S'équiper pour la course à pied

Sur les Traces des Ducs de Savoie - enfin le CR

Réponse de secalex sur le sujet TDS : tranquillement, doucement, sereinement

Posted il y a 9 ans 2 mois #380368
Quand tu arrives à Bourg St Maurice tu peux passer à l'apéro direct. :P
par secalex

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Réponse de mezos69 sur le sujet TDS : tranquillement, doucement, sereinement

Posted il y a 9 ans 2 mois #380376

personne écrit: Record du cr le plus court de l'histoire du site. Tu as intéret à le bétonner du coup si tu veux pas te faire taper sur les doigts au rattrapage :evil: :evil:


ah ouais :P mais OSCAR du meilleur teasing de l'histoire du site
par mezos69

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Réponse de Patrick57 sur le sujet TDS : tranquillement, doucement, sereinement

Posted il y a 9 ans 2 mois #380382
:laugh: :laugh: excellent Philippe excellent !! :laugh:

... moi ça me va bien de devoir encore attendre un peu ... j'ai pris bcp de retard cette semaine ici :blush:
par Patrick57

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Réponse de Olrik sur le sujet TDS : tranquillement, doucement, sereinement

Posted il y a 9 ans 2 mois #380429
Cr normalement lundi.......soir je précise histoire que vous ne passiez pas toute la journée sur le forum.

Désolé il n'y a pas de suivi live de l'avancée du cr :P

Pour patienter voici une photo collector : une portion de plat. Elle nous mène au premier ravito avec du solide, au lac Combal


Last Edit:il y a 9 ans 2 mois par Olrik
Pièces jointes :
Dernière édition: il y a 9 ans 2 mois par Olrik.

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Réponse de Patrick57 sur le sujet TDS : tranquillement, doucement, sereinement

Posted il y a 9 ans 2 mois #380507
:laugh: :laugh: ... la grande forme, il tient la grande forme notre Philippe ! :woohoo:

Merci pour cette jolie mise en bouche ! :woohoo:

Bon we ! :cheer:
par Patrick57

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Réponse de Olrik sur le sujet Sur les Traces des Ducs de Savoie - enfin le CR

Posted il y a 9 ans 2 mois #381079
TDS : Tout Doucement et Sereinement

Avertissements aux lecteurs

Faut pas rêver difficile de résumer 32 heures de course de manière brève. Difficile aussi de se souvenir de tout. Pour être au plus juste dans la description du parcours je ne me suis donc pas fier uniquement à ma mémoire mais également à celle d’un concurrent de 2014. En sus des plans et temps de passage j’avais emporté avec moi un condensé des textes qu’il avait pondu pour décrire les chemins qui m’attendaient. Merci à lui. Cela m’a énormément aidé autant lors de la course que de la rédaction de ce compte-rendu.

Préambule

Le plan d’entraînement s’est bien déroulé, j’ai pu faire des reconnaissances de deux parties du parcours. De Courmayeur jusqu’au lac Combal ainsi que des Contamines à la Passerelle de Bionnassay, soit le début jusqu’à la 1ère BH et la dernière grosse difficulté avec la montée jusqu’au col du Tricot. Plus quelques courses de préparations dont certaines prises comme sortie longue (Sierre-Zinal). A noter que pour Christophe Le Saux, cette TDS était sa dernière sortie longue avant la Diagonale des Fous. Chacun son objectif. :silly:

La préparation de mon séjour à Chamonix s’est également bien déroulée contrairement à 2014 où j’avais eu quelques soucis de logement.
J’y suis arrivé le mardi dans l’après-midi, j’ai trouvé une place de parc gratuite et de durée illimitée. :)

Prise de dossard – contrôle de l’équipement – prise de la chambre d’hôtel – préparation des sacs (un d’assistance qui m’attendra au Cormet de Roselend et le sac à dos) – préparation de ce que je mettrai – repas – dodo. Jusqu’ici tout va bien. B)

Jour J ou plutôt Jours J vu que la course va durer deux jours


Diane à 3h30, une courte mais bonne nuit, petit-déjeuner au Gatosport, un brin de toilettes (le dernier avant un bon moment :whistle: ) et en route pour prendre le bus qui nous amène à Courmayeur. Un bref passage à la salle de sports histoire d’attendre un moment à l’intérieur et en position assise. Puis direction le départ, remise du sac d’assistance, il me reste 20 minutes d’attente avant le départ.

Comme je suis en fin de peloton (c’est ma place) je n’entends pas grand-chose des recommandations mais l’essentiel est qu’il va faire chaud, très chaud, qu’à chaque point d’eau il nous est conseillé de nous mouiller (casquette – tête – bras, autre). Il nous est également rappelé que la course « commence » à Bourg-St-Maurice (BSM) avec un gros morceau de 11,5 kms et presque 2000 mètres de D+ et donc qu’il faut arriver le plus frais possible à ce ravitaillement.

C’est parti. :woohoo:

Les distances que j’indique sont celles du tableau des passages.

Le temps est pris à l’entrée du ravito. Seul à BSM nous aurons droit à un temps à l’entrée et un à la sortie, juste après un contrôle de l’équipement.

Mes temps estimés l’ont été en me basant sur mes deux reconnaissances ainsi que des temps effectués en 2014 par divers concurrents en fonction de leur résultat final et de leur chrono sur quelques courses que nous avons en commun (CCC – Saintélyon – Ecotrail de Paris)

Courmayeur – Col Checrouit 6,5 kms, 801 D+, 65 D-

Le peloton s’étire dans Courmayeur sur environ deux kilomètres, principalement en descente.

Quelques ralentissements dûs au rétrécissement de certaines rues. Puis c’est la montée vers le col.

C’est bien pentu (17-18 % de moyenne), c’est sur du chemin 4x4, la température est proche des 10
degrés, il fait bon, le jour est vite là. Je suis en parti en t-shirt + Odlo et manchettes. Les coureurs
partis avec une veste s’arrêtent très vite pour l’enlever et la mettre dans le sac. Vu que le peloton est
encore compact, ils se retrouvent vite en queue et devront faire l’effort de remonter s’ils ne veulent
pas trop être pris dans les bouchons que nous aurons après le col.







T-shirt Morat Fribourg, casquette des Traînes-Savates de Cheseaux, manchettes du Grand-prix de
Berne, Buff de l’Humanitrail des Diablerets et, elles ne se voient pas, mais chaussettes du Trail de
Verbier.


Je ne m’arrête pas au ravito (liquide).

1h23’06 pour 1h25 de prévu

Col Checrouit – Arête du Mont-Favre 11,2 kms, 1315 D+, 100 D-

Fini le chemin 4x4, place au single. Certains coureurs, sûrement plus intelligents que la masse dont je fais partie, dépassent (remontent la file) n’importe comment sur cet étroit sentier et retardent tout le monde quand ils daignent réintégrer le peloton.

La pente est douce, le soleil a fait son apparition, les paysages sont magnifiques, jusqu’ici tout va bien.

L’Arête arrive. Place à la 1ère descente et direction la première BH fixée à 9h45 soit 3h45 de course. Tu dois être sorti du ravitaillement avant ces fameuses BH.

2h42’14 pour 2h40 de prévu. 4’ de plus qu’escompté sur cette portion, on mettra la faute sur les bouchons où j’ai passé environ 15 minutes à avancer quelques mètres, attendre, avancer, etc… :(

Arête du Mont-Favre – Lac Combal 15,2 kms, 1329 D+, 579 D-

Une jolie descente sans piège particulier suivi d’environ 1,5 kms de plat qui nous amènent au 1er ravito avec du solide.






Je m’y arrête 10 minutes au lieu des 5 prévues car cette descente a été effectuée en 36’30 au lieu des
50’ estimées.

3h18’46 pour 3h30 prévues.

Je ne fais le plein d’eau que de ma gourde et pas de mon camel malgré que le prochain ravito soit à 20 kms de là soit environ 4h20 de course. Je n’ai pas beaucoup bu sur ce début de course (température – rythme de course). Je sais que cela va changer avec la chaleur à venir. J’y suis préparé. A quelques rares exceptions mon rituel sur les ravitos sera de trouver une place, poser mon sac, faire le plein du camel et/ou de la gourde, boire mi- coca mi- eau gazeuse, une soupe, prendre à manger des Tucs, du pain d’épices et quelques fois du chocolat que je mets dans un sac de congélation et que j’ingurgiterai en lisant mes messages et/ou en partant du ravito.

Je repars avec un peu plus d’un quart d’heure d’avance sur la BH. En route pour la seconde ascension.

Lac Combal - Col Chavannes 19,7 kms, 1962 D+, 579 D-

Une montée avec 14 % de moyenne à la queue-leu-leu.







Mon téléphone bipe, les 1ers messages arrivent. Dans la file cela cause encore pas mal. Je ne vois pas le temps passer. J’avais estimé parcourir cette étape en 1h20 pause de 5’ comprise, je fais 1h23 avec 10’ de pause. Pour l’instant mes estimations sont bien correctes. J’espère qu’elles le resteront. Au sommet, point culminant de la course à 2603 mètres, il y a un petit agglutinement de coureurs, c’est un point d’eau. Je ne m’y arrête pas. Je galope en direction de la seconde BH qui se refermera à
14h30.

4h41’34 pour 4h50 prévues

Col Chavannes – Col du Petit-St-Bernard 35,9 kms, 2602 D+, 1634 D-

Cette étape est en deux parties. Tout d’abord une loooooongue descente vers Alpetta 9,5 kms pour 817 de D-.





C’est tout là-bas au fond en bas que nous allons

C’est roulant, c’est un chemin 4x4. J’adopte la méthode Cyrano soit un certain temps en courant et 1’ en marchant. La course est encore longue je veux m’économiser. Les secousses de la descente aidant c’est un 1er arrêt technique. Plus bas il y a une fontaine, j’en profiterai pour faire le plein de mon Camel. Il commence à faire chaud. Je commence à fatiguer . La fin est un peu plus acrobatique. Coup de mou. Je sais que cela va passer. Je positive. Mais mes jambes donnent des signes de faiblesse. Et
en passant sur un gros rocher en dévers ma jambe droite me lâche et je fais une jolie chute sans gravité. Juste quelques égratignures. Cela a le mérite de me réveiller, pas physiquement mais au niveau de la concentration. Au bas de cette descente il y a un bon coin d’ombre, je m’y arrête deux minutes histoire de boire tranquillement un pom-pot et c’est reparti en direction du col de Petit-St-Bernard.

Une montée tranquille et régulière où la forme revient. Nous passons le long d’un lac





puis entamons une dernière montée assez atypique. C’est une trace à travers les bruyères. C’est pentu de chez pentu, environ 300 mètres de long pour 100 de D+. Et ici totale impossibilité de dépasser.







C’est la frontière, nous entrons en France.

7h41h04 pour 7h50 de prévu


Une portion que je pensais faire en 3 heures, j’ai mis 2h59’30. Et ceci malgré mon assez gros coup de mou. C’est positif.
Je passe le temps prévu (10’) à ce ravito et départ avec 38’ d’avance sur la 2ème BH pour une seconde loooongue descente, direction Bourg-St-Maurice. Ravitaillement où un assistant est permis. Mais pas pour moi cette année, je suis seul.

Col du Petit-St-Bernard – Bourg-St-Maurice 50,7 kms, 2649 D+, 3053 D-


L’organisation nous a averti deux semaines avant la course, ils nous l’ont répété avant le départ, c’est écrit dans de nombreux comptes rendus : la course commence à BSM, il y a un gros gros morceau juste après. Mais avant j’ai encore une quinzaine de kms à parcourir.

Le début de la pente est en faible descente, à nouveau sur du chemin 4x4. Ce sera une des dernières
portions descendantes sur ce genre de terrain.






Il est 14 heures, il commence à faire très chaud et nous perdons de l’altitude et gagnons donc des degrés.

J’adopte à nouveau la méthode Cyrano. Petit à petit la descente devient un peu plus technique et un peu à l’ombre. Je suis le dernier d’une colonne d’une dizaine de coureurs. Nous allons d’un bon rythme qui me convient quand soudain……..étant le dernier de cette file je ne vois qu’au dernier instant une traileuse arrêtée au bord du chemin. Malgré un freinage d’urgence et un coup de volant je ne l’évite pas et je m’étale avec toute la légèreté des mes 78 kilos. A nouveau sans gravité, si ce
n’est des égratignures supplémentaires sur les deux genoux ainsi que le coude gauche. Plus tard je
verrai que je me suis chopé un bon bleu au coude et encore plus tard (de retour chez moi, c’est ma
femme qui l’a vu un magnifique bleu/jaune à la cuisse droite. Malgré ma folle vitesse et surtout grâce
à mes manœuvres d’évitement je n’ai que peu touché cette brave dame. A noter que lors de mes deux chutes il a fallu environ un quart de seconde pour qu’un coureur me tende la main pour m’aider à me relever. Merci les gars.

Les 3 derniers kilomètres se font en partie sur du bitume avec quelques chemins puis c’est la ville.

10h09’01 pour 10h20 prévu

En sus de ma routine, je profite de ce ravitaillement pour me crémer les pieds. Une petite cloque commence à apparaître sur le bord gauche de l’ongle de mon gros orteil droit. Un Compeed et je n’en entendrais plus parler. Je n’oublie pas également de remettre une couche de crème solaire.

A la sortie il y a un contrôle du matériel. Ils veulent voir le téléphone, la veste imperméable et les deux lampes. Inutile dire que, hormis le téléphone, le matos demandé n’est pas celui qui est en haut du sac. Mais c’est bien organisé et cela va vite. Je repars 18’ après être arrivé (prévu 15’) avec 32’ d’avance sur la BH.

Maintenant c’est place à du lourd.

BSM – Fort de la Platte 56 kms, 3819 D+, 3063 D-


Nous entamons donc cette loooooogue montée par une rue marchande entourés de badauds plus attirés par les vitrines que par nous. Au bout de quelques dizaines de mètres, mon compagnon de moment me demande si je pense que nous sommes sur le bon chemin ce à quoi je lui réponds qu’en tout cas j’en aperçois d’autres comme nous plus en avant et que je n’ai pas vu d’autres balises depuis notre départ. Balise qui nous tombe sous le nez quelques secondes plus tard.

Mais bon fini le lèche-vitrines, cette fois on va grimper. 5,3 kms avec 1170 D+.
Grimpette qui sera suivie par celle en direction du col de la Forclaz puis du Passeur de Pralognan.
Tout d’abord une montée jusqu’au Fort du Truc, environ 2,75 kms avec 625 D+. A cet instant il est important de savoir que le 1er fort que nous verrons n’est pas celui de la Platte, sinon mentalement ce sera dur.

Arrivé à ce fort (en fait plutôt un bunker), je m’assois un moment dans l’herbe et surtout à l’ombre histoire de souffler un peu et de manger quelques tranches de viande séchée. L’endroit est couru, nous sommes une dizaine à être arrêté et dès qu’un part, un autre arrive. Lorsque j’ai quitté cet idyllique endroit j’ai hésité à dire à mon remplaçant que la place était chaude. Mais vu la souffrance et la fatigue qui se lisaient sur son visage, je me suis abstenu d’émettre ce gag mémorable. :silly:

Mais ne musardons point trop, en avant en direction du Fort de la Platte, environ 2 kms avec 500 D+.

Vous l’aurez compris, ça grimpe, ça grimpe.

Arrivé à ce sommet, une BH mais pas de ravito. En revanche un robinet pour refaire le plein qui s’avère nécessaire. Cela fait presque 3 heures que nous avons quittés BSM et le prochain ravito ne sera pas atteint avant encore 4 heures de course au maximum espérons-le.

Le plein est fait après 7-8 minutes d’attente. Je pointe à 19 heures pour une BH à 20. Je vous laisse faire le calcul de mon avance.

12h59’02 pour 13h05 de prévu

Fort de la Platte – Passeur de Pralognan 62,2 kms, 4580 D+, 3233 D-

La montée sur le col de la Forclaz est plus humaine, pourcentage moyen de 10 %. Ayant discuté avec d’autres concurrents en attendant de pouvoir refaire le plein, il est ressorti que nous n’arriverons pas avant la nuit pour s’attaquer à la vertigineuse descente de Pralognan. Ce qui est mieux selon un vétéran de la course car ainsi on voit moins le vide.

Arrivé au col, une petite descente nous attend. Elle passe bien après ces heures de montée.

C’est donc rapidement que nous attaquons le dernier morceau. Une montée d’environ 1,5 km avec 300 D+ soit 20 %. Lors de cette montée, je passe en mode nuit avec l’ajout d’un pull manche longue, un Buff et une lampe frontale autour de la tête. Je jette un regard en arrière pour admirer la file des lampes frontales de ceux qui sont encore dans la descente. C’est sacrément magique.

J’aurai plusieurs fois l’occasion durant cette nuit d’admirer d’autres files de lumières qui, elles, grimpent où je ne suis pas encore arrivé. Cela reste magique.

Au sommet je ne m’arrête pas, je veux être en bas de cette descente le plus vite possible (sur mes deux pieds) et à 21h15 à 2'567 mètres d’altitude, il fait un bon bout moins chaud que quelques heures auparavant.
Je me fais donc pointer et en route vers de nouvelles aventures.Juste dit en passant comme ça, ils ont un sacré mérite les bénévoles qui sont là-haut car il n’y a pas d’abri et pas beaucoup de place.

15h15’27 pour 15h25 prévu

Passeur de Pralognan – Cormet de Roselend 66.6 kms, 4588 D+, 3841 D-


Soit 600 de D- en 4,4 kms. On est tout de suite dans le bain avec cette descente du Passeur. Ici pas
question de dépassement, c’est l’un après l’autre bien agrippé aux cordes. Nous avançons prudemment. Deux/trois bénévoles sont répartis sur cette portion pour nous (r)assurer. Mes bâtons (pliables au lieu de télescopiques, un régal) sont rangés dans le sac afin d’avoir mes mains disponibles pour me tenir aux cordes et rochers. Ce n’est pas superflu.



on part de tout là-haut à gauche et on descend quasi à la verticale jusqu'au traileur en bas à droite
Une fois quasi en bas c’est un chemin 4x4, tranquille après ce que nous venons de passer.

Arrivée à Roselend, la base de vie où nous attendent nos sacs d’assistance.

16h36’52 pour 16h55 prévu


C’est bien organisé. Je me trouve un bout de table et je sors tout ce qu’il y a de mon sac. Je décide de changer uniquement de t-shirt et de chaussettes. Ah des chaussettes propres sur des pieds sales. Je me crème les pieds qui tiennent bien le coup, pas l’ombre d’une nouvelle ampoule ou d’un quelconque échauffement à l’horizon. Je décide de rester en cuissard, la température de cette belle nuit étant agréable. Le speaker annonce que la 1ère femme est arrivée à Chamonix. C’est une Suissesse. Je me lève et la main sur le cœur j’entame notre hymne national (mais non je déconne).

Après avoir fait ce qui était à faire je rapporte mon sac et repart de ce ravitaillement à 23h08 soit avec 52’ d’avance sur la BH. J’ai donc passé 31’ à ce ravito pour 30’ prévues. Prochain ravito au col du oly à 15,6 kms d’ici avec 1267 de D+ et 1243 de D-, durée prévue de 6h20. Entre-deux il y a une nouvelle BH à La Gitte.

Cormet de Roselend – La Gitte 74,5 kms, 4966 D+, 4521 D-

C’est parti pour le col de la Sauce, une nouvelle pente à 10 % de moyenne. Le début commence gentiment puis la déclivité s’accentue. Jusqu’ici tout a bien. Puis vint la descente……

Je qualifie cette descente de roulante pour la raison que les pierres roulent sous les pieds. Bien entendu il n’y a pas que des pierres, il y a aussi de la boue. Je me mets deux fois sur le cul en peu de temps dont la seconde fois où j’ai failli me vautrer dans une belle mare de boue. Devant moi une concurrente fait une chute assez impressionnante avec lampe et autres matos qui giclent. Elle repartira tout doucement sans trop de mal hormis le choc. Je commence à en avoir marre, je me réjouis de prendre une douche. :angry:

Puis vint le célèbre Passage du Curé. C’est un chemin taillé dans la roche au-dessus d’un ravin où coule un torrent que l’on entend mais ne voit pas. Sa longueur est de 350 mètres et sa largeur de 3 mètres. Le sol est donc composé de roche nue, heureusement pas trop glissante cette nuit-là.




Après cette étape, il faut encore descendre et encore descendre. Je ne vois pas La Gitte mais je vois des lumières qui partent dans l’autre sens. Le temps passe, je me dis que sur cette portion je vais perdre passablement de temps. Je vois bien une lumière qui semble provenir d’une sorte d’écurie, mais rien d’autre. Cela ne doit donc pas être là et cela semble bien petit. Je continue péniblement ma descente. C’est mon second coup de mou. Heureusement mes pensées un tantinet négatives disparaissent à la vue du côté gauche de cette grange. C’est La Gitte. Il faut remonter un peu et j’y arrive dans le temps que je m’étais imparti. Ce n’est pas un ravitaillement, juste un pointage. Il y a tout de même un banc sur lequel je me pose 2’ histoire d’avaler un pom pot et de la viande séchée.

Je prends également le temps de lire mes messages dont un me dit que vous êtes au taquet et que j’ai plein d’encouragements. Cela fait rudement plaisir de se sentir soutenu. Je recevrais même quelques messages en plein milieu de la nuit. Je note avec satisfaction que malgré une montée dans mon rythme suivi d’une descente où il me semble avoir traîné, je suis dans mes temps.

J’ai donc toujours une cinquantaine de minutes sur la BH. :)

19h37’26 pour 19h55 prévues


La Gitte – Col du Joly 85.6 kms, 5853 D+, 5084 D-

Départ pour le col Est de la Gitte, une bonne montée de 3,9 kms pour 650 D+ et….zéro de D-. Une montée qui monte quoi. C’est un beau morceau après presque 20 heures de course. Cela commence par un single bien raide puis un chemin 4x4 et pour finir des sentes avec une pente plus douce.
Après je n’ai pas tout en mémoire mais cela devait ressembler à ça : on est descendu, remonté un petit bout puis encore descendu et à nouveau une montée assez sévère puis redescendu. Tout ça sur des chemins bien tourmentés qui ne laissent aucun répit. Ce que je me souviens c’est que la nuit est belle et agréable. Les balises réfléchissent sous l’impulsion du rai de lumière des frontales. J’aime cette ambiance nocturne.

Ayant lu moult récits je sais que le ravitaillement du col Joly on le voit et on l’entend mais on n’y est pas encore. Je le vois, enfin je crois le voir, juste en face. La ligne de lumière des frontales semblent partirent au fond puis revenir par ici mais donc de l’autre côté de la vallée. J’attaque donc cette partie relativement plate (si si) en zigzagant entre les vaches qui elles sont couchées à cette heure-là et leurs déjections.

J’avance, j’avance. Mais bon sang où est ce demi-tour pour revenir vers le col ? :angry:
Je gamberge à nouveau il me faudra plus de temps pour y parvenir que ce que j’avais budgété. J’avance toujours. Cela me semble beaucoup trop loin. Mais les balises sont bien là et je distingue deux coureurs plus en avant. Et là, ouf ! Je vois le véritable ravitaillement du col du Joly. Je n’y suis pas encore il faut plus ou moins contourner une colline, descendre un peu pour mieux remonter. J’y arrive. La speaker met de l’ambiance dans ce ravito et nous accueille chaleureusement.

Malgré tout je ne vais pas m’y éterniser et je n’y reste que 10’.

Prochaine étape Les Contamines et surtout le lever du jour d’ici une heure.

23h10’16 pour 23h45 de prévu

Col du Joly – Les Contamines 95.4 kms, 5892 D+, 5942 D-


Une étape qui va donc descendre sur environ 10 kms.

Tout d’abord, une descente sur un sentier de terre puis sur un sentier de cailloux et de racines où je suis un groupe de traileurs à un bon rythme puis les derniers kilomètres quasi à plat. C’est dans cette dernière partie que je m’arrête à un banc où je repasse en mode jour. Cela me donne l’impression de moins « perdre » de temps que de le faire au prochain ravitaillement car j’ai hâte d’en finir. Bon il me reste tout de même 6 heures de courses. Mais comme j’ai reconnu la dernière grosse difficulté je sais que je vais y arriver.

Arrive Les Contamines et son ravito. C’est un grand ravito où il n’y a pas beaucoup de coureurs. C’est le 1er gros arrêt de l’UTMB, le dernier pour nous.

25h20’51 pour 26 heures prévues


J’y reste un peu moins de 20 minutes et n’oublie pas de mettre de la crème solaire. J’ai hésité à crémer à nouveau mes pieds mais un manque d’envie et de lucidité m’en empêche (j’aurai pu le payer cher). Je branche également ma montre sur un chargeur afin que comme moi elle tienne le coup jusqu’à Chamonix. En route pour la gloire avec toujours 50’ d’avance sur la BH. Il en reste une
aux Houches et celle de l’arrivée.

Les Contamines – Col de Tricot 102.4 kms, 7049 D+, 6149 D-


Cette dernière difficulté ou plutôt dernière grosse montée car des difficultés il y en aura encore, moindres par rapport à ce que nous venons de vivre mais pénible car proches de l’écurie, cette dernière grosse montée donc est encore une fois un joli morceau 7 kms pour 1157 D+ et aussi 207 D- dont les 3 derniers kms de ce fameux col du Tricot avec 600 D+.

La montée en direction des chalets du Truc se divise en quatre parties. Tout d’abord on part du bas des Contamines pour aller en haut, sur bitume. Puis c’est un chemin 4x4 toujours bien raide suivi par une partie en forêt tapissée de racines et parsemées de quelques rochers qu’il faut grimper. Il ne faut pas louper la bifurcation, ce qu’on fait deux concurrents qui se feront hélés par leurs suivants donc je fais partie. Pour finir on rejoint à nouveau le chemin 4x4 avec une pente un peu plus douce et nous arrivons aux chalets du Truc que nous traversons vite fait pour attaquer une descente qui nous amène aux chalets de Miage et nous permettra de voir la montée qui nous attend.

A l’attaque de ce beau bébé dont on voit le bout tout là-haut là-haut.





Je monte à mon rythme, c’est-à-dire tranquillement un pas après l’autre, je prends de temps à autre une très courte pause et surtout je commence à divaguer. Je ne m’en rendrais compte qu’à un peu plus des ¾ de la montée. C’est un peu difficile à expliquer même à moi. C’est un peu comme si j’étais sorti de mon corps, que tous ces grands pas que je fais pour grimper sur ces rochers ne sont pas pour moi mais pour un autre pour qui je dois donner du travail. Cela n’a pas grand sens et d’ailleurs il ne faut pas en chercher. Je me souviens que cette divagation m’a repris un court moment dans la remontée après la passerelle de Bionnassay. Ce qui me réveille ce sont les encouragements d’une bénévole qui nous annoncent que nous arrivons au dernier virage. Bon je n’y suis pas encore mais encore un effort et c’est le sommet. C’EST LE SOMMET !

28h13’30 pour 29 heures prévues

Moins de 3 heures pause des Contamines comprise. Tout bien, vraiment tout bien. Il fait beau, la chaleur va augmenter. Il est temps de sortir casquette et lunettes.

Col de Tricot – Bellevue 106.4 kms, 7188 D+, 7396 D-


La descente commence par des petits chemins étroits creusés dans la terre heureusement pas boueux. Puis cela devient pierreux, les mains sont nécessaires. La fin est pénible, je sais que rien ne sert de courir car il y aura un peu d’attente à la passerelle où nous ne pouvons être que deux à la fois dessus. Il y a 7-8 coureurs quand j’arrive, nous passons donc à tour de rôle. Pas drôle pour les randonneurs qui arrivent en face et qui attendent avec fair-play. Ce n’était pas le bon jour pour eux de passer par là. Concernant les randonneurs le 95 % nous encouragent ou nous disent bonjour et de plus s’écartent de notre chemin. Il reste 5 % qui ne bougent pas de leurs traces, c’est à nous de nous tirer et comme par hasard ceux-ci ne nous disent même pas merde, même si nous les saluons.

Une fois cette passerelle traversée





c’est une remontée courte et brusque qui nous attend. Arrivé en haut, un bénévole nous annonce qu’il nous reste mille mètres avant le ravitaillement et que les montées c’est fini, plus que des faux-plats. C’est bien connu, il ne faut, malheureusement, jamais prendre au sérieux ces informations. Bon pour la distance cela devait être 1400 mètres au lieu de 1000, ça va. Mais les faux-plats !!!! Tout d’abord une courte montée, peut-être 10 de D+, ce n’est pas grand-chose mais quand on s’attend à rien c’est déjà beaucoup. Mais le pire est juste avant le ravitaillement où un randonneur nous annonce que nous y sommes bientôt et qu’il n’y a plus que « quand même cette bonne montée ».
On lève la tête et c’est une grimpée d’environ 250 mètres avec environ 50 D+. Quel faux plat ! On en rigole et on y va. A part ces « faux-plats » nous avons eu à nouveau droit à plusieurs passages de descentes avec des cordes.

Bellevue n’est pas un ravito mais au vu de la chaleur ils ont tout de même apporté de quoi remplir nos gourdes et nous désaltérer. Merci. J’y reste 5’ et entame la descente sur les Houches.

29h30’07 pour 30h15 prévues

Bellevue – Les Houches 111.2 kms, 7188 D+, 7396 D-

De la descente, uniquement de la descente sur 4,8 kms avec 789 D-. Un petit chemin puis quelques centaines de mètres sur un chemin 4x4 suivi par un sentier dans la forêt. Donc racines et cailloux, de quoi avoir bien mal aux cuisses si ce n’était pas déjà le cas.
Et on finit par une route en lacets sur laquelle je peux enfin courir sans avoir à regarder où je mets les pieds. Ce n’est pas le bout le plus sexy mais il me repose……l’esprit.

30h31’25 pour 31h15 estimées

Je m’arrête à peine 5 minutes aux Houches et je repars pour la DERNIERE étape avec toujours un peu plus de 50’ d’avance sur la BH.

Les Houches – Chamonix 119.1 kms, 7338 D+, 7523 D-

C’est le dernier bout. Aucune difficulté technique. C’est une ballade en forêt le long de l’Arve. Mais il ne faut pas rêver, ça monte et ça descend. J’y avance à un bon rythme en mode marche nordique. A l’entrée de Chamonix, nous longeons une longue rue résidentielle où nous croisons quelques futurs participants de l’UTMB revenant d’avoir été chercher leur dossard. Leurs encouragements nous font bien entendu fort plaisir. Quelques dizaines de mètres avant le croisement qui nous amènera dans une rue commerçante, je m’arrête (et je ne suis pas le seul) à une fontaine pour me rafraîchir une dernière fois et me faire beau pour les photos.
Puis c’est la rue commerçante, la rue du Dr Paccard sauf erreur. :woohoo: l’ambiance est juste énorme. Des bords du parcours, des terrasses des bistros, de partout les applaudissements nourris et les encouragements fusent. C’est juste magique. Ici tu ne peux pas faire autrement que de courir……………..mais toute bonne chose à une fin, fin mémorable dans ce cas. Dernière ligne droiteet c’est l’ARRIVEE tant convoitée que malheureusement un tiers des partants ne franchiront pas.

Mais moi oui.

YES !! Je l’ai fait, je l’ai fait, je l’ai fait.

31h58’22 pour 32h45 espérées


J’ose le dire, je suis fier de moi.

Conclusion et constatations


C’est course est dure. Les descentes ne sont pas de tout repos, les montées ont un fort pourcentage. Ce n’est pas pour rien qu’elle est classée selon le site même de l’organisateur comme « difficile » alors que la CCC et l’UTMB sont qualifiées de « assez difficile ». Pendant la course je me disais que je referai volontiers la CCC mais pas celle-là. Mais maintenant si quelqu’un me propose de m’y inscrire à nouveau, j’y vais.

Nous avons eu de bonnes conditions malgré la chaleur des après-midi. Le terrain était certes boueux par endroits mais bien moins qu’en 2014 par exemple où il avait beaucoup plu le mardi et l’été avait été pourri. Cette année nous avons eu un bel été et il a beaucoup plu mais lundi.
Mon plan de marche supputé était assez exact. Il n’y a aucun gros écart en ma défaveur. Deux ou trois en ma faveur, je ne m’en plains pas.

Sur ces longues courses, la perception du temps est différente. Ces 32 heures ont passé très vite. Je fonctionne avec le chrono et pas avec l’heure. Le seul repère horaire est la tombée de la nuit et le lever du jour ainsi que les BH qu’il faut bien convertir. Jamais je ne me suis dit : « cela fait déjà 10 heures que je cours et il m’en reste encore 22 ». C’est vraiment étape par étape et à chaque sortie de ravito c’est comme un nouveau départ. Quand je me dis qu’il ne reste que 6 heures, je le pense vraiment alors que si je pars pour une rando-trail de 6 heures c’est une grosse sortie.

Comme tout a bien été je ne changerai rien à ma préparation, ni à mon équipement ou à mon protocole de ravitaillement. Je n’ai pas eu besoin de dormir, mes pieds sont nickels. J’ai eu un peu mal partout mais en fait nulle part. Bref tout va bien.

Bon il y a quand même une chose que me fait hésiter à réitérer cette expérience voire à tester encore plus long : la rédaction du CR

Merci de m’avoir accompagné durant ce périple.

Je n’ai pris aucune photo mis à part lors de ma reconnaissance depuis Courmayeur. Les photos de la
course sont donc soit celles des photographes officiels, soit piquées ailleurs. Et il y en aura d'autres qui viendront s'ajouter.

En Route Vers De Nouvelles Aventures.

Philippe « Olrik »
Last Edit:il y a 9 ans 2 mois par Olrik
Dernière édition: il y a 9 ans 2 mois par Olrik.
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