Mikky - Marathon de Paris 2013 - 1er marathon

A mon tour de vous livrer le récit de mon premier marathon.

Contexte

Je cours depuis environ 12 ans maintenant, avant tout pour le plaisir, sans trop de pression chronométrique. J'ai à mon actif des 10km, des cross, des semi-marathons, la Transbaie. Ma fréquence d'entrainement est de 2 à 3 séances par semaine. J'aimerais pouvoir m'entrainer davantage, mais mes horaires et la charge de travail (par pics) ne le permettent pas toujours.

Il me manquait l'expérience de la distance mythique : 42,195km. C'est grâce à (ou à cause de....) mon ami niptuck que je décide de me lancer dans l'aventure. Ses récits enthousiastes m'ont poussé à "cliquer pour en chier", pour reprendre l'expression de trickouze.

Préparation

Je décide de me lancer dans une préparation de 16 semaines, 3 séances par semaines. Je prends les 4 premières semaines du plan du site et les 12 suivantes sont celles du plan 3h45, numéro spécial de Jogging International.

Une bronchite et un rhume auront raison de moi durant 3 semaines au total, me forçant à réduire ou à annuler les phases de VMA. Un mois de janvier très chargé aura les mêmes effets. C'est donc avec un gros déficit en VMA que je m'apprête à me lancer dans l'aventure.

Mon objectif principal est de terminer le marathon.
Mon deuxième objectif est de terminer entre 3h45 et 4h.
Mon troisième objectif, que je sais trop ambitieux compte tenu de mon entrainement, est de faire 3h45.

Arrivée sur place
Réveil à 5h15, petit déjeuner à 5h30. Aucune fatigue mais un petit peu de stress à l'idée de faire un bond dans l'inconnu !

Avant le départ, je continue le tchat par SMS commencé la veille et les jours précédents avec niptuck. J'absorbe tous ces conseils comme une éponge.

7h20 : mes parents, spécialement venus à Paris pour m'encourager, ma femme et moi-même nous mettons en route pour les Champs-Elysées. Au fur et à mesure, nous voyons de plus en plus de runners monter dans le métro, jusqu'à être emportés, à la station Etoile, dans un tourbillon de ponchos en plastique, de manchons de compression, de running flashy, d'odeurs de crême à base de camphre...mais surtout de bonne humeur et de stress positif.

Pas de doute, à quelques mètres au-dessus de nos têtes se prépare l'un des événements sportifs de l'année.

La course

La foule, les couleurs, l'ambiance, l'idée d'avoir rendez-vous avec moi-même me donnent un sacré regain d'énergie. J'ai envie de courir comme jamais ! Je n'ai jamais vu autant de personnes sur une ligne de départ, c'est magique !

Le speaker annonce le départ, la pression monte. J'enlève mon poncho, le roule en boule et le jette en direction du trottoir. Problème, j'ai un peu mal dosé ma force...le projectile arrive à une vitesse folle sur le haut du crâne d'un spectateur. Je crie un "pardon" un peu embarrassé...mais j'éclate de rire intérieurement comme un enfant de 10 ans. Le coureur à mes côtés a la même réaction et me dit "Nice shot man!" et je lui réponds "Better than nice shot, headshot !".

1KM - 5KM

Ca y est, à nous de partir ! Je sais que le profil de départ est descendant et ne me laisse pas griser. Je me cale sur un rythme à 5:20 env. jusqu'au premier ravitaillement.

Petite surprise, il n'y a que de l'eau alors que j'avais en tête la prise de sucre comme à l'entrainement. L'idée d'être en panne me fait paniquer pendant quelques secondes. Bon...adviendra ce qu'il adviendra, j'aurais ma dose au 10eKM !

L'arrivée sur Bastille est grisante. Je n'ai jamais couru avec un public aussi nombreux et chaleureux, le décor est grandiose. Tellement grandiose et grisant que le 5e KM est bouclé sur un rythme de 4:32. Je me dis "heyyy hoo tu n'es pas sur semi-marathon coco, il te reste encore....37KM....calme toi".

5KM - 10KM

Je reprends mon rythme à env. 5:20. La foule est toujours aussi présente du 5eKM au 9eKM.

Au ravitaillement je décide d'appliquer la méthode "marche, prise de sucres, eau bue tranquillement pendant 30 à 40 secondes". Méthode que je vais appliquer à chaque ravitaillement.

10KM - 15KM

C'est parti pour 10KM dans le bois de Vincennes, partie que je redoute un peu car, à part des arbres, il n'y a pas grand chose à regarder et parce que le public, si dopant, n'est que très peu présent. J'adopte toujours ce rythme à 5:20, pour le moment aucun souci musculaire, ni de dérive de FC. Je me doute que le plus dur reste à venir...

15KM - Semi

A force de voir des mecs cavaler sur le côté pour aller se soulager la vessie, arrive ce qui doit arriver...ma tête me commande d'y aller aussi. Je me dis qu' il est judicieux de le faire dans le bois...après ce sera plus difficile. Arrêt de 30 secs au moins et me voilà rassuré, prêt à continuer sereinement.

Arrive la sortie du bois, c'est un soulagement car je commence à trouver le temps long. Et là, les sensations liées à la présence des groupes de musique et du public me donnent des frissons de la tête aux pieds ! Des enfants, des vieux, de pompiers avec leur grand échelle, des gens de tous les pays sont là pour encourager des milliers d'anonymes. Je trouve cela fantastique.

Le semi est là devant moi : 1h54'59" (20mins de plus que mon record). Voici la moitié, pour le moment tout va bien. Mais comme m'a dit niptuck, un marathon commence au 35eKM. Et peut-être que le mur viendra tout stopper au 30eKM !

Semi - 25KM

Arrive la partie du parcours que je connais très bien car j'ai l’habitude de courir le long des quais de Seine le dimanche. Je me sens un peu chez moi et ne souffre pas du tout.

Deux coureurs me doublent, discutent comme lors d'un footing, se lancent des vannes. L'un d'eux a le même style que Paula Radcliffe (il dodeline de la tête). Petite ambiance détente qui ajoute encore un peu aux sensations "relax" que je ressens.

25KM - 30KM

Le passage dans le long tunnel ne me perturbe pas car je l'ai fait plusieurs fois à l'entrainement. Je maintiens mon allure.

Je tourne la tête et aperçois les premiers dégâts chez les coureurs. Plusieurs marchent, d'autres sont couchés par terre, aidés par la Croix-Rouge. Un coureur s'arrête quelques mètres devant moi, l'air abattu, je lui mets une tape sur l'épaule. D'autres font de même et l'encouragent.... Je comprends encore mieux ce que signifie le mot solidarité chez les coureurs et encore plus chez les marathoniens.

Les petites montées à la sortie des tunnels sont assez pénibles et cassent les jambes. Mais je tire sur les bras comme il faut et les passe sans trop de bobos.

Le ravitaillement arrive et je reprends la méthode appliquée depuis le début : "marche, prise de sucres, eau bue tranquillement pendant 30 à 40 secondes".

Le RDV avec ma famille approche et cela me donne un moral d'acier. Je les vois au dernier moment dans une foule compacte, ils hurlent mon prénom et je lève un point rageur et leur fais un grand sourire. Ma femme se met à courir à mes côtés pour m'encourager et me demande "ça va?! tu vas bien?! t'as l'air super là" Je lui réponds "pour le moment, tout va bien, je n'ai pas vu le mur". Elle continue un peu sur quelques mètres et un enfant dit "hey maman regarde la dame elle fait la course avec une doudoune et un appareil photo autour du cou !"

30KM - 35KM

Je maintiens l'allure et retrouve les deux compères qui sortaient des vannes. Radcliffe est là et dit à son pote "si on peut on accélère au 35e et de toute façon je t'éclate à l'arrivée lol".

Du 33eKM au 35eKM je sens mes jambes picoter un peu, la tête commence à dire "pfiooouu c'est long", l'allure baisse énormément....ca y est le voilà ce putain de mur ?!

Radcliffe me double et prends une bonne avance.....son copain ne suit pas, il semble cuit.

Je décide de me mettre un gros coup de pied au cul et me focalise sur le ravitaillement qui approche. Je vais prendre mon temps, bien boire, faire le vide et repartir !

35KM - Arrivée

Je me remets progressivement en mode machine. Le 36eKM est effectué en 5:39, le 37e en 5:29, le 38eKM en 5:29, le 39eKM en 5:23......je vois de plus en plus de dégâts chez les coureurs. J'aperçois Radcliffe et me focalise sur lui, je ne vais pas le lâcher et je vais tenter de le passer. Je ne pensais pas avoir un instinct de compétiteur, mais il est là, bien présent au fond de moi !

Le 40e Km est fait en 5:19. Je sens que je ne vais pas pouvoir maintenir ce rythme et décide prudemment de bien réduire la voilure, ce serait bête de tout gâcher maintenant en faisant péter quelque chose !

La fin est délirante, le public de plus en plus nombreux. Le rond-point approche, avec deux ou trois coureurs nous haranguons la foule comme des fous en levant les bras pour demander plus de bruit....et ça marche ! Tout simplement grisant !

Mes parents, ma femme et mes amis m'attendent dans le rond point de Dauphine....je les entends hurler mon nom, ils s'époumonent tous ! J'en ai la chaire de poule !

Maintenant, je n'ai plus qu'une chose en tête....l'arrivée et lever les bras. Je l'ai en ligne de mire, mes jambes me font mal mais le plaisir provoqué par cette vision me transporte !

Ca y est, je la passe en 3h52'09", je suis marathonien ! Beaucoup de sensations m'envahissent : le plaisir, la douleur, la fierté, le soulagement, l'euphorie à l'idée de partager ça avec les miens !

Je pense à niptuck et le remercie intérieurement pour tous ces conseils. Je suis sûr qu'il aura fait quelque chose de grand, je le sens........j'avais raison !

A posteriori

Ce 7 avril j'ai découvert quelque chose de grandiose et me lancerai à nouveau dans l'aventure à coup sûr !
J'ai misé sur la prudence, sur des ravitaillements longs et correctement effectués. Je n'ai pas connu le mur, tout au plus un muret, je crois que c'était important pour une première expérience.

Il fallait bien que ce soit un messin qui poste en 1er sur ton CR...

Sauf que je vais le lire seulement maintenant

Didjuuu il est long mon CR, il faut que j'enlève des passages

Bravo !
En tombant sur la retransmission je vous enviais tous.
En lisant les CR et les émotions retranscrites, ca laisse rêveur et admiratif !!

Toutes mes félicitations !!

Et non ne retire rien, il est très bien ainsi.

ben non, n'enlève rien,
merci pour ce CR et bravo pour ce marathon bien géré.
Félicitations !!

Bravo pour la gestion de ta course et le temps réalisé !

J'ai suivi la même stratégie lors de mon premier marathon l'an dernier, s'arrêter à chaque ravitaillement et prendre le temps (30-40s) de s'alimenter et s'hydrater comme il faut (... sans s'étouffer ).
Et hop, on repart pour 5 km
Comme tout le monde mes jambes étaient dans le dur vers le 30-35ème km, mais j'ai pu le finir sans pépin physique au final.

Je confirme, le marathon c'est grandiose