km, mais au prix d'une FC de 161(91%). Un peu avant le 34e, mon compagnon s'arrête pour une escale technique. Il me souhaite bonne chance pour la fin et je lui donne rendez-vous à l'arrivée. Me voilà seul, avec les jambes qui ressemblent à deux bûches. J'ai mal. Je n'ai plus personne pour me distraire. Je maudis le Prince de Windsor à cause de qui la distance mythique est passée de 40 à 42,195 km. C'était pas assez non ? Esclavagiste ! J'ai envie de marcher. Alors je me fixe des objectifs à court terme. Je veux courir jusqu'au prochain ravitaillement. Là je marcherai quelques centaines de mètres. Je pensais que le fameux ravitaillement était au 35e mais il était un kilomètre plus loin. Qu'à cela ne tienne, je m'accroche jusque là.
C'est ici que le calvaire commence. Je pense que marcher va me permettre de récupérer. Au niveau cardiaque, c'est indubitable, mais je n'ai pas moins mal aux jambes en marchant qu'en courant. Je fais un rapide calcul mental. Si je marche les 6 derniers kilomètres, j'en ai encore pour plus d'une heure à souffrir. Il faut que j'alterne course et marche ! Je décide de faire du fractionné 100 m/100 m. Je parviens finalement à courir 200 m pour 100 m de marche. Je cherche à obtenir de petites victoires sur moi-même, quand j'arrive aux 200 mètres je continue encore. J'arrive parfois jusqu'à 300 mètres. L'orgueil me pousse aussi. Quand j'aperçois un photographe, il est hors de question que je marche. Les spectateurs restent incroyables. Même si vous marchez, ils vous encouragent. Ma stratégie doit être relativement efficace car je rattrape quelques personnes complètement à la dérive. Je vois le panneau des 40 km, celui-là je dois le passer en courant, c'est symbolique. J'arrive au 41e, je sens la délivrance arriver. Je me demande toujours pourquoi je me suis embarqué là-dedans. J'aurais pu me contenter de tenter de battre mon RP sur semi. En tout cas, ils ne sont pas près de me revoir sur un marathon. J'ai mal. Je n'ai jamais eu aussi mal aux jambes de ma vie. Le tennis, le mini-foot, c'est de la rigolade à côté de ça. Allez, on arrive à la fin. Il faut remonter sur la rue principale et puis il reste 400 mètres à plat. Je me remets à courir, je retrouve un semblant d'énergie. Ma femme et mon fils sont là, ils m'encouragent et à 300 m de l'arrivée c'est la crampe. Non, pas maintenant. Je ne veux pas terminer en boitant. Heureusement, un petit étirement et elle part. Je demande à mon fils de courir avec moi. Je peux y aller, je vois l'arche d'arrivée s'approcher. Je réalise ce que je suis sur le point d'accomplir et une bouffée d'émotions s'empare de moi. J'ai les larmes aux yeux. Le chrono officiel est à 4h29, je veux terminer avant 4h30 et je trouve les ressources nécessaires pour accélérer. Je passe la ligne. Ca y est, je suis marathonien. L'émotion qu'on ressent à ce moment-là est indescriptible. J'en ai encore les larmes aux yeux, là, pendant que je rédige ce CR. Près de 4h30 d'efforts pour quelques secondes d'extase. Tant qu'on ne l'a pas vécu, on ne peut pas comprendre pourquoi on fait ça.
Mon temps réel est de 4h28'34". J'avais rêvé mieux, mais je ne suis pas déçu. D'ailleurs aujourd'hui, malgré la fatigue, malgré les jambes en compote, je n'exclus déjà plus de refaire l'expérience.
Pour la séance Polar
« Le marathon est une épreuve facile et ennuyeuse » Emil Zatopek, après son premier marathon (victorieux) aux Jeux olympiques d'Helsinki.
J'ai beaucoup d'admiration pour ce que le coureur tchèque a accompli dans sa carrière, mais là, il s'est lourdement trompé. Le marathon ça n'est ni facile ni ennuyeux.
Afin de ne pas devoir me farcir une heure et demie de voiture avant le départ, j'avais réservé un petit hôtel à 10 km de Wevelgem, lieu de départ et d'arrivée de mon tout premier marathon. Je ne passe pas une trop mauvaise nuit. Même si je me réveille plusieurs fois j'arrive chaque fois à me rendormir rapidement.
Comme le départ n'est qu'à 11h30, j'ai le temps de déjeuner calmement et de me préparer consciencieusement. J'arrive avec ma femme et mon fils vers 10h15 sur place. Comme c'est un marathon à taille humaine (seulement 700 participants pour le marathon et le semi), il ne me faut que quelques secondes pour récupérer mon dossard. La salle est grande, et il y a de place pour s'asseoir au chaud. Pendant une heure, mon cerveau fonctionne en mode ping pong. Je me demande si je ne suis pas fou de m'être lancé dans une telle aventure puis l'instant d'après je me dis que j'ai suivi un plan d'entraînement rigoureux et qu'il n'y a pas de raison que cela ne se passe pas bien.
A 11h15 je vais me placer dans le box de départ. C'est l'instant que je déteste dans les courses. Je n'aime pas me retrouver dans la foule et, même si on n'est que 700 je me sens étouffé. D'habitude je cours en compétition sans stress mais là je ne sais pas ce qui va m'attendre et je suis tendu. L'organisation a pris un peu de retard, je m'impatiente. Finalement on part avec 10 minutes de retard. Je déclenche ma montre au moment de passer sous l'arche de départ et j'essaie de me mettre directement à mon allure cible de 5'40 au kilomètre, soit 34" pour 100m.
Ca commence mal, ma montre a perdu le signal GPS juste avant le départ. Je cours sans repère pendant plusieurs centaines de mètres. En plus ma FC monte rapidement autour des 80% et je sens aussi que je ne suis pas dans un grand jour. Pour la montre, je décide de bipper au kilomètre mais comme le peloton est encore compact, je rate le panneau. Tant pis, ce sera pour le 2e km que je passe après 11'30, déjà au dessus de mon allure cible et avec un cardio qui ne baisse pas. A partir de là, le parcours est en faux plat descendant jusqu'à ce qu'on rejoigne la Lys. Je fais mon seul km à 5'40 mais comme mon palpitant ne semble pas vouloir entendre raison je décide de lever légèrement le pied. On arrive le long de la Lys et là, mauvaise surprise, il y a un fort vent de face. Je fais d'ores et déjà une croix sur mon objectif le plus optimiste et j'essaie juste de rester dans un groupe à l'abri du vent. Je repère une jeune femme qui court à un rythme régulier proche du mien et je cale mon allure sur la sienne.
Je reste à proximité d'elle jusqu'au 6e km. Mon cardio monte à 150, soit 85%. C'est trop, il faut que je lève le pied. Je me laisse décrocher et jusqu'au 10e km j'arrive enfin à faire baisser un peu les pulsations. Je profite aussi du paysage. On court parfois entre deux bras de rivières. Je regarde les vaches dans les pâturages, en un mot je profite. Je passe les 10 km en 59' et je me dis que je peux encore faire 4h15, ce qui serait déjà magnifique. A cet instant un groupe assez conséquent me rattrape et comme il y a toujours ce vent, je me dis que je vais en profiter pour m'abriter. Le malheur c'est que j'accélère insensiblement mon allure pour les accrocher et mon cardio repart à la hausse pour venir flirter avec les 85%.
On arrive alors au 14e kilomètres où l'on franchit un joli pont pour rejoindre l'autre rive et commencer le trajet retour de la première boucle. Je garde le même rythme et je commence à dépasser des concurrents du semi marathon qui sont dans le dur. Je ne pensais plus la revoir, mais la jeune femme de tout-à-l'heure est là, à une cinquantaine de mètres devant moi. Je la prends en point de mire et je mets près de 4 km pour la rattraper. On commence aussi à croiser les premiers du marathons qui sont déjà bien loin dans leur deuxième boucle. C'est un autre monde, quelle foulée, quelle vitesse, quelle fraîcheur physique.
De mon côté, le cardio ne va pas bien. Au 19e je suis à 86%. Je ralentis donc au-delà des 6' au km, mais c'est trop tard, il commence à faire chaud, la fatigue s'accumule, le coeur ne ralentira plus. Je commence aussi déjà à sentir les jambes et je me dis que la 2e boucle va être difficile. Lorsque l'on se sépare des coureurs du semi pour entamer les choses sérieuses, je me retrouve tout d'un coup quasiment seul. J'ai juste un vétéran en point de mire à 50 mètres devant moi et derrière c'est le désert. Contrairement au premier tour, on fait la première petite boucle dans l'autre sens et donc j'ai le vent dans le dos le long de la rivière. Je cours au même rythme que le vétéran mais je n'ai aucune envie d'accélérer pour le rejoindre. Je ne pense plus à rien si ce n'est à avancer, mettre un pied devant l'autre et avancer. Finalement je rattrape mon vétéran qui a sérieusement levé le pied dans le faux plat qui cette fois est montant. Au 23e je dépasse un concurrent à l'agonie qui marche déjà. J'ai peine à croire qu'il soit allé au bout. Là je me retrouve seul, sans même un spectateur dans la partie la moins belle du parcours. Je ne vois personne jusqu'au 25e kilomètre, où je me fais dépasser par un participant qui va très légèrement plus vite que moi. Je suis déjà à 88% de ma FCM, je ne vais pas essayer de m'accrocher.
C'était un bon choix car quelques centaines de mètres plus loin il fait une pause au ravitaillement alors que je me contente d'emporter une bouteille d'eau et une demi-banane. On revient le long de la Lys et là il y a de nombreux spectateurs. Je commence à entrer dans le dur. C'est trop tôt ! Mon allure chute à 6'30, mon coeur bat à 88%. Heureusement, les spectateurs portent littéralement les coureurs. Ils vont encouragent, crient votre prénom, ça va droit au coeur et je ne manque pas de les remercier.
Je n'ai encore jamais couru aussi longtemps ni autant de kilomètres. Et le fameux 30e km doit encore arriver. J'ai mal aux jambes, j'ai mal aux genoux, je commence à avoir mal au dos (et pour ce dernier, je pense que je somatisais et que je commençais surtout à en avoir plein le dos de ce marathon). Je gamberge, je me dis que je suis complètement malade de m'être embarqué dans cette galère. Mon allure chute encore et se rapproche des 7 minutes/km. Heureusement le concurrent qui m'avait dépassé au 25e me rattrape à nouveau et engage la conversation. C'est un Sud-Africain. Il est pour quelques jours en Belgique et voulait courir un marathon en Europe. On invente une nouvelle langue pour se parler : un mélange de néerlandais, d'afrikaans et d'anglais. Pendant 4 kilomètres on se tient compagnie. Je pense moins à mes douleurs et j'apprécie ce moment de partage. Les spectateurs continuent à nous encourager. Je suis impressionné par le respect qu'ils ont pour les athlètes moins rapides comme nous. Ma femme et mon fils sont aussi le long du parcours à un peu moins de 10 km de l'arrivée. Je leur donne rendez-vous une heure plus tard. C'était un peu optimiste.
A deux, on accélère sans trop s'en rendre compte. Je ne regarde plus ma montre, et ce n'est qu'après l'arrivée que je constate qu'on s'est à nouveau approché des 6'/km au 33e km, mais au prix d'une FC de 161(91%). Un peu avant le 34e, mon compagnon s'arrête pour une escale technique. Il me souhaite bonne chance pour la fin et je lui donne rendez-vous à l'arrivée. Me voilà seul, avec les jambes qui ressemblent à deux bûches. J'ai mal. Je n'ai plus personne pour me distraire. Je maudis le Prince de Windsor à cause de qui la distance mythique est passée de 40 à 42,195 km. C'était pas assez non ? Esclavagiste ! J'ai envie de marcher. Alors je me fixe des objectifs à court terme. Je veux courir jusqu'au prochain ravitaillement. Là je marcherai quelques centaines de mètres. Je pensais que le fameux ravitaillement était au 35e mais il était un kilomètre plus loin. Qu'à cela ne tienne, je m'accroche jusque là.
C'est ici que le calvaire commence. Je pense que marcher va me permettre de récupérer. Au niveau cardiaque, c'est indubitable, mais je n'ai pas moins mal aux jambes en marchant qu'en courant. Je fais un rapide calcul mental. Si je marche les 6 derniers kilomètres, j'en ai encore pour plus d'une heure à souffrir. Il faut que j'alterne course et marche ! Je décide de faire du fractionné 100 m/100 m. Je parviens finalement à courir 200 m pour 100 m de marche. Je cherche à obtenir de petites victoires sur moi-même, quand j'arrive aux 200 mètres je continue encore. J'arrive parfois jusqu'à 300 mètres. L'orgueil me pousse aussi. Quand j'aperçois un photographe, il est hors de question que je marche. Les spectateurs restent incroyables. Même si vous marchez, ils vous encouragent. Ma stratégie doit être relativement efficace car je rattrape quelques personnes complètement à la dérive. Je vois le panneau des 40 km, celui-là je dois le passer en courant, c'est symbolique. J'arrive au 41e, je sens la délivrance arriver. Je me demande toujours pourquoi je me suis embarqué là-dedans. J'aurais pu me contenter de tenter de battre mon RP sur semi. En tout cas, ils ne sont pas près de me revoir sur un marathon. J'ai mal. Je n'ai jamais eu aussi mal aux jambes de ma vie. Le tennis, le mini-foot, c'est de la rigolade à côté de ça. Allez, on arrive à la fin. Il faut remonter sur la rue principale et puis il reste 400 mètres à plat. Je me remets à courir, je retrouve un semblant d'énergie. Ma femme et mon fils sont là, ils m'encouragent et à 300 m de l'arrivée c'est la crampe. Non, pas maintenant. Je ne veux pas terminer en boitant. Heureusement, un petit étirement et elle part. Je demande à mon fils de courir avec moi. Je peux y aller, je vois l'arche d'arrivée s'approcher. Je réalise ce que je suis sur le point d'accomplir et une bouffée d'émotions s'empare de moi. J'ai les larmes aux yeux. Le chrono officiel est à 4h29, je veux terminer avant 4h30 et je trouve les ressources nécessaires pour accélérer. Je passe la ligne. Ca y est, je suis marathonien. L'émotion qu'on ressent à ce moment-là est indescriptible. J'en ai encore les larmes aux yeux, là, pendant que je rédige ce CR. Près de 4h30 d'efforts pour quelques secondes d'extase. Tant qu'on ne l'a pas vécu, on ne peut pas comprendre pourquoi on fait ça.
Mon temps réel est de 4h28'34". J'avais rêvé mieux, mais je ne suis pas déçu. D'ailleurs aujourd'hui, malgré la fatigue, malgré les jambes en compote, je n'exclus déjà plus de refaire l'expérience.
Pour la séance Polar
par joelDi
Les utilisateur(s) suivant ont remercié: Patrick57
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- GFA
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Réponse de GFA sur le sujet Marathon de la Lys : M. Zatopek, vous aviez tort !
Posted il y a 9 ans 1 mois #384759
Bravo!
Comme tu le dis, si tu ne l'as pas fait, tu ne sais pas!
Est 4h30 est un bon temps. On veut toujours faire mieux, mais sur marathon il faut le travailler plus que sur semi...
Félicitations, tu es MARATHONIEN!
Comme tu le dis, si tu ne l'as pas fait, tu ne sais pas!
Est 4h30 est un bon temps. On veut toujours faire mieux, mais sur marathon il faut le travailler plus que sur semi...
Félicitations, tu es MARATHONIEN!
Last Edit:il y a 9 ans 1 mois
par GFA
Dernière édition: il y a 9 ans 1 mois par GFA.
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- secalex
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Réponse de secalex sur le sujet Marathon de la Lys : M. Zatopek, vous aviez tort !
Posted il y a 9 ans 1 mois #384761
Bravo Joël pour l'avoir fait.
Devenir Marathonien ça se mérite.
Merci pour le CR et bonne récup.
Une autre citation de Zatopek : "Si tu veux courir, cours un kilomètre. Si tu veux changer ta vie, cours un marathon."
Devenir Marathonien ça se mérite.
Merci pour le CR et bonne récup.
Une autre citation de Zatopek : "Si tu veux courir, cours un kilomètre. Si tu veux changer ta vie, cours un marathon."
Last Edit:il y a 9 ans 1 mois
par secalex
Dernière édition: il y a 9 ans 1 mois par secalex.
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- Kharaez
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Réponse de Kharaez sur le sujet Marathon de la Lys : M. Zatopek, vous aviez tort !
Posted il y a 9 ans 1 mois #384791
Je me demandais comment tu pouvais donner un tel titre à ton CR, mais OK, ça le vaut bien !
Bravo !
Bravo !
par Kharaez
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- doudousensei
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Réponse de doudousensei sur le sujet Marathon de la Lys : M. Zatopek, vous aviez tort !
Posted il y a 9 ans 1 mois #384795
Bravo Joël, super CR et un chrono tout à fait honorable bien qu'un peu en dessous de l'objectif.
Bon repos maintenant
Bon repos maintenant
par doudousensei
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- mezos69
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Réponse de mezos69 sur le sujet Marathon de la Lys : M. Zatopek, vous aviez tort !
Posted il y a 9 ans 1 mois #384800
super CR
comme Alex, le marathon se mérite !! tu rejoins la confrérie, dont je suis des néo marathoniens CCAP de 2015
tu peux être fier de toi, à chacun sa victoire et c'est çà qui est beau
Un grand bravo et une bonne récup
tu l'as fait
comme Alex, le marathon se mérite !! tu rejoins la confrérie, dont je suis des néo marathoniens CCAP de 2015
tu peux être fier de toi, à chacun sa victoire et c'est çà qui est beau
Un grand bravo et une bonne récup
tu l'as fait
par mezos69
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