Mon premier Marathon (Nantes)
- Talonette
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S'il y a bien une section du forum que je suis assidument, c'est bien "Récits de courses". Deux récits m'avaient particulièrement marqué, c'était le même théâtre : la SaintéLyon 2010, deux acteurs
Guigou
et
Papadje
, deux finalités, mais une même beauté dans l'accomplissement. C'est en lisant/rêvant ces comptes-rendus que j'ai eu l'envie de me lancer dans l'aventure.
Pour ma première course, j'hésitais entre le Marathon de Paris et celui de Nantes, finalement j'ai choisi le second, car il y avait moins coureurs (un peu plus de 3100 cette année) ce qui me permettrait de mieux me placer et trouver mon rythme.
J'arrive au village marathon sur les coups de 8h30, juste le temps d'un petit échauffement et je me dirige vers les sas de départ. Mon objectif était de terminer entre 3h30 et 4h00, je décide donc de me placer dans celui des 3h30 et si je devais avoir une défaillance, j'aurais de la marge pour terminer dans les délais. Le temps est magnifique, le ciel est entièrement dégagé, il y a juste une brise qui me refroidit légèrement. Je sautille sur place et fait quelques étirements en pensant à la stratégie de course que j'allais adopter : suivre le meneur d'allure 3h30, m'y cramponné comme un pou et advienne que pourra... ouais.. ok... on a déjà vu mieux comme plan, mais on va faire avec... Le départ est imminent, les coureurs prévoyants se débarrassent de leurs t-shirts usagés et sacs-poubelle, la tension est montée d'un cran. Le speaker fait le décompte des secondes et nous voilà partis pour 42,195 km !
Le premier kilomètre se fait à une allure de sénateur en 6:20, ce qui me convient parfaitement, car je mets toujours un certain à trouver mon rythme. Je décide de me placer sur les côtés pour avoir plus de marges de mouvement, la contre-partie est que je dois rester plus vigilant pour éviter les trottoirs, barrières et poteaux qui bordent la route. Les kilomètres défilent sans que je m'en rende compte, tout ce qui m'importe est de ne pas me faire décrocher par les meneurs d'allure. Il y a tellement de monde autour d'eux que je décide de garder une distance respectable, mais jamais plus de vingt mètres derrière. La première partie de la course dans le centre-ville est un vrai régal pour les yeux, l'architecture est magnifique, un savant mélange entre modernité et bâtiments anciens. Mes sensations sont bonnes, je n'ai aucun mal à suivre le rythme imprimé, bien que les lièvres ne sont pas équitables d'un kilomètre à l'autre, ce qui se ressent sur ma fréquence cardiaque qui joue un peu trop le yo-yo.
Les premiers ravitaillements arrivent, je cours avec une bouteille d'eau de 50cl, je ne m'arrête donc pas au premier. Comme je supporte relativement bien la chaleur, je fais également l'impasse sur les stands d'épongeage. Ceux d'après, je m'arrête juste le temps pour remplir ma bouteille de moitié avant de piquer un sprint pour rejoindre les meneurs. Le premier semi se boucle en un peu moins de 1h45, nous sommes parfaitement dans les temps.
Depuis une dizaine de kilomètres, nous sommes sur une longue ligne droite qui borde l'autoroute, le public se fait rare, seuls les klaxons des voitures qui croisent notre route égayent un peu l'ambiance. Après la traversée de la Loire, nous entamons le retour vers Nantes. S'ensuit alors une succession de zones pavillonnaires avec des routes et ruelles en faux plats qui cassent bien les jambes. L'écrémage au sein du peloton se fait irrémédiablement. Quelques coureurs se mettent à marcher, un autre juste à côté de moi se met à crier et s'arrête brutalement pris d'une crampe au mollet. Moi, je suis in the zone, je ne pense à rien, je ne fixe rien en particulier, l'esprit complètement tourner vers moi-même. Je baigne dans la chaleur des rayons de soleil et les gouttes de sueur qui perlent ma nuque. À chaque ravitaillement, je prends soin de manger 2 abricots séchés et un morceau de pain d'épice, pour prévenir toute défaillance.
La partie du parcours qui mène au jardin des plantes est vraiment éprouvante et se répercute sur mon moral. Il n'y avait même pas 5 minutes, j'étais dans la plénitude et voilà que maintenant je brasse des idées noires. Je repense aux récits de course de tous ceux qui ont été terrassés par le "mur", tel un dragon de contes et légendes, sors de sa tanière, frappe sans crier gare, semant souffrance et désillusion. De toute évidence je commence à perdre en lucidité. Je décide de faire un arrêt prolongé au poste de ravitaillement 35, je remplis à ras bord ma bouteille d'eau, et je mange quelques fruits secs sur place, avant de repartir en trombe. Je paye cher cet arrêt, le kilomètre 36 se boucle en 5:42. Au loin, je vois toujours les oriflammes vertes des meneurs d'allure. Je me fais violence pour les rattraper, mais impossible, mes jambes tournent moins bien. Je limite malgré tout la casse en bouclant les kilomètres entre 5:00 et 5:10.
Le parcours emprunte de nouveau le centre-ville, le public est nombreux et me redonne du moral. Plus que deux kilomètres. Le secteur pavé le long des quais est difficile, je rassemble ce qui me reste de lucidité pour faire attention à mes appuis. Nous avons le soleil de face, il fait très chaud. Plus que six cents mètres. Le speaker annonce qu'il ne reste plus qu'une minute avant la marque des 3h30. J'entends des gens m'encourager par mon prénom, pour les remercier j'accélère. Je sais déjà que je n'arriverai pas dans les temps, mais tant pis je donne tout ce qui me reste. Mon temps à l'arrivée est de 3:30:34 temps réel, 3:31:38 temps officiel.
Aujourd'hui je me tourne déjà vers la prochaine course, l'envie de courir est toujours là, intacte. Je vais dans les mois à venir faire l'achat d'une ceinture porte-bidon/gels, structuré ma préparation avec pour objectif 3h15. C'est sûr, lors de mon prochain marathon je prendrai plus de risque, quitte à titiller le dragon.
Activité Garmin Connect
Merci de m'avoir lu
Pour ma première course, j'hésitais entre le Marathon de Paris et celui de Nantes, finalement j'ai choisi le second, car il y avait moins coureurs (un peu plus de 3100 cette année) ce qui me permettrait de mieux me placer et trouver mon rythme.
J'arrive au village marathon sur les coups de 8h30, juste le temps d'un petit échauffement et je me dirige vers les sas de départ. Mon objectif était de terminer entre 3h30 et 4h00, je décide donc de me placer dans celui des 3h30 et si je devais avoir une défaillance, j'aurais de la marge pour terminer dans les délais. Le temps est magnifique, le ciel est entièrement dégagé, il y a juste une brise qui me refroidit légèrement. Je sautille sur place et fait quelques étirements en pensant à la stratégie de course que j'allais adopter : suivre le meneur d'allure 3h30, m'y cramponné comme un pou et advienne que pourra... ouais.. ok... on a déjà vu mieux comme plan, mais on va faire avec... Le départ est imminent, les coureurs prévoyants se débarrassent de leurs t-shirts usagés et sacs-poubelle, la tension est montée d'un cran. Le speaker fait le décompte des secondes et nous voilà partis pour 42,195 km !
Le premier kilomètre se fait à une allure de sénateur en 6:20, ce qui me convient parfaitement, car je mets toujours un certain à trouver mon rythme. Je décide de me placer sur les côtés pour avoir plus de marges de mouvement, la contre-partie est que je dois rester plus vigilant pour éviter les trottoirs, barrières et poteaux qui bordent la route. Les kilomètres défilent sans que je m'en rende compte, tout ce qui m'importe est de ne pas me faire décrocher par les meneurs d'allure. Il y a tellement de monde autour d'eux que je décide de garder une distance respectable, mais jamais plus de vingt mètres derrière. La première partie de la course dans le centre-ville est un vrai régal pour les yeux, l'architecture est magnifique, un savant mélange entre modernité et bâtiments anciens. Mes sensations sont bonnes, je n'ai aucun mal à suivre le rythme imprimé, bien que les lièvres ne sont pas équitables d'un kilomètre à l'autre, ce qui se ressent sur ma fréquence cardiaque qui joue un peu trop le yo-yo.
Les premiers ravitaillements arrivent, je cours avec une bouteille d'eau de 50cl, je ne m'arrête donc pas au premier. Comme je supporte relativement bien la chaleur, je fais également l'impasse sur les stands d'épongeage. Ceux d'après, je m'arrête juste le temps pour remplir ma bouteille de moitié avant de piquer un sprint pour rejoindre les meneurs. Le premier semi se boucle en un peu moins de 1h45, nous sommes parfaitement dans les temps.
Depuis une dizaine de kilomètres, nous sommes sur une longue ligne droite qui borde l'autoroute, le public se fait rare, seuls les klaxons des voitures qui croisent notre route égayent un peu l'ambiance. Après la traversée de la Loire, nous entamons le retour vers Nantes. S'ensuit alors une succession de zones pavillonnaires avec des routes et ruelles en faux plats qui cassent bien les jambes. L'écrémage au sein du peloton se fait irrémédiablement. Quelques coureurs se mettent à marcher, un autre juste à côté de moi se met à crier et s'arrête brutalement pris d'une crampe au mollet. Moi, je suis in the zone, je ne pense à rien, je ne fixe rien en particulier, l'esprit complètement tourner vers moi-même. Je baigne dans la chaleur des rayons de soleil et les gouttes de sueur qui perlent ma nuque. À chaque ravitaillement, je prends soin de manger 2 abricots séchés et un morceau de pain d'épice, pour prévenir toute défaillance.
La partie du parcours qui mène au jardin des plantes est vraiment éprouvante et se répercute sur mon moral. Il n'y avait même pas 5 minutes, j'étais dans la plénitude et voilà que maintenant je brasse des idées noires. Je repense aux récits de course de tous ceux qui ont été terrassés par le "mur", tel un dragon de contes et légendes, sors de sa tanière, frappe sans crier gare, semant souffrance et désillusion. De toute évidence je commence à perdre en lucidité. Je décide de faire un arrêt prolongé au poste de ravitaillement 35, je remplis à ras bord ma bouteille d'eau, et je mange quelques fruits secs sur place, avant de repartir en trombe. Je paye cher cet arrêt, le kilomètre 36 se boucle en 5:42. Au loin, je vois toujours les oriflammes vertes des meneurs d'allure. Je me fais violence pour les rattraper, mais impossible, mes jambes tournent moins bien. Je limite malgré tout la casse en bouclant les kilomètres entre 5:00 et 5:10.
Le parcours emprunte de nouveau le centre-ville, le public est nombreux et me redonne du moral. Plus que deux kilomètres. Le secteur pavé le long des quais est difficile, je rassemble ce qui me reste de lucidité pour faire attention à mes appuis. Nous avons le soleil de face, il fait très chaud. Plus que six cents mètres. Le speaker annonce qu'il ne reste plus qu'une minute avant la marque des 3h30. J'entends des gens m'encourager par mon prénom, pour les remercier j'accélère. Je sais déjà que je n'arriverai pas dans les temps, mais tant pis je donne tout ce qui me reste. Mon temps à l'arrivée est de 3:30:34 temps réel, 3:31:38 temps officiel.
Aujourd'hui je me tourne déjà vers la prochaine course, l'envie de courir est toujours là, intacte. Je vais dans les mois à venir faire l'achat d'une ceinture porte-bidon/gels, structuré ma préparation avec pour objectif 3h15. C'est sûr, lors de mon prochain marathon je prendrai plus de risque, quitte à titiller le dragon.
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Merci de m'avoir lu
Last Edit:il y a 13 ans 7 mois
par Talonette
Dernière édition: il y a 13 ans 7 mois par Talonette.
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- olive22
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Réponse de olive22 sur le sujet Re: Mon premier Marathon (Nantes)
Posted il y a 13 ans 7 mois #98528
Super temps, bravo ! Et l'objectif est réussi, chapeau ! J'ai moi aussi eu du mal après la passage autoroute, ces faux plats ca a bien cassé les pattes ! mais tu as eu la ressource nécessaire, bravo ! Tu étais sur combien de séances par semaine ?
par olive22
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- FredX
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Bravo pour ta course et merci pour ce CR vraiment super bien écrit !!!
par FredX
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- forest44
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Réponse de forest44 sur le sujet Re: Mon premier Marathon (Nantes)
Posted il y a 13 ans 7 mois #98556
Bravo et félicitation pour ton premier marathon .
Bonne récup.
Bonne récup.
par forest44
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- Talonette
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Réponse de Talonette sur le sujet Re: Mon premier Marathon (Nantes)
Posted il y a 13 ans 7 mois #98584
Merci à vous pour ces messages
olive22 écrit:
J'étais à 6/7 séances par semaine, mais c'était à vrai dire le chaos total. Selon mon humeur et mes sensations je faisais soit le l'EF, VMA ou du seuil. Je n'ai pas suivi de plan précis. Je pense que cette méthode d'entrainement a montré ses limites et si je veux réellement progresser il va falloir que je me force à structurer tout ça. Lundi prochain je vais commencer le plan 6 séances - 16 semaines proposé par Gilles.
olive22 écrit:
Tu étais sur combien de séances par semaine ?
J'étais à 6/7 séances par semaine, mais c'était à vrai dire le chaos total. Selon mon humeur et mes sensations je faisais soit le l'EF, VMA ou du seuil. Je n'ai pas suivi de plan précis. Je pense que cette méthode d'entrainement a montré ses limites et si je veux réellement progresser il va falloir que je me force à structurer tout ça. Lundi prochain je vais commencer le plan 6 séances - 16 semaines proposé par Gilles.
par Talonette
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- Guigou
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- Remerciements reçus 0
Bravo pour ton marathon, et encore plus pour ta gestion du Dragon!
Je suis trés content si mes aventures glacées on pu t'aider à te lancer, vu le résultat ça aurait été dommage de ne pas y aller!
Je vois qu'on a un peu les mêmes principes d'entrainement.... Courir tout le temps, selon l'humeur...
Pour ma part ça me va bien, mais c'est vrai qu'on arriverai au mêmes résultats avec seulement 4 séances / semaine et un plan précis suivi à la lettre.
C'est lequel, ton prochain marathon?
Je suis trés content si mes aventures glacées on pu t'aider à te lancer, vu le résultat ça aurait été dommage de ne pas y aller!
Je vois qu'on a un peu les mêmes principes d'entrainement.... Courir tout le temps, selon l'humeur...
Pour ma part ça me va bien, mais c'est vrai qu'on arriverai au mêmes résultats avec seulement 4 séances / semaine et un plan précis suivi à la lettre.
C'est lequel, ton prochain marathon?
par Guigou
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