Rêver, courir, vivre... UTB 2014
- robin
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Récit de l'ultra tour du Beaufortain 2014 pour les copains du forum et ceux qui auraient envie un jour de se lancer sur ces distances...
Le contexte de la course :
Des rêves de montagne j'en ai eu plus d'un et il m'en reste encore une réserve inépuisable.
Depuis que je me suis mis à courir il y a 4 ans sur marathon, j'ai dérivé gentiment vers mes premiers amours, la montagne, et donc le trail...
A l'époque des 1er UTMB j'essayais de traverser l'arc alpin en marchant. J'y parvenais 5 ans plus tard, ignorant alors qu'on pouvait courir en montagne, que certains défrichaient déjà ces terrains là, des vétérans surtout, des costauds … Alors après un, deux puis trois marathons, je me suis mis à penser au trail et à rêver : courir en montagne sur des centaines de km, jusqu'aux derniers mètres et franchir la ligne sourire aux lèvres, avec l'envie de repartir ailleurs et plus loin.
Envies et préparation :
C'est un peu ça que je vais vous conter. La réalisation d'une envie forte. Le plaisir de courir pour soi avec le piment d'une compétition pas sérieuse, sans prix (à part du beaufort et du saucisson), sans dopage, sans médiatisation .
Des envies avant cet UTB, j'en avais beaucoup.
Celle d'y arriver déjà, de franchir la barre des 100km.
Celle d'y arriver avec un peu de panache, en courant et en souriant.
Et puis des envies plus liées à la compétition. Après un top10 à l'UTV2013 (fini en vrac et en hypo) acquis un peu par chance, je souhaitais rééditer la perf sachant que ce serait plus dur cette fois sur un parcours plus long et avec un plateau plus relevé. Un top20 eut été l'envie raisonnable mais voilà...
Je comptais aussi pas mal sur la préparation mitonnée aux petits oignons par JJ (il est sur le marché les gars !!! On se monte un team à nous, pas sérieux, avec le plaisir comme premier objectif : www.facebook.com/pages/Team-yoda-trail/1487646088133372 et son site jjjaouen.spipfactory.com/ )
Autre envie dont il ne faut pas se cacher, celle de montrer à quelques coureurs qui se prennent au sérieux (il y en a) que d'autres qu'eux peuvent faire de jolis trucs avec leurs deux bras et leurs deux jambes ; in fine, et je l'espère sans prétention, l'envie était de faire au mieux pour être devant le maximum de coureurs solides et entraînés. Ce samedi 19 juillet, j'avais bien l'intention de ne pas être spectateur mais de « faire la course », de faire MA course, sans me laisser impressionner.
UTB, acte I : Il faut y aller maintenant :
Rien de facile sur le papier...
Surtout de ne pas se laisser impressionner : il est 4h du matin, le départ est donné, le peloton part comme une balle.
Fin de la pelouse du plan d'eau, je suis à plus de 150 de FC et à 14 km/h. Je voudrai bien ralentir mais déjà je me fais doubler en masse et les copains du beaujolais avec qui je me suis un peu entraîné crapahutes devant sans que je parvienne à les suivre. Les premiers raidillons et je suis entre 162 et 165 de FC alors même que je devais ne pas dépasser 155 !
Je temporise un peu (159-160) mais je ne veux pas laisser trop de champ pour voir ce qui se passe devant. Au bout de 20 min, une cassure s'est faite et me voilà le dernier d'un groupe de 25 à 40 coureurs à vue de nez (et on voit rien, il fait nuit).
Ce peloton s'étire très vite. J'accroche du regard David Uliana dont je pense avoir globalement le niveau (mais pas l'expérience en ultra) et j'essaye de limiter le retard. Je monte parfois à 165-167. Les sensations ne sont pas bonnes. J'ai l'impression que ce n'est pas mon jour et pourtant sur le plan respiratoire, j'ai les mêmes sensations qu'à l'UTV, une impression d'avoir des poumons plus grands que d'habitude. Ça sent quand même la surcompensation.
Je reste confiant en ma préparation et mes moyens et prends donc la décision d'accrocher.
Le petit jour se lève, 1500m de D+ d'avalé, frais mais toujours sans sensation.
Chacun se calme un peu et les écarts se stabilisent.
Traversée sans neige jusqu'au col des lacs où un mois plus tôt j'étais le premier à faire la trace et où je n'en menais pas large en baskets sur les névés au dessus des barres rocheuses.
Col effacé. Ouf, j'ai le sentiment aujourd'hui (comme souvent) de ne pas être un bon grimpeur. J'ai déjà donné pour en être là ce matin et il reste encore 15h de course.
Descente. David prend facilement du champ ; il a les jambes.
Pas moi ; je descends mal, je m'écoute trop (mal aux chevilles avec les pieds qui glissent dans la chaussure). Je rattrape un peu sur les parties roulantes.
Le jour est bien levé maintenant :
Avant le ravito, je rejoins David. On fait le point sur nos sensations : pas top. Il me dit que j'ai démarré vite (tu m'étonnes!)...Je rigole intérieurement parce qu'il était devant et que c'est lui qui a imprimé un gros rythme.
Je ne m'arrête pas longtemps au ravito. J'ai déjà bien bu mais pas assez mangé par rapport aux prévisions mais vu le rythme, rien n'est simple. J'engouffre un blini perso et 3 quartiers d'orange avant de repartir dans un groupe de 3 dont David, toujours.
Descente sur le St Guerin que je passe en 3h52 contre 4h40 (avec neige) à l'entrainement et avec 8 min d'avance sur des prévisions assez optimistes.
(Sangé Sherpa sur la passerelle, vainqueur de la montagn'hard 2014 et 4ème de cet UTB)
Selon Béné je suis alors 16-17 ème. Pas si mal. Donc à ce stade et vu les allures, je me dis que maintenir un top 20 sera déjà une perf qui va me coûter de la peine. Je fais un mauvais ravito avec Béné, je perds un peu de temps, j'oublie mes lunettes de soleil... et j'ai un mauvais souvenir du Cormet d'Arêche qui s'annonce... Sourire malgré tout
UTB, acte II : fini l'échauffement !
Et pourtant, dans ce col, il se passe un truc qui va me donner confiance pour les 6-7h à venir : je maintiens le même tempo qu'avant mais je me sens pouvoir durer comme cela, comme si j'avais fini mon échauffement (enfin me direz vous...) et surtout ça craque à côté. David s'éteint net au croisement de la route ; je le passe et ne le reverrai plus (il abandonnera au km68). J'arrive au Cormet en courant, enfin bien !
Béné est montée en hâte et me tend mes lunettes de soleil : assistance en or.
« Putain, ça rebondit... ça va saigner !!! »
Je repars, double 2 concurrents dans la suite de crêtes herbeuses très jolies et variées qui mènent au col du coin.
Francois Faivre (futur 3ème et déjà deux fois 2ème sur l'utb) me double facile et va à la poursuite des premiers ; il a choisi une vraie stratégie d'ultra trailer, de mec patient.
Promis, un jour, c'est ça que je ferai.
Deux autres concurrents basculent au col un peu avant moi. Je ne les vois plus dans la descente puis la traversée pierreuse merdique vers la pierra Menta.
Nouveau coup de mou, moment plus difficile où m'effleure un instant qu'il me reste plus de 70 km à faire !!! Je chasse le plus vite possible cette pensée de ma tête car à ce stade je ne m'imagine pas pouvoir les faire après ces 35 km de course tendus.
Cependant, je ne suis pas dans les choux et on aborde la partie la plus montagne du parcours, celle qui me correspond le mieux. Je veille à bien boire.
Je bois beaucoup plus que prévu, près 0,75L par heure et il me faut recharger à chaque ravito intermédiaire, là où je ne croise pas Béné. Au total ce sera 12L englouti en 16h sans pisser !
Je mange peu en revanche, le sucré passe mal mais je me force et m'aide d'eau pour faire passer une demi barre. Je complète avec ma purée maison mise dans des petits « yop » pour gamins : ça, ça passe nickel et c'est mon arme secrète avec les blinis...
Col à Tutu (vu du ciel sur la photo... vous imaginez bien que la photo n'est pas de moi ... Merci au photographe à qui j'ai emprunté quelques belles photos)
Au col je ramasse 2 concurrents et si je fatigue (déjà), je me sais pouvoir durer comme cela encore 5 ou 6h jusqu'au Joly. On verra après. L'un des gars est JM Chirat, un coureur du lyonnais très affuté en ce moment et qui sait finir des ultras assez vite. Mais là, je le sens pas au mieux. Il s'est tordu la cheville ce matin. En voulant préparer ses bidons, il tombe devant moi, il manque de lucidité.
« Je fais la course » on a dit … alors je reste derrière lui jusqu'au ravito de Presset, je récupère un peu. Là je m'arrête quelques minutes, prends une soupe, des oranges, avale un blini et repars juste avant JM et l'autre concurrent. Visiblement je précipite leur départ du ravito. Je marche avec ma soupe de pâtes, rince le gobelet au passage du ruisseau et m'engage à bon pas dans le col du grand fond, point culminant à 2670 m où je rattrape encore (c'est un relayeur cette fois).
Traversée vers la magnifique brêche de Parozan où je donne le meilleur en terrain technique pour prendre du champ sur les 2 derrière.
Je pense être à ce stade 12-13ème. C'est chouette, c'est jouable, même si le top 10 paraît désormais loin avec le creusement des écarts et les gars derrière qui ne lâchent rien.
J'ai bien reconnu toute cette première partie jusqu'au plan de la Laie et si la descente est un peu longue, elle se passe bien et je redouble encore un gars à la faveur d'un petit raidillon sur le plateau. Il s'est assis pour boire, il est cuit. Je lui demande si ça va... Globalement oui mais c'est toujours une drôle de question que pose souvent les bénévoles. L'occasion de rigoler ensemble en leur expliquant que la question est mal posée
Plan de la Laie, 2/3 du D+ d'avalé quand même ! 48-50km en gros et 7h30 soit mes horaires les plus optimistes et toujours de bonnes sensations pulmonaires. Je fais un bon ravito, rapide et je repars avec encore un peu de pêche.
Acte III : dans le dur, entre découragement et euphorie
Ça fait longtemps que je ne regarde plus ma montre. J'ai abandonné l'idée de gérer quoi que ce soit au cardio. Je fais à la sensation et avec encore l'envie de me battre pour avancer fort.
Cela dit j'approche de mes temps maximum d'effort à l'entrainement (9h finis fatigué qui plus est) et donc la montée au tunnel du roc se fait à rythme soutenu mais plus mollement qu'il y a 15jours où je pétais le feu dans ces pentes d'alpages qui font entendre les tintements des cloches des vaches de Beaufort.
Allez tiens, je pense au fromage, à cette belle flore alpine si belle et odorante, ça me distrait.
Je sors la frontale pour le passage du tunnel ; toujours des bénévoles qui encouragent...
l'occasion de dire tout le sérieux de cette organisation de l'UTB ! Inscrivez vous en solo ou en relais sans retenu !
En sortie, le paysage est grandiose, jugez plutôt :
Le sentier est plutôt plat. Je me force à courir dès que je peux mais ça y est, le compte à rebours à commencé : c'est DUR , c'est de l'ultra, c'est de la montagne, c'est une course et non une ballade.
Le col de la Lauze passe encore pas trop mal et j'aperçois même 2 gars solos (en plus de 2 relayeurs) mais dans les crêtes de la gîte qui suivront, je les trouve à des années lumière, c'est long, ça n'avance pas et je n'arrive plus à manger.
Je bois encore, c'est déjà ça. De l'eau pure ou avec du citron, une pincée de sel, pas plus et après ce test grandeur nature, j'affirme que ça suffit et que l'organisme entrainé gagne sans aucun doute à se passer des boissons de l'effort, rendant plus efficace la filière utilisant les graisses. Et je tape en plein dans ces filières ; le debrief me montrera qu'à ce stade de moins bien mon cœur est passé de 150 au plan de la laie à 130 alors même que je monte. Par contre, j'ai aujourd'hui des sensations très fines, je sens que je ne ferai pas d'hypo avec ma stratégie de boisson/alimentation (pas une en 105km) et je sens quand je peux ou ne peux pas boire en fonction de la vidange gastrique. C'est de la tuyauterie mais c'est important !
Avant le col de la croix du bonhomme, un gars s'écarte précipitamment du sentier, trouve trois feuilles de buis avant de se vider … Bienvenue en course ! Lui non plus, je ne le reverrai pas.
La descente qui suit jusqu'à la Gittaz est très belle, j'ai encore la force de le voir et de profiter des belles perspectives offertes mais elle fut un calvaire pour moi. Je marque le coup, mon cœur chute à 120 et je lutte contre un concurrent en blanc qui me rattrape vite. Il court fort. Je m'accroche et cela me permet avant la Gittaz de reprendre un jeune qui souffre au moins autant que moi et qui se bat lui aussi. Je finis la descente derrière lui et essaye de garder le gars en blanc à porter de vue, c'est important pour le moral.
Ils repartent tous deux très très vite du ravito.
«Putain, vers le top10, les gars, même avec des ampoules ou épuisés, ils lâchent rien de rien » me dis-je.
Muriel qui assiste David est là. Elle m'encourage.
- « C'est super ce que tu fais aujourd'hui ». Elle a un grand sourire.
- « Tu parles, je suis claqué... »
- « Attends, t'es 7ème, c'est vraiment beau. »
- « 7ème ? T'es sûr ? »
- « Ah bin oui, on a compté très précisément ; c'était pas dur, peu sont passés. »
- « 7ème ? C'est pas vrai ? »
- « Siiiii... Allez...»
Et le jeune là bas qui est reparti mais qui est cramé... ça donne des envies je vous promets !
:
Allez hop gamin, t'es pas venu là pour te lamenter et te traîner. Fais parler l'expérience et monte ce col au train en t'oubliant, on verra bien là haut.
Je me force à prendre un peu de purée et d'eau. Go !
Je vais faire une belle montée, je dépose le jeune et garde le contact visuel avec le gars blanc tout au long de ces 600m D+ où nous sommes seuls dans notre effort. Un chien de Berger me mord la cuisse, heureusement arrêté par son maître …
Beaucoup de vent au col, des bénévoles dans le froid mais qui nous encouragent.
Je perds du champ en descente sur le gars blanc, futur 5ème... mais putain, je suis 6ème !!! Loin de l'arrivée encore mais avec désormais un moral solide : « ils ne m'ont pas encore piqué cette place derrière » .
Descente malcommode, traversée pierreuse, remontée raide sous le col de la fenêtre, averse orageuse et ce col du Joly que je trouve encore trop loin là bas... Le coeur a du mal :
J'y ai prévu un vrai ravito : changement de chaussures, T-shirt, dernière alimentation importante.
Béné vient à ma rencontre, sourire aux lèvres.
- « T'es bien là... » qu'elle me dit. « Le deuxième il est complètement cramé. »
Ma mère est là aussi avec des amis ; je vois à leur visage qu'ils sont impressionnés. A ce moment là je ne sais pas bien par quoi et puis ce n'est pas mon souci ; je suis dans ma bulle depuis la Gittaz, je suis revenu en course. Je fais la course.
J'engouffre beaucoup de nourriture à ce ravito, de l'eau gazeuse mais veille à ne pas déraper, à ne pas me laisser aller à des aliments non testés à l'entrainement. C'est bien, je suis lucide.
Acte IV : "maintenant, on y va, on finit !"
Je change mes affaires, je m’assoies pour la première fois . Pas longtemps. Béné me dit de bien me reposer mais là je suis sur des charbons ardents et alors qu'il reste 35 km, je suis déjà pas loin de la ligne dans ma tête : « Non, j'y vais, là maintenant faut finir » . Encore une compote, un gobelet d'eau gazeuse en main alors que je repars, seul jusqu'au bout désormais.
A 100m j'entends ma petite escorte crier des « Allez Robin, c'est super ce que tu fais »
C'est parti pour des crêtes et des remontées interminables jusqu'aux saisies.
(Steeve Dobert sur la photo, 8ème)
Je perds du champ sur le 5ème ; il court davantage que moi dans ces portions mais je le fais quand même, dès que possible je relance ; je sais aussi que ça peut revenir de derrière et là je ne suis plus à rêver de rentrer dans un top10, je défends une 6ème place ; je suis content de cette situation inespérée. Je vis de beaux moments (difficiles) sur ces crêtes, seul, gérant les petites souffrances, les raideurs, occupant ma tête. Et une, et deux, et trois et 4 bosses, pffff...
Mais bientôt les Saisies.
« Déjà » me surprends-je à penser
Béné fait le km qui précède avec moi. Je suis heureux qu'elle soit là et qu'elle me voit en forme.
Derrière, les gars sont loin me rassure-t-elle.
Tant mieux parce que j'ai le cœur qui plafonne à 110 là donc rien de merveilleux...
La dernière montée de Bisane, 340 m D+ après 98km, droit dans la pente. Je l'avais travaillé mentalement celle là.... Deux oranges, un coup de purée et c'est parti avec Béné en poisson pilote. Elle n'a pas de mal à être devant mais elle souffle ferme donc c'est bon signe, c'est que j'avance encore pas trop mal.
Je vais monter ça aux alentours de 800m/h. Ça va même si mon visage trahit un peu d'inconfort
Béné me quitte là haut et me laisse pour le dernier morceau qui va se révéler plus dur que cette dernière côte. Ça descend mais je me surprends plusieurs fois à marcher. Je relance en courant, il reste 1h, il faut tenir. Je vais tenir.
Je jette un oeil à ma montre : sympa, je vois affiché 100,1 km !!! Youhou , je cours depuis 100 bornes et près de 15h30.
La descente fut dure donc mais y'a rien à en dire ; c'est une course, c'est un ultra, c'est la fin, ça finit toujours par passer.
Béné est venu de nouveau à ma rencontre sur le dernier km : village, escaliers, tunnel, camping, passerelle au dessus de l'eau et superbe petit chemin en sous bois où j'accélère avec un bonheur non dissimulé. Je rigole, j'ai l'impression de griffer ce sol souple comme à l'entrainement ; dernière butte façon cross, et je me propulse bras levés, tout sourire sur l'estrade d'arrivée.
Ça, c'est fait !
Rapide bilan :
108 km, 6400 m D+, 16h29, 6ème, HEU-REUX !
Pour faire court : je suis très content de cette place, d'autant plus heureux que je n'en ressens aucune fierté. J'ai juste l'impression d'avoir participé avec 400 autres coureurs et 200 bénévoles à une GROSSE journée de montagne où, comme des gamins, on a fait un truc dingue sans y penser vraiment. J'y ai participé et, par chance, du fait de mon entrainement, du plaisir mis dans l'affaire, j'ai bien tiré mon épingle du jeu, du mieux que je pouvais ce jour là, craquant et ralentissant après d'autres, moins que d'autres. Tous mes objectifs sont atteints : impeccable !
Allez, santé les gars; après je vais me coucher
Mon objectif par ce long et peut être instructif CR, c'est aussi de donner envie à tout coureur de se lancer là dedans un jour, en s'y préparant sérieusement ; et alors je suis sûr que le succès sera au bout.
Quoi ? Je n'ai pas été assez long ?
Je n'ai pas répondu à des interrogations sur la préparation ? L'alimentation ? Le mental ? Les chaussures ? Les bâtons ? Les trailers pas toujours corrects qui prennent une voiture après s'être perdu (il y en a...) ? L'après UTB pour moi ? Le beaufort ?
Mais demandez...je réponderai sans doute
Pour l'heure, j'ai ce genre d'images en tête... Le trail c'est quand même avant tout du bonheur à courir dans les montagnes à la fois sauvages et accueillantes...
Vous êtes arrivé jusqu'à la dernière ligne ???
Alors vous êtes mûrs pour un ultra !
Le contexte de la course :
Des rêves de montagne j'en ai eu plus d'un et il m'en reste encore une réserve inépuisable.
Depuis que je me suis mis à courir il y a 4 ans sur marathon, j'ai dérivé gentiment vers mes premiers amours, la montagne, et donc le trail...
A l'époque des 1er UTMB j'essayais de traverser l'arc alpin en marchant. J'y parvenais 5 ans plus tard, ignorant alors qu'on pouvait courir en montagne, que certains défrichaient déjà ces terrains là, des vétérans surtout, des costauds … Alors après un, deux puis trois marathons, je me suis mis à penser au trail et à rêver : courir en montagne sur des centaines de km, jusqu'aux derniers mètres et franchir la ligne sourire aux lèvres, avec l'envie de repartir ailleurs et plus loin.
Envies et préparation :
C'est un peu ça que je vais vous conter. La réalisation d'une envie forte. Le plaisir de courir pour soi avec le piment d'une compétition pas sérieuse, sans prix (à part du beaufort et du saucisson), sans dopage, sans médiatisation .
Des envies avant cet UTB, j'en avais beaucoup.
Celle d'y arriver déjà, de franchir la barre des 100km.
Celle d'y arriver avec un peu de panache, en courant et en souriant.
Et puis des envies plus liées à la compétition. Après un top10 à l'UTV2013 (fini en vrac et en hypo) acquis un peu par chance, je souhaitais rééditer la perf sachant que ce serait plus dur cette fois sur un parcours plus long et avec un plateau plus relevé. Un top20 eut été l'envie raisonnable mais voilà...
Je comptais aussi pas mal sur la préparation mitonnée aux petits oignons par JJ (il est sur le marché les gars !!! On se monte un team à nous, pas sérieux, avec le plaisir comme premier objectif : www.facebook.com/pages/Team-yoda-trail/1487646088133372 et son site jjjaouen.spipfactory.com/ )
Autre envie dont il ne faut pas se cacher, celle de montrer à quelques coureurs qui se prennent au sérieux (il y en a) que d'autres qu'eux peuvent faire de jolis trucs avec leurs deux bras et leurs deux jambes ; in fine, et je l'espère sans prétention, l'envie était de faire au mieux pour être devant le maximum de coureurs solides et entraînés. Ce samedi 19 juillet, j'avais bien l'intention de ne pas être spectateur mais de « faire la course », de faire MA course, sans me laisser impressionner.
UTB, acte I : Il faut y aller maintenant :
Rien de facile sur le papier...
Surtout de ne pas se laisser impressionner : il est 4h du matin, le départ est donné, le peloton part comme une balle.
Fin de la pelouse du plan d'eau, je suis à plus de 150 de FC et à 14 km/h. Je voudrai bien ralentir mais déjà je me fais doubler en masse et les copains du beaujolais avec qui je me suis un peu entraîné crapahutes devant sans que je parvienne à les suivre. Les premiers raidillons et je suis entre 162 et 165 de FC alors même que je devais ne pas dépasser 155 !
Je temporise un peu (159-160) mais je ne veux pas laisser trop de champ pour voir ce qui se passe devant. Au bout de 20 min, une cassure s'est faite et me voilà le dernier d'un groupe de 25 à 40 coureurs à vue de nez (et on voit rien, il fait nuit).
Ce peloton s'étire très vite. J'accroche du regard David Uliana dont je pense avoir globalement le niveau (mais pas l'expérience en ultra) et j'essaye de limiter le retard. Je monte parfois à 165-167. Les sensations ne sont pas bonnes. J'ai l'impression que ce n'est pas mon jour et pourtant sur le plan respiratoire, j'ai les mêmes sensations qu'à l'UTV, une impression d'avoir des poumons plus grands que d'habitude. Ça sent quand même la surcompensation.
Je reste confiant en ma préparation et mes moyens et prends donc la décision d'accrocher.
Le petit jour se lève, 1500m de D+ d'avalé, frais mais toujours sans sensation.
Chacun se calme un peu et les écarts se stabilisent.
Traversée sans neige jusqu'au col des lacs où un mois plus tôt j'étais le premier à faire la trace et où je n'en menais pas large en baskets sur les névés au dessus des barres rocheuses.
Col effacé. Ouf, j'ai le sentiment aujourd'hui (comme souvent) de ne pas être un bon grimpeur. J'ai déjà donné pour en être là ce matin et il reste encore 15h de course.
Descente. David prend facilement du champ ; il a les jambes.
Pas moi ; je descends mal, je m'écoute trop (mal aux chevilles avec les pieds qui glissent dans la chaussure). Je rattrape un peu sur les parties roulantes.
Le jour est bien levé maintenant :
Avant le ravito, je rejoins David. On fait le point sur nos sensations : pas top. Il me dit que j'ai démarré vite (tu m'étonnes!)...Je rigole intérieurement parce qu'il était devant et que c'est lui qui a imprimé un gros rythme.
Je ne m'arrête pas longtemps au ravito. J'ai déjà bien bu mais pas assez mangé par rapport aux prévisions mais vu le rythme, rien n'est simple. J'engouffre un blini perso et 3 quartiers d'orange avant de repartir dans un groupe de 3 dont David, toujours.
Descente sur le St Guerin que je passe en 3h52 contre 4h40 (avec neige) à l'entrainement et avec 8 min d'avance sur des prévisions assez optimistes.
(Sangé Sherpa sur la passerelle, vainqueur de la montagn'hard 2014 et 4ème de cet UTB)
Selon Béné je suis alors 16-17 ème. Pas si mal. Donc à ce stade et vu les allures, je me dis que maintenir un top 20 sera déjà une perf qui va me coûter de la peine. Je fais un mauvais ravito avec Béné, je perds un peu de temps, j'oublie mes lunettes de soleil... et j'ai un mauvais souvenir du Cormet d'Arêche qui s'annonce... Sourire malgré tout
UTB, acte II : fini l'échauffement !
Et pourtant, dans ce col, il se passe un truc qui va me donner confiance pour les 6-7h à venir : je maintiens le même tempo qu'avant mais je me sens pouvoir durer comme cela, comme si j'avais fini mon échauffement (enfin me direz vous...) et surtout ça craque à côté. David s'éteint net au croisement de la route ; je le passe et ne le reverrai plus (il abandonnera au km68). J'arrive au Cormet en courant, enfin bien !
Béné est montée en hâte et me tend mes lunettes de soleil : assistance en or.
« Putain, ça rebondit... ça va saigner !!! »
Je repars, double 2 concurrents dans la suite de crêtes herbeuses très jolies et variées qui mènent au col du coin.
Francois Faivre (futur 3ème et déjà deux fois 2ème sur l'utb) me double facile et va à la poursuite des premiers ; il a choisi une vraie stratégie d'ultra trailer, de mec patient.
Promis, un jour, c'est ça que je ferai.
Deux autres concurrents basculent au col un peu avant moi. Je ne les vois plus dans la descente puis la traversée pierreuse merdique vers la pierra Menta.
Nouveau coup de mou, moment plus difficile où m'effleure un instant qu'il me reste plus de 70 km à faire !!! Je chasse le plus vite possible cette pensée de ma tête car à ce stade je ne m'imagine pas pouvoir les faire après ces 35 km de course tendus.
Cependant, je ne suis pas dans les choux et on aborde la partie la plus montagne du parcours, celle qui me correspond le mieux. Je veille à bien boire.
Je bois beaucoup plus que prévu, près 0,75L par heure et il me faut recharger à chaque ravito intermédiaire, là où je ne croise pas Béné. Au total ce sera 12L englouti en 16h sans pisser !
Je mange peu en revanche, le sucré passe mal mais je me force et m'aide d'eau pour faire passer une demi barre. Je complète avec ma purée maison mise dans des petits « yop » pour gamins : ça, ça passe nickel et c'est mon arme secrète avec les blinis...
Col à Tutu (vu du ciel sur la photo... vous imaginez bien que la photo n'est pas de moi ... Merci au photographe à qui j'ai emprunté quelques belles photos)
Au col je ramasse 2 concurrents et si je fatigue (déjà), je me sais pouvoir durer comme cela encore 5 ou 6h jusqu'au Joly. On verra après. L'un des gars est JM Chirat, un coureur du lyonnais très affuté en ce moment et qui sait finir des ultras assez vite. Mais là, je le sens pas au mieux. Il s'est tordu la cheville ce matin. En voulant préparer ses bidons, il tombe devant moi, il manque de lucidité.
« Je fais la course » on a dit … alors je reste derrière lui jusqu'au ravito de Presset, je récupère un peu. Là je m'arrête quelques minutes, prends une soupe, des oranges, avale un blini et repars juste avant JM et l'autre concurrent. Visiblement je précipite leur départ du ravito. Je marche avec ma soupe de pâtes, rince le gobelet au passage du ruisseau et m'engage à bon pas dans le col du grand fond, point culminant à 2670 m où je rattrape encore (c'est un relayeur cette fois).
Traversée vers la magnifique brêche de Parozan où je donne le meilleur en terrain technique pour prendre du champ sur les 2 derrière.
Je pense être à ce stade 12-13ème. C'est chouette, c'est jouable, même si le top 10 paraît désormais loin avec le creusement des écarts et les gars derrière qui ne lâchent rien.
J'ai bien reconnu toute cette première partie jusqu'au plan de la Laie et si la descente est un peu longue, elle se passe bien et je redouble encore un gars à la faveur d'un petit raidillon sur le plateau. Il s'est assis pour boire, il est cuit. Je lui demande si ça va... Globalement oui mais c'est toujours une drôle de question que pose souvent les bénévoles. L'occasion de rigoler ensemble en leur expliquant que la question est mal posée
Plan de la Laie, 2/3 du D+ d'avalé quand même ! 48-50km en gros et 7h30 soit mes horaires les plus optimistes et toujours de bonnes sensations pulmonaires. Je fais un bon ravito, rapide et je repars avec encore un peu de pêche.
Acte III : dans le dur, entre découragement et euphorie
Ça fait longtemps que je ne regarde plus ma montre. J'ai abandonné l'idée de gérer quoi que ce soit au cardio. Je fais à la sensation et avec encore l'envie de me battre pour avancer fort.
Cela dit j'approche de mes temps maximum d'effort à l'entrainement (9h finis fatigué qui plus est) et donc la montée au tunnel du roc se fait à rythme soutenu mais plus mollement qu'il y a 15jours où je pétais le feu dans ces pentes d'alpages qui font entendre les tintements des cloches des vaches de Beaufort.
Allez tiens, je pense au fromage, à cette belle flore alpine si belle et odorante, ça me distrait.
Je sors la frontale pour le passage du tunnel ; toujours des bénévoles qui encouragent...
l'occasion de dire tout le sérieux de cette organisation de l'UTB ! Inscrivez vous en solo ou en relais sans retenu !
En sortie, le paysage est grandiose, jugez plutôt :
Le sentier est plutôt plat. Je me force à courir dès que je peux mais ça y est, le compte à rebours à commencé : c'est DUR , c'est de l'ultra, c'est de la montagne, c'est une course et non une ballade.
Le col de la Lauze passe encore pas trop mal et j'aperçois même 2 gars solos (en plus de 2 relayeurs) mais dans les crêtes de la gîte qui suivront, je les trouve à des années lumière, c'est long, ça n'avance pas et je n'arrive plus à manger.
Je bois encore, c'est déjà ça. De l'eau pure ou avec du citron, une pincée de sel, pas plus et après ce test grandeur nature, j'affirme que ça suffit et que l'organisme entrainé gagne sans aucun doute à se passer des boissons de l'effort, rendant plus efficace la filière utilisant les graisses. Et je tape en plein dans ces filières ; le debrief me montrera qu'à ce stade de moins bien mon cœur est passé de 150 au plan de la laie à 130 alors même que je monte. Par contre, j'ai aujourd'hui des sensations très fines, je sens que je ne ferai pas d'hypo avec ma stratégie de boisson/alimentation (pas une en 105km) et je sens quand je peux ou ne peux pas boire en fonction de la vidange gastrique. C'est de la tuyauterie mais c'est important !
Avant le col de la croix du bonhomme, un gars s'écarte précipitamment du sentier, trouve trois feuilles de buis avant de se vider … Bienvenue en course ! Lui non plus, je ne le reverrai pas.
La descente qui suit jusqu'à la Gittaz est très belle, j'ai encore la force de le voir et de profiter des belles perspectives offertes mais elle fut un calvaire pour moi. Je marque le coup, mon cœur chute à 120 et je lutte contre un concurrent en blanc qui me rattrape vite. Il court fort. Je m'accroche et cela me permet avant la Gittaz de reprendre un jeune qui souffre au moins autant que moi et qui se bat lui aussi. Je finis la descente derrière lui et essaye de garder le gars en blanc à porter de vue, c'est important pour le moral.
Ils repartent tous deux très très vite du ravito.
«Putain, vers le top10, les gars, même avec des ampoules ou épuisés, ils lâchent rien de rien » me dis-je.
Muriel qui assiste David est là. Elle m'encourage.
- « C'est super ce que tu fais aujourd'hui ». Elle a un grand sourire.
- « Tu parles, je suis claqué... »
- « Attends, t'es 7ème, c'est vraiment beau. »
- « 7ème ? T'es sûr ? »
- « Ah bin oui, on a compté très précisément ; c'était pas dur, peu sont passés. »
- « 7ème ? C'est pas vrai ? »
- « Siiiii... Allez...»
Et le jeune là bas qui est reparti mais qui est cramé... ça donne des envies je vous promets !
:
Allez hop gamin, t'es pas venu là pour te lamenter et te traîner. Fais parler l'expérience et monte ce col au train en t'oubliant, on verra bien là haut.
Je me force à prendre un peu de purée et d'eau. Go !
Je vais faire une belle montée, je dépose le jeune et garde le contact visuel avec le gars blanc tout au long de ces 600m D+ où nous sommes seuls dans notre effort. Un chien de Berger me mord la cuisse, heureusement arrêté par son maître …
Beaucoup de vent au col, des bénévoles dans le froid mais qui nous encouragent.
Je perds du champ en descente sur le gars blanc, futur 5ème... mais putain, je suis 6ème !!! Loin de l'arrivée encore mais avec désormais un moral solide : « ils ne m'ont pas encore piqué cette place derrière » .
Descente malcommode, traversée pierreuse, remontée raide sous le col de la fenêtre, averse orageuse et ce col du Joly que je trouve encore trop loin là bas... Le coeur a du mal :
J'y ai prévu un vrai ravito : changement de chaussures, T-shirt, dernière alimentation importante.
Béné vient à ma rencontre, sourire aux lèvres.
- « T'es bien là... » qu'elle me dit. « Le deuxième il est complètement cramé. »
Ma mère est là aussi avec des amis ; je vois à leur visage qu'ils sont impressionnés. A ce moment là je ne sais pas bien par quoi et puis ce n'est pas mon souci ; je suis dans ma bulle depuis la Gittaz, je suis revenu en course. Je fais la course.
J'engouffre beaucoup de nourriture à ce ravito, de l'eau gazeuse mais veille à ne pas déraper, à ne pas me laisser aller à des aliments non testés à l'entrainement. C'est bien, je suis lucide.
Acte IV : "maintenant, on y va, on finit !"
Je change mes affaires, je m’assoies pour la première fois . Pas longtemps. Béné me dit de bien me reposer mais là je suis sur des charbons ardents et alors qu'il reste 35 km, je suis déjà pas loin de la ligne dans ma tête : « Non, j'y vais, là maintenant faut finir » . Encore une compote, un gobelet d'eau gazeuse en main alors que je repars, seul jusqu'au bout désormais.
A 100m j'entends ma petite escorte crier des « Allez Robin, c'est super ce que tu fais »
C'est parti pour des crêtes et des remontées interminables jusqu'aux saisies.
(Steeve Dobert sur la photo, 8ème)
Je perds du champ sur le 5ème ; il court davantage que moi dans ces portions mais je le fais quand même, dès que possible je relance ; je sais aussi que ça peut revenir de derrière et là je ne suis plus à rêver de rentrer dans un top10, je défends une 6ème place ; je suis content de cette situation inespérée. Je vis de beaux moments (difficiles) sur ces crêtes, seul, gérant les petites souffrances, les raideurs, occupant ma tête. Et une, et deux, et trois et 4 bosses, pffff...
Mais bientôt les Saisies.
« Déjà » me surprends-je à penser
Béné fait le km qui précède avec moi. Je suis heureux qu'elle soit là et qu'elle me voit en forme.
Derrière, les gars sont loin me rassure-t-elle.
Tant mieux parce que j'ai le cœur qui plafonne à 110 là donc rien de merveilleux...
La dernière montée de Bisane, 340 m D+ après 98km, droit dans la pente. Je l'avais travaillé mentalement celle là.... Deux oranges, un coup de purée et c'est parti avec Béné en poisson pilote. Elle n'a pas de mal à être devant mais elle souffle ferme donc c'est bon signe, c'est que j'avance encore pas trop mal.
Je vais monter ça aux alentours de 800m/h. Ça va même si mon visage trahit un peu d'inconfort
Béné me quitte là haut et me laisse pour le dernier morceau qui va se révéler plus dur que cette dernière côte. Ça descend mais je me surprends plusieurs fois à marcher. Je relance en courant, il reste 1h, il faut tenir. Je vais tenir.
Je jette un oeil à ma montre : sympa, je vois affiché 100,1 km !!! Youhou , je cours depuis 100 bornes et près de 15h30.
La descente fut dure donc mais y'a rien à en dire ; c'est une course, c'est un ultra, c'est la fin, ça finit toujours par passer.
Béné est venu de nouveau à ma rencontre sur le dernier km : village, escaliers, tunnel, camping, passerelle au dessus de l'eau et superbe petit chemin en sous bois où j'accélère avec un bonheur non dissimulé. Je rigole, j'ai l'impression de griffer ce sol souple comme à l'entrainement ; dernière butte façon cross, et je me propulse bras levés, tout sourire sur l'estrade d'arrivée.
Ça, c'est fait !
Rapide bilan :
108 km, 6400 m D+, 16h29, 6ème, HEU-REUX !
Pour faire court : je suis très content de cette place, d'autant plus heureux que je n'en ressens aucune fierté. J'ai juste l'impression d'avoir participé avec 400 autres coureurs et 200 bénévoles à une GROSSE journée de montagne où, comme des gamins, on a fait un truc dingue sans y penser vraiment. J'y ai participé et, par chance, du fait de mon entrainement, du plaisir mis dans l'affaire, j'ai bien tiré mon épingle du jeu, du mieux que je pouvais ce jour là, craquant et ralentissant après d'autres, moins que d'autres. Tous mes objectifs sont atteints : impeccable !
Allez, santé les gars; après je vais me coucher
Mon objectif par ce long et peut être instructif CR, c'est aussi de donner envie à tout coureur de se lancer là dedans un jour, en s'y préparant sérieusement ; et alors je suis sûr que le succès sera au bout.
Quoi ? Je n'ai pas été assez long ?
Je n'ai pas répondu à des interrogations sur la préparation ? L'alimentation ? Le mental ? Les chaussures ? Les bâtons ? Les trailers pas toujours corrects qui prennent une voiture après s'être perdu (il y en a...) ? L'après UTB pour moi ? Le beaufort ?
Mais demandez...je réponderai sans doute
Pour l'heure, j'ai ce genre d'images en tête... Le trail c'est quand même avant tout du bonheur à courir dans les montagnes à la fois sauvages et accueillantes...
Vous êtes arrivé jusqu'à la dernière ligne ???
Alors vous êtes mûrs pour un ultra !
Last Edit:il y a 10 ans 3 mois
par robin
Dernière édition: il y a 10 ans 3 mois par robin.
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Réponse de YMCA sur le sujet Re: Rêver, courir, vivre... UTB 2014
Posted il y a 10 ans 3 mois #320961
Merci pour tout ça
Merci de nous faire vivre cette belle aventure de l'intérieur.
On s'y retrouve, on vit la "course" avec toi et, ton objectif est atteint, ça donne méchamment envie de s'y lancer.
Du coup, tu l'as dit, tu vas être assailli de questions sur l'alimentation du genre : quelle est la recette secrète de cette purée et de ces blinis , quid de l'utilisation des bâtons ? quelle préparation ? quelle gestion de l'effort ? etc...Va falloir qu'on se programme une sortie très longue pour causer de tout ça
Merci de nous avoir fait vivre, courir et rêver
Merci de nous faire vivre cette belle aventure de l'intérieur.
On s'y retrouve, on vit la "course" avec toi et, ton objectif est atteint, ça donne méchamment envie de s'y lancer.
Du coup, tu l'as dit, tu vas être assailli de questions sur l'alimentation du genre : quelle est la recette secrète de cette purée et de ces blinis , quid de l'utilisation des bâtons ? quelle préparation ? quelle gestion de l'effort ? etc...Va falloir qu'on se programme une sortie très longue pour causer de tout ça
Merci de nous avoir fait vivre, courir et rêver
par YMCA
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Réponse de padawann sur le sujet Re: Rêver, courir, vivre... UTB 2014
Posted il y a 10 ans 3 mois #320962
Enorme course, Enorme CR, Enorme Bonhomme !
par padawann
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Réponse de taek78run sur le sujet Re: Rêver, courir, vivre... UTB 2014
Posted il y a 10 ans 3 mois #320966
ah mince Jean-Michel est finisher avant moi
Trêve de plaisanterie, merci beaucoup pour ce long CR ! J'ai déjeuné tout en courant l'UTB (pas de risque d'hypo )
Les paysages de ce trail sont somptueux , magnifiques et variés.
Courir 100km en montagne amène le respect mais finir dans le top 10 , vraiment un grand bravo ! et mes compliments à ton assistance , elle a été au petit soin!!!
Ce que je note d'intéressant c'est que tu n'as pas bu une boisson "iso" mais ta potion magique avec à côté des aliments à moitié solides (compotes etc....) , même si l'hydratation et l'alimentation est très personnelle sur ce genre de course.
Bonne récupération bien mérité
Trêve de plaisanterie, merci beaucoup pour ce long CR ! J'ai déjeuné tout en courant l'UTB (pas de risque d'hypo )
Les paysages de ce trail sont somptueux , magnifiques et variés.
Courir 100km en montagne amène le respect mais finir dans le top 10 , vraiment un grand bravo ! et mes compliments à ton assistance , elle a été au petit soin!!!
Ce que je note d'intéressant c'est que tu n'as pas bu une boisson "iso" mais ta potion magique avec à côté des aliments à moitié solides (compotes etc....) , même si l'hydratation et l'alimentation est très personnelle sur ce genre de course.
Bonne récupération bien mérité
par taek78run
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Réponse de jhs sur le sujet Re: Rêver, courir, vivre... UTB 2014
Posted il y a 10 ans 3 mois #320967
Robin, robin robin
Course après course, récit après récit, tu nous transporte.
J’arrête les superlatifs, ce n'est plus la peine. C'est juste beau.
Bien sûr comme d'autres je suis admiratif de la performance.
Mais des gens rapides, et surtout plus rapide que soit, il y en a eût et il y en aura encore longtemps.
Non ce qui est magnifique, c'est que tu sais expliquer, décortiquer, démontrer, motiver, ... en quelques mots nous faire partager ta performance et d'une certaine manière, la rendre accessible.
Et je ne m'étendrai pas plus sur ta passion de la montagne que tu sais tout aussi bien transmettre.
Pour tout cela merci.
En te lisant j'ai eût la chair de poule.
Vraiment!
Alors, encore merci.
Bravo.
Et surtout ... ne t’arrêtes pas de courir. Et d'écrire.
Course après course, récit après récit, tu nous transporte.
J’arrête les superlatifs, ce n'est plus la peine. C'est juste beau.
Bien sûr comme d'autres je suis admiratif de la performance.
Mais des gens rapides, et surtout plus rapide que soit, il y en a eût et il y en aura encore longtemps.
Non ce qui est magnifique, c'est que tu sais expliquer, décortiquer, démontrer, motiver, ... en quelques mots nous faire partager ta performance et d'une certaine manière, la rendre accessible.
Et je ne m'étendrai pas plus sur ta passion de la montagne que tu sais tout aussi bien transmettre.
Pour tout cela merci.
En te lisant j'ai eût la chair de poule.
Vraiment!
Alors, encore merci.
Bravo.
Et surtout ... ne t’arrêtes pas de courir. Et d'écrire.
par jhs
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Réponse de lili_java sur le sujet Re: Rêver, courir, vivre... UTB 2014
Posted il y a 10 ans 3 mois #320971
Bravo Robin et merci d avoir partager ce beau moment avec nous! C est incroyable ce que tu nous a fait vibrer avec ton CR. C est une partie de toi que tu nous a livré. Un beau moment de force, de pugnacité, de travail mais aussi d'humilité. Des moments de conivence et de partage avec ta Béné qui a su te soutenir et t encourager tout le long de cette course.
Une copine de cap c'était aligné pour la 3ème ou 4ème fois sur cette course qu'elle adore et a dû abandonnée à 20 km de l'arrivée... parce le corps ne suivait plus et surtout que le mental n'y était plus tt à fait...
Ca donne envie, et pas qu'un peu...
Bonne récupération. Profites et savoure ce moment d'après course pendant que tu as encore tous les moments en tête.
Aimer la montagne, c'est la respecter et tu lui rends vraiment bien ça.
Une copine de cap c'était aligné pour la 3ème ou 4ème fois sur cette course qu'elle adore et a dû abandonnée à 20 km de l'arrivée... parce le corps ne suivait plus et surtout que le mental n'y était plus tt à fait...
Ca donne envie, et pas qu'un peu...
Bonne récupération. Profites et savoure ce moment d'après course pendant que tu as encore tous les moments en tête.
Aimer la montagne, c'est la respecter et tu lui rends vraiment bien ça.
par lili_java
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